Jean-Andoche Junot

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Jean-Andoche Junot
Jean-Andoche Junot
Portrait posthume par Henri Félix Emmanuel Philippoteaux

Surnom La Tempête
Naissance
Bussy-le-Grand (Côte-d'Or)
Décès (à 41 ans)
Montbard (Côte-d'Or)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Grade Général de division
Commandement Armée du Portugal
Conflits Guerres de la Révolution
Guerres napoléoniennes
Hommages Le nom de Junot est inscrit sur la 33e colonne (pilier Ouest) de l'arc de triomphe
Une statue en pied de Paul-Eugène Breton honore sa mémoire sur la façade Nord du Louvre, rue de Rivoli.
Autres fonctions Gouverneur militaire de Paris
Gouverneur des Provinces illyriennes
Jean-Andoche Junot
Jean-Andoche Junot

Jean-Andoche Junot, 1er duc d’Abrantès[1], dit « la Tempête », né le à Bussy-le-Grand et mort le à Montbard, est un général français du Premier Empire, colonel général des hussards.

Biographie[modifier | modifier le code]

Gloire nationale : Jean-Andoche Junot.

Issu d'une famille de petite bourgeoisie rurale, le père de Jean-Andoche Junot est fermier du comte de Buffon, à Montbard. Il entreprenait des études de droit à Dijon quand commence la Révolution française. Il s’engage le comme grenadier au 2e bataillon des volontaires de la Côte-d'Or. Il est grièvement blessé d'un coup de sabre à la tête pendant le siège de Longwy, le . Devenu sergent de grenadiers le , il est à l'armée du Nord puis à celle du Rhin en . Blessé d'un coup de feu, le , il participe au siège de Toulon. Il y rencontre alors Napoléon Bonaparte et devient son secrétaire[2]. Sous-lieutenant adjoint à l'état-major de l'artillerie, . Lieutenant aide de camp provisoire du général Bonaparte le  ; à l'armée d'Italie 1794-1795. Capitaine au 1er régiment de hussards le , suivit Bonaparte à Paris, commissionné aide de camp du général Bonaparte le  ; chef d'escadron au 3e dragons le . Nommé à l'armée d'Italie, le , premier aide de camp de Bonaparte. Le 13 vendémiaire, lors de la campagne d’Italie, Junot se distingue par sa bravoure : il est récompensé en étant chargé de porter au Directoire les 21 premiers drapeaux pris à l’ennemi et est promu provisoirement chef de brigade le . Il est grièvement blessé de six coups de sabre au combat de Dezenzano del Garda entre Brescia et Vérone, le . Confirmé chef de brigade par le Directoire exécutif, , il sert à Faenza puis est envoyé en mission à Venise le . Il suit Napoléon lors de la campagne d'Égypte ; il sert à la prise de Malte, puis à Rahmanieh, Chebreiss, aux Pyramides le , et à la répression de la révolte du Caire. Nommé provisoirement général de brigade par Bonaparte, , il est blessé dans un duel puis est capturé par les Anglais alors qu’il revient en France pour convalescence. Conduit à Jaffa, puis remis en liberté, il débarque à Marseille le puis est chargé du commandement de la place de Paris le . Il épouse le une Merveilleuse, Laure Permon.

Junot manque le 18 brumaire et la bataille de Marengo, il est nommé général de division le et gouverneur de Paris. Il est écarté du poste par Napoléon lui-même qui l’envoie à Arras pour instruire le nouveau corps de grenadiers de la réserve en , puis au camp de Boulogne en . Grand aigle de la légion d'honneur le , grand officier de l'Empire, colonel général des hussards, il prend ses fonctions comme ambassadeur au Portugal, remplaçant Lannes nommé à l'armée des côtes de l'Océan. Pendant cette période, il devient l'amant officiel de Juliana de Almeida e Oyenhausen, la fille de la célèbre poétesse portugaise Leonor d'Almeïda. Il quitte son poste sans autorisation en et rejoint la Grande Armée pour servir lors de la bataille d'Austerlitz comme aide de camp de l'Empereur.

La duchesse d’Abrantès et le général Junot vers 1804, par Marguerite Gérard (Le Hussard en famille, huile sur toile, musée de Denver).

Mais son amitié avec un banquier lui porte préjudice. Demandant un prêt à Bonaparte[3], il se voit de nouveau exilé en , cette fois-ci comme gouverneur général de Parme et Plaisance où il remplace Moreau de Saint-Méry. Son action consiste à réprimer une insurrection en raison de l’instauration de la conscription, l’administration réelle étant entre les mains du préfet Hugues Nardon[4]. Il démissionne le et est remplacé par le maréchal Catherine-Dominique de Pérignon. De retour à Paris, il récupère son poste de gouverneur militaire de Paris le , puis commandant en chef du corps d'observation de la Gironde le , il entre en Espagne le .

Junot au Portugal[modifier | modifier le code]

Ses frasques lui valent un quatrième exil : il est mis à la tête d'une armée destinée à l'invasion du Portugal en . Parti de Salamanque, il s'empare de Lisbonne le . La famille royale portugaise s'enfuit alors au Brésil (colonie portugaise depuis ) où elle s'installe pendant treize ans. Sous ses ordres, à la tête de la cavalerie, se trouve notamment Kellermann. Le Junot, accompagné de son état-major, passe en revue les troupes sur la place du Rossio. À cette occasion, le drapeau portugais est remplacé par le drapeau français. La population finit par réagir aux provocations françaises. L'armée doit en venir aux armes pour ramener le calme. Les incidents de ce type se multiplient, provoquant la révolte des consciences.

Le , Junot est nommé gouverneur général du Portugal, il dissout le Conseil de la Régence et le remplace par un Conseil de Gouvernement qu'il préside lui-même. Le général Maximilien Sébastien Foy raconte[5] : « un ancien commissaire ordonnateur des armées françaises, Luuyt, fut nommé secrétaire d’État de la guerre et de la marine ; le commissaire impérial Herman fut affecté à l’intérieur et aux finances ; l’intendance générale de police, dont la législation de Pombal avait fait un ministère plus important que tous les autres, fut réservée à un Français, Lagarde que l’Empereur envoyait d’Italie ; l’inspecteur aux revues, Viennot-Vaublanc, fut secrétaire du gouvernement. »

Le , l'Empereur décerne à Junot le titre de duc d'Abrantès[6]. Il fait proclamer la destitution de la maison royale de Bragance. Dans les actes publics, le nom du Prince Régent est remplacé par le nom de l'Empereur, les armes portugaises remplacées par les armes françaises. L'armée portugaise est dissoute. Seule reste en activité une force de 9 000 hommes, connue sous le nom de Légion portugaise. Elle est envoyée hors du pays afin d'intégrer l'armée napoléonienne. Elle est commandée par le comte d'Alorna, Pedro José de Almeida Portugal. On trouve Gomes Freire de Andrade et Cândido José Xavier parmi ses membres. Par décret du les milices sont dissoutes. Les armes sont confisquées et la plupart détruites. Les seules forces militaires présentes au Portugal sont maintenant françaises et espagnoles. Junot encourage les initiatives visant à rédiger une Constitution sur le modèle français.

Défaite de Jean-Andoche Junot à la bataille de Vimeiro
Défaite de Jean-Andoche Junot à la bataille de Vimeiro

Mais quand les Britanniques arrivent en , il est battu à la bataille de Vimeiro par sir Arthur Wellesley. Seule la signature de l’avantageuse convention de Cintra le lui permet le retour de ses troupes à Rochefort et d'éviter la capture. Commandant en chef le 8e Corps de l'armée d'Espagne à Bayonne le et le 3e corps le , il dirige le second siège de Saragosse. Il est placé sous les ordres du maréchal Lannes à la fin du mois de et assiste à la chute de la ville. Il ne prend toutefois pas part au Te Deum célébré le dans Notre-Dame del Pilar, en présence de Lannes et du maréchal Mortier. Selon le général Thoumas, biographe de Lannes, Junot aurait été affligé d'avoir vu son commandement mis sous tutelle[7].

Après le Portugal[modifier | modifier le code]

Dès le retour à Paris, sa femme noue une relation intime avec l'ambassadeur d'Autriche Clément de Metternich, lequel sort d'une aventure avec la sœur de Napoléon, Caroline. Pendant plusieurs mois, l'hôtel de Montmorency, à Boulogne-sur-Seine, en face de la résidence de l'Empereur à Saint-Cloud, abrite leurs amours. Pendant ce temps en , Junot rejoint la Grande Armée et participe à la campagne d'Autriche. Commandant l'armée de réserve à Nuremberg en Allemagne en juin, il est battu par Kienmayer le à Gefrees. Grand-Croix de l'ordre de St-Henri de Saxe, il est autorisé à se rendre à Paris le . De retour dans la péninsule Ibérique en , il mène le siège devant Astorga et s'en empare le . Rattaché a l’armée du Portugal d'André Masséna, il couvrit le siège de Ciudad-Rodrigo et commanda le centre à Buçaco ; vainqueur à Sobral le , il est vainqueur et gravement blessé d'une balle au front à Rio-Mayor le . Il retraite face à Wellington à Pombal puis à Fuentes de Oñoro le . De retour à Paris, il sert comme commandant en second le corps d'observation d'Italie sous Eugène de Beauharnais en . Il fait encore la campagne de Russie, comme commandant du 8e Corps à la place du roi Jérôme le , mais est blâmé pour avoir permis à l’armée russe de faire retraite après la bataille de Smolensk[8] le . Toutefois, à la bataille de la Moskowa, il commande le 8e corps avec compétence.

Ensuite, il participe à toutes les batailles qu’il peut pour essayer d’obtenir le bâton de maréchal, mais son état de santé mentale décline. En , il se voit retirer son commandement et est nommé gouverneur général des Provinces illyriennes[9]. De graves troubles du comportement font reconnaître son aliénation mentale lorsqu'il se présente seulement revêtu du grand cordon de la Légion d'honneur. Il perd son poste de gouverneur le et est remplacé par Fouché sur ordre de Napoléon[10]. Il est rapatrié de force chez son père en Bourgogne à Montbard. Admis à la retraite le . Dans un accès de délire, il se défenestre, se fracture la jambe, puis tente de s’amputer avec un couteau de cuisine. Il succombe quelques jours plus tard à des complications infectieuses le .

Il est inhumé dans le cimetière de Montbard dans la Côte-d'Or. Un monument est dressé à sa mémoire au cimetière du Père-Lachaise (24e division)[11]. Son nom est inscrit au côté Ouest de l'Arc de Triomphe de l’Étoile. Napoléon l’avait surnommé « Junot la Tempête ». Junot est évoqué dans un des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.

Famille[modifier | modifier le code]

Il est le mari de Laure Permon, dite duchesse d'Abrantès ainsi que l'arrière-grand-oncle du poète Pierre Louÿs par la branche maternelle de ce dernier[12].

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes du duc d'Abrantès et de l'Empire

Écartelé : au premier de sable à trois corbeaux et à trois étoiles, le tout d'argent, les corbeaux posés un, deux, les étoiles deux et une ; au deuxième d'azur au palmier d'or, soutenu d'un croissant d'argent ; au troisième d'azur au vaisseau à trois mâts d'or, soutenu d'une mer d'argent ; au quatrième de sable au lion rampant d'or, tenant de sa dextre une épée haute d'argent ; au chef des ducs de l'Empire brochant.[13],[14]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aucun souvenir militaire ne se rattache à son titre de duc d’Abrantès. Après une marche pénible, au Portugal, l’armée que commandait Junot ne trouve des vivres et des ressources qu’en atteignant Abrantes, petite ville sur le Tage, à dix myriamètres de Lisbonne. C’est à cette circonstance qu’il a eu son titre.
  2. « Lors de la construction d’une des premières batteries que Napoléon, à son arrivée à Toulon, ordonne contre les Anglais, il demande sur le terrain un sergent ou caporal qui sait écrire. Quelqu’un sort des rangs et écrit sous sa dictée sur l’épaulement même. La lettre à peine finie, un boulet la couvre de terre. « Bien ! dit l’écrivain, je n’aurai pas besoin de sable pour sécher l’encre. » Cette plaisanterie, le calme avec lequel elle est dite fixe l’attention de Napoléon et fait la fortune du sergent. C’était Junot. » (Las Cases.)
  3. « Des grandes fortunes que Napoléon a créées, celle de Junot a été, sans contredit, une des plus désordonnées. Ce qu’il lui a donné d’argent ne saurait se croire, et il n’a pourtant jamais eu que des dettes. Il a dissipé de vrais trésors sans se faire honneur, sans goût, trop souvent même dans des excès grossiers. » (Las Cases.)
  4. La Gazzetta di Parma, Ubaldo Delsante: Parma, provincia francese page 5 édition du 26 mai 2008
  5. Histoire de la guerre de la péninsule sous Napoléon, Paris, 1827, (page 32) [1].
  6. Recueil général des lois et des arrêts, Volume 26, par J. . Sirey, 1826, p. 129.
  7. Thoumas 1891, p. 267.
  8. Junot, dans la campagne de Russie, disait Napoléon, me mécontenta fort; on ne le reconnaissait plus ; il fit des fautes capitales qui nous coûtèrent bien cher.
  9. « Au retour de Moscou, par suite de ce mécontentement, Junot perd le gouvernement de Paris ; l’Empereur l’envoie à Venise. Cette espèce de disgrâce est adoucie presque aussitôt par le gouvernement général de l’Illyrie ; mais, le coup est porté ; les irrégularités qu’on a observées depuis quelque temps dans Junot, et qui ont pris leur source dans ses excès, éclatent en insanité complète. Il faut se saisir de sa personne et le transporter dans la maison paternelle, où il périt misérablement. » (Las Cases.)
  10. « Joseph Fouché - Biographie/Napopédia », sur www.napopedia.fr.
  11. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père-Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 439-440
  12. Pierre Louÿs est le fils de Pierre Philippe Louis (1812-1889) et de sa deuxième épouse, Claire Céline Maldan (1832-1879), petite-fille de Louise Junot (1772-1820), sœur de Jean-Andoche Junot (1771-1813).
  13. Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments
  14. La Noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr

Sources[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]