Giotto : biographie et œuvres | Beaux Arts
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Giotto en 2 minutes

En bref

Giotto di Bondone (1267–1337), considéré comme l’un des premiers maîtres précédant la Renaissance, est un talent universel : à la fois peintre, architecte et sculpteur. Élève de Cimabue et ami de Dante, admiré par Michel-Ange, Giotto a contribué à moderniser l’image pieuse en se détournant de la tradition byzantine. Mêlant retour à l’Antique, sens du naturalisme et acquis de la fin du Moyen Âge, son art est foncièrement tourné vers l’humain. Giotto serait l’auteur des célèbres fresques de l’église supérieure d’Assise consacrées à la vie de saint François, bien qu’aucun document ne l’atteste. Il est aussi à l’origine d’une des plus belles réalisations du Trecento : la chapelle Scrovegni à Padoue.

Attribué à Paolo Uccello, Portrait de Giotto di Bondone : cinq maîtres de la Renaissance florentine [détail]
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Attribué à Paolo Uccello, Portrait de Giotto di Bondone : cinq maîtres de la Renaissance florentine [détail], fin du XVe siècle ou première moitié du XVIe siècle

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Huile sur bois • 66 × 21 cm • Coll. musée du Louvre, Paris

On a dit de lui

« Giotto est, avec Brunelleschi et Donatello, un des triumvirs pacifiques et splendides qui ont fondé la première Renaissance italienne. » – Gustave Geffroy

Sa vie

La vie de Giotto demeure mystérieuse. Né dans une famille de paysans établie près de Florence, il aurait commencé à dessiner alors qu’il gardait les chèvres. C’est alors que le peintre Cimabue l’aurait repéré, traçant le portrait fidèle d’une brebis sur une pierre, et l’aurait pris pour élève. L’histoire a le parfum d’une légende (propagée par Lorenzo Ghiberti puis Giorgio Vasari), mais il n’y a guère de raison de douter que Giotto a bien été l’élève de Cimabue. On sait également que l’artiste était un homme cultivé et raffiné, économe, marié et père de huit enfants.

Il semble que Giotto ait débuté sur le chantier de la basilique d’Assise, où Cimabue intervenait. L’artiste a peint des fresques représentant scrupuleusement des épisodes de la vie de saint François, sur quatre travées tout le long des murs de la nef de l’église supérieure. À cela s’ajoutent des décors en trompe-l’œil sur les murs et des décors de voûte. Les historiens de l’art pensent aujourd’hui que Giotto ne les a pas réalisées seul, mais aidé d’un atelier. L’artiste était encore très jeune, mais son style commence à être identifiable. Il est l’un des premiers à considérer la place du spectateur dans le décor, à recréer l’impression d’une profondeur réelle bien qu’il ne représente pas la perspective de façon géométrique. Il est possible qu’en cette fin du XIIIe siècle, Giotto ait ouvert une échoppe pour vendre des tableaux de dévotion.

Le grand chantier de Giotto, fermement attesté comme étant de sa main, est le décor de la chapelle Scrovegni à Padoue en 1303 (dite aussi chapelle de l’Arena), dont il est aussi l’architecte. Il y réalise des fresques majeures dont son Christ en majesté. Giotto fait montre de sa singularité : un style épuré, monumental, d’un grand naturalisme dans la représentation des personnages, à la fois plus expressifs et plus doux que dans la tradition byzantine. À cette époque, il aurait rencontré Dante à Padoue, ville où s’était réfugié le poète chassé de Florence.

L’art de Giotto symbolise le triomphe de la fresque, une technique restée en retrait par rapport à la mosaïque. Il fait sortir la peinture du style byzantin très codifié et statique. Giotto innove en représentant avec réalisme les personnages, pas nécessairement sur le plan anatomique mais sur celui des sentiments. Sa vision du divin n’est pas mystique ou surnaturelle comme celle de Fra Angelico, mais tournée vers l’humain et la simplicité de la vie terrestre.

Son travail à Padoue lui apporte une grande renommée en Italie. De Rome à Naples, en passant par Florence, il est appelé à travers le pays par des princes et des ecclésiastiques de haut rang. La plupart de ses commandes sont des décors à fresques, des retables, des polyptyques pour des églises.

En 1334, Giotto est nommé grand maître par la ville de Florence, et architecte de la ville. À ce titre, il réalise le campanile de Florence, mais décède avant la fin des travaux, en 1337.

Ses œuvres clés

Giotto di Bondone, Saint François d’Assise recevant les stigmates
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Giotto di Bondone, Saint François d’Assise recevant les stigmates, 1295–1300

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Tempera sur bois • 313 × 163 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © Bridgeman Images

Saint François d’Assise recevant les stigmates, 1295–1300

Saint François reçoit les stigmates du Christ qui lui apparait dans le ciel sous la forme d’un séraphin. En dessous de cette scène, trois épisodes en miniature complètent la vie du saint. Ce panneau aurait été réalisé pour une chapelle de Pise, mais l’épisode apparait aussi dans les célèbres fresques réalisées à la cathédrale d’Assise. Le thème est abordé de manière à montrer sa véracité, Giotto n’innovant pas particulièrement par rapport à ses prédécesseurs.

Giotto di Bondone, Scènes de la vie de Joachim : rencontre à la Porte d’Or [détail]
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Giotto di Bondone, Scènes de la vie de Joachim : rencontre à la Porte d’Or [détail], 1304–1306

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Fresque • 185 × 200 cm • Chapelle Scrovegni, Padoue • © akg-images / Cameraphoto

Scènes de la vie de Joachim : rencontre à la Porte d’Or, 1304–1306

Dans la chapelle Scrovegni de Padoue, établie sur le site d’une ancienne arène romaine, se trouve le premier cycle de fresques incontestablement attribué à Giotto, qui a décoré l’intérieur de l’édifice de scènes marquantes comme le Jugement dernier ou l’Annonciation. L’artiste se concentre sur le caractère humain des personnages, figurés en demi-grandeur. Ici, Giotto représente un thème rare et apocryphe, le baiser entre les parents de la Vierge, Joachim et Anne, qui exprime les tendres retrouvailles intimes entre les époux, les yeux dans les yeux, indifférents au monde.

Giotto di Bondone, Vierge à l’Enfant
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Giotto di Bondone, Vierge à l’Enfant, 1320–1330

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Tempera sur bois • 85,4 × 61,8 cm • Coll. National Gallery of Art, Washington • © National Gallery of Art, Washington

Vierge à l’Enfant, 1320–1330

Giotto est l’un des premiers à se concentrer sur les liens d’affection, d’amour, unissant la Vierge et l’Enfant. Les deux personnages se touchent les mains. C’est dans le sentiment que le maître italien place son effort de réalisme davantage que dans l’anatomie (Jésus étant représenté comme un véritable petit homme). L’œuvre présente la finesse d’une miniature sur fond doré. Pour autant, Giotto s’éloigne de la tradition byzantine en mettant en exergue l’humanité des deux personnages.

Par • le 11 février 2020
Retrouvez dans l’Encyclo : Giotto Di Bondone