Joan Fontaine

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Joan Fontaine
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Joan Fontaine en 1943.
Nom de naissance Joan de Beauvoir de Havilland
Naissance
Tokyo (Japon)
Nationalité Drapeau de la Grande-Bretagne britannique
Drapeau des États-Unis américaine
Décès (à 96 ans)
Carmel Highlands (Californie, États-Unis)
Profession Actrice
Films notables Rebecca
Soupçons
Lettre d'une inconnue
L'Invraisemblable Vérité
Signature de la personnalité

Joan Fontaine, nom de scène de Joan de Beauvoir de Havilland, est une actrice britannique née à Tokyo le , naturalisée américaine en et morte le en Californie[1].

Figure importante de l’âge d’or hollywoodien, elle fut dirigée par des réalisateurs de renom comme Alfred Hitchcock, Fritz Lang, George Stevens, Max Ophüls ou bien encore Nicholas Ray. Elle est la sœur d'Olivia de Havilland.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Née Joan de Beauvoir de Havilland à Tokyo (Japon), elle est la fille cadette de Walter de Havilland, mandataire de brevets d'origine britannique possédant un bureau au Japon, et de Lilian Augusta Ruse, ex-actrice britannique connue sous son nom de scène Lillian Fontaine, épousée en 1914. Elle est la sœur cadette — plus jeune de quinze mois — de l'actrice Olivia de Havilland. Toutes deux étudient à l'école secondaire de Los Gatos et dans l'école catholique pour filles Notre Dame à Belmont en Californie. Les parents de Joan divorcent quand elle a deux ans. Joan est une enfant maladive et développe une anémie après une rougeole et des infections dues à des streptocoques. Sur le conseil d'un médecin, la mère de Joan emmène ses deux filles aux États-Unis où elles s'établissent à Saratoga (Californie). Sa santé s'améliorant rapidement, elle prend des leçons de diction tout comme sa sœur. À quinze ans, Joan retourne au Japon et vit deux ans avec son père.

Hollywood : débuts et gloire[modifier | modifier le code]

Joan fait ses débuts sur scène dans la production sur la côte ouest de Call It A Day en 1935 et signe bientôt un contrat avec la RKO. Plusieurs années plus tard, elle apparaît à Broadway dans Forty Carats. Elle adopte le nom d'épouse de sa mère, remariée en 1919, pour éviter la confusion avec sa sœur aînée qui a gardé son patronyme[2].

Joan Fontaine dans Rebecca (1940).

Elle débute en 1935 par un petit rôle dans La Femme de sa vie coréalisé par George Cukor avec Joan Crawford en vedette puis elle apparaît dans Pour un baiser de George Stevens avec cette fois Katharine Hepburn dans le premier rôle. Elle est ensuite choisie pour un rôle important aux côtés de Fred Astaire (pour son premier film RKO sans Ginger Rogers) : Une demoiselle en détresse (1937), comédie musicale de Stevens à nouveau, mais le public ne suit pas et le film fait un flop[3]. Elle interprète ensuite une douzaine de films, principalement des comédies romantiques avec pour partenaire Richard Dix ou Louis Hayward mais, par manque de réussite, son contrat n'est pas renouvelé à son expiration en 1939. Cette même année, elle tourne le célèbre Gunga Din de son mentor Stevens, film d'aventures viriles dans l'Inde du XIXe siècle qui privilégie les hommes (Cary Grant, Victor McLaglen, Douglas Fairbanks Jr.), et à l'opposé participe à Femmes de George Cukor, avec une myriade d'actrices (Norma Shearer, Joan Crawford, Rosalind Russell, Paulette Goddard...), preuve qu'elle est déjà une actrice qui compte à Hollywood. En 1939 toujours, elle épouse son premier mari, l'acteur britannique Brian Aherne.

La chance lui sourit un soir lors d'une réception où elle occupe la place à côté du producteur David O. Selznick. Selznick et Joan Fontaine évoquent le roman Rebecca de Daphne du Maurier, et le producteur lui demande d'auditionner pour le rôle de l'héroïne. Joan a dû passer une série de tests sur six mois, en compagnie de centaines d'autres actrices (la toute jeune Anne Baxter par exemple), avant d'être finalement choisie pour devenir la femme oppressée de Laurence Olivier. Rebecca marque les débuts américains du réalisateur britannique Alfred Hitchcock. En 1940, le film recueille, lors de sa sortie, des critiques élogieuses. Le film est nommé aux Oscars dans de nombreuses catégories, Joan est nommée à l'Oscar de la meilleure actrice mais, si Rebecca remporte l'Oscar du meilleur film, Joan Fontaine ne remporte pas l'Oscar (Ginger Rogers le reçoit pour Kitty Foyle), elle l'obtiendra l'année suivante pour Soupçons, à nouveau sous la direction de Hitchcock. C'est l'unique Oscar d'interprétation attribué à un film d'Hitchcock[4].

Apogée, déclin[modifier | modifier le code]

Jane Eyre (1944).

Sacrée star grâce aux deux films de Hitchcock, elle enchaîne les succès dans les années 1940, excellant dans les mélodrames romantiques. Parmi les films marquants de cette période : Âmes rebelles d'Anatole Litvak au côté de Tyrone Power, Tessa, la nymphe au cœur fidèle d'Edmund Goulding (1943) avec Charles Boyer, Jane Eyre d'après Charlotte Brontë (1944) avec Orson Welles, Le Crime de Madame Lexton (1947), Lettre d'une inconnue de Max Ophüls d'après Stefan Zweig (1948, avec Louis Jourdan) et L'aventure vient de la mer de Mitchell Leisen d'après Daphné du Maurier encore. Joan Fontaine retrouve en 1948 la comédie musicale avec La Valse de l'empereur, dirigée par Billy Wilder au côté de Bing Crosby, et le film noir avec Les Amants traqués, réalisé par Norman Foster, face à Burt Lancaster. Par ailleurs elle brille dans la comédie, aux côtés de George Brent ou de James Stewart.

Les années 1950 lui sont moins favorables, ses succès au cinéma se raréfient. Ni le très sombre Born to be Bad de Nicholas Ray avec Robert Ryan qui ne reçoit pas l'accueil attendu, ni Les Amants de Capri de William Dieterle (où figurent Joseph Cotten et Françoise Rosay) en 1950, ni même ses retrouvailles avec George Stevens pour L'Ivresse et l'amour, drame avec Ray Milland, n'égalent auprès du grand public ses triomphes passés. Seul de cette période Ivanhoé (1952), classique du film d'aventures moyenâgeuses, obtient du succès, mais même si elle partage encore le haut de l'affiche avec Robert Taylor, la beauté de la jeune et brune Elizabeth Taylor est loin de passer inaperçue.

Ivanhoé (1952).

De la même façon, Joan Collins est la présence sexy des Pages galantes de Boccace (1953), où Fontaine et Jourdan partagent une nouvelle fois l'affiche, et de Une île au soleil (1957) de Robert Rossen. Dans ce film, Joan Fontaine joue le rôle d'une femme scandaleuse partagée entre James Mason et Harry Belafonte. Dans Femmes coupables de Robert Wise, l'actrice mûrissante rivalise avec les jeunes Jean Simmons et Piper Laurie auprès du juvénile Paul Newman. Promue « grande dame de l'écran » à 35 ans, Joan passe de la parodie (La Grande Nuit de Casanova de Norman Z. McLeod, en compagnie de Bob Hope) au film d'auteur (The Bigamist de et avec Ida Lupino), tourne avec Anthony Mann et mène la distribution de Un certain sourire d'après Françoise Sagan. Elle s'essaie même tardivement à la science-fiction : Le Sous-marin de l'apocalypse mis en scène en 1961, avec Walter Pidgeon en covedette.

Ses deux derniers rôles marquants au cinéma, Joan Fontaine les doit à deux vétérans : Fritz Lang qui la confronte une dernière fois au film noir dans L'Invraisemblable Vérité (1956) et Henry King qui lui offre un dernier grand rôle en héroïne de Francis Scott Fitzgerald dans Tendre est la nuit (1962), avec comme partenaires Jennifer Jones, Jason Robards et Tom Ewell. Son ultime apparition au cinéma date du Pacte avec le diable (1966) qu'elle coproduit.

Télévision et théâtre[modifier | modifier le code]

Joan Fontaine travaille pour la télévision dès les années 1950 et s'illustre aussi sur scène. Elle reçoit des critiques positives à Broadway pour son rôle de Laura dans Thé et Sympathie en 1954 aux côtés d'Anthony Perkins. Dans les années 1960, elle poursuit ses apparitions scéniques dans plusieurs productions, dont Private Lives, Cactus Flower et la production autrichienne The Lion in Winter. Dans les deux décennies suivantes (1970-1980), elle apparaît de temps à autre à la télévision ; elle est nommée pour un Emmy pour le soap opera Ryan's Hope en 1980.

Elle a son étoile sur le Hollywood Walk of Fame au 1645 Vine Street.
En 1979, elle publie son autobiographie, No Bed of Roses.

Vie privée et famille[modifier | modifier le code]

Joan Fontaine a été mariée quatre fois : de 1939 à 1945 avec Brian Aherne ; de 1946 à 1951 avec William Dozier dont elle a une fille Deborah Leslie Dozier en 1948 ; de 1952 à 1961 avec Collier Young ; et de 1964 à 1969 avec Alfred Wright, Jr., rédacteur de magazine.

Elle a adopté une jeune Péruvienne, Martita.

Elle a résidé à Carmel en Californie, vivant dans un relatif isolement.

Rivalité familiale[modifier | modifier le code]

Joan Fontaine et Gary Cooper recevant tous deux un Oscar en 1942.

Olivia de Havilland devient actrice la première. Lorsque Joan Fontaine décide de suivre la même voie, leur mère aurait refusé de la laisser utiliser leur nom de famille. Elle est donc contrainte de prendre un autre nom : Joan Burfield, puis Joan Fontaine, ancien nom de scène de sa mère.

Le biographe Charles Higham rapporte que les deux sœurs ont entretenu une relation difficile dès la prime enfance, Olivia de Havilland déchirant les vêtements de sa cadette. Il semble en réalité que la querelle entre les sœurs ait eu comme origine le fait que Joan considérait que leur mère avait toujours préféré Olivia. En 1942, elles sont toutes deux nommées pour l'Oscar de la meilleure actrice. Joan Fontaine le remporte pour son rôle dans Soupçons, (Olivia de Havilland étant nommée pour Par la porte d'or)[5]. D'après Higham, Joan Fontaine « se sentit coupable d'avoir gagné étant donné son manque d'ambition de carrière… » Toujours est-il que lors de cette soirée, Joan Fontaine refusa les félicitations de sa sœur au moment où elle se leva pour monter sur scène recevoir son prix. Plusieurs années plus tard, Olivia de Havilland devait se souvenir du comportement de sa sœur et lui rendit la pareille, en refusant de la saluer lors d'une soirée ; il faut préciser que Joan Fontaine venait de tenir des propos peu amènes sur son beau-frère. Les relations entre les deux sœurs continuèrent à se détériorer après l'incident des Oscars en 1942[6]. D'après Higham, c'est le premier accroc de ce qui deviendra une brouille à vie, les deux sœurs ne se parlant plus à partir de 1975[réf. nécessaire]. Joan Fontaine dira même : « Je me suis mariée la première, j'ai gagné l'Oscar avant Olivia et, si je meurs la première, elle sera sans doute folle de rage parce que je l'ai encore battue[2]. »

Selon Joan, Olivia ne l'invita pas au service mémorial de leur mère récemment décédée. Olivia démentit, déclarant l'avoir invitée, mais ayant essuyé un refus de Joan, trop prise pour assister à la cérémonie. Higham prétend que Joan eut aussi des relations difficiles avec ses propres filles, probablement après avoir découvert qu'elles entretenaient une relation secrète avec leur tante Olivia. Joan Fontaine s'est exprimée sur sa brouille avec sa sœur dans une émission télévisée sur la chaîne canadienne CBCtv[7].

Récompenses[modifier | modifier le code]

Oscar[modifier | modifier le code]

New York Film Critics Circle Award[modifier | modifier le code]

1941 : meilleure actrice pour Soupçons

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en-US) Current Biography 1944, H. W. Wilson Company, 1945
  • (en-US) No Bed of Roses, Berkley Publishing Group, 1979 (ISBN 0-425-05028-9)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. LeMonde.fr.
  2. a et b Samuel Blumenfeld, « L’actrice de 101 ans Olivia de Havilland refuse de passer pour une peste dans la série « Feud » », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. (fr) « Image de Joan Fontaine » (consulté le ).
  4. Suspicion (1941) - Trivia.
  5. Bertrand Guyard, « Joan Fontaine-Olivia de Havilland, les sœurs ennemies de Hollywood », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  6. Thomas Sotinel, « L'actrice Joan Fontaine, égérie d'Hitchcock, est morte à 96 ans », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. CBCtv.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Higham, Sisters : The Story of Olivia De Haviland and Joan Fontaine, Coward McCann, 1984
  • Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2013 : Joan Fontaine», L'Annuel du Cinéma 2014, Editions Les Fiches du cinéma, Paris, 2014, 800 p., p. 777, (ISBN 978-2-902-51624-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]