Jean de Dieu SOULT (1769-1804-1851)

 

Jean de Dieu* SOULT

(1769-1804-1851)

mar�chal de l'Empire
duc de Dalmatie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soult en sergent au 23e de Ligne en 1792.
Notons au passage l'ironie de la chose :  le dernier Mar�chal G�n�ral de l'histoire de France est repr�sent� ici... en Sous-Officier !

   

Un des meilleurs mar�chaux de l'Empereur, un des plus capables. Ce n'est pas pour rien que celui-ci l'avait appel� "le meilleur man�uvrier d'Europe".

Jean de Dieu* Soult est n� � Saint-Amans-la-Bastide, dans le Tarn, le 29 mars 1769.

Voici son acte de naissance (A.D. 81) : (merci � D. Contant !)

Jean de Dieu Soult du pr�sent lieu fils du Sr Jean Soult no(tai)re Royal et de         
Dem(oise)lle Brigitte Degrani�, mari�s, a �t� baptis� dans notre �glise le vingt neuvi�me
de mars mil sept cent soixante neuf �tant n� le m�me jour.        Son parrain a �t�
le Sr Jean Pierre Degrani�  son oncle soussign� et la marraine dem(oise)lle Marie-
Jeanne Huc sign�e                                                                                                     
Jean Pierre Degrani�

                                                                                        M J Huc                   Boubal Cur�

 

Il est donc de quelques mois l'a�n� de l'Empereur. Bien plus tard, son village natal, auquel il resta toute sa longue vie tr�s attach�, changera son nom en St-Amans-Soult, en son honneur.

1. � L'HOMME ET SON CARACT�RE1

Avec son visage enti�rement ras�, p�le, maigre et t�t rid�; avec son regard m�lancolique et morne; avec ses longs cheveux plats, Soult ressemblait moins � un g�n�ral qu'� un savant d'universit� ou � quelque clerc pr�matur�ment vieilli sur le grimoire, et chang� en soldat par un �trange caprice du destin.

Il n'est pas besoin de dire qu'il avait de la bravoure, mais il manquait d'�clat et d'initiative.

Nul homme n'a �t� plus attaqu�; bien peu ont �t� plus chaleureusement d�fendus; et ce fait de susciter autour de soi des passions contradictoires n'est pas du moins d'un homme ordinaire.

Il a obtenu de beaux succ�s, il a essuy� de notables revers; il a rendu de grands services � la patrie, il a donn� le spectacle de palinodies lamentables : c'est assez dire qu'en effet toutes les opinions auront de quoi se satisfaire avec sa vie. Que si l'on tente d'�tablir une moyenne d�finitive et de la tirer de tant de t�moignages, qui le plus souvent se combattent, on conclura que Soult fut un soldat de m�rite, mais un homme de pauvre caract�re.

� Le mar�chal Soult, dit l'abb� de Montgaillard, n'eut jamais de caract�re politique; il fut un habile ex�cuteur de man�uvres militaires, un intr�pide athl�te de bataille. Le go�t des renomm�es du jour, le d�sir d'avantages utiles, de faveurs, d'argent, les flatteries des contemporains, l'amour des d�pouilles des vaincus : tels sont les sentiments qui paraissent dominer dans l'�me de ce conducteur d'arm�e. �

Il est acquis, en tous cas, qu'il fut des plus empress�s � tourner le dos � Napol�on malheureux, puis � revenir � lui avec la fortune, puis � le renier encore, enfin � s'accommoder de tous les r�gimes dont il croyait pouvoir attendre quelque chose.

Le mar�chal Soult mesurait 1,78 m.

 

ICI EST N� MR LE MAR�CHAL

G�N�RAL SOULT EN 1769

         Sa maison natale, 8 rue du Mar�chal Soult, � St-Amans-Soult.

II. � SON ORIGINE ET SA JEUNESSE

Jean-de-Dieu Soult est n� � Saint-Amans-la-Bastide, dans le Tarn, le 29 mars 1769. Il �tait fils d'un modeste notaire de campagne, qui lui fit faire de bonnes �tudes, mais n'eut pas le loisir de les mener fort loin. En effet, d�s 1785, � moins de seize ans, le jeune Soult s'engagea comme volontaire dans un r�giment d'infanterie du roi.

Commence alors une des plus brillantes carri�res militaires de l'histoire de France.

Il s'�tait engag� pour permettre � sa m�re, veuve, de payer ses imp�ts avec sa prime d'engagement.

Le d�but de sa carri�re fut laborieux, car il arriva non sans peine � devenir caporal. C'est seulement en 1790 que, pass� dans le premier bataillon du Haut-Rhin, il y devint d'abord sous-officier, puis officier instructeur. Une fois en possession du grade d'adjudant-major, il quitta la ligne et entra dans l'�tat-major g�n�ral des arm�es. La R�volution lui permet de devenir sous-lieutenant en 1792.  Il combatit � Fleurus. Il avan�a rapidement, et il �tait d�j� chef de brigade lorsqu'il fit, comme chef d'�tat-major de Lefebvre, une brillante campagne sur la Moselle.

En 1796, il passa en Italie, commanda quelque temps � Turin, puis se vit enferm� dans G�nes avec Mass�na. Il y fut bless�, pris, puis �chang�, ce qui lui permit de revenir occuper son poste.

Envoy� � Naples, il se trouvait sous les murs de Tarente lorsque se produisit le 18 brumaire.

Comme Bonaparte, qui ne le connaissait point encore, �tait ind�cis sur le g�n�ral � qui il confierait le quatri�me commandement de la garde consulaire, Mass�na lui dit :

� Je vous donne Soult pour un homme de t�te et de c�ur, au-dessus des forces duquel je ne connais rien. �

Il fut aussit�t rappel�, pr�sent� au consul, dont il gagna vite la sympathie, et nomm� colonel g�n�ral des grenadiers de la garde.

Mass�na, dans la campagne d'Italie, en 1800, lui confia le commandement de l'aile droite. Il s'y conduisit de la fa�on la plus brillante, et l'on cite ce trait du jeune g�n�ral, enferm� dans un d�fil� par des forces sup�rieures, et se frayant un passage en criant :

� Les Fran�ais ne capitulent jamais tant qu'ils ont des ba�onnettes. �

Il fut bless� trois fois dans cette campagne, et se fit prendre aux Deux-Fr�res sur le champ de bataille m�me. Il ne fut rel�ch� qu'apr�s Marengo. Lorsque Bonaparte organisa les trois camps de Boulogne, Soult fut, avec Ney et Davout, charg� de les diriger. Il avait celui du centre, et ses soldats �taient tenus sans cesse sur le qui-vive par sa propre activit�.

� Je veux, avait-il dit au premier consul avant de partir, que quiconque n'est pas propre aux fatigues support�es par moi-m�me reste ici. Ceux que j'emm�nerai seront � toute �preuve, pr�ts � la conqu�te du monde. �

Un tel langage �tait le meilleur moyen de conqu�rir l'estime de Bonaparte. Celui-ci l'accorda sans marchander � son pr�cieux lieutenant, avec une foule d'honneurs et cent mille francs pr�lev�s sur les fonds secrets de la police, qui lui furent vers�s le 21 f�vrier 1803. Par contre, son caract�re cassant et hautain, sa froideur excessive, sans parler de son orgueil, le brouill�rent de ce moment avec Berthier et quelques autres, tandis que beaucoup s'attachaient � lui avec la plus grande sinc�rit�.

� Ses amis, dit M. :B�gin, il les dut � l'esprit de justice, � la bienveillante indulgence, au d�vouement qui le caract�risaient et au vif d�sir qu'il t�moigna souvent de ne laisser aucun m�rite r�el sous le boisseau-. Ses ennemis provinrent de la franchise aust�re, des mani�res s�ches, du ton brusque qu'il affectait, soit pour d�router les solliciteurs, soit par le sentiment intime de sa valeur personnelle. �

Ce fut Soult qui prit l'initiative d'�lever � Boulogne la fameuse colonne qu'on voit encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le buste de Soult par A.D. Eudes (1853), dans la "crypte" (ou salle du pi�destal ou "salle des archives") de la colonne de la Grande Arm�e � Boulogne.

Soult pr�sentant � l'Empereur le projet de colonne de la Grande Arm�e � Boulogne, sur le bas-relief  de ce monument. (�uvre de Th�ophile Bra, intitul�e officiellement "Napol�on, agr�ant le plan de la colonne qui lui est pr�sent� par le mar�chal Soult").
Soult est entour� du g�n�ral Bertrand et de l'amiral Bruix. L'amiral Rosamel y figure �galement, ainsi qu'� l'extr�me droite, le mamelouk Roustan.
 

III. � SA CARRI�RE SOUS L'EMPIRE

Soult fut le huiti�me s�r la liste des mar�chaux d'Empire de la premi�re promotion, et lorsque Napol�on pr�para la grande campagne d'Autriche qu'Austerlitz devait couronner, Soult fut des premiers � en avoir la confidence, puis la direction.

Il quitta Boulogne, passa le Rhin � Spire, traversa, la Souabe et la Bavi�re, remporta la victoire d'lnsterdorff, et � la fin de novembre arriva clans la plaine d�Austerlitz.

Ce fut lui qui d�couvrit le lac Menit gel�, sur lequel man�uvrait toute une division de l'arm�e russe, et lui encore qui, en donnant l'ordre d'en rompre la glace � coups de canon, provoqua l'horrible catastrophe qui engloutit des milliers d'ennemis dans une immense noyade (sic)**, mais eut du moins l'avantage d'assurer le succ�s de l'arm�e fran�aise.

Aussi Napol�on put-il r�pondre � un g�n�ral qui lui demandait des ordres :

� Allez les demander au mar�chal Soult : c'est lui qui m�ne la bataille. �

De retour en France, il reprit, pour bien peu de temps, le commandement du camp de Boulogne ; car la campagne de Prusse le revit � I�na, o� il enfon�a le centre des Prussiens, et � Eylau, o� il annihila Benningsen. Apr�s le trait� de Tilsitt, il eut pour mission de d�limiter les territoires respectifs de la Pologne et de la Prusse.

Il fut fait ensuite duc de Dalmatie, re�ut une gratification de six cent mille francs sur les contributions impos�es � la Prusse, et un revenu de soixante mille francs.

En 1808 �clata la guerre d'Espagne, o� Soult joua le plus grand r�le. Tandis que Napol�on se dirigeait en personne sur Madrid, le duc de Dalmatie allait par Saint-Andr� conqu�rir la Montana et les Asturies, pour de l� gagner l'Estr�madure. Mais les Anglais, command�s par Moore, l'ayant attaqu�, il se retira des rivages, puis revint brusquement et arr�ta l'arm�e anglaise, qui tentait de couper Napol�on en marchant sur la Castille. L'empereur lui-m�me accourut et poursuivit Moore jusque sous les murs d'Astorga. Soult fut charg� de continuer la chasse, et il s'en acquitta si bien que Moore fut tu�, son arm�e dispers�e et contrainte de se rembarquer dans le plus grand d�sordre, tandis que le mar�chal entrait dans la Corogne et dans le Ferrol.

Ce fut ensuite la marche triomphale sur le Portugal, qui ne s'arr�ta qu'�  Oporto, o� Soult fut un instant arr�t� par soixante batteries et de nombreux bataillons anglais. Il for�a leurs lignes, les prit � revers et p�n�tra dans la ville.

Malheureusement les effroyables exc�s auxquels se livr�rent les troupes victorieuses n'�taient pas faits pour nous ramener l'opinion portugaise. Aussi les Anglais profit�rent-ils de la haine nationale, si justement excit�e, pour se concentrer de nouveau, passer le Douro et fondre sur les troupes de Souk, qui n'eut que le temps de br�ler bagages, artillerie et �quipages pour voler au secours de la Galice et de Salamanque, menac�es de tr�s pr�s par l'ennemi.

� cette �poque, Soult fut hautement accus� d'avoir complot� de mettre sur sa propre t�te la couronne de Bragance. Des conciliabules furent tenus, des proclamations m�me distribu�es, et la chose alla si loin que le g�n�ral Ricard, chef d'�tat-major dit mar�chal, et le colonel Donnadieu furent arr�t�s. Un aide de camp, mand� � Paris, fut interrog�, reconnut les faits, et Napol�on lui dit, en terminant une tr�s vive r�primande Si vous aviez fait un pas de plus, je vous faisais fusiller. �

L'empereur toutefois se contenta de l'algarade et n'inqui�ta pas le duc de Dalmatie, ne voulant pas risquer un scandaleux proc�s de haute trahison.

D'ailleurs Wellington venait d'entrer en sc�ne, et le roi Joseph l'avait laiss� approcher � trois �tapes de Madrid, o� s'�tait livr�e la bataille ind�cise de Talavera de la Reina, dont personne ne sut profiter.

Soult, paraissant sur les derri�res des Anglais, jeta dans leurs rangs un tel trouble, qu'ils s'enfuirent pr�cipitamment. L'Espagne toutefois n'en �tait pas moins soulev�e, et le moral du roi Joseph fort d�mont�. Le mar�chal lui rendit le courage, et la victoire d'Ocaňa remit les choses en meilleur �tat.

En 1810, Soult force les d�fil�s de la Sierra-Alorena, envahit l'Andalousie, prend S�ville et contraint Wellington � d�bloquer Badajoz, Mais les Fran�ais perdaient ailleurs du terrain. L'arm�e du Portugal avait �t� battue aux Arapiles; Joseph Bonaparte avait quitt� Madrid; Soult, d�bord�, dut lever le si�ge de Cadix et sortir d'Andalousie en ao�t 1812, pour se replier sur Grenade et Valence.

Son arm�e, au surplus, �tait fort diminu�e. Il en avait perdu l'�lite, rappel�e par Napol�on en vue de la campagne de Russie, et le mar�chal commen�ait � consid�rer la partie comme irr�m�diablement perdue lorsqu'il fut rappel�, en 1813, pour remplacer Bessi�res � la t�te du 4e corps de la Grande Arm�e,

Il commanda le centre � L�tzen et � Bautzen; mais la d�faite de Vittoria, qui compromettait toutes nos conqu�tes espagnoles, le fit renvoyer en toute h�te dans la P�ninsule avec le titre de lieutenant-g�n�ral du royaume et des pouvoirs illimit�s.

Il n'eut que la ressource de rallier � Bayonne les d�bris de l'arm�e d'Espagne. Les combats des 9, 10, 11, 12 d�cembre 1813 furent aussi meurtriers que peu d�cisifs, et tout n'�tait pas perdu encore lorsque Napol�on, �cras� � Leipzig et ayant � combattre l'invasion du territoire m�me de la France, retira encore des troupes � Soult pour les opposer � la grande coalition.

Le mar�chal n'en fit pas moins des prodiges pour sauver le Midi, et il entreprit cette m�morable campagne, o� avec des forces infimes il dut r�sister � de multiples attaques, venues de partout � la fois. Il se d�fendit bravement � Orthez, � Aire, � Vic-de-Bigorre, � Tarbes, et sa lente retraite eut pour couronnement la glorieuse bataille de Toulouse, o� avec vingt mille hommes il battit soixante-dix mille Anglo-Espagnols. C'�tait le 10 avril 1814. Paris avait d�j� capitul�, Napol�on abdiqu�, que Soult avait l'honneur de se d�fendre encore eu d�fendant le territoire.

D�s le 19 avril, Soult reconnut Louis XVIII, qui le nomma chef de la troisi�me division militaire, gr�ce � l'appui du duc d'Angoul�me, puis ministre de la guerre. Dans cette situation d�licate, il lui fut impossible de contenter tout le monde, ballott� qu'il �tait entre ses anciens compagnons, qui l'adjuraient de d�fendre la vieille arm�e, et les nouveaux venus, press�s de monter � l'assaut des grades et d�s fonctions. Il se fit, en effet, � ce moment beaucoup d'ennemis.

Au retour de l'�le d.'Elbe, il lan�a une proclamation contre Napol�on, con�ue en des termes inutilement injurieux, mais qui n'arr�ta pas le revenant***. Il eut du moins la pudeur, sinon la prudence de se retirer dans son ch�teau de l'�tang, pr�s de Saint-Cloud, lorsque l'empereur fut rentr� aux Tuileries.

-------------------------------------------
Voici, quelques passages de ce factum, dat� du 8 mars 1815 :
� Soldats, cet homme qui nagu�re abdiqua aux yeux de toute l'Europe un pouvoir usurp� dont-il avait fait un si fatal usage, Buonaparte est descendu sur le sol fran�ais qu'il ne devait plus revoir. Que veut-il ? La guerre civile. Que cherche-t-il? Des tra�tres... Buonaparte nous m�prise assez pour croire que nous pouvons abandonner un souverain l�gitime et bien-aim�, pour partager le sort d'un homme qui n'est plus qu'un aventurier. Il le croit, l'insens� et son dernier cycle de d�mence ach�ve de le faire conna�tre !... �

 

Celui-ci, qui n'�tait pas en situation d'avoir des rancunes, l'envoya chercher, lui pardonna et en fit son major g�n�ral, bienveillance dont le mar�chal profita aussit�t pour se faire donner (ainsi que le prouve un rapport de Davout du 19 mai 1815) quatre-vingt mille francs, destin�s � l'achat des chevaux et fourgons de son service personnel; vingt mille francs pour frais de poste et de courriers ; trois mille six cent cinquante francs par mois pour frais de bureau! Et cela � peine deux mois apr�s son indigne proclamation! Il est vrai qu'il remboursa la dette en publiant, la veille de l'entr�e en campagne, une nouvelle proclamation o�, avec le cynisme le plus stup�fiant, il portait aux nues la fid�lit� � l'Empereur, en couvrant d'invectives les Bourbons fugitifs.

Les Cent-Jours le voient dans la fonction de Chef d'�tat-Major, � la place qu'avait occup�e si efficacement Berthier tout au long de l'Empire. Ce ne sera pas vraiment une r�ussite pour lui.


Aa ferme du Caillou, son nom figurait sur la plaque comm�morative - h�las retir�e - portant les noms de tous ceux qui y �taient pr�sents, les 17 et 18 juin 1815.

Contraste �trange : il se battit � Ligny et � Waterloo avec la plus brillante valeur; mais, apr�s la d�faite, il revint pr�cipitamment � Paris, et, apr�s la seconde capitulation, il suivit l'arm�e au del� de la Loire.

IV. � SA LONGUE CARRI�RE apr�s L'EMPIRE

Louis XVIII se montra cette fois de moins bonne composition. Inscrit le premier sur la liste de proscription du 24 juillet 1815, Soult se r�fugia chez son ancien aide de camp, M. Brun de Villeret, fix� dans le Tarn, puis obtint des alli�s d'�tre envoy� � D�sseldorf, d'o� il ne revint qu'en janvier 1820 pour retrouver, � l'indignation g�n�rale, d'abord son b�ton de mar�chal, ensuite tout son arri�r� de solde. Il devint pair de France en 1827.

Apr�s la r�volution de 1830, le mar�chal se rallia avec enthousiasme � la dynastie nouvelle, qui en fut reconnaissante; car Louis-Philippe, d�s le 18 novembre 1830, lui confia le portefeuille de la Guerre. On doit reconna�tre qu'alors Soult s'appliqua � r�organiser l'arm�e et � lui donner une grande coh�sion. D'utiles ordonnances ont signal� son administration. Il fit fortifier de nombreuses places, notamment Lyon et Paris, dont tout au moins le projet d'enceinte fut approuv� par lui. Son attitude fut tr�s ferme dans les diverses �meutes qui �clat�rent durant les premi�res ann�es du r�gne de Louis-Philippe, par exemple lors de l'enterrement du g�n�ral Lamarque. On le vit � cette occasion accompagner le roi, en grande tenue, dans les quartiers o� l'effervescence �tait la plus vive, et imposer � tous par son aspect,

Il devint pr�sident du conseil le 11 octobre 1831, et provoqua l'arrestation de la duchesse de Berry, venue en France dans le but de soulever les provinces de l'Ouest.

Envoy� � Londres eu 1838 pour repr�senter la France au couronnement de la jeune reine Victoria, il y d�ploya un faste royal, et le souvenir de sa gloire souleva les acclamations de ces m�mes Anglais qu'il avait jadis si souvent battus.

En 1847, Soult, devenu impopulaire, quitta le pouvoir. Le roi, en signe de sa haute reconnaissance pour ses services, le nomma mar�chal g�n�ral, titre que seuls avaient port� avant lui Turenne, Villars et Maurice de Saxe.

Le duc de Dalmatie fut encore le t�moin inquiet de la r�volution de 1848; mais il put voir le second Empire, sinon proclam�, au moins �tabli en fait, car il ne mourut que le 26 novembre 1851, vers 22h30, � peine 5 jours avant le coup d'Etat du 2 decembre, � l'�ge de quatre-vingt-deux ans, au ch�teau de Soult-Berg, pr�s de Saint-Amans, dans le Tarn. Le 13 novembre, il �tait sorti dans son potager sans boutonner son pardessus. Le froid qu'il prit alors lui fut fatal.

Ou lui rendit de grands honneurs.

 

 

Le ch�teau de Soult-Berg, o� il s'�tait retir� et o� il est d�c�d�. Il l'avait nomm� ainsi en hommage � son �pouse, Louise Berg.  En m�me temps, comme le ch�teau se trouve sur un colline, � la sortie du village, en direction de B�ziers, c'est un jeu de mot, puisqu'il se trouve sur le "mont Soult".

 

                 

Le Mar�chal a �t� inhum� dans la chapelle adoss�e au mur sud de l'�glise de Saint-Amans.

Les tr�s belles armoiries qui ornent le dessus de la porte.

Et voici quelques photos exceptionnelles qui ont �t� fournies par JIEM. Un tr�s grand merci � lui !

Tout autour du monument sont mentionn�s les noms des batailles :

AUSTERLITZ I�NA

L�BECK

EYLAU HEILSBERG

????.

 

CAMPAGNES

ALLEMAGNE RUSSIE ITALIE POLOGNE

ESPAGNE PORTUGAL FRANCE

1792-1815

 

V. - JUGEMENT DE NAPOL�ON

Avant Austerlitz :

� Mar�chal, je n'ai rien � vous ordonner, sinon de faire comme vous faites toujours. �

Apr�s Austerlitz :

� Mar�chal, vous vous �tes couvert de gloire aujourd'hui; vous avez surpass� ce que j'attendais de vous. Vous �tes un des premiers man�uvriers de l'Europe. �

A Sainte-H�l�ne :

� Soult avait ses d�fauts et ses qualit�s. Toute sa campagne du midi de la France est tr�s belle; et ce qu'on aura de la peine � croire, c'est qu'avec son attitude et sa tenue qui indiquent un grand caract�re, il n'�tait pas le ma�tre dans son m�nage. Quand j'appris � Dresde la d�faite de Vittoria et la perte de toute l'Espagne, due � ce pauvre Joseph, dont les plans, les meures et les combinaisons n'�taient pas de noire temps, mais semblaient tenir bien plut�t d'un Soubise que de moi, je cherchai quelqu'un propre � r�parer tant de d�sastres; je jetai les yeux sur 'Soult, qui �tait aupr�s de moi. Il �tait tout pr�t, me disait-il ; mais il me suppliait de parler � sa femme, qui allait fortement s'y opposer. Je lui dis de me l'envoyer. Elle parut avec l'attitude hostile et le verbe haut, me disant que son mari ne retournerait certainement pas eu Espagne; qu'il avait d�j� beaucoup fait, et m�ritait apr�s tout du repos. � Madame, lui dis.-je, je ne vous ai pas mand�e pour subir vos algarades. Je ne suis pas votre mari, moi, et si je l'�tais ce serait encore tout de m�me. � Ce peu de paroles la confondit ; elle devint souple, obs�quieuse, et ne s'occupa plus que de gagner quelques conditions. Je n'y pris seulement pas garde et me contentai de la f�liciter de ce qu'elle savait entendre raison. � Dans les grandes crises, lui dis-je., madame, le lot des femmes est d'adoucir nos traverses. Retournez � votre mari et ne le tourmentez pas, �

A. propos de la proscription du mar�chal par Louis XVIII, et de la trahison de la cause royale, qu'on lui attribuait durant les Cent-Jours :

� Soult est innocent. Il m'a m�me confess� qu'il avait pris un penchant r�el pour le roi. L'autorit� dont il jouissait sous celui-ci, disait-il, si diff�rente de celle de mes ministres, �tait quelque chose de fort doux et l'avait tout � fait subjugu�. �

 

Soult figure bien s�r dans la galerie des gloires militaires de la rue de Rivoli, � Paris (statue de Coutalpas).

�TATS DE- SERVICE

SOULT (JEAN-DE-DIEU) DUC DE DALMATIE, N� LE 29 MARS 1769, A SAINT-AMAND (TARN)

GRADES, CORPS ET DESTINATIONS

Soldat au 23 r�giment d'infanterie, 16 avril 1785; caporal, 13 juin 1787 ; caporal-fourrier, 31 mars 1791; sergent, au 1er juillet 1791; instructeur, au 1er bataillon du Haut-Rhin, 17 janvier 1792 ; adjudant-major, 16 juillet 1792; capitaine, en ao�t 1793 ; adjoint provisoire � l'�tat-major de l'arm�e de la Moselle, 19 novembre 1793; chef de bataillon, adjudant g�n�ral provisoire, nomm� par les repr�sentants pr�s l'arm�e de la Moselle, 7 f�vrier 1794; confirm� dans ce grade, 5 avril 1794; chef de brigade, adjudant g�n�ral provisoire, nomm� par les repr�sentants pr�s l'arm�e du Nord, mai 1794; g�n�ral de brigade, 11 octobre 1794; g�n�ral de division,

employ� � l'arm�e du Danube, 21 avril 1799 ; pass� � l'arm�e d'Italie, 13 d�cembre 1799; lieutenant du g�n�ral en chef de l'arm�e d'Italie, 8 mars 1800 ; lieutenant du g�n�ral en chef de l'arm�e du Midi, 13 f�vrier 1801 ; nomm� l'un des quatre g�n�raux 'commandant la garde des consuls, 5 mars 1802; commandant en chef le camp de Saint-Orner, en ao�t 1803; mar�chal de l'Empire, 19 mai 1804; commandant en chef le 40 corps de la Grande Arm�e, septembre 1805 ; commandant � en chef le 2e corps de l'arm�e d'Espagne, 9 novembre 1808; major g�n�ral de l'arm�e d'Espagne, 26 septembre 1809; commandant en chef de l'arm�e du Midi en Espagne, 14 juillet 1810; lieutenant g�n�ral commandant en chef les arm�es en Espagne et sur les Pyr�n�es, ter juillet 1813 ; gouverneur de la 13e division militaire, 21 juin '1814; ministre de la guerre, du 3 d�cembre 18'l4 au '12 mars 1815; major g�n�ral, 9 mai 1815; compris dans l'article 2 de l'ordonnance du 24 juillet 1815 ; ray� de la liste des mar�chaux de France, 27 d�cembre 1815 ; r�int�gr� (avec rappel de traitement), 5 janvier 1820; pr�sident d'une commission cr��e pour examiner un projet d'ordonnance sur l'organisation du cadre des officiers g�n�raux de l'arm�e jusqu'en novembre 1830, 30 septembre 1830; ministre de la guerre, du 17 novembre 1830 au 18 juillet 1834; ambassadeur extraordinaire � Londres, 25 avril 1838 ; pr�sident du conseil et ministre des affaires �trang�res, du '12 mai 1837 au 20 f�vrier 1840 ; pr�sident du conseil el ministre de la guerre, du 29 octobre 1840 au 10 novembre 1.84r; pr�sident du conseil seulement jusqu'au 10 septembre 1847 ; mar�chal g�n�ral, 26 septembre 1847. D�c�d� � Soult-Berg, le 26 novembre 1851.

CAMPAGNES

Aux arm�es de la Moselle, du Nord, de Sambre-et-Meuse, d'Allemagne, d'Angleterre, de Mayence, du Danube, d'Italie et du Midi, camp de Saint-Omer, Grande Arm�e, en Espagne, en France, arm�e du Nord.

BLESSURES ET ACTIONS D'�CLAT.

Bless� au blocus de G�nes ; prise de Vibourg; combat en avant de Zurich ; affaire d'Altenkirchen ; passage de la Limmat; prise de Zurich ; combat de Glaris ; d�fense de G�nes ; bataille de Toulouse.

D�CORATIONS
ORDRE DE LA L�GION D'HONNEUR
Chevalier, 11 d�cembre 1803; grand-officier, 14 juin 1804; grand-croix, 2 f�vrier 1805.

ORDRES �TRANGERS
Bavi�re : Saint-Hubert, chevalier, 27 f�vrier 1806.
Belgique : L�opold, grand-croix, 2 janvier 1833.
Gr�ce : Sauveur, grand-croix, 26 septembre 1834.

ADDITIONS AUX SERVICES ET D�CORATIONS
Duc de Dalmatie, 1808; commandeur de Saint-Louis, 1814; pair de France, 1815; chevalier du Saint-Esprit, 1825

Hommage inattendu : en 1915, la Royal Navy mit en service un HMS Marshal Soult (de la classe des monitors Marshal Ney). Lanc� en 1915, il fut h�las d�moli en 1946 � Troon.


Author Royal Navy official photographer
Permission Crown Copyright expired (50 years)

https://en.wikipedia.org/wiki/HMS_Marshal_Soult

 


Collection Hachette : Mar�chaux d'Empire, G�n�raux et figures historiques (Collection de l'auteur)

* Mettons bien les choses au point : Soult ne s'est jamais pr�nomm� Nicolas, comme certaines sources (m�me Six !) l'affirment.  Il suffit, pour vous en convaincre, de lire l'acte de naissance ci-dessus. Ce pr�nom lui a �t� attribu� par des ennemis qui l'accusaient d'avoir voulu se faire couronner roi du Portugal, car ce pr�nom avait � l'�poque la connotation d' "affabulateur", de "fanfaron".  J'en donne pour exemple cette caricature royaliste de l'�poque des Cent-Jours qui pr�sente l'arriv�e de "Nicolas Buonaparte" aux Tuileries, le 20 mars 1815.  Il ne viendrait pourtant � personne � l'esprit de pr�nommer l'Empereur... Nicolas !

Et encore d'autres exemples !


** On voit bien que les l�gendes ont la vie dure. On sait qu'on ne trouva presque aucun soldat ennemi noy�.

Bibliographie:

Nicole Gotteri, Soult, Mar�chal d'Empire et Homme d'�tat, �ditions La Manufacture, 1991.


Texte : d'apr�s De  Beauregard, G�rard, Les Mar�chaux de Napol�on, Mame, Tours, s.d. (1900).

Retour � la page MAR�CHAUX

Retour � la page d'accueil