Dans ce deuxième épisode de la série "Dix films qui ont changé le monde", focus sur le film qui acta la naissance du néoréalisme, le bouleversant "Rome, ville ouverte" réalisé par Roberto Rossellini en 1945.
- Jean Gili Critique cinématographique, historien du cinéma
- Julien Neutres Docteur en histoire, ancien élève de l'ENA et diplômé de l'ESSEC.
- Aurore Renaut Maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles, spécialiste du cinéma italien
Rome, ville ouverte s'ouvre sur un plan panoramique de Rome, une patrouille allemande filmée en plongée chante, avant d'aller frapper à un immeuble, duquel s’échappe Radio Londres et le chef de réseau de la Résistance qu’elle cherchait. Roberto Rossellini, quand il tourne ce film, est loin d’être un débutant, il a déjà au moins trois longs métrages derrière lui, tournés donc pendant le fascisme.
Le film est tourné à la libération de la ville et va être réalisé dans des conditions très précaires, qui vont paradoxalement donner au film toute sa puissance et sa force, comme le raconte Aurore Renaut : "Le tournage a été très chaotique et a duré plusieurs mois et cela va déterminer le film. Si on ne peut pas filmer en studio alors on va filmer dans la rue, alors on ne va pas parler des bourgeois mais des gens de la rue. (...) Le tournage a été long car ils manquaient d'électricité, ils tournaient sans son, et ils manquaient de pellicule. Tout cela a induit un style qui est celui du néoréalisme."
Le film de Rossellini va permettre de montrer aux spectateurs l'effroyable violence produite par la guerre sur l'Italie malgré le fait qu'elle ait été fasciste. Jean Gili explique ainsi que dans ce film Rome "est une ville vivante qui résiste. (...) Le film a fait comprendre au monde entier qu'il y avait eu une résistance au régime, des destructions effroyables. C'est un film qui a fait comprendre au monde que l'Italie sortait d'une guerre tout aussi cruelle que les autres pays."
La grande réussite de ce film repose dans son incroyable justesse à restituer l'atrocité de la guerre mais aussi dans sa force symbolique, comme le déclare Julien Neutres : "La capacité à réussir à communiquer une vérité presque existentielle et en même temps à porter des valeurs symboliques, c'est la force de Rome, ville ouverte."
Pour aller plus loin
Rome, ville ouverte au cinéma ! entre vision mythologique et géographie sociale, Julien Neutres, éditions de l’Aube, 2010
Roberto Rosselini – De l’histoire à la télévision, Aurore Renaut, éditions du Bord de l’eau, 2016
Le cinéma italien, Jean Gili, éditions de La Martinière, 2011
Pour voir Rome, ville ouverte, rendez-vous sur le site internet de LaCinetek, la cinémathèque des réalisateurs.
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