Reichsadler

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Le Reichsadler (mot allemand, signifiant en français : « aigle impérial ») est l'aigle héraldique, dérivé de l'aigle romain, utilisé dans les armoiries du Saint-Empire (962-1806), de la Confédération germanique (1815-1848) puis (1850-1866) de l'Empire allemand (1871-1918), de la république de Weimar (1919-1933), du Troisième Reich (1933-1945), de l'Allemagne de l'Ouest (1949-1990) et de l'Allemagne actuelle (depuis 1990). Son nom actuel est Bundesadler (aigle fédéral).

Histoire[modifier | modifier le code]

Saint Empire romain germanique[modifier | modifier le code]

Le Reichsadler remonte à la bannière du Saint-Empire romain germanique, lorsque l'aigle était l'insigne du pouvoir impérial par opposition aux États impériaux. Il devait incarner la référence à la tradition romaine (translatio imperii), similaire à l'aigle à deux têtes utilisé par les empereurs Paléologue de l'Empire byzantin ou les tsars de Russie (voir les armoiries de la Russie).

Les empereurs ottoniens et saliens s'étaient eux-mêmes représentés avec le « sceptre d'aigle » romain, et Frédéric II représentait l'aigle impérial sur ses pièces. Avant le milieu du XIIIe siècle, cependant, l'aigle était un symbole impérial à part entière, non encore utilisé comme charge héraldique représentée dans le cadre d'un blason.

Une première représentation d'un aigle à deux têtes dans un bouclier héraldique, attribué à Frédéric II Hohenstaufen, se trouve dans la Chronica Majora de Matthieu Paris (vers 1250). Le rouleau de Segar (vers 1280) montre également l'aigle à deux têtes comme les armoiries du roi des Romains.

L'aigle apparaît également dans les sceaux des villes impériales : celui de Kaiserswerth au XIIIe siècle, Lübeck au XIVe siècle mais aussi Besançon, Cheb

L'utilisation de l'aigle impérial dans le cadre des armoiries impériales d'un empereur au pouvoir remonte à la fin du Grand Interrègne. Sigismond de Luxembourg a utilisé un aigle noir à deux têtes après avoir été couronné empereur en 1433. À partir de cette époque, le Reichsadler à une seule tête représente le titre de roi des Romains et celui à deux têtes le titre d'empereur. Au cours du siècle suivant, Albert II du Saint-Empire est le dernier roi élu d'Allemagne à ne pas être couronné empereur. Après la réforme protestante, à commencer par Ferdinand Ier (1558), les empereurs ne sont plus couronnés par le pape.

L'ordre Teutonique sous Hermann von Salza a eu le privilège d'arborer l'aigle impérial dans ses armoiries, accordées par l'empereur Frédéric II. L'aigle noir a ensuite été adopté lorsque l'État monastique des chevaliers Teutoniques a été transformé en duché de Prusse en 1525, et une version modifiée fut utilisée dans les armoiries de la Prusse royale (1466-1772).

Utilisation moderne[modifier | modifier le code]

Autriche[modifier | modifier le code]

En 1804, l'empereur François II établit l'empire d'Autriche à partir des terres de la monarchie de Habsbourg et adopte l'aigle à deux têtes agrandi par les armoiries de la maison de Habsbourg-Lorraine et de l'ordre de la Toison d'or ; le Saint-Empire romain germanique est ensuite dissous en 1806. Après 1919, les armoiries de l'Autriche représentent un aigle à une tête. Bien que n'étant pas un symbole national au sens moderne, le Reichsadler évoque des sentiments de loyauté envers l'empire[1].

Allemagne[modifier | modifier le code]

À la suite des révolutions de 1848 dans les États allemands, le Reichsadler est restauré comme symbole de l'unité nationale : il devient le blason de l'éphémère Empire allemand (1848-1849) puis de la Confédération germanique depuis sa restauration en 1850 jusqu'à sa dissolution en 1866. Il est de nouveau restauré en 1871 lorsqu'un aigle à une tête accompagné des armoiries prussiennes devient l'emblème de l'Empire allemand, recréé dans la galerie des Glaces à Versailles ; la tête unique a été utilisée pour représenter la solution petite-allemande, c'est-à-dire qu'elle excluait l'Autriche. Après la Première Guerre mondiale, la république de Weimar sous le président Friedrich Ebert instaure une version simplifiée du Reichsadler, qui évolue un peu en 1928 et reste en usage jusqu'en 1935.

Pendant la période nazie, un aigle stylisé combiné à une croix gammée devient l'emblème national sur décision d'Adolf Hitler en 1935. Le parti nazi adopte un symbole très similaire, baptisé le Parteiadler (l'aigle du parti). La distinction entre les deux est l'orientation de la tête de l'aigle : le Reichsadler regarde son aile droite tandis que le Parteiadler regarde son aile gauche[a].

Après la Seconde Guerre mondiale, sur promulgation du président Theodor Heuss en 1950, l'Allemagne de l'Ouest (à l'époque également désignée comme « République fédérale d'Allemagne ») réintroduit l'aigle utilisé de 1928 à 1935 par la république de Weimar.

Galerie[modifier | modifier le code]

Saint Empire[modifier | modifier le code]

Histoire moderne[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Une autre interprétation (à confirmer) pourrait être que l'aigle regarde du même côté dans les deux cas (en l'occurrence son aile gauche), mais que l'aigle du Reich est vu de dos (comme l'aigle de la république de Weimar entre 1928 et 1935, d'où l'impression qu'il regarde vers la droite) tandis que l'aigle du parti serait vu de face. Cette interprétation peut être remise en cause, si on estime que les pattes de l'aigle du Reich sont bien visibles et que cela suppose donc qu'il est vu de face, qu'il montre donc sa face antérieure.

Références[modifier | modifier le code]

(en)/(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Reichsadler » (voir la liste des auteurs) et en allemand « Reichsadler » (voir la liste des auteurs).
  1. Selzer, Stephan. Deutsche Söldner im Italien des Trecento. Niemeyer: Tübingen, 2001, p. 167.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Norbert Weyss: "Der Doppeladler - Geschichte eines Symbols", Adler 3, 1986, 78ff.
  • Franz Gall: "Zur Entwicklung des Doppeladlers auf den kaiserlichen Siegeln", Adler 8 (1970), 281ff.
  • Vladimir Monakhov: Новые-старые цвета России, или Как возвращали орла, ГЕРАЛЬДИКА СЕГОДНЯ (2003).
  • Michael Göbl, "Staatssymbole des Habsburger-Reiches - ab 1867 mit besonderer Berücksichtigung des Staatswappens", dans: Österreichs politische Symbole (1994), 11ff.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]