Mort de Lady Diana : vingt-cinq ans après l’accident, reste-t-il toujours des zones d’ombre ?
À lire
  • Vous devez vous connecter pour afficher vos articles sauvegardés

Mort de Lady Diana : vingt-cinq ans après l’accident, reste-t-il toujours des zones d’ombre ?

À l’aune du vingt-cinquième anniversaire de la mort de la princesse Diana, survenue le 31 août 1997, à Paris, Ouest-France revient sur les circonstances de l’accident du tunnel de l’Alma et les mystères qui en ont découlé.

Sur cette photo datant du 5 octobre 1990, la princesse Diana arrive en voiture à la Maison Blanche, aux États-Unis.
Sur cette photo datant du 5 octobre 1990, la princesse Diana arrive en voiture à la Maison Blanche, aux États-Unis. | ARCHIVES PAM PRICE, AFP
  • Sur cette photo datant du 5 octobre 1990, la princesse Diana arrive en voiture à la Maison Blanche, aux États-Unis.
    Sur cette photo datant du 5 octobre 1990, la princesse Diana arrive en voiture à la Maison Blanche, aux États-Unis. | ARCHIVES PAM PRICE, AFP

Le 31 août 1997, la Mercedes S280 dans laquelle se trouvaient la princesse Diana, 36 ans, et son amant Dodi Al-Fayed, s’écrasait contre un pilier du tunnel de l’Alma à Paris. Depuis vingt-cinq ans, tout a été raconté, décortiqué, sur ce tragique accident qui coûta la vie à Diana Spencer, ex-épouse du prince Charles, fils d’Elizabeth II et héritier du trône britannique. Grossesse cachée, attentat, sabotage de la voiture… Mille rumeurs ont circulé autour des circonstances de son décès, relayées sans pudeur par la presse à scandale anglaise. Sa mort a également fait naître des théories du complot incriminant la famille royale.

Même si deux enquêtes, pour l’une, française et pour l’autre, britannique, sont arrivées à la même conclusion, à savoir un « banal » accident de voiture, de nombreuses zones d’ombre ont longtemps plané sur la mort de « la princesse des cœurs ».

À l’aune du vingt-cinquième anniversaire de sa disparition, reste-t-il toujours des points à éclaircir ? La fiabilité de la Mercedes utilisée ce soir-là, l’existence d’une Fiat Uno blanche qui aurait percuté la voiture de Diana et Dodi quelques secondes avant le drame, le degré d’implication des paparazzis… Ouest-France vous replonge dans les détails obscurs de l’enquête.

Lire aussi : RÉCIT. La relation entre la presse et Lady Diana, la princesse devenue people

Les paparazzis, responsables de l’accident ?

La popularité de la princesse Diana en faisait la cible favorite de la presse people. Son mariage raté avec le prince Charles, ses prises de position souvent à contre-courant du cadre rigoriste de la monarchie, puis juste avant sa mort, son rapprochement avec Dodi Al-Fayed, fils du milliardaire égyptien, Mohammed Al-Fayed… Toute sa vie était scrutée et commentée.

C’est au début de l’été 1997 que Diana et Dodi ont commencé à se fréquenter. Une idylle révélée au grand jour le 10 juillet 1997 lorsque le couple est photographié, à son insu, au large de Saint-Tropez, sur le Jonikal, le yacht que Mohammed Al-Fayed venait d’acquérir.

Le soir du 31 août, Diana Spencer et Dodi Al-Fayed sont au Ritz, un hôtel de luxe du 1er arrondissement de Paris, qui appartient à Mohammed Al-Fayed, le père de Dodi. Dehors, c’est le chaos. Une dizaine de paparazzis guettent la sortie du couple. Dodi décide alors d’emprunter la sortie située à l’arrière de l’établissement pour sortir avec Diana et les éviter. Tous deux, accompagnés du garde du corps de Dodi, Trevor Rees-Jones, montent dans la voiture. Au volant, le directeur-adjoint de la sécurité du Ritz, Henri Paul, revenu dare-dare de congé.

Diana et Dodi sont installés sur la banquette arrière de la voiture, sans ceinture de sécurité. S’engage alors une course effrénée destinée à semer les quelques paparazzis qui ont compris l’entourloupe de Dodi et les suivent à moto. L’enquête a révélé que le chauffeur, Henri Paul, allait vite, trop vite. Les enquêteurs indiqueront que le compteur s’était bloqué à 110 km/h au moment du choc, signifiant probablement que la voiture circulait à plus de 150 km/h.

Au niveau du tunnel de l’Alma, il perd le contrôle du véhicule et s’encastre contre un poteau. Dodi Al-Fayed ainsi qu’Henri Paul, meurent sur le coup. La princesse Diana, gravement blessée, décédera quelques heures plus tard à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Le garde du corps de Dodi, assis sur le siège du passager avant, est le seul survivant.

Un non-lieu prononcé à l’encontre des neuf photographes mis en examen

Les photographes, qui suivaient la voiture quelques centaines de mètres derrière, prennent des clichés de l’accident. Confisquées par la justice, ces photos ne seront jamais publiées.

Le lendemain, à des milliers de kilomètres, en Afrique du Sud, le frère de la princesse, Charles Spencer prend la parole devant les caméras et lâche, amer : « J’ai toujours pensé que la presse finirait par la tuer ». Devant Kensington Palace, l’ancienne résidence de Diana, où se pressent les fans endeuillés, des journalistes sont pris à partie. « Vous n’avez pas honte ? C’est de votre faute », peut-on entendre dans la foule.

Deux jours après l’accident, six photographes et un motard de presse sont placés en garde à vue puis mis en examen par le juge d’instruction chargé de l’enquête, Hervé Stephan. Trois autres photographes connaissent le même sort cinq jours plus tard. Il leur est reproché d’être en partie responsable de la vitesse prise par la voiture qui cherchait à leur échapper.

En septembre 1999, après deux ans d’enquête qui aura mobilisé une trentaine d’enquêteurs de la brigade criminelle, les juges d’instruction prononcent un non-lieu à l’encontre des neuf photographes. L’enquête détermine que l’accident était dû à la vitesse excessive du véhicule et à l’état d’ivresse d’Henri Paul, le conducteur de la voiture. L’enquête anglaise, achevée en 2008, arrive à la même conclusion. « Les paparazzis qui étaient derrière la Mercedes ont été semés, aucun d’entre eux était à proximité de la voiture quand a eu lieu l’accident, et cela a été prouvé par l’enquête », explique par téléphone à Ouest-France, Jean-Michel Caradec’h, auteur du livre Qui a tué Lady Di ? (Éditions Grasset), paru en 2017. « Il n’empêche que c’est pour leur échapper qu’Henri Paul est allé vite, mais ce n’est pas une manœuvre des paparazzis qui a provoqué l’accident ».

La Mercedes, une « épave » qui n’aurait jamais dû rouler ?

Lors de la préparation de son livre-enquête sur la mort de Lady Di, Jean-Michel Caradec’h a eu accès aux 8 000 pages du dossier d’instruction de l’enquête française. Il découvre alors que la Mercedes utilisée le soir du drame n’était pas vraiment aux normes de sécurité. « Le véhicule avait eu une première vie dans laquelle il avait été gravement accidenté puis avait été racheté d’occasion par le propriétaire de la société de limousines qui louait au Ritz », raconte aujourd’hui Jean-Michel Caradec’h, qui assure même que la voiture avait été qualifiée d’« épave » par l’assurance.

Pourtant, initialement, Diana et Dodi n’auraient jamais dû prendre cette voiture. Dodi Al-Fayed était arrivé l’après-midi même de l’aéroport du Bourget à bord d’une Range Rover. C’était donc cette voiture qu’ils auraient dû prendre pour sortir du Ritz. « Vingt minutes avant l’accident, Dodi demande une voiture de grande remise, une sorte de taxi de luxe », relate l’auteur de l’enquête sur la mort de Lady Di. « Il dit à son garde du corps de prendre la Range Rover et de sortir par l’avant du Ritz pour faire croire aux paparazzis qu’ils se trouvent dans la voiture, tandis que Diana et lui empruntent la sortie arrière et montent dans la Mercedes conduite par Henri Paul ».

Pour Jean-Michel Caradec’h, cet enchaînement d’événements imprévus exclut de facto la thèse du complot et d’une voiture sabotée. « Personne ne savait qu’ils allaient prendre une nouvelle voiture, la Mercedes, puisque Dodi a changé ses plans vingt minutes avant de partir, tout s’est vraiment fait à la dernière minute », insiste-t-il.

Lire aussi : Jubilé de la reine : quel avenir pour la monarchie après Elizabeth II ?

L’ivresse du conducteur, Henri Paul, prouvée par l’enquête

Rapidement après l’ouverture de l’enquête, la police s’intéresse au conducteur de la Mercedes et directeur adjoint de la sécurité du Ritz, Henri Paul. Deux autopsies sont réalisées sur son corps, l’une révèle 1,87 gramme d’alcool dans le sang, l’autre 1,75. Soit, un taux d’alcool trois fois supérieur à la limite autorisée de 0,5 gramme par litre de sang.

Malgré l’insistance de Mohammed Al-Fayed, père de Dodi, qui réfute cette preuve et crie au complot fomenté par la famille royale, les deux enquêtes concluent à l’accident provoqué par l’état d’ivresse d’Henri Paul, conjugué à la vitesse excessive de la Mercedes.

Même aujourd’hui, les Britanniques se sont rangés derrière cette conclusion, « avec une exception, les Britanniques d’origine musulmane, qui sont persuadés que la famille royale a fait tuer Diana pour que la mère d’un futur roi n’épouse pas un musulman », rapporte le biographe royal installé à Londres depuis 1985, Marc Roche, également auteur de Les Borgia à Buckingham, publié en 2022 aux éditions Albin Michel.

Claude Garrec fait partie de ceux qui ne croient pas à la thèse de l’accident causée sous l’emprise de l’alcool. À 65 ans, ce retraité qui vit près de Lorient, était le meilleur ami d’Henri Paul. Depuis vingt-cinq ans, il n’a jamais cru à la conclusion des deux enquêtes officielles. « Henri, c’était quelqu’un de responsable », martèle-t-il, assis sur sa terrasse. « Même si c’était un bon vivant, je le vois mal avoir bu toute la soirée et prendre après le volant, surtout dans son travail, il était très professionnel ». Pour lui, il ne peut y avoir que l’intervention « d’un phénomène extérieur », comme la Fiat Uno blanche, qui a percuté la Mercedes quelques secondes avant l’accident.

La mystérieuse Fiat Uno blanche, impliquée dans l’accident ?

Quelques secondes avant l’accident, au début de l’entrée du tunnel, la Mercedes percute légèrement une Fiat Uno blanche qui roule sur la voie de droite. « Henri Paul tente de l’éviter en donnant un grand coup de volant mais touche quand même l’arrière de la Fiat Uno. Le rétroviseur de la Mercedes vole en éclats et des traces de peinture banche se déposent sur la carrosserie noire de la Mercedes », narre Jean-Michel Caradec’h. Une collision qui aurait déséquilibré la voiture de Dodi et Diana, avant de s’encastrer dans un poteau. Les enquêteurs s’intéressent donc dès les premiers jours de l’enquête à cette mystérieuse Fiat Uno. Problème : le conducteur reste introuvable pendant de longues années.

Ce n’est finalement qu’en 2007 qu’il est retrouvé, alors qu’une enquête judiciaire est ouverte par la Haute Cour de Londres. Il s’agit d’un garde de sécurité vietnamien, formellement identifié par deux témoins. « Ce monsieur ne s’est jamais rendu à la police car il était censé être à son poste de travail au moment de l’accident. Mais les enquêteurs français ont fini par le convoquer et l’interroger. Aucune charge n’a jamais été retenue contre lui », lâche Jean-Michel Caradec’h. « Les enquêteurs britanniques ont également voulu l’entendre mais il n’a jamais voulu, et ils ne pouvaient pas le contraindre », poursuit-il. « Personne ne pense que cet homme a joué un rôle dans l’accident », abonde Marc Roche. « Il a plutôt un rôle de témoin ».

Pour Jean-Michel Caradec’h, ce drame est bien un accident. « C’est un enchaînement de circonstances malheureuses, c’est la faute à pas de chance », justifie-t-il. « Cela aurait pu être totalement différent principalement si Dodi Al-Fayed avait suivi les instructions de son père, Mohammed, qui avait organisé le périple au millimètre près ».

Même son de cloche pour Marc Roche, qui estime qu’il n’y a plus aucunes zones d’ombre liées à cet accident. « La seule zone d’ombre qui subsiste, c’est autour de la personnalité de Diana, toujours mystérieuse ».

logo App Storelogo Google Play

L’appli, l’info en temps réel !

Suivez l'actualité qui vous intéresse en ajoutant vos villes et thématiques favorites.

Ailleurs sur le Web Contenus Sponsorisés
Annonces Immobilières
Avec 
Toutes les annonces Immo
fermer