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Voilà ce qu'on est en droit d'appeler un doc-mémoire stricto sensu alors même que cette horreur s'est déroulée il y a peu, dans une certaine indifférence et qu'on l'avait qui plus est, comment dire, déjà oubliée... En 2013, après des guerres entre factions rivales, Al-Assad décide de définitivement fermé ce quartier de Yarmouk (ou Little Palestine : un endroit qui a accueillit des réfugiés palestinien depuis 1948) à Damas ; plus de sorties, plus d'entrée, plus de nourritures, plus de soin, c'est la politique de l’asphyxie qui durera deux ans avant la venue de... l'Etat islamique - qui se réfugiera dans ces mêmes quartiers en ruines... On avoue, perso, être un petit peu déçu, de voir qu'Al-Khatib ne resitue pas exactement le contexte de ce blocus, les tenants et les aboutissants de la chose... cela nous oblige certes à faire le petit effort de notre côté de rechercher plus d'info sur la situation géo-politique de ce conflit pour le moins complexe. Un peu de frustration de ce côté, donc, même si on sent bien que l'intérêt principal de la chose est surtout de nous montrer, encore une fois, dans un passé très récent, ce que des civils ont dû subir au quotidien comme pression, comme sacrifice pour tenter de simplement survivre. Ce qu'on a là, sous les yeux, ce sont les images d'une population impuissante, qui erre dans ces rues pour tenter de ne pas rouiller chez elle, qui tente parfois de crier sa rage, de se rassembler, de sortir de ce cloisonnement avant de se faire rapidement (à coups de tirs) renvoyer dans ses quartiers, d'une population, vieilles femmes isolées, enfants, hommes qui souffrent et qui tentent par tous les moyens de trouver des trucs à manger.

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Al-Khatib filme au plus simple, à hauteur de misère, sans chercher le mélodrame, le tire-larme, en tentant juste de montrer cette cruelle réalité, ce quotidien du vide, cette vie des gens vite oubliés du monde... Des femmes qui meurent chez elles, des nourrissons sans lait, des gamins qui trient les herbes pour se nourrir comme des vaches, des gens qui chantent pour se redonner du courage, garder de la fierté, des gens qui sont comme des lions dans une cage avec absolument plus personne qui s'intéresse à leur sort - comme si la communauté internationale n'était ni une communauté (bah, des Palestiniens...), ni internationale (ah oui, la Syrie...). On assiste dès lors à une attente lasse, à des sourires contrits, à des micro-actes héroïques (cette femme qui distribue des ballons rouges aux gamins et qui s'enquiert de la santé des vieillardes qui crèvent à petit feu dans leur canapé), à des personnes qui prennent leur mal en patience en attendant éventuellement une libération miraculeuse... On s'attendait sans doute à voir un documentaire un peu moins décousu, un peu plus informatif, mais dans l'état reste un constat brut, brutal, un doc sur des personnes filmées dans leur plus simple quotidien et dont la pure détresse laisse sans voix. C'est déjà en soi une leçon... sur un fait historique déjà vite rangé dans les tiroirs des horreurs. 

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