En 1894 éclate la grande affaire qui ébranle la Troisième République et qui déchire toute la société française : l’Affaire Dreyfus. Georges Clemenceau prend vite fait et cause pour l’infortuné capitaine juif, accusé de haute trahison, dégradé dans la cour de l’école militaire et déporté sur l’île du Diable, à des milliers de kilomètres, dans des conditions épouvantables.
À ce moment-là, Clemenceau a repris son activité de journaliste, car un échec électoral l’a contraint à se mettre en retrait de la vie politique, mais il ne navigue jamais bien loin de ses rivages.
Il faut dire que Clemenceau, deux ans avant l’Affaire Dreyfus, a lui-même été éclaboussé par une grande campagne de calomnie dans le scandale de Panama. Des députés hostiles avaient monté en épingle une cabale, l'accusant d’avoir touché des pots de vin, allant même jusqu'à inventer de fausses preuves. Clemenceau a été blanchi, mais la calomnie, toujours tenace, entache sa réputation.
Alors, quand l’Affaire Dreyfus éclate, il sait ce que signifie que d’être le bouc émissaire d’une meute. Clemenceau se range du côté des dreyfusards et se jette dans la mêlée. Il ouvre les colonnes de son journal L’Aurore à un grand écrivain engagé, Émile Zola.