THÉORIE CELLULAIRE - Encyclopædia Universalis

THÉORIE CELLULAIRE

Constituant l’un des fondements de la biologie, la théorie cellulaire est admise de manière quasi universelle par les scientifiques. Selon sa formulation la plus courante, elle stipule que tous les êtres vivants sont composés d’unités structurales et fonctionnelles, les cellules, et que chacune d’elles s’est formée à partir d’une cellule préexistante.

Matthias Jakob Schleiden - crédits : AKG-Images

Matthias Jakob Schleiden

On peut faire remonter l’histoire de cette théorie au xviie siècle, lorsque, peu après l’invention du microscope, on observa pour la première fois la structure des tissus végétaux et qu’on utilisa pour la décrire le mot de « cellules ». Mais l’idée d’une unité structurale et physiologique commune à l’ensemble des organismes n’émergea que plus tard et très progressivement, au cours du xviiie siècle et au début du xixe, et elle n’accéda au rang d’une véritable théorie unificatrice de la biologie que dans les années 1830, grâce aux travaux des Allemands Matthias J. Schleiden (1804-1881) et Theodor Schwann (1810-1882). Il fallut encore quelques décennies pour qu’elle parvienne à sa forme définitive en intégrant l’idée qu’une cellule ne pouvait provenir que d’une autre cellule.

Theodor Schwann - crédits : Mondadori Portfolio/ Getty Images

Theodor Schwann

Cellules de tissu conjonctif (fibroblastes) - crédits : Heiti Paves/ Shutterstock

Cellules de tissu conjonctif (fibroblastes)

La cellule : une notion centrale et universelle de la biologie

La théorie cellulaire fait partie du petit nombre de grandes notions unificatrices qui sous-tendent la biologie actuelle. Sa formulation exacte varie selon les auteurs, mais elle est toujours fondée sur deux idées principales : la cellule est l’unité structurale et fonctionnelle de tout organisme vivant, tout être vivant est donc composé d’une ou de plusieurs cellules ; toute cellule provient d’une autre cellule.

Quelques nuances importantes y sont généralement apportées. En ce qui concerne le premier point, c’est-à-dire l’universalité de la théorie, il se heurte au cas des virus (et dans une moindre mesure des viroïdes et des prions), dont la structure n’est pas cellulaire mais qui présentent avec les organismes vivants suffisamment de points communs, notamment la reproduction, pour que certains biologistes les considèrent comme appartenant au monde vivant. De plus, l’existence chez certains organismes de structures syncytiales (tissus formés de cellules fusionnées, comme dans les muscles squelettiques et cardiaques) peut également être conçue comme une exception à l’universalité de la cellule au sens strict. Quant au second point de la théorie, il est évident qu’il ne peut s’appliquer aux tout premiers temps de la vie sur Terre : quelles que soient les conceptions adoptées sur l’origine de la vie, il est nécessaire d’admettre qu’à un stade très précoce les premières cellules ont été formées à partir de constituants plus simples.

Hormis ces réserves, la théorie cellulaire demeure la théorie la plus universellement admise en biologie. Si on la compare à d’autres conceptions de portée équivalente, on constate, par exemple, que la théorie fondamentale de la biologie moléculaire – ce qu’on appelait autrefois le « dogme central », à savoir le modèle général d’expression de l’information génétique, de l’ADN aux protéines – pose de nombreux problèmes et ne rend pas compte de certains phénomènes (modifications post-traductionnelles des protéines, épigénétique…). Quant à la théorie de l’évolution par sélection naturelle, elle demeure un sujet délicat : d’une part, la réalité même de l’évolution reste encore contestée par certains courants de pensée (notamment les créationnistes partisans d’une lecture littérale des textes religieux) ; d’autre part, tous les biologistes ne s’accordent pas sur l’importance exacte de la sélection naturelle, et certains mettent l’accent sur d’autres mécanismes évolutifs (neutralisme, contraintes développementales…).

D’un point de vue historique, la théorie cellulaire est l’une des plus anciennes[...]

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Theodor Schwann

Cellules de tissu conjonctif (fibroblastes) - crédits : Heiti Paves/ Shutterstock

Cellules de tissu conjonctif (fibroblastes)

Autres références

  • CELLULE, notion de

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 315 mots

    Le terme cellule (cell en anglais) apparaît en 1665, sous la plume du physicien anglais Robert Hooke, pour désigner les logettes que l'on voit au microscope dans un fragment végétal inerte, le liège. En 1824, le biologiste français Henri Dutrochet, qui s'intéresse aux forces agissant au sein des...

  • DUJARDIN FÉLIX (1801-1860)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
    • 652 mots

    Naturaliste français, né à Tours dans une famille d'horlogers, dont il hérite sans doute son habileté et sa remarquable dextérité manuelle. Il échoue au concours d'entrée à Polytechnique, étudie la peinture avec François Gérard et se passionne pour l'histoire naturelle...

  • DUTROCHET ET LA PHYSIOLOGIE CELLULAIRE

    • Écrit par Didier LAVERGNE, Paul MAZLIAK
    • 470 mots
    • 1 média

    Le premier microscopiste ayant utilisé le mot « cellule » est le savant anglais Robert Hooke (1635-1703), qui désigna par ce terme les cavités présentes dans une coupe de tissu liégeux mort, par analogie avec les cellulesdes monastères. Le terme de cellule est resté utilisé dans cette...

  • ORGANISME VIVANT

    • Écrit par Jean GÉNERMONT
    • 1 650 mots
    Selon la théorie cellulaire, née au xixe siècle et actuellement incontestée, tout être vivant est formé d'au moins une cellule, volume délimité par une mince et souple membrane plasmique, au travers de laquelle les milieux intracellulaire et extracellulaire échangent matière et énergie. Les molécules...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi