Capitale de la douleur

J'ai lu Capitale de la douleur sur ma vieille liseuse Sony.
J'ai ainsi d�couvert �luard avec ses premiers po�mes, ses primes fulgurances, ses enfermements intimes.
Le po�te na�t et prend son envol, d�ploie ses mots et ses associations surprenantes, herm�tiques parfois.
Je ne suis pas encore emport�... plut�t berc� par la musique de ce qu'il me faudra relire pour en retrouver le sens... Et des oeuvres suivante du po�te qui saura, j'en suis intimement convaincu m'emporter plus loin.
J'ai confiance. Capitale de la douleur n'est que le commencement d'une belle route!

Actuellement, je red�couvre avec bonheur les po�tes fran�ais du d�but du XX�me si�cle. D�cidemment, la n�buleuse surr�aliste a �t� particuli�rement dou�e, f�conde et novatrice. Paul Eluard a �t� l'un des plus grands, transformant tout ce qu'il touchait en (vraie) po�sie.
"Capitale de la douleur" (quel beau titre !) rassemble des textes �crits entre 1914 et 1926, g�n�ralement courts. Certains sont d'une forme plus hardie que les autres, mais tous sont lisibles facilement. Quelques-uns me semblent des petits chefs d'oeuvre, d'autres accrochent un peu moins mon attention, mais presque tous sonnent tr�s bien. On y trouve des fulgurances et des images doucement suggestives, qu'il faut se garder d'analyser trop rationnellement. Je mets en citation un ravissant petit po�me ("Suite") issu de "R�p�titions", qui me parait typique.

Amour et souffrance: Paul Eluard explore, par ses po�mes, ces sentiments amoureux qui le bouleversent et le m�nent d'un extr�me � l'autre. La figure aim�e, la muse - Gala, qu'il rencontrera dans un sanatorium et �pousera avant qu'elle ne partage son amour entre lui et l'artiste Max Ernst, et deviendra, finalement, la muse et l'�pouse de Salvador Dali - est �voqu�e ici par les courbes de son corps, mais surtout par la puret�, l'infini qu'Eluard voit en elle, son caract�re insaisissable qui la meut en autant d'images po�tiques qui font la force de ces po�mes.
Inspir� par le Dada�sme et le Surr�alisme - mais ne pratiquant pas l'�criture automatique - Eluard multiplie les correspondances � la nature, les associations inattendues qui provoquent chez le lecteur des sentiments complexes, confus.
Je connaissais d�j� certains de ces po�mes pour les avoir �tudi�s en classe, il s'av�re que c'�taient les plus faciles � interpr�ter. Pour les autres, il vaut mieux juste se laisser guider, relire ceux qui touchent quelque chose en nous, et se laisser bercer par leur �tranget�.

Ces po�sies refl�tent l'�tat d'esprit d'Eluard dans ces ann�es-l�, �poque o� son �pouse Gala le trompe avec Max Ernst. A l'origine ce recueil devait s'intituler ��L'art d'�tre malheureux��. Tout un programme, tout l'art de transformer la douleur, la tristesse pour c�l�brer celle qu'il aime. Tous les textes sont d'une lecture ais�e, les mots coulent avec simplicit� et fluidit�, m�me si le sens reste souvent myst�rieux au premier abord. Il y a beaucoup de po�mes avec des noms d'artiste de l'�poque�: Pablo Picasso, Andr� Masson, Paul Klee, Max Ernst, George Braque, Joan Miro�; ce ne sont vraiment pas les plus clairs si on cherche un lien entre po�me et titre � mon avis. Il y a aussi beaucoup de tr�s beaux vers pour un si court recueil�:
��La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,...��
��Je chante la grande joie de te chanter,
La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir, ...��

De beaux po�me, mais je dois reconnaitre que je pr�f�re les po�mes plus formel, comme les sonnets, les odes, o� le rythme est comme une vague qui coule, r�guli�re, o� le sens est plus ais� a percevoir.
C'est le premier recueil de po�mes surr�alistes que j'ouvre et si je ne suis pas violemment d��ue, je reste assez perplexe, un peu perdue.
Les textes sont tr�s beaux, mais trop d�routants.