Élections fédérales allemandes de 2021

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Élections fédérales allemandes de 2021
736 sièges du Bundestag
(Majorité absolue : 369 sièges)
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 61 181 072
Votants 46 854 508
76,58 % en augmentation 0,4
Votes exprimés 46 442 023
Votes nuls 412 485
SPD – Olaf Scholz
Voix 11 955 434
25,74 %
en augmentation 5,2
Sièges obtenus 206 en augmentation 53
CDU – Armin Laschet
Voix 11 178 298
24,07 %
en diminution 8,9
Sièges obtenus 197 en diminution 49
Grünen – Annalena Baerbock
Voix 6 852 206
14,75 %
en augmentation 5,8
Sièges obtenus 118 en augmentation 51
FDP – Christian Lindner
Voix 5 319 952
11,45 %
en augmentation 0,7
Sièges obtenus 92 en augmentation 12
AfD – Alice Weidel et Tino Chrupalla
Voix 4 803 902
10,34 %
en diminution 2,3
Sièges obtenus 83 en diminution 11
Linke – Dietmar Bartsch et Janine Wissler
Voix 2 270 906
4,89 %
en diminution 4,4
Sièges obtenus 39 en diminution 30
20e législature du Bundestag
Diagramme
Chancelier fédéral
Sortant Élu
Angela Merkel
CDU
Olaf Scholz
SPD
Direction fédérale des Élections

Les élections fédérales allemandes de 2021 (en allemand : Bundestagswahl 2021) ont lieu le afin de renouveler les membres du Bundestag. À l'issue de ces élections fédérales débutera la vingtième législature de la République fédérale d'Allemagne. Les élections régionales à Berlin et en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, ainsi qu'un référendum d'initiative populaire berlinois, ont lieu le même jour.

La chancelière sortante, Angela Merkel, ne se représente pas, ouvrant la voie à une succession tumultueuse au sein de l'Union chrétienne-démocrate. Annegret Kramp-Karrenbauer, d'abord élue présidente du parti, a par la suite été remplacée par Armin Laschet après des résultats décevants aux élections dans les Länder. De son côté, le Parti social-démocrate connait également plusieurs crises depuis sa défaite aux dernières législatives, la présidence du parti changeant plusieurs fois de tête, conduisant à une remise en cause en interne de leur participation à la grande coalition.

Le Parti social-démocrate du vice-chancelier Olaf Scholz arrive en tête du scrutin, devançant les Unions chrétiennes d'Armin Laschet, qui réalisent leur plus mauvais résultat historique. À l'exception d'une grande coalition, aucune majorité n'est possible sans l'apport d'au moins trois partis pour la première fois depuis plus de soixante ans, ce qui rend le rôle des Verts et du Parti libéral-démocrate déterminant.

Après avoir conclu le un accord-cadre, les dirigeants du Parti social-démocrate, des Verts et du Parti libéral-démocrate entreprennent des négociations de coalition qui se concluent positivement six semaines plus tard. Le , Olaf Scholz est élu chancelier fédéral et forme le cabinet Scholz, un gouvernement de coalition en feu tricolore rassemblant ces trois partis, une première au niveau fédéral.

Contexte[modifier | modifier le code]

La chancelière sortante Angela Merkel.

Ces élections ont lieu dans le contexte du départ annoncé du pouvoir de la chancelière Angela Merkel, après quinze années passées à la tête du gouvernement allemand. Après les résultats décevants de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) aux élections régionales en Bavière et en Hesse, Angela Merkel quitte en effet la présidence du parti fin 2018 afin d'ouvrir la voie à sa dauphine Annegret Kramp-Karrenbauer, élue à la tête du parti en décembre de la même année[1].

Les mauvais résultats de la CDU aux élections européennes de — les plus bas que le parti ait jamais obtenu lors d'un tel scrutin —, ainsi que la montée d'une tendance plus conservatrice au sein de la CDU en réponse à celle du parti d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) conduisent cependant Kramp-Karrenbauer à se retirer en [2]. Le 33e congrès de la CDU organisé en voit la victoire au second tour d'Armin Laschet, qui prend la tête du parti afin de mener la CDU aux législatives de septembre[3].

Organisation[modifier | modifier le code]

Système électoral[modifier | modifier le code]

Présentation schématique du système électoral allemand.

Les députés (Mitglieder des Bundestages, MdB) sont élus pour une législature (Wahlperiode) de quatre ans au scrutin majoritaire uninominal et proportionnel par compensation.

Conformément à la loi électorale fédérale, le Bundestag se compose de 598 députés, dont 299 élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans 299 circonscriptions.

Le jour du scrutin, chaque électeur dispose de deux voix :

  • la « première voix » (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription (Direktkandidaten im Wahlkreis) ;
  • la « seconde voix » (Zweitstimme) lui permet de voter pour une liste de candidats présentée dans le cadre de son État fédéré (Landesliste).

À l'issue du dépouillement, l'intégralité des 598 sièges est répartie au scrutin proportionnel de Sainte-Lagüe sur la base des secondes voix entre les partis politiques totalisant plus de 5 % des suffrages exprimés au niveau national ou qui l'ont emporté dans au moins trois circonscriptions. Le seuil de 5 % ne s'applique cependant pas aux partis représentant l'une des minorités officiellement reconnues par le gouvernement allemand — Sorabes, Danois, Frisons et Roms — pour lesquels seul le quotient électoral s'applique[4].

Une fois la répartition proportionnelle effectuée, les sièges alloués à chaque parti sont pourvus en priorité par les députés fédéraux élus au scrutin majoritaire. Les sièges non pourvus avec les « premières voix » sont ensuite comblés par les candidats présents sur les listes régionales.

Avec un tel mode de scrutin, il est possible pour un parti de remporter plus de sièges au scrutin majoritaire que ce que la répartition proportionnelle lui accorde. Ces mandats supplémentaires (Überhangmandat) sont conservés et des mandats complémentaires (Ausgleichsmandat) sont attribués aux autres partis afin de rétablir la proportionnalité de la représentation parlementaire. Le nombre total de députés fédéraux se trouve ainsi augmenté.

Convocations des élections[modifier | modifier le code]

La convocation des élections fédérales est une prérogative propre au président de la République fédérale, qui doit toutefois tenir compte des recommandations du gouvernement fédéral. Comme le prévoit l'article 39 de la Loi fondamentale, ladite convocation doit être rendue publique entre quarante-six et quarante-huit mois après l'ouverture de la législature sortante.

Législature[modifier | modifier le code]

La 20e législature du Bundestag, issue des élections fédérales de , doit durer quatre ans, sauf si celle-ci devait être abrégée par une dissolution qui serait décidée, à certaines conditions, par le président de la République fédérale. C'est après l'ouverture de cette législature que devront débuter les traditionnelles tractations propres à la formation d'un gouvernement fédéral.

Principaux partis[modifier | modifier le code]

Parti Idéologie Chef de file Résultats en 2017
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Christlich Demokratische Union Deutschlands
Centre droit
Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme
Armin Laschet[5]
(Ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie)
26,8 % des voix
200 députés
Union chrétienne-sociale en Bavière
Christlich-Soziale Union in Bayern
6,2 % des voix
45 députés
Parti social-démocrate d'Allemagne
Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
Olaf Scholz[6]
(Vice-chancelier, ministre fédéral des Finances)
20,51 % des voix
153 députés
Alternative pour l'Allemagne
Alternative für Deutschland
Droite à extrême droite
Euroscepticisme, national-conservatisme, populisme de droite
Alice Weidel et
Tino Chrupalla[7]
12,64 % des voix
94 députés
Parti libéral-démocrate
Freie Demokratische Partei
Centre à centre droit
Libéralisme, libéralisme économique
Christian Lindner[8] 10,75 % des voix
80 députés
Die Linke
La Gauche
Extrême gauche à gauche
Socialisme démocratique, anticapitalisme, populisme de gauche
Janine Wissler et
Dietmar Bartsch[9]
9,24 % des voix
69 députés
Alliance 90 / Les Verts
Bündnis 90/Die Grünen
Centre gauche
Écologie politique, progressisme, europhilie
Annalena Baerbock[10] 8,94 % des voix
67 députés

Sondages[modifier | modifier le code]

Campagne[modifier | modifier le code]

CDU-CSU[modifier | modifier le code]

Le candidat du parti, Armin Laschet, entend s'inscrire dans la continuité de la chancelière Angela Merkel, en particulier en matière d'orthodoxie budgétaire. Il s'oppose ainsi à l’introduction d’un impôt sur la fortune comme le souhaitent les partis de gauche, propose de supprimer la taxe de solidarité et de réduire de 30 % à 25 % l’imposition maximale sur les bénéfices des entreprises. Il fait de la baisse des taux d’endettement des administrations publiques l'une des priorités de son programme économique[11].

Initialement favorite du scrutin, la CDU chute de 27 à 20 % d'intentions de vote entre début aout et début septembre, en partie à cause des faux pas de son chef de file Armin Laschet, lequel était notamment apparu hilare lors d'un déplacement dans une commune victime des inondations de la mi-juillet en Rhénanie[12]. La CDU est également affaiblie par plusieurs affaires de corruption et scandales politico-financiers, comme le scandale Wirecard et le versement de pots-de-vin à des députés conservateurs par des fabricants de masques durant la pandémie de Covid-19 (affaire des masques). Enfin, des tensions internes alimentées par un très fort courant national-libéral se sont également rajoutées à la campagne[13].

Die Linke[modifier | modifier le code]

Le parti de gauche met en avant les questions sociales, appelant à une meilleure répartition des richesses. Il propose de créer un prélèvement exceptionnel Covid-19 sur les plus riches et de rétablir l’impôt sur la fortune. Il revendique également une hausse du salaire minimum à 12,50 euros de l’heure (contre 9,60 euros actuellement), l'introduction d'un système de plafonnement des loyers et des investissements plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sur les questions de politique internationale, il souhaite apaiser les tensions entre les États occidentaux et la Chine et la Russie, la dissolution de l’OTAN et la création d’un « organisme multilatéral de sécurité commune » pour désamorcer les conflits[14].

Principaux thèmes abordés[modifier | modifier le code]

Au mois de , d'importantes inondations remettent la question climatique au centre des débats. Le Parti social-démocrate appelle à « tout faire pour arrêter le réchauffement climatique » tandis que la CDU/CSU souhaite « accélérer les mesures de protection du climat »[15]. À la fin juillet, 56 % des Allemands estiment que ces inondations rendent la lutte contre le changement climatique « encore plus importante qu’avant » et 73 % pensent que le gouvernement n'agit pas suffisamment dans ce domaine. Seuls les sympathisants du parti AfD sont majoritairement d’un avis opposé[16].

À la suite de ces événements, six jeunes de moins de 30 ans débutent à la fin du mois d' suivant une grève de la faim face au palais du Reichstag. Ils demandent un dialogue sincère avec les responsables des principales formations politiques avant la tenue du scrutin et la mise en place d'une convention citoyenne pour décider de mesures ambitieuses pour le climat[17],[18],[19].

Difficultés logistiques[modifier | modifier le code]

À Berlin, les opérations de vote sont retardées de plusieurs heures[20]. Certains bureaux de la capitale fédérale ferment à 20 h, au lieu de 18 h comme dans le reste du pays, d'autres doivent fermer en cours de journée car ils ne disposent plus de bulletins de vote[21]. Les élections fédérales étant combinées avec les élections pour la Chambre des députés berlinoise de même que le référendum sur une initiative populaire pour l'expropriation de certains logements, les opérations de votes sont plus longues, aussi en raison de mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19[22]. À cela vient s'ajouter le marathon de Berlin qui a lieu également le  : plusieurs artères sont bloquées, ce qui complique la circulation dans la capitale fédérale[23].

Résultats[modifier | modifier le code]

National[modifier | modifier le code]

Résultats des élections fédérales allemandes de 2021[24]
Partis Sièges de circonscription Sièges de liste Total
sièges
+/−
Votes % Sièges +/− Votes % +/− Sièges
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 12 234 690 26,63 121 en augmentation 62 11 955 434 25,74 en augmentation 5,23 85 206 en augmentation 53
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne[a] (CDU) 10 451 524 22,54 98 en diminution 87 8 775 471 18,89 en diminution 7,86 54 152 en diminution 48
Union chrétienne-sociale en Bavière[a] (CSU) 2 788 048 6,01 45 en diminution 1 2 402 827 5,17 en diminution 0,99 0 45 en diminution 1
Total Unions chrétiennes (CDU/CSU) 13 239 572 28,56 143 en diminution 88 11 178 298 24,07 en diminution 8,83 54 197 en diminution 49
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) 6 469 081 13,95 16 en augmentation 15 6 852 206 14,75 en augmentation 5,81 102 118 en augmentation 51
Parti libéral-démocrate (FDP) 4 042 951 8,72 0 en stagnation 5 319 952 11,45 en augmentation 0,70 92 92 en augmentation 12
Alternative pour l'Allemagne (AfD) 4 695 611 10,13 16 en augmentation 13 4 803 902 10,34 en diminution 2,29 67 83 en diminution 11
Die Linke (Linke) 2 307 536 4,98 3 en diminution 2 2 270 906 4,89 en diminution 4,35 36 39 en diminution 30
Électeurs libres (FW) 1 334 739 2,88 0 en stagnation 1 127 784 2,43 en augmentation 1,43 0 0 en stagnation
Parti de protection des animaux (Tierschutz) 163 201 0,35 0 en stagnation 675 353 1,45 en augmentation 0,65 0 0 en stagnation
Parti des bases démocratiques d'Allemagne (dieBasis) 735 451 1,59 0 en stagnation 630 153 1,36 Nv 0 0 en stagnation
Die PARTEI 543 145 1,17 0 en stagnation 461 570 0,99 en augmentation 0,01 0 0 en stagnation
Team Tödenhofer 5 700 0,01 0 en stagnation 214 535 0,46 Nv 0 0 en stagnation
Parti des pirates (Piraten) 60 839 0,13 0 en stagnation 169 923 0,37 en diminution 0,03 0 0 en stagnation
Volt Allemagne (Volt) 78 339 0,17 0 en stagnation 165 474 0,36 Nv 0 0 en stagnation
Parti écologiste-démocrate (ÖDP) 152 792 0,33 0 en stagnation 112 314 0,24 en diminution 0,06 0 0 en stagnation
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) 1 090 0,00 0 en stagnation 65 574 0,14 en diminution 0,26 0 0 en stagnation
Fédération des électeurs du Schleswig du Sud[b] (SSW) 35 027 0,08 0 en stagnation 55 578 0,12 Nv 1 1 en augmentation 1
Autres partis[c] 262 249 0,57 0 384 067 0,83 0 0
Indépendants 110 894 0,24 0 en stagnation 0 en stagnation
Votes valides 46 362 013 98,95 46 442 023 99,12
Votes blancs et nuls 492 492 1,05 412 485 0,88
Total 46 854 508 100 299 en stagnation 46 854 508 100 437 736 en augmentation 27
Abstentions 14 326 564 23,42 14 326 564 23,42
Inscrits / participation 61 181 072 76,58 61 181 072 76,58

Résultats par Länder[modifier | modifier le code]

Résumé[modifier | modifier le code]

Résultats par Länder
Partis BW NI BY BE BR HB HH HE
% +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/-
SPD 21,6 en augmentation 5,3 33,1 en augmentation 5,7 18,0 en augmentation 2,7 23,5 en augmentation 5,6 29,5 en augmentation 11,9 31,5 en augmentation 4,7 29,7 en augmentation 6,2 27,6 en augmentation 4,0
CDU/CSU 24,8 en diminution 9,6 24,2 en diminution 10,8 31,7 en diminution 7,1 15,9 en diminution 6,8 15,3 en diminution 11,4 17,2 en diminution 7,9 15,5 en diminution 11,8 22,8 en diminution 8,0
Grünen 17,2 en augmentation 3,7 16,1 en augmentation 7,4 14,1 en augmentation 4,3 22,4 en augmentation 9,8 9,0 en augmentation 4,0 20,8 en augmentation 9,8 24,9 en augmentation 11,0 15,8 en augmentation 6,1
FDP 15,3 en augmentation 2,5 10,5 en augmentation 1,2 10,5 en augmentation 0,4 9,1 en augmentation 0,1 9,3 en augmentation 2,2 9,3 en diminution 0,1 11,4 en augmentation 0,6 12,8 en augmentation 1,2
AfD 9,6 en diminution 2,6 7,4 en diminution 1,7 9,0 en diminution 3,4 8,4 en diminution 3,6 18,1 en diminution 2,1 6,9 en diminution 3,1 5,0 en diminution 2,8 8,8 en diminution 3,1
Linke 3,3 en diminution 3,0 3,3 en diminution 3,7 2,8 en diminution 3,3 11,4 en diminution 7,3 8,5 en diminution 8,7 7,7 en diminution 5,7 6,7 en diminution 5,5 4,3 en diminution 3,8
Partis MV NW RP SL SN ST SH TH
% +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/-
SPD 29,1 en augmentation 14,0 29,1 en augmentation 3,2 29,4 en augmentation 5,2 37,3 en augmentation 10,1 19,3 en augmentation 8,7 25,4 en augmentation 10,2 28,0 en augmentation 4,7 23,4 en augmentation 10,2
CDU/CSU 17,4 en diminution 15,7 26,0 en diminution 6,7 24,7 en diminution 11,2 23,6 en diminution 8,8 17,2 en diminution 9,7 21,0 en diminution 9,3 22,0 en diminution 12,0 16,9 en diminution 11,9
Grünen[d] 7,8 en augmentation 3,6 16,1 en augmentation 8,5 12,6 en augmentation 5,0 8,6 en augmentation 4,0 6,5 en augmentation 2,8 18,3 en augmentation 6,4 6,6 en augmentation 2,5
FDP 8,2 en augmentation 2,0 11,4 en diminution 1,7 11,7 en augmentation 1,3 11,5 en augmentation 3,9 11,0 en augmentation 2,8 9,5 en augmentation 1,7 12,5 en diminution 0,2 9,0 en augmentation 1,2
AfD 18,0 en diminution 0,6 7,3 en diminution 2,2 9,2 en diminution 2,0 10,0 en diminution 0,1 24,6 en diminution 2,4 19,6 en stagnation 6,8 en diminution 1,4 24,0 en augmentation 1,3
Linke 11,1 en diminution 6,8 3,7 en diminution 3,8 3,3 en diminution 3,6 7,2 en diminution 5,7 9,3 en diminution 6,7 9,6 en diminution 8,1 3,6 en diminution 3,6 11,4 en diminution 5,4
SSW 3,2 Nv

Détaillé[modifier | modifier le code]

Bade-Wurtemberg[modifier | modifier le code]
Basse-Saxe[modifier | modifier le code]

Bavière[modifier | modifier le code]
Berlin[modifier | modifier le code]

Brandebourg[modifier | modifier le code]
Brême[modifier | modifier le code]

Hambourg[modifier | modifier le code]
Hesse[modifier | modifier le code]

Mecklembourg-Poméranie-Occidentale[modifier | modifier le code]
Rhénanie-du-Nord-Westphalie[modifier | modifier le code]

Rhénanie-Palatinat[modifier | modifier le code]
Sarre[modifier | modifier le code]

Saxe[modifier | modifier le code]
Saxe-Anhalt[modifier | modifier le code]

Schleswig-Holstein[modifier | modifier le code]
Thuringe[modifier | modifier le code]

Différences régionales[modifier | modifier le code]

Territoire SPD Union Grünen FDP AfD Linke Autres
Ex-Allemagne de l'Ouest 26,1 % 25,6 % 15,9 % 11,9 % 8,2 % 3,7 % 8,6 %
Ex-Allemagne de l'Est 24,1 % 16,8 % 9,2 % 9,5 % 20,5 % 10,4 % 9,5 %
Allemagne 25,7 % 24,1 % 14,8 % 11,5 % 10,3 % 4,9 % 8,7 %

Analyse[modifier | modifier le code]

Résultats par circonscription et sièges de liste.

Électorale[modifier | modifier le code]

Si les résultats du scrutin sont très serrés entre le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes[26], la performance de chaque parti n'a pas la même signification, puisque le SPD gagne cinq points par rapport à là où la CDU/CSU en perd neuf et réalise le plus mauvais score de son histoire[27]. Les chrétiens-démocrates enregistrent une série de défaites symboliques notamment dans la circonscription de Stralsund, détenue jusqu'à présent par Angela Merkel, au profit des sociaux-démocrates, et dans celle d'Aix-la-Chapelle, fief d'Armin Laschet, face au candidat des Verts[27]. En Sarre, le ministre fédéral de l'Économie Peter Altmaier et la ministre fédérale de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer sont devancés, de même que le directeur de la chancellerie fédérale Helge Braun en Hesse[27]. Le Parti social-démocrate bénéficie ainsi de la campagne prudente et du style rassurant de son candidat à la chancellerie, qui a su se placer en héritier d'Angela Merkel et profiter des erreurs et polémiques entourant ses deux principaux concurrents[28].

Le système politique allemand — dessiné après la Seconde Guerre mondiale autour de deux partis majeurs s'appuyant sur de plus petites formations pour gouverner — repose désormais sur six mouvements politiques, ce qui oblige à envisager un gouvernement regroupant trois partis, une première depuis les années 1950[29]. Le scrutin confirme le rejet de plus en plus fort de la grande coalition, puisque le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes recueillent, pour la première fois depuis , moins de la moitié des suffrages exprimés, alors qu'ils en rassemblaient les deux tiers huit ans auparavant[27], mais l'impossibilité de faire entrer les partis radicaux au gouvernement confirme l'orientation centriste de l'électorat allemand[29]. Contrairement au scrutin de 2017, ce rejet ne profite ni à l'Alternative pour l'Allemagne, qui perd même deux points, ni à Die Linke, qui passe sous la barre des 5 % et qualifie son résultat de « catastrophique »[26],[27]. L'AfD, qui confirme sa première place en Saxe et la conquiert en Thuringe, est victime de ses tensions et dissensions internes ainsi que de l'absence pendant la campagne de ses thèmes de prédilection, l'immigration et l'islam[30].

Ce rejet de la grande coalition favorise en revanche le Parti libéral-démocrate et Les Verts dont les programmes ne sont pas spécialement convergents mais qui s'entendent sur un positionnement pro-européen et de défense de la modernisation du pays[27]. En dépit d'un résultat historiquement haut, les écologistes ne cachent par leur déception, ayant atteint presque 30 % d'intentions de vote et la première place dans les sondages moins de six mois avant la tenue du scrutin[31]. Premiers partis parmi les primo-votants et représentants d'une nouvelle génération politique, les libéraux et les écologistes sont ainsi appelés à jouer le rôle de « faiseurs de roi » pour déterminer l'identité du futur chancelier, sauf en cas de reconduction de la coalition au pouvoir[32].

Sociologique[modifier | modifier le code]

Sondage Forschungsgruppe Wahlen[33]
Catégorie SPD Union Grünen FDP AfD Linke
Sexe
Hommes 24 % 23 % 14 % 13 % 12 % 5 %
Femmes 27 % 24 % 17 % 10 % 8 % 5 %
Âge
Moins de 30 ans 17 % 11 % 22 % 19 % 8 % 8 %
30-44 ans 19 % 19 % 18 % 13 % 13 % 5 %
45-59 ans 26 % 24 % 15 % 11 % 12 % 4 %
Plus de 60 ans 35 % 34 % 9 % 8 % 8 % 4 %
Statut
Ouvrier 28 % 23 % 8 % 9 % 16 % 5 %
Employé 26 % 22 % 17 % 13 % 9 % 5 %
Fonctionnaire 24 % 28 % 23 % 9 % 6 % 4 %
Indépendant 17 % 29 % 17 % 18 % 9 % 4 %
Études
Hauptschulabschluss 35 % 31 % 5 % 8 % 12 % 2 %
Mittlere Reife 26 % 26 % 10 % 11 % 14 % 4 %
Abitur (secondaire) 23 % 20 % 19 % 14 % 8 % 6 %
Hochschulabschluss (supérieur) 20 % 20 % 27 % 14 % 5 % 6 %

Formation du gouvernement[modifier | modifier le code]

Le chancelier fédéral Olaf Scholz tenant le contrat de coalition

Au soir du scrutin, aussi bien Olaf Scholz que Armin Laschet revendiquent la mission de former le gouvernement[34], tandis que le président du Parti libéral Christian Lindner et la présidente des Verts Annalena Baerbock annoncent qu'ils entameront des conversations conjointes avant de négocier avec les deux grands partis[27]. Au lendemain de la tenue du scrutin, le vice-chancelier sortant et chef de file du SPD reçoit les félicitations de la chancelière Angela Merkel, un message qui ressemble à un désaveu pour le candidat de la CDU/CSU à la chancellerie[35].

Pour le ministre-président de Bavière Markus Söder, le ministre-président de Sarre Tobias Hans, le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer et le président de la Junge Union Tilman Kuban (de), la défaite historique des chrétiens-démocrates ne permet pas à leur chef de file d'appeler à la constitution d'une « coalition jamaïcaine » sous son autorité[36]. Olaf Scholz et le co-président des Verts Robert Habeck, qui pourraient être amenés à gouverner ensemble avec les libéraux dans une « coalition en feu tricolore » (en allemand « Ampel »), expriment séparément leur volonté que le prochain cabinet soit sur pied avant Noël[37].

Le , Les Verts font part de leur souhait d'ouvrir des discussions exploratoires avec le Parti social-démocrate dans l'optique de mettre en place une coalition en feu tricolore, une position partagée quelques heures plus tard par le Parti libéral-démocrate[38]. Si Armin Laschet affirme que cela ne l'empêchera pas d'envisager la formation d'une coalition jamaïcaine, Markus Söder (également président de l'Union chrétienne-sociale en Bavière) considère que cette décision met un terme aux espoirs gouvernementaux des Unions chrétiennes[39]. Le président de la CDU annonce le lendemain son intention de convoquer un congrès fédéral de l'Union chrétienne-démocrate pour « aborder rapidement la question de la nouvelle équipe de la CDU, du président au présidium et jusqu'au comité exécutif fédéral »[40].

Les chefs de file des trois partis en discussion annoncent le avoir conclu positivement leurs entretiens exploratoires et s'être mis d'accord sur un document-cadre qui prévoit notamment l'absence de hausse de la fiscalité, le maintien du frein à l'endettement, l'augmentation du salaire minimum et l'accélération de la sortie du charbon, ce qui leur permet d'ouvrir des négociations pour établir un contrat de coalition précis et détaillé[41]. La question de la politique extérieure est en revanche source de tensions : les Verts défendent le renforcement de l’intégration atlantiste, rejettent l'exploitation du gazoduc Nord Stream 2 avec l'entreprise russe Gazprom et réaffirment leur volonté de durcir les relations de Berlin avec la Russie et la Chine. Le SPD défend pour sa part une diplomatie s’inscrivant dans la continuité d’Angela Merkel, notamment le maintien de relations cordiales avec la Chine, devenue le premier partenaire commercial de l'Allemagne[42].

Les Verts font publiquement état à la mi-novembre de leur mécontentement sur la tournure prise par les négociations, mettant en cause l’absence de mesures précises contre le réchauffement climatique dans le « contrat de coalition » et estimant que trop de concessions ont été faites au FDP[43]. L'accord de coalition (de) est dévoilé publiquement le , qui accorde notamment le ministère des Affaires étrangères aux écologistes et celui des Finances aux libéraux[44]. Le , Olaf Scholz est élu chancelier par le Bundestag par 395 voix sur 736, formant son gouvernement dans la foulée[45].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b La CSU se présente uniquement en Bavière. La CDU se présente dans le reste de l'Allemagne. Les deux partis forment un groupe commun au Bundestag.
  2. a et b Le SSW, en tant que représentant de la minorité danoise, n'est pas soumis au seuil électoral national des 5 %.
  3. Trente partis, moins de 50 000 voix chacun
  4. a et b Les Verts de Sarre ne sont pas admis à participer aux élections fédérales par la commission électorale fédérale en raison d'un litige au sein de la fédération sarroise[25].

Références[modifier | modifier le code]

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  12. « Allemagne : Olaf Scholz conforte sa position de favori dans la course à la chancellerie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant)
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  45. Agence France-Presse, « Allemagne : Olaf Scholz élu chancelier par le Bundestag, Angela Merkel quitte définitivement ses fonctions », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]