Harry Cohn

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Harry Cohn
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Harry Cohn en 1938.
Surnom King Cohn
Naissance
New York
Drapeau de l'État de New York New York
Nationalité Drapeau des États-Unis Américain
Décès (à 66 ans)
Phoenix
Drapeau de l'Arizona Arizona
Profession Producteur
Films notables New York-Miami, Gilda, La Dame de Shanghai

Harry Cohn est un producteur américain. Né le à New York, il est mort le à Phoenix.

Biographie[modifier | modifier le code]

Une enfance et jeunesse misérables[modifier | modifier le code]

Harry nait à New York le dans une famille juive d'origine germano-russe. Vivant sur les maigres revenus du père (tailleur), les cinq enfants partagent trois chambres avec leurs deux grands-mères, dans un quartier pauvre de la 88e rue[I 1]. Harry quitte l'école à l'âge de quatorze ans et trouve son premier emploi payé au sein d'une petite troupe théâtrale, où il apparaît dans un chœur de la pièce The Fatal Wedding, par Al Woods[1]. Après avoir travaillé comme chauffeur de tramway, puis comme song-plugger (pianiste installé dans un magasin de partitions et chargé de jouer les morceaux en vente), il rejoint son frère Jack chez Universal Pictures en 1915 ; Harry est alors engagé par Carl Laemmle[I 2] (grand patron d'Universal) comme secrétaire.

Corned Beef and Cabbage[modifier | modifier le code]

En 1920, persuadé d'en savoir assez sur l'art et la manière de faire les films, Cohn décide de se lancer. Avec son frère Jack et un certain Joe Brandt, il crée la CBC[I 3] (pour Cohn-Brandt-Cohn) Films Sales Corporation ; composée de petits budgets aux faibles qualités esthétiques, leur production leur vaut rapidement le surnom de CBC : Corned Beef and Cabbage[I 4] (littéralement « Bœuf en conserve et chou »)[U 1].

La création de Columbia Pictures[modifier | modifier le code]

Les séries Screen Snapshots (reportages hebdomadaires sur les stars d'Hollywood) et The Hall Room Boys (adaptation burlesque d'un comic strip populaire) assurent à Cohn les revenus nécessaires pour produire son premier long-métrage (More to Be Pitied Than Scorned) en 1922[I 5]. Mais la relation houleuse entre les deux frères (Harry gère la compagnie depuis les bureaux hollywoodiens ; Jack, basé à New York, s'occupe des finances) pousse Joe Brandt à céder ses parts à Harry, qui devient alors le président de Columbia Pictures en 1924[U 2].

Arrivée dans la cour des grands[modifier | modifier le code]

Les premières productions du studio sont pour la plupart des westerns rapidement tournés, dont la principale vedette est Jack Holt (1888-1951), acteur monolithique cantonné aux feuilletons de l'époque. Toujours en quête du talent miraculeux au moindre prix, Harry Cohn saute sur l'occasion inespérée que lui fournit Louis B. Mayer (président de la MGM) en « louant » Clark Gable[U 3], alors jeune comédien revêche que le studio au lion veut « punir ». Armé de son poulain récalcitrant, d'un scénario tiré d'une nouvelle inconnue (Night Bus) et d'un Frank Capra sous contrat exclusif depuis 1924, Harry Cohn sort New York-Miami (1934) et rafle cinq Oscars cette année-là. Dès lors, la Columbia sort de l’ornière et s'impose définitivement comme l'une des majors d'Hollywood[I 6].

Un directeur autoritaire et sentimental[modifier | modifier le code]

Cohn se fait connaître pour ses méthodes de management autocratiques et violentes[U 4],[1]. Son attitude arrogante, intrusive, et son absence d’éducation deviennent légendaires à Hollywood. En plus de son statut de président, il exige de rester directeur de production sur tous les projets, concentrant ainsi un pouvoir énorme entre ses mains. Il respecte le talent par-dessus tout, mais veille à rappeler à chacun qui est le patron. Il peut passer sa journée à hurler et maudire acteurs et réalisateurs, et les inviter cordialement à dîner le soir même. Moe Howard, des Trois Stooges, a dit de lui qu'il était « un vrai Jekyll et Hyde ».

Pourtant, Cohn a pu se montrer sentimental sous certains aspects. Ainsi, pour remercier Jack Holt de sa contribution aux débuts difficiles de la Columbia, Cohn le garde sous contrat jusqu'en 1941. Mais la rumeur la plus persistante a tourné autour de son goût immodéré pour les actrices. Ainsi, Rita Hayworth (que Cohn sort de l'anonymat et rend célèbre), racontera son refus de coucher avec Harry Cohn ; Kim Novak, en qui Cohn voit une nouvelle Marilyn Monroe, endure le même traitement à ses débuts à la Columbia ; de même, Joan Crawford venant de signer pour trois films, lui échappe par une pirouette : « Gardez votre pantalon Harry, je déjeune avec Joan et les garçons demain » (la femme et les enfants de Cohn).

La mort[modifier | modifier le code]

Harry Cohn meurt d'une attaque cardiaque le à Phoenix (Arizona) (Arizona). Il a été l'objet d'une fameuse citation de Red Skelton, qui remarqua la réussite des funérailles : « Cela prouve ce que Harry a toujours dit : donner au public ce qu'il veut et ils vont sortir pour ça »[2]. Il est enterré dans le cimetière Hollywood Forever, à Hollywood, en Californie. Danny Kaye lui rend hommage lors de son enterrement, en déclarant : « At Cohn's funeral, Danny Kaye eulogized the mogul by noting that "Harry Cohn's breadth and size were of an older day that we shall not see again. I am glad that I knew Harry Cohn and his brawny vigor--he was an unforgettable man" » (« La grandeur et l'épaisseur d'Harry Cohn étaient telles que l'on n'en voit plus de nos jours. Je suis heureux de l'avoir connu, lui et son énergie inépuisable. C'était un homme inoubliable »[1].

Filmographie partielle[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Film produit par Harry Cohn.

Références[modifier | modifier le code]

« Harry Cohn » (présentation), sur l'Internet Movie Database
  1. « Born in the middle of 5 children to Joseph Cohn, a Jewish tailor and Bella, a Polish émigré, Harry was raised on New York's rough lower class East 88th Street »
  2. « to work for Carl Laemmle's »
  3. « The three men formed CBC Film Sales »
  4. « it earned the nickname, 'Corned Beef and Cabbage' Productions »
  5. « company scraped 20,000 $ together and produced More to Be Pitied Than Scorned (1922) »
  6. « It Happened One Night (1934) single-handedly propelled the studio into the ranks of the majors »
Daniel Sauvaget, « Columbia », sur Encyclopédie Universalis en ligne
  1. « Harry Cohn (1891-1958) et son frère Jack, associés au juriste Joe Brandt – tous trois transfuges du studio Universal – ont fondé à Hollywood une société, nommée C.B.C. d'après leurs initiales, et dont les ambitions sont si modestes qu'on l'a surnommée, d'après ce sigle, « Corned Beef and Cabbage » »
  2. « Joe Brandt vend ses parts à Harry Cohn celui-ci devient à la fois président de Columbia »
  3. « Clark Gable-Claudette Colbert, « prêtés » par MGM et Paramount pour New York-Miami (1934) »
  4. « Homme fruste, connu pour ses mauvaises manières vis-à-vis des acteurs (et des actrices) »
Autres
  1. a b et c (en) James Fisher, « Harry Cohn », sur American National Biography Online (consulté le ) : « a) At the age of fourteen, in 1905, Cohn quit school to appear in the chorus of a popular play, The Fatal Wedding, produced by Al Woods/ b) Although many considered Cohn the most ruthless and vulgar of Hollywood's all-powerful moguls »
  2. La citation en ligne

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) King Cohn: The Life and Time of Harry Cohn de Bob Thomas (1967). Traduction française par Jean-Patrick Manchette, Solar (1973), sous le titre Les Rois de Hollywood
  • (en) The Merchant Prince of Poverty Row:Harry Cohn of Columbia Pictures de Bernard F. Dick (1993)
  • (en) An Empire Of Their Own: How the Jews Invented Hollywood (en) de Neal Gabler (1988)
    • (fr) Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves. La saga des juifs qui ont fondé Hollywood, Calmann-Lévy, 2005.
  • (en) Hail Columbia de Rochelle Larkin (1975)
  • (en) Article à propos de sa mort dans le New York Times du

Liens externes[modifier | modifier le code]