“Dark Winds” sur Polar+ & “La Saison du Verseau” sur Arte

Premier coup de cœur cette semaine pour "Dark winds", une série américaine disponible sur Polar +

Nous sommes aux Etats-Unis au début des années 70. Richard Nixon est toujours au pouvoir. Tout commence par le braquage d’une banque, vol à main armée se terminant dans un bain de sang. L’hélicoptère permettant aux voleurs de prendre la fuite disparaît au-dessus d’une réserve amérindienne. Un espace clos à ciel ouvert où survivent les Navajos et où ont lieu deux meurtres mis en scène selon d’ancestraux rituels de cette communauté. Deux faits divers apparemment sans lien mais dont la résolution pourrait être liée à la mémoire de ce peuple spolié de ses droits depuis l’arrivée des colons blancs. Un flic Navajo, aux nombreuses années d’expérience, campé par l’excellent Zahn McClarnon, mène les enquêtes, secondé par un jeune policier tiraillé entre son identité et son désir de tourner le dos à ses origines.

Une série mémorielle, historique et politique…

C’est tout à fait cela. Elle est d’ailleurs produite par deux figures d’Hollywood dont les convictions idéologiques sont connues : l’acteur Robert Redford et l’écrivain George RR Martin, auteur de Games of thrones. Car "Dark winds" aborde un sujet encore tabou aux États-Unis : celui de l’hégémonie dont furent victimes les Indiens d’Amérique. Au travers de sa structure policière – la série est basée sur les livres de Tony Hillerman, parus chez nous aux éditions Folio - elle dénonce frontalement l’intégration forcée dans les écoles dites d’assimilation mais aussi la politique sanitaire qui visait à stériliser les femmes amérindiennes contre leur gré. Une épuration ethnique dont les conséquences funestes sont aujourd’hui encore nombreuses. Superbement filmée en scope, la mise en scène joue la carte du western crépusculaire. Réponse subversive à tous ces films qui ont trop longtemps caricaturé les indiens. Bonne nouvelle, les deux premières saisons de cette excellente série sont disponibles.

Autre conseil : "La saison du verseau » série allemande disponible sur arte.tv jusqu’au 3 février

Tout commence par un mariage. À première vue heureux. Mais il ne faut guère longtemps pour que tombent les masques. Car chez les Schwartz, riche famille d’industriels germaniques, tout n’est que façade. Profitant du retour inattendu de Felix, le fils prodigue, le père annonce qu’il a décidé de faire de ce dernier le nouveau directeur de l’entreprise. Remerciant ainsi sans ménagement l’une de ses filles que tous pensaient être son héritière. Entre passé trouble, marqué par un kidnapping, et présent opaque, ponctué de rancœurs féroces enfin libérées, la famille vole peu à peu en éclat. Et c’est dans une superbe maison en verre – titre originale de la série outre Rhin - lieu idéal qui semble ne rien pouvoir cacher mais qui, en réalité, dissimule tout, que se joue ce thriller aux accents de tragédie antique. Une nébuleuse perfide et prenante servie par une écriture aiguisée comme un scalpel impitoyable.