Louis de France (1751-1761)

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Louis-Joseph-Xavier de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Louis-Joseph-Xavier François de France, duc de Bourgogne par Jean-Martial Frédou (1760)
(Versailles, musée national du château et des Trianons).
Biographie
Titulature Duc de Bourgogne
Dynastie Maison capétienne de Bourbon
Nom de naissance Louis-Joseph Xavier François de France
Surnom Bourgogne
Monseigneur le duc de Bourgogne
Naissance
Versailles (France)
Décès (à 9 ans)
Versailles (France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis de France
Mère Marie-Josèphe de Saxe
Fratrie Marie-Thérèse de France (demi-sœur)
Marie-Zéphyrine de France (Madame Royale)
Xavier de France (duc d'Aquitaine)
Louis-Auguste (futur Louis XVI)
Louis-Stanislas (futur Louis XVIII)
Charles-Philippe (futur Charles X)
Clotilde de France (future reine de Sardaigne)
Élisabeth de France
Résidence Château de Versailles

Description de cette image, également commentée ci-après

Louis-Joseph-Xavier François, né le à Versailles, mort le , était un prince de sang royal français de la dynastie des Bourbons.

Troisième enfant et fils aîné du dauphin Louis, mais second enfant[1] de Marie-Josèphe de Saxe, Louis-Joseph de France est donc le frère aîné des futurs rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Il est titré duc de Bourgogne par son grand-père, Louis XV. Il portait pour armes un écartelé de France et de Bourgogne ancien[2].

À sa naissance à 4 heures du matin[3], les cloches des églises de Paris se mettent à sonner et le roi Louis XV décrète trois jours de chômage et d'illuminations, le nouveau-né étant héritier de la couronne de France[4] après son père. La gravure de Martin Marvie et Jean Ouvrier d'après Charles-Nicolas Cochin Vue perspective de la décoration élevée sur la terrasse du château de Versailles pour l'illumination et le feu d'artifice qui a été tiré à l'occasion de la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne le fait mémoire de ces célébrations[5].

Enfant intelligent, il est adulé par ses parents.

Victime d'une mauvaise chute, il en tait la cause sans doute pour éviter au coupable d'être châtié (chahut avec un camarade dont on aurait rendu responsable celui-ci). Les chirurgiens l'opèrent pour extirper la tumeur qui s'est installée sur le fémur. Le manque d'asepsie de l'époque entraîne une tuberculose osseuse qui le cloue dans un fauteuil roulant et va être la cause du décès de l'enfant de 9 ans après une agonie de plusieurs mois[6].

La mort du petit duc de Bourgogne inaugure une longue série de deuils et de déboires pour la famille royale de France — en 1763, le roi de Pologne son grand-père, également électeur de Saxe, décède, tandis que le traité de Paris consomme le recul de la France sur le plan international ; l'archiduchesse Marie-Isabelle de Bourbon-Parme meurt à la fin de cette même année après avoir donné naissance à une petite fille qui ne survit pas ; en 1765, c'est la mort de son oncle le duc de Parme, et de son père le dauphin ; en 1766, celle du roi déchu de Pologne, duc en viager de la Lorraine ; en 1767, c'est le tour de la dauphine, et en 1768 celui de la reine.

Le duc de Berry, âgé de seulement 6 ans, avait été donné comme compagnon au petit prince mourant, qui le réclamait. Le décès de son frère aîné, constamment donné en exemple, va éprouver le futur Louis XVI qui donnera à son fils aîné, promis également à une vie très brève, les mêmes prénoms de Louis-Joseph Xavier (François).

Sa tante Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, fille aîné du roi Louis XV, envisageait déjà de lui donner en mariage, sa propre fille Marie-Louise de Bourbon-Parme. Mais la mort de la duchesse de Parme en 1759 puis celle du petit duc stoppa toute négociation.

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance, petite enfance[modifier | modifier le code]

Acte d'ondoiement (1751).
Portrait présumé de Louis-Joseph-Xavier François, duc de Bourgogne par Jean-Marc Nattier, vers 1752.

Louis-Joseph Xavier François, naît le . Il est le fils aîné du dauphin Louis de France et de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe. À sa naissance, il a déjà une sœur Marie-Zéphyrine de France, après lui naîtront six autres enfants, dont les futurs : Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X. Très jeune, on remarque qu'il est bien plus intelligent que les autres enfants de son âge, il est le fils préféré de ses parents, sa mère le surnommait d'ailleurs « Chou d'amour ». Il a pour gouvernante la sévère madame de Marsan, qui s'occupera de tous les enfants du dauphin. Il est titré duc de Bourgogne par son grand-père le roi Louis XV.

En 1755 meurt sa sœur aînée Marie-Zéphyrine de France. Le jeune prince en est très affecté.

Passage aux hommes[modifier | modifier le code]

Louis-Joseph-Xavier François, duc de Bourgogne par Frédou, en 1761.

En 1758, un peu avant ses sept ans, après avoir été élevé par des femmes, comme le veut la tradition, l'enfant passe aux hommes. Il faut ainsi qu'il se sépare de sa gouvernante, ce qui est très dur pour lui ; son frère le duc de Berry, futur Louis XVI, sera très attristé de ce départ si soudain. Il a pour gouverneur Antoine de Quélen de Stuer de Caussade, duc de la Vauguyon. Il fait alors face à un enfant imbu de sa personne et sûr de lui, mais il peut aussi être doux et sincère. Mais en 1760, c'est le drame : le jeune duc de Bourgogne chute d'un cheval à cause d'un camarade, dont il tait la faute pour ne pas qu'il se fasse punir. Mais rapidement il se met à boiter, les médecins se mettent à l'opérer pour retirer la tumeur qui s'est installée. Le récit de l’opération par Pompignan fait éclater le courage du prince :

« Il (le petit duc de Bourgogne) voulut voir les instruments dont on se serviroit. Il les considéra, les mania avec un sang froid admirable, et s’abandonna tranquillement aux apprêts et aux rigueurs de l’opération. Le sieur Andouillet fit l’ouverture de la tumeur avec toute la légèreté et toute la promptitude possible. L’incision fut terrible et très douloureuse. Elle lui ouvrait la cuisse presqu’entière à trois doigts de profondeur. Il ne poussa qu’un ou deux cris, et soutint sans se plaindre le reste de l’opération… À peine fut-il pansé qu’il reprit l’air de gaieté qui lui était naturel, et se mit sur son séant dans son lit, comme s’il n’eût qu’une légère indisposition. »

Mais la médecine de l'époque n'arrive pas à le sauver, il est alors obligé de rester dans sa chambre et ses études sont interrompues. Il réclame alors son petit frère le duc de Berry et on le fait alors passer aux hommes plus tôt. Il aide alors son gouverneur à faire l'éducation de son jeune frère, le duc de Berry, qui devient aussi son souffre-douleur. Cependant, une réelle affection les lie. En , on lui diagnostique une tuberculose osseuse, qui rapidement se double d'une tuberculose pulmonaire. Le jeune prince meurt le . Sa mère est présente, qu'il n'a cessé d'appeler durant ses derniers instants « La Vauguyon ». Elle vient ensuite annoncer la mort de Bourgogne au reste de la famille royale :

« Le Roi vint chez Madame la Dauphine qui tomba sans connaissance dans ses bras. Monseigneur le Dauphin paroît ; on amène le Comte de Provence et le Comte d’Artois ; la Reine arrive ; Mesdames l’avoient précédée ; toute la famille royale étoit dans le même lieu. Quels objets majestueux et touchants ! Quel sanctuaire de douleur ! Les petits princes fondent en larmes ; leur mère évanouie ; son auguste époux renversé dans un fauteuil, la tête appuyée sur le sein du duc de La Vauguyon, sans couleur, sans parole, sans pouls, sans respiration et dans un état si violent, si extraordinaire, que quelques minutes de plus pouvoient le rendre dangereux ; le Roi et la Reine occupés à secourir leurs enfants ; la tendresse conjugale, l’amour paternel et filial, l’affection fraternelle, tous les sentiments de la nature déployés et agissant à la fois sur tant de personnes royales, qui mêloient à la fois leurs gémissements et leur consternation.
… Venez, ô Français, venez voir par vous mêmes ce que je ne puis retracer. Approchez du lieu respectable où pleurent vos Maîtres. C’est dans ces afflictions domestiques qu’ils doivent surtout attirer nos regards. C’est là que, rapprochés de nous par des malheurs communs à toutes les conditions, ils nous découvrent sans contrainte et sans le vouloir, leur caractère et leurs sentiments. Ce qu’ils paraissent dans leur famille, ils le sont pour leurs sujets. Un bon père est un bon Roi et tout souverain qui rend hommage aux droits sacrés de la nature, remplit mieux qu’un autre les devoirs de l’humanité. »

Le duc de Berry ne put être à ses côtés, pris lui aussi d'une forte fièvre. La mort de l'héritier du trône causera une grande peine à ce dernier, à ses parents et au reste de la famille royale et de la cour.

Son corps est enterré dans la basilique Saint-Denis et son cœur fut porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de quarante-cinq rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce[7].

Portrait moral[modifier | modifier le code]

Louis-Joseph est adulé par ses parents (sa mère le surnomme « chou d'amour ») ; ils voient en lui un enfant parfait, qui ferait un parfait monarque. Il montre un certain goût pour l'autorité et le pouvoir, il est très précoce (il a très tôt le sens des responsabilités, des facilités pour apprendre pour son âge). Le jeune garçon est un enfant intelligent. À l'âge de six/sept ans, le duc de Bourgogne passe « aux hommes » ; là, en plus de développer son intelligence, il acquiert une grande piété, et un esprit vif. Cela dit ses précepteurs ont affaire à un jeune prince sûr et imbu de lui-même : il est conscient de son rang, ce qui le rend parfois arrogant (son orgueil se transforme en fierté, les caprices en fermeté et la violence en force). En 1760, quand il chute d'un cheval en bois à cause d'un de ses compagnons de jeux, il ne dit rien pour que l'enfant ne soit pas puni ; il est vrai que Louis-Joseph est connu pour sa grande bonté. En 1761, à l'approche de sa mort, l'enfant l'attend courageusement « comme un homme ». Cela dit, le , il laisse échapper un cri : « Maman ! ». Enfin, bien qu'il fût vrai que son frère le duc de Berry passait pour son souffre-douleur, une réelle affection les lie, et c'est lui qui réclame son petit frère, et non ses parents qui le lui ont imposé.

Ainsi, quand le jeune garçon passe « aux hommes », Louis-Auguste, duc de Berry, est très attristé de ce départ si soudain. Il sera aussi très marqué par la mort de son frère qu'il admirait.

Galerie de portraits[modifier | modifier le code]

Titulature[modifier | modifier le code]

  • -  : Son altesse royale, Louis-Joseph-Xavier François de France, fils de France, duc de Bourgogne.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Oraison funèbre de très-haut prince Mr. Louis-Joseph-Xavier de France, Duc de Bourgogne, Auteur Gabriel F. Moreau, publié en 1761.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Louis avait épousé en premières noces Marie-Thérèse d'Espagne qui lui avait donné une fille morte jeune
  2. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve – XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 518.
  3. Livre de raison de la famille de Boysson, fo du
  4. Bernard Vincent, Louis XVI, Gallimard Folio Biographies, 2006, p. 26.
  5. Collections Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum, Gravure par Martin Marvie et Jean Ouvrier
  6. Jean-Christian Petitfils, Perrin 2010 t. 1 p. 33-34
  7. « Les coeurs et entrailles des reines, princes et princesses au Val-de-Grâce (avant 1793) » Accès libre, sur Les Tombeaux de Saint-Denis, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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