Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste: Le Mystère d'Edwin Drood - The Mystery of Edwin Drood, Stuart Walker (1935)
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samedi 27 avril 2024

Le Mystère d'Edwin Drood - The Mystery of Edwin Drood, Stuart Walker (1935)


 En Angleterre, John Jasper, secrètement accro à l'opium, développe une obsession pour Rosa Bud, la fiancée de son neveu Edwin Drood. Un autre homme, Neville s'interesse également à la jeune femme. Quand une dispute éclate entre Neville et Edwin et que ce dernier disparait, Jasper s'empresse d'accuser Neville d'avoir tué le jeune Drood...

Le mystère d’Edwin Drood est la première adaptation parlante du roman éponyme de Charles Dickens. Le livre, publié sous forme de feuilleton sur un rythme mensuel en 1870, restera inachevé avec seulement six chapitres sur douze, du fait du décès soudain de Dickens. Le récit captivant reste suspendu en laissant ses lecteurs en haleine sur un moment capital (pour ceux qui ne visionneront que le film cela correspond au moment où la tenancière du salon d’opium va confronter Claude Rains). Cette dimension inachevée va paradoxalement faire la légende du roman puisque d’innombrables ouvrages vont plus ou moins sérieusement s’atteler à en livrer une suite, des variations ou réinterprétations qui maintiendront une aura vivace autour du titre. Le cinéma va bien sûr s’y attaquer avec deux films muets produits en 1909 et 1912, le film de Stuart Walker donc, mais aussi la télévision dont un épisode de la série Docteur Who en 2005 qui y va de sa relecture aussi. 

Malheureusement cette version de Stuart Walker n’est pas vraiment à la hauteur de cette aura. Les points forts reposent avant tout sur l’interprétation, en particulier durant la première partie mettant en place le triangle amoureux Rosa/Edwin/Neville, et celui qui l’observe de loin, envieux, Jasper (Claude Rains). Stuart Walker tente de mettre en place une atmosphère vaporeuse et hanté en révélant d’emblée le cœur du dilemme à travers les rêveries opiacées de Jasper. C’est un peu trop grossier et explicatif pour convaincre, d’autant que la suite est plus bavarde pour dessiner les différents enjeux intimes. 

Par exemple Rosa (Heather Angel) dit être dérangée par les regards insistants et concupiscents de Jasper, mais rien dans la mise en scène ne traduit ce malaise qui ne passe que par le dialogue. La facette mal assortie du couple Rosa/Edwin là encore ne tient qu’au dialogue, aucune dynamique formelle comique ou dramatique ne vient appuyer ce fait. Le même reproche est à faire pour les sentiments naissants entre Rosa et Neville, dont le contraste de la race métissée dans une Angleterre raciste est tout juste survolée.

Cet écueil n’empêche pas de suivre la première partie avec un relatif intérêt. Mais cela devient rédhibitoire quand l’histoire devient une enquête menée par Neville pour prouver son innocence. Tout est narré de manière linéaire et platement illustrative, sans aucune audace pour conférer une ambiance inquiétante dans le décor, la manifestation de la jalousie ou des instincts meurtriers de Jasper, pas même de tentative plus caustique malgré quelques personnages hauts en couleur. Nous sommes vraiment dans une adaptation tout ce qu’il y a de plus basique malgré le terrain de jeu qu’offre une conclusion qui est à inventer. L’idée trouvée ici est plutôt bonne, mais une fois de plus l’exécution paresseuse pèche lourdement. L'interprétation habitée de Claude Rains (perdant l'opportunité offerte par Universal d'en faire un grand premier rôle) méritait mieux. 

Sorti en bluray français chez Elephant Film

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