Le monstre Depardieu | Le Journal de Montréal
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Le monstre Depardieu



Depardieu est-il un agresseur sexuel? Ce sera à la justice française de trancher, après l’examen complet de deux plaintes à son sujet. 

Depardieu est-il un être grossier, vulgaire, un obsédé sexuel déplacé et dégoûtant? Pas besoin d’une commission d’enquête pour répondre oui. 

On n’a qu’à regarder les images qui tournent en boucle depuis quelques jours, où il traite les femmes de «grosses salopes» et parle de la «petite chatte» et du «clito» de toutes les femmes qu’il croise.

Depardieu était un monstre sacré du cinéma. Il est de plus en plus un monstre. Et de moins en moins sacré.

  • Écoutez la chronique culture et société avec Jean-François Baril et Sophie Durocher via QUB radio :
C’est Gérard, il est comme ça!

L’émission Complément d’enquête de France 2 a diffusé jeudi un reportage dévastateur sur Depardieu, intitulé «La chute de l’ogre». Pourquoi un ogre? Parce que dans ces images, tournées lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018, Gérard Depardieu émet des grognements bestiaux après avoir parlé de façon vulgaire des femmes. Comme s’il s’apprêtait à les dévorer toutes crues. 

«Tu vas prendre une belle douche, tu vas penser à moi... Sa petite chatte.»

Quand il se pèse sur une balance, il déclare son poids: «124, 124 chérie. Attends, et là je suis pas en érection! En érection, c’est 126!»

Lors d’une visite dans un haras (un établissement où l'on élève des étalons et des juments), il déclare: «Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont le clito qui frotte sur le pommeau de la selle. Elles jouissent énormément, c’est des grosses salopes, ça».

Au sujet d’une fillette de 10 ans qui fait de l’équitation: «Si jamais elle galope, elle jouit... C’est bien, ma fifille, continue.» 

On parle de bois? Il répond «J’ai une poutre dans le caleçon».

Photo AFP

Ces images et ces mots ont fait le tour du monde. Mais ce qui me sidère, c’est que dans le reportage de Complètement d’enquête, plusieurs personnes témoignent que depuis longtemps, dans le milieu du cinéma, chaque fois que Depardieu se comporte en harceleur déplacé, on hausse les épaules en disant: «C’est Gérard, il est comme ça, Gérard...»

Comme si c’était une petite manie comme une autre de peloter les maquilleuses, tripoter les assistantes ou mettre sa main dans le pantalon des jeunes comédiennes. Mais pourquoi le milieu du cinéma l’a-t-il protégé autant et depuis si longtemps?

J’écoutais hier Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde, raconter que dans les années 80, au téléjournal de 20h, on avait diffusé une reportage sur le tournage de Sous le soleil de Satan. «On le voit qui distribue les mains aux fesses, il fait pouêt pouêt sur les seins des femmes... et tout le monde à l’époque dit qu’il est follement sympathique.»

Qui sera le prochain?

On a trop souvent entendu ces phrases-là... Dans le domaine du sport olympique, on a entendu: «C’est Marcel, il est comme ça Marcel». Dans le domaine du cinéma, on a entendu: «C’est Harvey, il est comme ça Harvey». Dans le domaine de la télé on a eu: «C’est Éric. Il est comme ça, Éric». Dans votre milieu de travail aussi, vous avez peut-être entendu ces phrases-là au sujet d’un patron ou d’un collègue. Dans combien de milieux devrait-on avoir un «complètent d’enquête»? Combien d’ogres, dans nos sociétés, sont sur le bord de la chute?

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