Le fabuleux destin des maîtresses du roi Charles II

Focus sur trois maîtresses du roi d'Angleterre le plus hédoniste de son temps, Charles II, prédécesseur du roi Charles III.
Nell Gwyn
Portrait de Nell Gwyn (1651-1687).Heritage Images/Getty Images

Charles II a eu de nombreuses maîtresses.

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Amoureux de la fête et des femmes, Charles II n'était pas surnommé « Merry Monarch » ou « le monarque joyeux » pour rien. Né en 1630 au palais Saint-James à Londres, il a d'abord appuyé son père pendant la terrible guerre civile qui a divisé le pays jusqu'au milieu des années 1600. Charles Ier est cependant exécuté en 1649, son fils passant alors plus d'une décennie en exil dans diverses cours européennes.

En 1660, Charles finit par rentrer à Londres, et en 1661, il reprend le trône. Une ère de fêtes et de frivolité commence alors à la cour, le roi organisant de nombreuses réunions extravagantes, notamment pour séduire la noblesse et les roturiers. En 1662, il se marie avec Catherine de Bragance. Les deux ne parlent pas la même langue (sa femme parle le portugais) et leur union est un échec.

Au cours de sa vie, le roi multiple les maîtresses : il en a 13 au total ; 13 femmes avec qui il aura entre 13 et 19 enfants illégitimes (il n'a eu aucun enfant légitime). Vanity Fair vous présente trois d'entre elles : Lucy Walter, Louise de Kérouaille et Nell Gwynne.

Lucy Walter

Portrait de Lucy Walter, gravure, autour de 1650.

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Née en 1630, Lucy Walter est la première maîtresse de Charles II. Cette femme de la noblesse galloise rencontre Charles à La Haye, aux Pays-Bas, à l'époque où il est encore prince. Le 9 avril 1649, elle donne naissance à leur fils, James, qui devient duc de Buccleuch. Charles le reconnaît comme son fils bien qu'il soit illégitime, mais finit par quitter Lucy Walter fin 1651. Cette dernière, cependant, n'accepte pas la rupture et multiplie les scandales ; ce qui ne plaît pas beaucoup à la cour royale, alors en exil. En 1658, le roi envoie son fils à Paris et le confie à William Crofts. James se fait alors appeler James Crofts, tandis que sa mère, déménage à Paris et est atteinte d'une maladie vénérienne. Elle décède en 1658, à l'âge de 28 ans. Elle est enterrée à Paris.

Louise de Kérouaille

Portrait de Louise de Kérouaille.

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Issue d'une famille noble de Bretagne, Louise de Kérouaille naît en 1649. Elle passe les premières années de sa vie en Bretagne et rencontre Charles II à Douvres en 1670 en tant que dame d'honneur de sa femme, Catherine de Bragance. C'est le roi de France, Louis XIV, qui aurait poussé Louise de Kérouaille à se rapprocher du roi afin de veiller aux intérêts de la France et de participer à la promotion du catholicisme.

Beaucoup pensent en effet que Louis XIV savait que le roi Charles II ne pourrait succomber à la beauté de l'espionne. Nell Gwynne, une autre maîtresse de Charles, l'appelait « Squintabella » à cause de son léger strabisme (« squint » en anglais) et, lorsqu'une personne les confondait, Nell Gwynne répondait : « Priez bonnes gens, soyez civilisés, je suis la putain protestante et non la catholique. »

En 1673, Louise de Kérouaille reçoit les titres de baronne de Petersfield, comtesse de Fareham et duchesse de Portsmouth. Elle bénéficie également de rentes que lui accordera le roi jusqu'à la fin de sa vie. À la mort de Charles, elle s'installe en France et s'endette lourdement. Le régent français Philippe II, duc d'Orléans, lui vient finalement en aide en lui accordant une pension et en la protégeant contre ses créanciers. Elle meurt à Paris en 1734, à l'âge de 85 ans.

Nell Gwynne

Portrait de Nell Gwynne (1651-1687).

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Surnommée « la jolie Nell, pleine d'esprit » par l'écrivain Samuel Peyps, la plus célèbre des maîtresses royales de Charles II, Nell Gwynne, était actrice. Née en 1650, elle grandit dans une maison close avant de vendre des oranges au King's Theatre et de monter sur scène en tant que comédienne. Sa première apparition sur scène date de mars 1665. À cette époque, elle joue aux côtés de son amant, Charles Hart, avant de le quitter pour le poète Charles Sackville.

C'est en avril 1668 qu'elle devient la maîtresse du roi Charles. Une liaison alors connue de tous. Nell, elle, s'en amuse : elle surnomme Charles Hart « Charles le premier », Charles Sackville « Charles le deuxième » et le roi « Charles le troisième ». À ce moment-là, elle continue de jouer au théâtre King's House. Sa notoriété en tant que maîtresse du roi attire des foules et propulse sa carrière.

On raconte que le roi était tellement obsédé par elle qu'il aurait caché un portrait d'elle nue derrière un panneau secret dans sa chambre. Autre anecdote amusante : lorsque Nell Gwynne apprend qu'elle risque d'être remplacée comme maîtresse, par Moll Davis, elle administre à cette dernière de la drogue en secret. Résultat : sa rivale souille les draps de son lit et le roi la quitte.

Au cours de son règne, Charles II a offert à sa maîtresse de nombreux présents, dont une maison dans la rue de Pall Mall à Londres. Il lui accorde aussi une pension de 4 000 livres sterling par an provenant des loyers en Irlande et, plus tard, lui donne 5 000 livres sterling par an. Nell Gwynne décède deux ans après Charles en 1687 à l'âge de 37 ans.