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Fergus Bowes-Lyon - héros de guerre

La ténacité de George V dans ce conflit sans précédent que fut la Première guerre mondiale est connue. Pendant cette période trouble, le monarque figure comme le symbole du courage britannique, visitant les tranchées pour encourager le moral des troupes. Mais il est un membre de la famille royale qui s’engagea sur le front au prix du sang, Fergus Bowes-Lyon.

Le frère de Queen Mum

En vérité, Fergus n’a jamais fait son entrée au sein de la famille royale. Et pour cause, il est en fait le frère aîné d’Elizabeth Bowes-Lyon, la mère de l’actuelle souveraine de Grande-Bretagne Elizabeth II. Mais grâce à sa sœur, son souvenir reste entier de nos jours chez les Windsor.

Fergus Bowes-Lyon naît le 18 avril 1889 à Forbes House, dans le Surrey. Sixième d’une fratrie de dix enfants, Fergus n’est pas destiné à hériter du titre de son père. Claude Bowes-Lyon est le 14e comte de Strathmore et Kinghorne, propriétaire du fabuleux château écossais de Glamis. C’est entre les murs de ce domaine réputé hanté qu’il passe la majorité de son enfance entouré de ses nombreux frères et sœurs.

La jeunesse d'un aristocrate écossais

Après des études au Collège d’Eton, le jeune aristocrate jouit des plaisirs de sa condition. Il joue au cricket, sa passion, et participe à la vie mondaine de sa famille. Mais le 5 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. Fergus a 25 ans. Son destin est sur le point de changer à jamais.

Mais pour l’heure, il demeure un jeune homme qui prépare son avenir. Deux semaines après l’entrée en guerre du Royaume-Uni, il épouse Lady Christian Norah Dawson-Damer, fille du 5e comte de Portarlington. Mais ils n’ont pas le bonheur de profiter de leur union. Tout juste marié, Fergus entre dans l’armée britannique en tant que volontaire avec le grade de capitaine. Il laisse sa famille apeurée et son épouse enceinte et embarque pour le front français.

Le courage d'un capitaine

Depuis la France, Fergus envoie de nombreuses lettres à sa famille. Il couche sur papier fin sa tristesse d’être loin de l’Ecosse tout en décrivant les conditions de vie dans les tranchées. Le 27 mai 1915, il écrit à sa sœur Rose, « Nous devons toujours avoir des masques - tous prêts à être mis - car le gaz arrive très rapidement et sans avertir. » A la fin de cette lettre, il promet d’écrire à sa sœur Elizabeth.

Deux mois après son envoi, son épouse donne naissance à une petite fille nommée Rosemary. Mais Fergus ne l’apprit jamais. Il part en direction du village français de Loos-en-Gohelle. Là débute une bataille qui restera dans la mémoire britannique. Les hommes de Fergus sont mobilisés pour faire face à l’ennemi allemand. Avec son sifflet, il donne l’ordre à ses hommes de grimper sur les échelles de bois flanquées dans les tranchées. Au milieu des obus et du gaz, il prend la tête de ses hommes qui courent en direction des tranchées allemandes. Ce fut la dernière vision de Fergus racontée par son ordonnance Alfred Andreson.

Le souvenir d'un héros de guerre

Dans la force de l’âge, Fergus ne revint jamais en Ecosse. Sa mort héroïque force le respect de ses pairs mais avec lui, 50 000 autres Britanniques ont perdu la vie ce 27 septembre 1915. Personne ne peut aujourd’hui connaître avec précision l’origine de sa mort. Mais l’utilisation de gaz toxiques et la brutalité du combat suggère une mort tragique pour le frère de la future Queen Mum. Une mort héroïque qui marqua longtemps la famille Bowes-Lyon. Sa mère Cecillia ne s’en remit jamais, au point qu’elle devient invalide jusqu’à sa mort en 1938.

Au-delà des conditions de sa mort, la sépulture même de Fergus demeure introuvable. Pendant plus de 50 ans, il fut enregistré parmi les disparus. Mais finalement, elle est retrouvée au cimetière de la carrière de Vermelles en France.

La disparition de Fergus fut un lourd fardeau porté par les Bowes-Lyon, cette famille aimante et soudée, qui érigea le jeune homme au rang de héros regretté. En 1923, sa sœur Elizabeth épouse en l’abbaye de Westminster le duc d’York Albert, second dans l’ordre de succession au trône. C’est entre les murs de cette abbaye millénaire que repose le Soldat Inconnu. A la fin de la cérémonie, en mémoire de tous ces Britanniques tombés pour leur patrie, et surtout en souvenir du sacrifice de Fergus, Elizabeth dépose son bouquet de mariée. Par ce geste, elle institue une nouvelle tradition royale toujours observée de nos jours.