Que regarder ce week-end ? 6 programmes à voir

Elle s'appelle Sarah, elle a 22 ans, est étudiante en filière scientifique, ravissante, intelligente, et a la fougue des jeunes femmes de son âge. Sarah est iranienne, elle a accepté de témoigner de son quotidien au péril de sa vie dans un doc saisissant de Solène Chalvon-Fioriti, « Nous, jeunesse(s) d'Iran ». Une sorte de voyage interdit au sein de la génération Z de ce pays. Le truc en plus ? Le visage de Sarah comme celui des cinq autres témoins a été transformé grâce à l'IA, c'est donc son avatar que l'on voit à l'écran, bien plus fort qu'un visage flouté. Sarah raconte ses journées où elle semble mener une existence classique, bien qu'elle n'ait le droit ni de faire la fête, ni de danser, ni de chanter, ni de rire trop fort, ni de parler avec des médias étrangers, et encore moins de se promener sans voile. On découvre des gosses dont leurs meilleurs amis se sont retrouvés pendus au bout d'une corde pour avoir brûlé des poubelles, ou en prison pour avoir manifesté. D'autres encore sont morts sous les coups du régime. Plus la nuit s'enfonce, plus le courage grandit. Le slogan « femme, vie, liberté » apparu en septembre 2022 à la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour un voile mal mis, est tagué sur tous les murs. Les jeunes filles rêvent d'être influenceuses, sont adeptes du nail art et des injections dans les lèvres, seules parties de leur corps qu'elles peuvent encore montrer. Tous sont accros aux réseaux sociaux, seule fenêtre ouverte vers l'extérieur. Bref, ils aspirent juste à une vie normale, et nous offrent une incroyable leçon de résistance. – Nathalie Dupuis

On craignait de ronfler devant cette fresque historique sur Benjamin Franklin, inventeur du paratonnerre. Centrée sur son séjour parisien à la fin des années 1770, elle montre comment il rallia Louis XVI à la cause de l’unification des États-Unis et le décida à envoyer La Fayette guerroyer en Amérique afin d’affranchir le pays de la domination anglaise. Et c’est passionnant, grâce au charisme malicieux de Michael Douglas, Ludivine Sagnier et Jeanne Balibar, aux superbes décors et à un script aussi tenu qu’instructif. – Sophie Rosemont

Amy Winehouse ne voulait pas être célèbre. « Je veux que les gens entendent ma voix et oublient leurs ennuis pendant cinq minutes », insiste la chanteuse dans « Back to Black », le biopic réalisé par Sam Taylor-Johnson (« Nowhere Boy »). Sorti le 24 avril, ce film extrêmement attendu nous fait traverser l'histoire tragique de la chanteuse, rythmée par les chansons emblématiques de son album éponyme. Le spectateur est alors emporté aux côtés de l'artiste londonienne dans un tourbillon où s'entremêlent alcool, drogues et relations toxiques. Malgré quelques écarts avec la réalité, on ne peut que saluer la performance de l’actrice Marisa Abela. Ce long-métrage ravive le désir de replonger dans l’univers musical de l’une des plus artistes les plus marquantes de notre génération.

Zendaya, Josh O’Connor et Mike Feist se retrouvent au cœur d’un triangle amoureux toxique à souhait dans « Challengers », réalisé par Luca Guadagnino. Celui à qui l’on doit « Call Me by your Name » revient avec un nouveau long-métrage qui mérite le coup d’œil. Il raconte l’histoire de Tashi Duncan, jeune pousse prometteuse du tennis qui, après une blessure, renonce à sa carrière professionnelle et endosse la casquette de coach pour le compte de son mari, Art Donaldson (joué par Mike Feist). Un tennisman vedette dont les derniers résultats laissent à désirer. Pour lui redonner foi en ses capacités, elle l’inscrit à un tournoi peu médiatisé. Mais tout vacille lorsque son dernier match l’oppose à Patrick Zweig (joué par Josh O’Connor), son ancien meilleur ami et ex-petit ami de Tashi. À l’écran, Zendaya mène la danse de cette liaison triangulaire que le réalisateur conte à coups de flashbacks incessants. Le tout sublimé par une esthétique léchée, pop et rétro. Que vous soyez fans ou non de la petite balle jaune, vous succomberez forcément au jeu magnétique de l’actrice star de 27 ans. – Ophélie Daguin

Sur les hauteurs de Tanger, dans une vieille maison merveilleuse convoitée par les promoteurs, une famille se déchire : faut-il vendre ? Et à quel prix ? Vingt-deux héritiers s'affrontent sous le regard de la petite dernière, Lina, mutique depuis la mort de sa mère et passionnée par les oiseaux qui viennent nicher dans ce havre vert. Lina ne parle pas, mais elle voit tout. En 2011, la documentariste marocaine Leïla Kilani signait « Sur la planche », un premier film de fiction remarqué, qui suivait le rythme frénétique de quatre jeunes ouvrières de Tanger, entre journées à l'usine et nuits à chaparder. Avec le même style documentaire, « Indivision » raconte un royaume en danger, grignoté par les convoitises, au plus près de l'énergie presque animale de ses personnages. Mélodrame familial, film sur le langage, tableau d'une réalité violente mais aussi conte écologiste : un concentré impétueux et poétique, traversé par le silence des oiseaux. – Marguerite Baux

« Terminal » aurait autant de chances de passer sur Arte que le commandant de bord Jack (Ramzy Bedia) de faire atterrir un avion en un seul morceau à Roissy. Et pourtant. Après un moment de sidération (ouille, les rires du public) les mésaventures des employés de la compagnie Flywingz, la plus dangereuse au monde, m’ont semblé dignes des plus belles heures de la série « H », à la fin du XXe siècle. Il y a Camille Chamoux en cheffe de cabine militante LFI, Jamel Debbouze avec un taseur, Doully (géniale) en patronne sous Ventoline, et tout un petit peuple de PNC cocasses… Certains prétendent que c’est un programme destiné aux enfants de 9 ans et aux fumeurs de joints. Je ne sais pas à quelle catégorie m’identifier, mais une chose est sûre : plus c’est débile, plus j’aime. – Alix Girod de l’Ain