La Plaine étincelante… – Le carnet de Marguerite

La Plaine étincelante…

« Voilà en bref notre position d’artistes : nous sommes les derniers représentants de l’artisanat auquel la production marchande a porté un coup fatal. »

A votre avis, de qui et d’où est tirée cette citation ? Du livre Les Bisounours se révoltent ? De l’essai La Pieuvre sort de son étang ? Du roman L’Art et l’Artisanat ?

Vous l’aurez peut-être deviné, elle est issue de L’Art et l’Artisanat de William Morris écrit en 1889.
Dans ce billet, je vais vous parler une fois encore d’une œuvre qui ne relève pas stricto-sensu de la Science-fiction ou du Fantastique mais en a pourtant de nombreux attributs.
Si vous osez lire ces lignes jusqu’au bout, je vous annonce la venue prochaine d’un livre de Fantasy dans nos rayons !

Qui est donc William Morris ? Peut-être avez-vous vu ses œuvres ou entendu parler de lui au détour d’un café ou d’une visite au musée. William Morris est d’abord un homme aux multiples facettes. Tour à tour fabricant, designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur, architecte…

Portrait photographique en noir et blanc de l'auteur William Morris.



Né le 24 mars 1834 à Walthamstow, une ville du borough londonien de Waltham Forest, il meurt à Londres le 3 octobre 1896.

Il est connu tant pour son œuvre littéraire et son engagement politique libertaire que pour avoir co-fondé le mouvement Arts & Craft.
Ce courant de pensée aura une influence décisive durant la période victorienne, revisitant les domaines de l’architecture, des arts décoratifs, de la peinture ou encore de la sculpture.
Y participent de nombreux artisans, inquiets de l’accélération du processus de modernisation et des transformations sociales que provoque la révolution industrielle.
Cette école promeut notamment un retour à l’artisanat et au travail ouvrier et défend le maintien de l’apprentissage par les pairs.

Mais laissons de côté ce mouvement artistique et concentrons nous sur l’œuvre romanesque de notre auteur. William Morris a écrit deux romans touchants les domaines de la Science-Fiction et de la Fantasy : Nouvelles de nulle part (News from Nowhere, or an Epoch of Rest), publié en 1890 et La Plaine étincelante (The Story of the Glittering Plain or The Land of Living Men) publié en 1891 par la Kelmscott Press, une maison d’édition fondée par Morris lui-même.

Dans Nouvelles de nulle part, Morris dépeint une société utopique, communiste et égalitaire caractérisée par une faible intervention de l’état et un système de démocratie directe. Une société qui n’est pas sans rappeler celle que décrit Henry-David Thoreau dans les premières pages de son essai La Désobéissance civile écrit entre 1837 et 1861. La société humaine imaginée par Morris est également soucieuse de vivre en harmonie avec la nature ce qui évoque le roman d’Ernest Callenbach Écotopie, publié en 1975.



Si Nouvelles de nulle part, roman utopique, est rattaché au genre de la Science-Fiction, W.Morris s’attelle quelques années après à l’écriture de ce qui est aujourd’hui considéré comme l’un des tout premiers roman de Fantasy : La Plaine étincelante. D’abord publié à compte d’auteur, il parait chez l’éditeur Longmann en 1913.

Le livre tombe ensuite dans l’oubli pendant plusieurs décennies. En 1973, il et de nouveau publié par une maison d’édition américaine aujourd’hui disparue, la Newcastle Forgotten Fantasy Library.
La première traduction française parait aux éditions Aux Forges de Vulcain en 2017.

J’ai terminé, il y a peu, la lecture d’Un Rêve de John Ball de William Morris, un cadeau de mon amie qui m’avait fait découvrir Écotopie. Ce roman relate la révolte des paysans en Angleterre en 1381.
L’écriture souvent lyrique témoigne de l’attachement que porte l’auteur à la période du Moyen-âge.
Les sermons du personnage historique John Ball sont littéralement mystiques et la prose de Morris vous projette au plus près des paysans, au cœur de leur rébellion. C’est aussi un roman étonnamment esthétique dans lequel l’engouement de l’auteur pour le marxisme et la question sociale apparaissent en filigrane.
C’est à la maison d’édition Aux Forges de Vulcain que l’on doit la reparution de ce livre écrit en 1888.
Vous serez probablement surpris d’observer à quel point cette esthétique poétique des descriptions a influencé les descriptions faites par J. R. R. Tolkien lorsqu’il décrit la Comté des Hobbits dans Le Seigneur des Anneaux.



Pourquoi parler de William Morris ? C’est fort simple. La Plaine étincelante est un roman que l’on qualifie de « Merveilleux » et qui relate les aventures d’un hommes parti à la recherche de la femme qu’il aime et qui a été enlevée par des bandits. On découvre alors un univers de Fantasy dans lequel les vieillards recouvrent leur jeunesse. Morris y décrit un univers surnaturel, imaginaire et merveilleux qui a largement influencé J. R. R. Tolkien et C. S. Lewis, auteur des Chroniques de Narnia.
Merci à ces deux auteurs et à toutes les adaptations dont ils ont fait l’objet d’avoir permis la redécouverte de cette Plaine étincelante !

Si vous désirez trouver l’inspiration et les sources de la Fantasy, guettez l’apparition prochaine dans nos bacs de ce chef-d’œuvre oublié ! A la cote Fantasy MOR !

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