Katherine Johnson

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Katherine Johnson
Katherine Johnson en 2008.
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Hampton Memorial Gardens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Creola Katherine ColemanVoir et modifier les données sur Wikidata
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Arthur B.C. Walker II Award ()
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100 Women ()
Docteur honoris causa du Spelman College (d) ()
Médaille d'or du Congrès ()
Médaille Hubbard ()
National Women's Hall of Fame ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Katherine Coleman Goble Johnson, née le à White Sulphur Springs (Virginie-Occidentale) et morte le à Newport News (Virginie), est une mathématicienne et ingénieure spatiale américaine.

Elle contribue aux programmes aéronautiques et spatiaux du National Advisory Committee for Aeronautics (NACA) puis de la National Aeronautics and Space Administration (NASA).

Réputée pour la fiabilité de ses calculs en navigation astronomique, elle conduit des travaux techniques à la NASA qui s'étalent sur des décennies. Durant cette période, elle calcule et vérifie les trajectoires, les fenêtres de lancement et les plans d'urgence de nombreux vols du programme Mercury, dont les premières missions de John Glenn et Alan Shepard, et des procédures de rendez-vous spatial pour Apollo 11 en 1969[1] jusqu'au programme de la navette spatiale américaine[2],[3],[4]. Ses calculs furent essentiels à la conduite effective de ces missions[2]. Elle travaille enfin sur une mission pour Mars.

En 2015, elle reçoit la médaille présidentielle de la Liberté et, en 2019, le Congrès des États-Unis lui décerne la médaille d'or du Congrès[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Katherine Coleman naît le à White Sulphur Springs, dans le comté de Greenbrier, en Virginie-Occidentale[6],[7]. Son père, Joshua Coleman, est bûcheron, fermier et travaille à l'hôtel The Greenbrier ; sa mère, Joylette Coleman, est enseignante[6],[8]. Elle est la cadette d'une fratrie de quatre enfants.

Elle montre tôt des prédispositions et un intérêt pour les mathématiques à l'école[7]. Ses parents l'encouragent à étudier. Comme le comté de Greenbrier ne propose pas d'établissement scolaire public pour les jeunes Afro-Américains après le collège, les parents Coleman envoient leurs enfants au lycée communal d'Institute (en), dans le comté de Kanawha, toujours en Virginie-Occidentale, et sur le campus de la West Virginia State College (WVSC), sur l'actuelle université d'État de Virginie-Occidentale[7]. Katherine Johnson n'a que dix ans à l'époque de son admission[2]. La famille partage ainsi son temps entre Institute pendant l'année scolaire et White Sulphur Springs durant l'été[9].

Le fait d'avoir été choisie pour être l'une des trois étudiantes noires à intégrer les écoles supérieures de Virginie occidentale est souvent considéré comme l'un des plus marquants de sa vie, mais ce n'est qu'une des nombreuses percées qui ont marqué la vie de Katherine Johnson[7].

Katherine Johnson obtient son diplôme d’école secondaire (en) (high school) à l'âge de quatorze ans, puis elle intègre l'université d'État de Virginie-Occidentale, une université historiquement noire[10]. Elle s'inscrit à tous les cours de mathématiques proposés par l'université. De nombreux professeurs la prennent sous leur aile, dont la chimiste et mathématicienne Angie Turner King et William Schieffelin Claytor, troisième étudiant afro-américain à obtenir un doctorat en mathématiques. Claytor, est son mentor[7] durant tout le lycée, rajoute de nouveaux cours de mathématiques au curriculum spécialement pour Johnson[11],[12]. Elle obtient son diplôme de mathématiques et de français avec summa cum laude (« avec la plus haute distinction ») en 1937, à l'âge de dix-huit ans[8],[13]. Elle déménage ensuite à Marion, en Virginie, pour enseigner les mathématiques, le français et la musique dans une école publique noire[10],[7].

En 1939, après un premier mariage avec James Goble, elle quitte son poste d'enseignante pour intégrer le programme de mathématiques de l'université de Virginie-Occidentale, à Morgantown, puis elle arrête au bout de la première session pour fonder une famille[7]. À l'époque, elle est l'une des trois étudiants afro-américains, et la seule femme, à être sélectionnée pour intégrer l'université, par le président de l'État de Virginie-Occidentale John W. Davis[10] sur décision de la Cour suprême des États-Unis[8],[14]. D'après la décision de la Cour, rendue lors de l'affaire Missouri ex rel. Gaines v. Canada (en)[15] (1938), les États qui comptent une école pour étudiants blancs doivent également fournir une éducation publique aux étudiants noirs, soit en autorisant Blancs et Noirs à fréquenter le même établissement, soit en créant une seconde école pour les Noirs.

Parcours[modifier | modifier le code]

Katherine Johnson à la NASA en 1966.

Après un début dans l'enseignement qui ne la satisfait pas, Katherine Johnson se lance dans une carrière de chercheuse mais aussi de mathématicienne, un domaine difficile d'accès pour les personnes afro-américaines et les femmes. Lors d'une réunion de famille en 1952, elle apprend que le National Advisory Committee for Aeronautics (NACA) — ancêtre de la NASA — a publié une annonce pour recruter des mathématiciens[7] pour le centre de recherche Langley. Katherine Johnson se voit proposer un emploi en 1953 et l'accepte immédiatement.

D'après les archives du National Visionary Leadership Project :

« Au début, elle travaillait dans un groupe de femmes affecté aux calculs mathématiques. Katherine surnommait ces femmes les « ordinateurs avec des jupes ». Leur travail principal consistait à lire les données des boîtes noires d'avions et d'autres travaux mathématiques. Puis, un jour, Katherine et une collègue ont été temporairement affectées pour aider l'équipe de recherche masculine sur les vols. Les connaissances de Katherine en géométrie analytique lui ont permis de s'intégrer rapidement au sein de ses nouveaux collègues et supérieurs, au point qu'ils ont « oublié de me renvoyer dans le groupe des femmes ». Les barrières de race et de genre étaient toujours présentes, mais Katherine dit les avoir ignorées. Elle s'affirmait dans l'équipe, demandait à participer aux réunions où aucune femme n'avait encore été admise. Elle disait simplement aux gens qu'elle avait fait le travail et mérité sa place. »

— Archives[6],[16]

De 1953 à 1958, elle travaille comme calculateur humain[17], analysant des sujets tels que l'atténuation des rafales de vent pour les aéronefs. Affectée à l'origine à la section des West Area Computers sous la supervision de la mathématicienne Dorothy Vaughan, Johnson est réaffectée à la division de guidage et de contrôle de la division de recherche en vol de Langley.

De 1958 jusqu'à sa retraite en 1986, Johnson travaille en tant que technologue en aérospatiale, passant au cours de sa carrière à la branche de contrôle des engins spatiaux.

En 1961, elle effectue des analyses de trajectoire de lancement de la mission Mercury-Redstone 3 (Freedom 7), le premier lancement d'un Américain — Alan Shepard — dans l'espace[4].

Katherine Johnson en 1971.

En 1962, elle vérifie à la main les calculs de trajectoire informatisés de la première mission américaine envoyant un homme en orbite autour de la Terre : Mercury-Atlas 6 (Friendship 7). John Glenn, qui connaît sa réputation et a une confiance limitée dans les premiers programmes de suivi de trajectoire, demande expressément que cette vérification manuelle soit faite par Katherine Johnson, en tant que procédure standard dans la « checklist » précédant le vol[4].

En 1969, durant la mission Apollo 11, Katherine Johnson aide à préciser les trajectoires de rendez-vous spatial entre le module de commande et le module lunaire Apollo quand celui-ci remonte de la surface de la Lune[4].

Elle chante dans la chorale de l'église presbytérienne Carver pendant cinquante ans[18],[19].

Elle est membre d'Alpha Kappa Alpha depuis l’université, la première association créée par et pour les femmes afro-américaines[20].

Elle prend sa retraite en 1986[21], et meurt le [22] à l’âge de 101 ans.

Postérité[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

En 2015, le président Barack Obama attribue la médaille présidentielle de la Liberté à Katherine Johnson, alors âgée de 97 ans.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Flint Wild, « Katherine Johnson: A Lifetime of STEM », sur nasa.gov, (consulté le ).
  2. a b et c (en) Yvette Smith, « Katherine Johnson: The Girl Who Loved to Count », sur nasa.gov« Her calculations proved as critical to the success of the Apollo Moon landing program and the start of the Space Shuttle program, as they did to those first steps on the country's journey into space. ».
  3. (en) « Katherine Johnson - Death, Facts & Quotes », sur biography.com (consulté le ).
  4. a b c et d Shetterly, Margot Lee (December 1, 2016). "Katherine Johnson Biography". NASA. NASA. Retrieved March 2, 2017. When asked to name her greatest contribution to space exploration, Katherine Johnson talks about the calculations that helped synch Project Apollo’s Lunar Lander with the moon-orbiting Command and Service Module.
  5. a et b (en) « H.R.1396 - Hidden Figures Congressional Gold Medal Act », sur congress.gov, (consulté le ).
  6. a b et c « Katherine Johnson - Oral History », sur National Visionary Leadership Project (consulté le ).
  7. a b c d e f g et h Sarah Loff, « Katherine Johnson Biography », sur NASA, (consulté le ).
  8. a b et c (en) David Gutman, « West Virginian of the Year: Katherine G. Johnson », sur Charleston Gazette-Mail, (consulté le ).
  9. (en-US) « Johnson », sur National Space Grant Foundation (consulté le ).
  10. a b et c (en) « Katherine Johnson Biography », sur nasa.gov, (consulté le ).
  11. Flint Wild, « Katherine Johnson: A Lifetime of STEM », sur nasa.gov, (consulté le ).
  12. (en) « Katherine Johnson Biography », sur nasa.gov, (consulté le ) : « At eighteen, she enrolled in the college itself, where she made quick work of the school’s math curriculum and found a mentor in math professor W. W. Schieffelin Claytor, the third African American to earn a PhD in Mathematics ».
  13. (en) David Gutman, « WV native, NASA mathematician to receive Presidential Medal of Freedom », sur Charleston Gazette-Mail, (consulté le ).
  14. « Missouri ex rel. Gaines v. Canada 305 U.S. 337 (1938) », sur Justia US Supreme Court, (consulté le ).
  15. (en) « Missouri ex. rel. Gaines v. Canada 305 U.S. 337 (1938) », sur supreme.justia.com (consulté le ).
  16. (en) Denise Lineberry, « She Was a Computer When Computers Wore Skirts », sur nasa.gov, (consulté le ).
  17. (en) Denise Lineberry : LaRC, « She Was a Computer When Computers Wore Skirts », sur NASA, (consulté le ).
  18. (en) « Katherine Johnson - Biography », sur Maths History (consulté le ).
  19. (en) « Katherine Johnson obituary », sur the Guardian, (consulté le ).
  20. (en) Crystal R. Sanders, « Katherine Johnson should also be remembered for desegregating higher education », The Washington Post,‎ (lire en ligne).
  21. Lucie Ronfaut, « Elles ont marqué l'histoire de la technologie : Katherine Johnson, des chiffres et des étoiles », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  22. (en) « Katherine Johnson Biography. », sur nasa.gov (consulté le ).
  23. a et b Isabelle Hontebeyrie, « L’histoire secrète de la NASA », (consulté le ).
  24. (en) « "Timeless" Space Race (TV Episode 2016) », sur imdb.com (consulté le ).
  25. (en) Michael Harriot, « NASA Dedicates Building to Hidden Figures Heroine Katherine Johnson », sur The Root (consulté le ).
  26. (en) Northrop Grumman, « S. S. Katherine Johnson » (consulté le ).
  27. « nobELLES exposition », sur calendrier.espacepourlavie.ca.
  28. Catherine Lalonde, « nobELLES exposition », sur ledevoir.com, .
  29. [vidéo] Espacepourlavie Montréal, Épisode 4: Katherine Johnson - balado nobELLES sur YouTube
  30. « MissMe rend hommage à sept femmes scientifiques au Planétarium de Montréal », sur ici.radio-canada.ca, .
  31. (en-US) « 2021 Induction », sur National Women’s Hall of Fame (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]