Jean-Baptiste JOURDAN (1762-1833)

Jean-Baptiste JOURDAN

(1762-1804-1833)

mar�chal de l'Empire

comte de l'Empire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jourdan en Lieutenant-Colonel du 2e Bataillon de la Haute-Vienne en 1792,

   

I. - L'HOMME ET SON CARACT�RE1

Au milieu de cette phalange fougueuse et d�corative, Jourdan est une figure � part. Sans faire tache au point de vue des dehors, il est fort loin du grand aspect que nous pr�sentent la plupart des autres. Il avait peu ou pas de prestance, une taille m�diocre, un air las et languissant, que justifiait d'ailleurs l'�tat toujours pr�caire de sa sant�. Pourtant il �tait plus maladif que malade, car apr�s de multiples fatigues il ne mourut qu'� soixante et onze ans.

Il avait le visage rond, les yeux placides, la bouche d�daigneuse. Ses joues �taient �paisses, son front moyen et ses cheveux rejet�s en arri�re, mais non fris�s et sans grande gr�ce. Au r�sum�, un ext�rieur banal, d'accord avec ses mani�res.

Au moral, il manquait d'�lan, malgr� son incontestable bravoure. Faute d'un coup d'�il prompt, d'une initiative audacieuse, il subit quelques �checs que d'autres eussent �vit� ; mais il excellait aux man�uvres qui demandent de la m�thode et de la r�flexion. Ses retraites apparaissent plus belles et plus m�ritoires que certaines victoires, et si l'on peut lui reprocher de n'avoir pas toujours an�anti les arm�es ennemies aussi compl�tement qu�il e�t fallu pour le succ�s de ses campagnes, du moins doit-on reconna�tre qu'il a su bien sou- vent sauver et conserver les siennes, ce qui n'est pas assur�ment un moindre m�rite.

Au surplus, lui aussi a remport� des victoires : Fleurus e�t suffi � illustrer un g�n�ral dans tout autre temps. Mais un triomphe alors comptait � peine, et c'est pourquoi, en d�pit de ses talents av�r�s, Jourdan se trouve au second plan parmi ses h�ro�ques coll�gues.

La justice ordonne aussi d'ajouter que ses sentiments r�publicains ne le mirent pas en faveur aupr�s de Napol�on. Il fut fait mar�chal gr�ce � ses titres pass�s, mais sa fortune s'arr�ta l�. Il n'y eut pour lui ni duch� ni princerie, et il fallut la Restauration pour en faire un comte.

Sa probit�, vertu qui dans aucun temps n'a �t� une vertu banale, est demeur�e intacte.

 

II. - SON ORIGINE ET SA JEUNESSE

Jourdan est n� � Limoges, fils d'un ma�tre chirurgien jur�, le 29 avril 1762 au 37 de la rue Pont-St-�tienne. La belle maison � colombages existe encore et porte une plaque comm�morative.

ICI est n�

le 29 avril 1762

jean-baptiste

comte jourdan

vainqueur de fleurus, mar�chal de France

�rig� en 1851

sous l'administration de

MM. de mentque pr�fet & louis ardant maire

 

Photos aimablement communiqu�es par M. Dominique Contant.

Sa vocation fut fort pr�coce. A seize ans il s'engagea dans le r�giment Auxerrois, et fit la campagne de l'ind�pendance des �tats-Unis sous les ordres de Rochambeau et du comte d'Estaing. Il revint d'Am�rique si malade, qu'il fut r�form� en 1784. Il se rendit alors � Limoges, son pays natal, et entra dans une maison de commerce.

Il est mercier dans sa ville natale lorsque la R�volution survient.


Ayant �pous� la belle-s�ur de son patron, M. Avanturier, il ouvrit dans la rue des Taules un magasin de mercerie. Mais lorsque les premi�res alarmes de la R�volution oblig�rent les citoyens � se lever en masse, ses premiers instincts se r�veill�rent, et il partit avec le 2e bataillon de volontaires de la Haute- Vienne, qui l'avait pris pour chef. Il d�buta par la campagne de Belgique, sous Dumouriez, et figura bravement aux combats de Jemmapes, de Neerwinden, de Famars et du camp de C�sar.

Le coq tr�ne tristement sur le monument de Jemappes.

Un t�moin de temps disparus : le coq de Jemappes, longtemps avant que les lotissements ne viennent enti�rement d�naturer le site...


Il apparut alors chef �nergique, tr�s soucieux de la discipline, ce qui n'�tait pas, parmi ces arm�es recrut�es un peu au hasard, la tendance dominante ; aussi fut-il nomm� g�n�ral de brigade en 1793.

Sa conduite � Hondschoote, qui d�cida de la victoire, lui valut le commandement en chef de l'arm�e des Ardennes, o� il rempla�a le g�n�ral Houchard.

Revenu � l'arm�e du Nord, il engagea, un peu � contrec�ur, la bataille de Wattignies contre le prince de Cobourg. C'�tait Carnot qui l'y avait contraint, et l'action, tr�s disput�e, aboutit enfin � la d�route du prince allemand, qui fut dans l'obligation de lever pr�cipitamment le si�ge de Maubeuge.

Le nom de Jourdan figure en bonne place sur le monument comm�morant la victoire de Wattignies (1�re ligne, � droite).

Et il est lui-m�me repr�sent� en g�n�ral triomphateur sur le monument c�l�brant cette m�me victoire � Maubeuge. Le monument fut inaugur� en 1893, pour le centenaire, sur la grand-place de Maubeuge, pour �tre ensuite transf�r� place Vauban, o� il se trouve encore. La belle sculpture est de L�on Fagel.
 

Jourdan est entour� de Carnot (� gauche) et Duquesnoy (� droite)


Rendant justice � la valeur du g�n�ral, Carnot, dont les avis imprudents avaient failli amener un d�sastre, �crivit � la Convention : � Il est impossible de se conduire avec plus d'intr�pidit� et de sagesse que le g�n�ral Jourdan. Son coup d'essai est d'avoir battu Cobourg. �

Ce succ�s, qui le mettait en vue, le fit mander � Paris, et il fut invit� � donner son avis sur le meilleur emploi � faire des quatorze arm�es que la R�publique venait d'organiser en h�te. Le gouvernement �tait pour l'offensive, et voulait lancer toutes ces masses en dehors des fronti�res afin d'�pouvanter l'ennemi. Circonspect et clairvoyant, Jourdan jugea ce projet insens� � cause de l'inexp�rience de telles troupes et de l'hiver, qui allait rendre leurs d�buts d'autant plus p�nibles.

Dans l'�tat de surexcitation o� �taient alors les esprits, sa prudence parut de la ti�deur, presque de la trahison. On fut sur le point de l'arr�ter; mais un rapport de Barr�re le sauva, et il fut seulement mis � la retraite et remplac� par Pichegru.

Toutefois, comme il n'existait pas beaucoup d'hommes de sa valeur, on dut recourir de nouveau � ses services, et un mois plus tard il re�ut le commandement de l'arm�e de la Moselle, apr�s qu'on e�t �t� le chercher dans sa boutique de mercier � Limoges, au fond de laquelle il avait, pour toute vengeance, pendu son habit de g�n�ral et l'�p�e qui avait vaincu Cobourg.

Bien �videmment, son nom ne pouvait manquer sur le "monument des 3 victoires fran�aises de Fleurus".

La mise en d�route d'un corps autrichien et la prise de Dinant lui valurent de r�unir sous ses ordres l'arm�e des Ardennes et trois divisions de l�Arm�e du Nord. Ce groupement fut la c�l�bre arm�e de Sambre-et-Meuse, avec laquelle il livra, le 26 juin 1794, la grande bataille de Fleurus, o� soixante- dix mille conscrits volontaires mirent en fuite cent mille v�t�rans coalis�s, sous les ordres du prince de Cobourg.

Un tel �v�nement stup�fia les monarques �trangers, et ce fut bien une autre panique lorsque Jourdan, lanc� � la poursuite de Cobourg, le d�logea de la for�t de Soignies, prit Mons et Namur, et fit une entr�e triomphale � Bruxelles. Au cours de ces divers mouvements, il avait �t� fort vivement pouss�, gravement g�n� aussi par les injonctions de Saint-Just, envoy� par le Comit� de salut public, moins pour le guider que pour le surveiller. On peut m�me s'�tonner que Jourdan ait de nouveau �chapp� � une arrestation, c'est-�-dire � un arr�t de mort. Mais nombre de soldats et d'officiers, envoy�s en � fourn�e � � Paris sous diverses inculpations assez fantaisistes, pay�rent pour lui, en d�pit de ses sinc�res efforts pour les sauver.

La prise du camp de la Chartreuse et le passage de l'Ourthe d�sarm�rent la Convention, qui d�cr�ta enfin que Jourdan et son arm�e avaient bien m�rit� de la patrie.

Apr�s avoir ainsi plant� ses drapeaux sur le Rhin, depuis Cl�ves jusqu'� Coblence ; apr�s avoir conquis, en une seule campagne, les contr�es qu'arrose le grand fleuve, et que la France ne devait perdre qu'en 181-11, Jourdan occupa, en 1794, le Luxembourg tout entier. Puis, passant le Rhin en pr�sence de vingt mille Autrichiens, il for�a l'arm�e du mar�chal de Clairfayt � se reployer, et courut � sa poursuite jusque sur le Mein. Mais alors d�j� Pichegru pr�parait sa trahison. Au lieu de seconder Jourdan, de couper la retraite � Clairfayt et d'op�rer sa jonction avec l'arm�e de Sambre-et-Meuse, il agit sans m�thode et dispersa son arm�e comme pour la faire battre en d�tail : ce qui arriva en effet.

Clairfayt sut profiter de ces avantages, et groupa son arm�e entre le Rhin, le Mein et la Lahn. Jourdan, qui avait ainsi ses communications intercept�es, sa gauche envelopp�e, dut se r�signer � la retraite vers la rive gauche du Rhin. Cette retraite, op�r�e avec un ordre et une dignit� admirables, en pr�sence et sous les coups de l'ennemi, est l'un de ses meilleurs titres de gloire. Mais enfin, quels qu'en fussent le caract�re et la n�cessit�, c'est un �chec, et ses adversaires l'accabl�rent de reproches et d'�pigrammes, allant jusqu'� le repr�senter � cheval sur une �crevisse, avec cette l�gende tir�e des Psaumes : Vidit et fugit : Jordanus conversas est retrorsum.

Carnot, le gouvernement lui-m�me, l'approuv�rent et tent�rent de le consoler de ces injustes attaques, ce qui ne l'emp�cha pas -de perdre son commandement et de rester sans emploi.

Son �lection en 1797 comme d�put� de la Haute-Vienne au Conseil des Cinq-Cents commence sa vie politique, o� nous le retrouverons toujours l'homme droit et fid�le aux principes qu'il avait �t� jusque-l�. �lu pr�sident de l'Assembl�e � deux reprises et aussi secr�taire, il y parla peu, mais y travailla beaucoup. C'est � son initiative que l'on doit la loi du 5 septembre 1798, �tablissant la conscription pour le recrutement des arm�es, au lieu de l'enr�lement volontaire et du � racolage � utilis�s jusque-l�, et dont la pratique devenait de plus en plus immorale et difficile.

En octobre 1798, le Directoire le mit � la t�te de l'arm�e du Danube; mais les arm�es �taient incompl�tes et mal pr�par�es, et il fallut � Jourdan beaucoup de d�vouement pour engager la lutte avec l'archiduc Charles, capitaine r�put�, pourvu de forces plus que doubles. Il s'en tira du moins � son honneur, et eut le grand m�rite de ne pas perdre trop de terrain jusqu'au moment o�, Mass�na l'ayant remplac�, il revint encore � Limoges pour soigner sa sant� toujours chancelante.

Ses concitoyens le renvoy�rent aux Cinq-Cents, o�, moins par d�pit que par conviction, il si�gea dans les rangs de l'opposition. Toujours pr�voyant et passionn� pour la libert�, il s'�vertua � pr�venir le coup d'�tat du 18 brumaire. Mais l'anarchie et la faiblesse du pouvoir avaient donn� trop de force � Bonaparte : les efforts de Jourdan demeur�rent st�riles. Un instant le futur empereur lui garda rancune; gr�ce � l'interm�diaire de Lefebvre, le nuage se dissipa, au moins en apparence, et, le 21 janvier 1800, Jourdan fut nomm� inspecteur g�n�ral d'infanterie et de cavalerie, puis, le 24 juillet, ambassadeur pr�s de la R�publique cisalpine, enfin administrateur g�n�ral du Pi�mont.

Il remplit si dignement cette derni�re charge, il y d�ploya un tel esprit de conciliation et de si parfaits m�nagements, qu'il obtint le suffrage de tous, au point que quinze ans plus tard le roi Charles-Emmanuel, redevenu ma�tre de ce pays, le remercia de ce qu'il avait fait en 1800, et lui envoya son portrait enrichi de diamants.

En 1802, il est nomm� par le premier consul membre du Conseil d'�tat, et cette nomination, haute marque de confiance et d'estime donn�e par Bonaparte en d�pit d'un reste vraisemblable de rancune, est aussi glorieuse pour la justice de l'un que pour les m�rites de l'autre.

 

III - SA CARRI�RE SOUS L'EMPIRE

De nouveau Bonaparte, devenu Napol�on, affirma ses sentiments en faisant de son ancien adversaire un des mar�chaux de 1804 et un grand-aigle de la L�gion d'honneur. Jourdan fut m�me fait g�n�ral en chef de l'arm�e d'Italie (1804-1805) et commandant des troupes cantonn�es en Lombardie, lorsque Napol�on alla � Milan recevoir la couronne des rois lombards. Mais la guerre ayant �clat� en 1805, l'empereur, plus confiant dans les talents de Mass�na, confia � celui-ci l'arm�e d'Italie, au grand m�contentement de Jourdan, qui en �prouva non sans raison une douloureuse humiliation.

On lui promit, pour le d�dommager, un commandement � l'arm�e du Rhin, qu'on ne lui donna pas du reste, et en 1806 seulement on l'envoya � Naples comme gouverneur, sous le roi Joseph Bonaparte.

Il suivit son nouveau ma�tre, devenu roi d'Espagne, et en re�ut le titre de major-g�n�ral de l'arm�e espagnole. Ces fonctions et les responsabilit�s qu'elles impliquaient ne convenant pas, il demanda son rappel en 1809. On voulut le dissuader; il persista, obtint d'�tre remplac� et mena la vie de famille jusqu'en 1812, ulc�r� au fond par le regret d'avoir quitt� le roi Joseph, auquel il �tait fort attach�, par les interpr�tations malveillantes qu'il entendait faire de sa conduite, pourtant tr�s honorable en Espagne, et aussi par la froideur de Napol�on, qui n�gligeait de l'employer et se refusait � lui conf�rer un titre comme i tant d'autres, plus heureux petit-�tre, mais non plus dignes.

Quand �clata la funeste guerre de Russie, Jourdan fut renvoy� en Espagne aupr�s du roi Joseph. Mais de nouveau sa mauvaise �toile l'y mit aux prises avec les pires difficult�s. Soult et Marmont ne le soutenaient en rien et l'embarrassaient de leur mauvais vouloir �vident. Une telle attitude provoqua la d�faite des Arapiles, puis, en 1813, le d�sastre de Vittoria, qui entra�na pour nous la perte de l'Espagne.

21/06/1813 Bataille de Vitoria


Le monument de la victoire alli�e dans le centre de Vitoria, sur Plaza de la Virgen Blanca.
Les diff�rents bellig�rants y sont repr�sent�s et un c�t� est consacr� � chacun des Alli�s.
Les Fran�ais sont repr�sent�s dans la partie inf�rieure, en d�route.
Wellington est accueilli par la population civile.
(A lire en HD!)


Une petite visite au mus�e militaire de Vitoria, qui contient des tr�sors comme le tapis de selle du roi Joseph, celui du mar�chal Jourdan, les boutons de l'uniforme et le chapeau de ce dernier.
Tous ces objets ont �t� captur�s � l'issue de la bataille.
Quelques autres pi�ces int�ressantes et des dioramas de la bataille. Une tr�s belle maquette du Santa Ana de 112 canons, qui participa � la bataille de Trafalgar.
Une visite qui vaut sans nul doute le d�placement !

Nomm� en 1814 chef de la 15e division militaire, il se soumit � Louis XVIII lors de la premi�re d�ch�ance de Napol�on; il le fit sans bassesse, sans servilit�, bien plut�t pour c�der � une n�cessit� in�luctable que pour satisfaire � de trop naturels ressentiments. Ll est confirm� par Louis XVIII dans le commandement de la 15e division militaire.

Le roi lui sut gr� de son attitude, le confirma dans sa dignit�, et le fit comte en 1814.

Mirant les Cent-Jours, il se retira dans ses propri�t�s. Pendant les Cent-Jours, il re�oit le commandement de Besan�on (4 juin 1815). Un ordre de Napol�on vint lui donner le commandement de l'arm�e du Rhin. Waterloo rendit son intervention inutile.

 

IV - SA CARRI�RE apr�s L'EMPIRE ET SA MORT

Lors de la seconde Restauration, la triste pr�rogative de pr�sider le conseil de guerre charg� de juger le mar�chal Ney, pr�rogative qu'avait si magnifiquement d�clin�e Moncey, �chut � Jourdan. Le tribunal, en se d�clarant incomp�tent, le sauva d'une infamie de laquelle il s'�tait, par faiblesse, imprudemment expos� � porter le poids.

Il obtient le titre de comte.  1816 le vit gouverneur de la 7e division militaire, puis membre de la Chambre des Pairs. (6 mars 1819).

Devenu ministre des affaires �trang�res apr�s la r�volution de 1830, qu'il avait accueillie avec joie, il se d�mit presque aussit�t pour succ�der au g�n�ral de Latour-Maubourg comme dix-neuvi�me gouverneur de l'h�tel des Invalides. (11 ao�t 1830) 

Il y mourut le 23 novembre 1833, sans doute dans l'�pid�mie de chol�ra qui touchait l'Europe � l'�poque, et fut inhum� avec le plus grand �clat dans le caveau des Gouverneurs.

Ici reposent

les cendres

d'un bon fran�ais

d'un brave soldat

et

d'un excellent p�re de famille

Jn. Bte. JOURDAN

Mar�chal pair de France

d�c�d�

gouverneur des Invalides

le 23 9bre 1833

 

 


Sa dalle fun�raire dans la crypte.

 

IV. � JUGEMENT DE NAPOL�ON

D'une lettre envoy�e par l'empereur lorsque Jourdan fut remplac� � l'arm�e d'Italie par Mass�na, ce dont il s'�tait beaucoup plaint :

� Mon cousin, j'ai re�u votre lettre. J'en ai �prouv� de la peine et je partage la v�tre. Je suis on ne peut plus satisfait de voire conduite, et j'ai de vous et de vos talents la meilleure opinion. Si j'ai envoy� Mass�na en Italie, c'est en c�dant � ma conviction int�rieure que dans une guerre chanceuse et dont le th��tre est si loin du secours du gouvernement, il fallait un homme d'une sant� plus robuste que la v�tre et qui conn�t parfaitement la localit�.

� Les �v�nements se pressent avec tant de rapidit�, qu'il a fallu de telles circonstances pour faire taire toute consid�ration particuli�re. J'ai d� envoyer en Italie l'homme qui conna�t le mieux l'Italie. Depuis la rivi�re de G�nes jus- qu'� l'Adige, il n'est aucune position que Mass�na ne connaisse. S'il faut aller en avant, il a encore un autre avantage : ces contr�es agrestes, dont il n'existe pas m�me de carte � Vienne, lui sont �galement famili�res.

� Mon cher g�n�ral, je con�ois que vous devez avoir de la peine, que je vous fais un tort r�el ; mais restez persuad� que c'est malgr� moi. Si les circonstances eussent �t� moins urgentes, comme je l�esp�rais, vous eussiez achev� cet hiver de bien conna�tre les localit�s, et ma confiance dans vos talents, dans votre vieille exp�rience de la guerre, m'e�t compl�tement rassur�. Mais vous connaissez le Rhin, et vous y avez eu des succ�s. La campagne est aujourd'hui engag�e. Dans quinze ou vingt jours les �v�nements n�cessiteront de nouvelles formations, et je pourrai vous placer sur ce th��tre que vous connaissez le mieux, et o� vous pourrez d�ployer toute votre bonne volont�.

� Je d�sire d'apprendre par votre r�ponse que vous �tes satisfait de cette explication, et que vous ne doutez pas des sentiments que je vous porte. �

A Sainte-H�l�ne : � En voil� un, dit Napol�on en parlant de Jourdan, que j'ai fort maltrait� assur�ment. J'aurais d� naturellement penser qu'il e�t d� m'en vouloir beau- coup. Eh bien ! j'ai appris avec plaisir qu'apr�s ma chute, il est demeur� constamment bien. Il a montr� l� cette �l�vation d'�me qui �l�ve et classe les gens. Du reste, Jourdan �tait un vrai patriote, et c'est une r�ponse � bien des choses. �

 

�TATS DE SERVICE DE JEAN-BAPTISTE JOURDAN
N� LE 29 AVRIL 1762, A LIMOGES (HAUTE-VIENNE)

GRADES, CORPS ET DESTINATIONS
Soldat au d�p�t de l��le de R�, 2 avril 1778; incorpor� dans le r�giment d'Auxerrois, 10 d�cembre 1778; a servi en Am�rique; rentr� pour cause de maladie, 1er juillet 1782 ; rentr� au r�giment d'Auxerrois , 12 novembre 1783 ; r�form�, 26 juin 1784; chef du 2e bataillon de la Haute -Vienne , 9 octobre 1791; g�n�ral de brigade , 27 mai 1793 ; g�n�ral de division, 30 juillet 1793 ; g�n�ral en chef de l'arm�e des Ardennes, 11 septembre 1793 ; g�n�ral en chef de l'arm�e du Nord , 22 septembre 1793; g�n�ral en chef de l'arm�e de la Moselle, 10 mars 1794 ; g�n�ral en chef de l'arm�e de Sambre-et-Meuse, 13 juin 1795; a quitt� le commandement de l'arm�e du Nord pour si�ger au Corps l�gislatif, 8 octobre 1796 ; g�n�ral en chef de l'arm�e du Danube, 14 octobre 1798, jusqu'au 13 avril 1799; inspecteur g�n�ral d'infanterie et de cavalerie, 21 janvier 1800 ; administrateur g�n�ral du Pi�mont, appel� au Conseil d'�tat, le' d�cembre 1802; g�n�ral en chef de l'arm�e d'Italie, 25 janvier 1804; mar�chal de l'Empire, 19 mai 1804; gouverneur de Naples, 17 mars 1806; :major-g�n�ral du roi d'Espagne, gouverneur de Madrid, 8 juillet 1811; admis � la retraite (n'a pas eu lieu) , 7 ao�t 1813 ; admis � conserver la moiti� de son traitement depuis le jour de la cessation de son service, 26 septembre 1813; commandant sup�rieur de la 15e division militaire, 30 janvier 1814 ; gouverneur de la 15e division militaire, 21 juin 1814 ; gouverneur de Besan�on et commandant sup�rieur de la 6e division militaire, 3 mai 1815 ; g�n�ral en chef de l'arm�e du Rhin , 26 juin 1815 ; priv� du gouvernement de la 15e division militaire, 27 d�cembre 1815 ; gouverneur de la 7e division militaire, 10 janvier 1816; commissaire provisoire au d�partement des affaires �trang�res, 3 ao�t 1830 ; gouverneur des Invalides, 11 ao�t 1830. Mort � Paris le 23 novembre 1833.

CAMPAGNES
Am�rique du Nord, de la Moselle, de Sambre-et-Meuse, sur le Rhin et de l'Ouest; � Naples et en Espagne.

BLESSURES ET ACTIONS D'�CLAT
ARM�E DU NORD
Bataille de Wattignies, pr�s Maubeuge, les 25 et 26 vend�miaire, an II.
ARM�E DE LA MOSELLE ET DES ARDENNES
Bataille d'Arlon, le 29 germinal, an II; passage de la Sambre; prise de Charleroi.
ARM�E DE SAMBRE-ET-MEUSE
Bataille de Fleurus ; affaire de Mont-Saint-Jean; prise de Bruxelles, Louvain, Namur et Li�ge; affaire de Sprimont, enl�vement du camp de la Chartreuse ; bataille d'Aldenhoven ; prise de Juliers et de Cologne; fuite de l'ennemi au del� du Rhin; passage-du Rhin; prise de Francfort, Bamberg et Rothemberg, etc.

D�CORATIONS
ORDRE DE LA L�GION D'HONNEUR

Chevalier, 2 octobre 1803; grand-officier, 14 juin 1804; grand-croix, 2 f�vrier 1805.

ORDRES �TRANGERS
-Bavi�re : Saint-Hubert, chevalier, 27 f�vrier 1806.

ADDITIONS AUX SERVICES ET D�CORATIONS
Comte, 1814; pair de France, 1816

 


Texte : d'apr�s de Beauregard, G�rard, Les Mar�chaux de Napol�on, Mame, Tours, s.d. (1900).

 

 

Sa ville natale lui a fait l'honneur d'une belle statue, par le sculpteur Robert sur la place... Jourdan. (Ces 3 derni�res photos sont � nouveau aimablement communiqu�es par M. Dominique Contant.)

 

 

AU MARECHAL JOURDAN

 

WATTIGNIES

ARLON

 

FLEURUS

ALDENHOVEN

Il existe une autre statue du Mar�chal Jourdan, � Paris, rue de Rivoli, par Muller.

Toute sa vie, il aura esp�r�, en vain, le titre de duc de Fleurus, et ce n'est que... sous la Restauration qu'il sera officiellement fait comte, lui, le g�n�ral qui avait sauv� la R�volution !  Cependant, Louis XVIII n'a fait que r�gulariser une situation qui existait. En effet, nomm� pair de France pendant les Cent-Jours, il devenait ipso facto comte de l'Empire, m�me s'il n'eut les lettres patentes que sous la Restauration.

N'oubliez pas de cliquer sur les photos pour les agrandir !


Collection Hachette : Mar�chaux d'Empire, G�n�raux et figures historiques (Collection de l'auteur)

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