Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste: Icare - Carlo Vogele (2022)
Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 29 janvier 2023

Icare - Carlo Vogele (2022)


 Sur l’île de Crète, chaque recoin est un terrain de jeu pour Icare, le fils du grand inventeur Dédale. Lors d'une exploration près du palais de Cnossos, le petit garçon fait une étrange découverte : un enfant à tête de taureau y est enfermé sur l’ordre du roi Minos. En secret de son père, Icare va pourtant se lier d’amitié avec le jeune minotaure nommé Astérion. Mais le destin bascule quand ce dernier est emmené dans un labyrinthe. Icare pourra-t-il sauver son ami et changer le cours d’une histoire écrite par les dieux ?

Carlo Vogele signe une jolie relecture du mythe d'Icare dont il exploite les zones d'ombres (sorti de la péripéties connue et tragique des ailes se brûlant au soleil) pour l'enrichir d'une matière romanesque différente. C'est précisément les figures d'Icare et du minotaure Astérion dont l'amitié enfantine subit tous les conflits intimes et géopolitiques qui forment l'arrière-plan du mythe, que ce soit le conflit entre le roi crétois Minos et les Grecs, ainsi que la maternité contrariée de la reine Pasiphaé ou la relation père/fils tumultueuse entre Icare et Dédales - ces derniers points revisités pour le film. Tout le récit tend à dérouler le mythe originel comme quelque chose d'inéluctable et de subit par les personnages qui aspirent à autre chose. 

C'est particulièrement touchant concernant le minotaure délesté de ses atours monstrueux et inquiétant pour n'être qu'une créature apeurée et jouet d'enjeux qui la dépasse. Tous les changements visent à donner une profondeur à l'archétype, ce qui correspond également à l'esthétique du film. L'animation se partage en 2D et 3D, la 2D offrant des à-plats puisant leur inspiration dans diverses sources picturales grecques antiques dans les compositions de plan et l'usage des décors, la 3D apportant une modernité avec un design plus bd franco-belge pour les personnages. L'alternance entre un score de musique baroque posant une gravité plus haute et des éléments plus immersif de sons orientaux. 

Dès lors tout en emboitant les évènements du mythe avec les libertés de son film, Carlo Vogele leur donne une tonalité différente. La confrontation entre Thésée et Astérion, le sort final d'Ariane ou le fameux vol fatal d'Icare trouvent une portée dramatique qui dévient le sentiment attendu et donnent aux personnage une forme de libre-arbitre par rapports au destin assigné par les Dieux. Le film trouve un vrai équilibre par une accessibilité de ce mythe pour les jeunes et/ou néophyte tout en s'autorisant une gravité, un premier degré assumé (le réalisateur passé par Aardman et Pixar souhait vraiment s'éloigner du ton distancié en vogue dans l'animation grand public actuelle) de surprenants élans de sensualité plus adulte. 


 Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez M6 Vidéo

 

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