Barbara Hutton

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Barbara Hutton
Barbara Hutton en mai 1931.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 66 ans)
Beverly HillsVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Formation
Miss Porter's School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Franklin Laws Hutton (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Edna Woolworth (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Prince Alexis Mdivani (d) (à partir de )
Kurt von Haugwitz-Reventlow (d) (à partir de )
Cary Grant (de à )
Igor Troubetzkoy (de à )
Porfirio Rubirosa (de à )
Gottfried von Cramm (de à )
Pierre Raymond Doan Vinh na Champasakti (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Œuvres principales

Barbara Woolworth Hutton, née le à New York et morte le à Beverly Hills, est une socialite américaine, surnommée « la pauvre petite fille riche » (« Poor Little Rich Girl ») en raison de sa vie mouvementée. Elle fit don de la Winfield House au gouvernement des États-Unis, pour servir de résidence à l'ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, lors d'une transaction pour un dollar symbolique, après la Seconde Guerre mondiale[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Née à New York, Barbara Hutton était la fille unique de Edna Woolworth (1883–1918), elle-même une fille de Frank W. Woolworth, fondateur des populaires magasins « five and dime » Woolworth. « Five and dime » est un magasin où l'on vend tout à cinq ou dix cents (soit environ 0,0790 € ou 0,0395 €)[2].

Le père de Barbara Hutton était Franklyn Laws Hutton (1877–1940), un homme riche, cofondateur de E. F. Hutton & Company, une société new-yorkaise d'investissement et de courtage en bourse, propriété du frère de Franklyn, Edward Francis. Elle était la nièce par alliance de Marjorie Merriweather Post, héritière d'un empire céréalier, et qui fut, de 1920 à 1935, l'épouse de E.F. Hutton ; leur fille, l'actrice Dina Merrill (née Nedenia Hutton), était cousine germaine de Barbara Hutton.

Edna Hutton se suicida alors que Barbara avait cinq ans. C'est l'enfant qui découvrit le corps de sa mère. Après une enquête bâclée à la demande de Frank Woolworth qui voulait éviter un scandale à la famille, on conclut à une mort accidentelle[3]. Barbara vécut chez différents membres de sa famille, et elle fut élevée par une gouvernante. Sa cousine Dina Merrill, raconta dans la « Biographie des Woolworth » diffusée sur A&E, que Barbara vécut avec eux, après la mort de sa mère, son père l'ayant abandonnée[4]. Son grand-père Frank Woolworth prit grand soin de l'enfant jusqu'à sa mort le 19 avril 1918[5]. Et après la mort de sa femme Jennie Woolworth, (une malade mentale), Barbara hérita de 26 millions de dollars d’époque auxquels s'ajoutait le legs de sa mère Edna : 2,1 millions de dollars[6].

Elle devint une enfant introvertie, qui ne communiquait pas avec les enfants de son âge. Son plus proche ami et seul confident était son cousin Jimmy Donahue, le fils de sa tante maternelle.

Selon les traditions de la haute société new-yorkaise, Barbara Hutton eut un bal de débutante fastueux lors de son 18e anniversaire, où furent invités les familles Astor et Rockefeller, entre autres élites. Des vedettes comme Rudy Vallee, Meyer Davis et son orchestre animèrent la soirée, tandis que Maurice Chevalier accueillait les invités[7]. Trois ans plus tard, en 1933, pour son 21e anniversaire, son héritage, qui était évalué à plus d'un milliard de dollars actuels, fit d'elle l'une des femmes les plus riches du monde[7]. Sa réception d'anniversaire coûta 50 000 à 60 000 dollars d’époque [7], alors que le pays sortait à peine de la Grande Dépression. La critique publique fut très intense. Mais surtout, Barbara n'avait pas trouvé le beau parti qu'elle espérait rencontrer, et elle s'enticha d'un play-boy du nom de Phil Plant. C'est la raison pour laquelle son père l'embarqua pour l'Europe, vers la Grande-Bretagne et ses aristocrates[8].

Vie personnelle[modifier | modifier le code]

Bien que Barbara Hutton fût dépeinte dans la presse comme une jeune femme « chanceuse » qui avait tout, le public n'avait aucune idée des problèmes psychologiques qu'elle connaissait, et qui la menèrent à une vie de victimisation et d'abus. Elle se maria sept fois :

  1. 1933 – Alexis Mdivani, soi-disant prince géorgien, dont elle divorça en 1935 ;
  2. 1935 – le comte Curt Heinrich Eberhard Erdmann Georg von Haugwitz-Hardenberg-Reventlow, dont elle divorça en 1938 ;
  3. 1942 – Cary Grant, dont elle divorça en 1945 ;
  4. 1947 – le prince Igor Troubetzkoy, dont elle divorça en 1951 ;
  5. 1953 – Porfirio Rubirosa, dont elle divorça en 1954 ;
  6. 1955 – le baron Gottfried Alexander Maximilian Walter Kurt von Cramm, dont elle divorça en 1959 ;
  7. 1964 – le prince laotien Pierre Raymond Doan Vinh na Champassak, dont elle divorça en 1966.

Mdivani et Reventlow[modifier | modifier le code]

Ses deux premiers maris puisèrent largement dans sa grande fortune, en particulier le très autoritaire Curt Haugwitz-Reventlow, dont elle eut son seul enfant, un fils appelé Lance Reventlow[9] (1936-1972).

Reventlow lui faisait subir des violences verbales et physiques, ce qui obligea Barbara à aller à l'hôpital et Reventlow fut envoyé en prison. Il la persuada d'abandonner sa citoyenneté américaine pour adopter la nationalité danoise (qu'il détenait lui-même de naissance), pour des raisons fiscales. Elle y consentit en décembre 1937 devant une cour fédérale à New-York. Dès lors, elle sombra dans l'abus de médicaments, puis devint anorexique pour le reste de sa vie.

Lorsqu'elle divorça de Reventlow, elle obtint la garde de leur fils, et, comme son père l'avait fait avec elle, elle laissa l'éducation de Lance à une gouvernante et à des écoles privées.

Le poète populaire Ogden Nash composa un poème sur la vie privée dévoilée en public de Hutton en composant les vers suivants :

« Said Aimee Semple McPherson »

— Aimee McPherson to Barbara Hutton,

How do you get a marriage to button?
You'll have to ask some other person.

Said Barbara Hutton to Aimee McPherson

« Aimee McPherson demandait un jour à Barbara Hutton,
Comment faites-vous pour qu'un mariage éclose ?
Vous allez devoir le demander à quelqu'un d'autre,
Répondit Barbara Hutton à Aimee McPherson. »

Cary Grant[modifier | modifier le code]

Devant la menace de la Deuxième Guerre mondiale en 1939, Hutton déménagea en Californie. Pendant la guerre, elle donna de l'argent aux Forces Françaises libres et fit don de son yacht à la Royal Navy. Se servant de son image de femme du monde pour vendre des obligations de guerre, elle redora son image publique, après avoir été tournée en dérision par la presse à la suite de ses scandales conjugaux. À Hollywood, elle rencontra Cary Grant, l'une des plus grandes stars du cinéma de l'époque, et l'épousa. D'elle, l'acteur ne semble n'avoir eu besoin ni de son argent, ni de son nom ; sinon en avoir été sincèrement amoureux. Néanmoins, ce mariage échoua également sans que le jugement de divorce[10] n'ait effectivement fait état de demande ou d'indemnités quelconques.

Igor Troubetzkoy[modifier | modifier le code]

Hutton quitta la Californie et déménagea à Paris avant de faire l'acquisition d'un palais à Tanger. Elle commença alors à fréquenter Igor Troubetzkoy, un autre prince russe expatrié, de maigre fortune mais de renom mondial. Au printemps de 1948, elle l'épousa à Zurich. Cette même année, il fut le pilote de la première Ferrari engagée dans un grand prix automobile. Il prit part au Grand Prix de Monaco, puis remporta le Targa Florio. Il demanda finalement le divorce. La tentative de suicide de Hutton occupa les grands titres de la presse mondiale. Étiquetée par la presse comme la « pauvre petite fille riche », sa vie était un sujet de prédilection des journaux, qui l'exploitaient pour l'offrir à un public fasciné[11].

Porfirio Rubirosa "La crema y nata".[modifier | modifier le code]

Son mariage suivant ne dura que 53 jours, du 30 décembre 1953 au 20 février 1954, avec le dominicain Porfirio Rubirosa. Ce dernier, l'un des plus illustres playboys internationaux, épousa la vulnérable Barbara tout en continuant sa relation avec l'actrice Zsa Zsa Gabor[12],[13].

Hutton passa alors du temps avec les américains James Douglas et Philip Van Rensselaer. Cependant, son train de vie dépensier continua, et bien que déjà propriétaire de nombreux domaines autour du monde, elle fit bâtir en 1959 un luxueux palais de style japonais sur un terrain de 120 000 m2 à Cuernavaca au Mexique[14].

Gottfried von Cramm[modifier | modifier le code]

Son mari suivant était un ami de longue date, le baron Gottfried von Cramm, vedette du tennis allemand. Ce mariage se termina encore une fois par un divorce. Il se tua dans un accident d'automobile près du Caire en 1976[15].

Raymond Doan Vinh na Champassak[modifier | modifier le code]

C'est à Tanger qu'elle rencontra son septième et dernier mari, le prince Pierre Raymond Doan Vinh na Champassak. Ce dernier mariage fut également éphémère[16].

Hutton apparut fréquemment prise de boisson en public et ses dépenses se poursuivirent sans relâche[17]. Elle se mit à passer du temps avec des hommes plus jeunes qu'elle, et il lui arrivait de faire des cadeaux à de parfaits inconnus[18],[19].

Arts et joaillerie[modifier | modifier le code]

Au fil des ans, et outre un héritage important qui comprenait des toiles de maîtres et d'importantes sculptures[20], elle se constitua elle-même une magnifique collection regroupant le spectre des arts, de la porcelaine[20], des bijoux de valeur, y compris des pièces historiques sophistiquées ayant appartenu à Marie Antoinette et à l'impératrice Eugénie et d'importantes pièces de Fabergé et Cartier[21],[22],[23]. Parmi ses pièces de joaillerie, on trouvait le Pasha Diamond de 40 carats, qu'elle acheta dans une taille brillant octogonale inhabituelle mais fit retailler en brillant rond, ce qui le fit descendre à 36 carats[24].

En 1936, elle achète la parure d'émeraudes (diadème, collier, pendentifs, bracelet) offert par Napoléon III à la comtesse de Castiglione, à Ganna Walska[25].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Mausolée de la famille Woolworth.

La mort de son fils en 1972 dans un accident d'avion plongea Hutton dans un profond désespoir. Sa fortune s'était érodée en raison de son extrême générosité et de transactions douteuses effectuées par son avocat de longue date, Graham Mattison. Elle avait dû vendre une partie de ses biens pour vivre. Néanmoins, lorsqu'elle mourut au Regent Beverly Wilshire Hotel de Beverly Hills, d'un infarctus du myocarde en mai 1979, sa fortune était loin d'être épuisée. On prétendait qu'il ne restait que 3 500 dollars, parce que lorsque les agents du trésor se présentèrent au Wilshire hotel, les appartements étaient vides. Mais Mattisson avait déjà fait transférer ses bijoux, fourrures et son mobilier chez Gropiron à Paris[26]. Par ailleurs le même avocat avait fait homologuer le testament de Barbara Hutton aux Bermudes, où il avait obtenu qu'elle fût déclarée résidente légale[27]. Bien que les comptes bancaires de l'ex-milliardaire fussent peu approvisionnés, Mattison réussit à réunir d'importantes sommes dans les ventes aux enchères de ses objets précieux que les héritiers dont le bénéfice profita essentiellement aux Hennessy et à l'avocat[28].

Elle fut inhumée dans le mausolée de la famille Woolworth érigé dans le Woodlawn Cemetery dans le Bronx.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Plusieurs ouvrages ont été écrits sur Barbara Hutton, dont les plus connus sont[29] :

  • Barbara Hutton: A Candid Biography, Dean Jennings (F. Fell, 1968, 301 p.)
  • Million Dollar Baby: An Intimate Portrait of Barbara Hutton, Philip Van Rensselaer (Putnam, 1979, 285 p.)
  • Poor Little Rich Girl: The Life and Legend of Barbara Hutton, C. David Heymann (L. Stuart, 1984, 390 p.)
  • David Heymann, Pauvre petite fille riche : La vie extravagante de Barbara Hutton, Paris, Presses de la Cité, , 215 p. (ISBN 2-258-01950-8)
  • In Search of a Prince: My Life with Barbara Hutton, Mona Eldridge (Sidgwick & Jackson, 1988, 210 p.)

Filmographie[modifier | modifier le code]

En 1987, un téléfilm intitulé Poor Little Rich Girl: The Barbara Hutton Story mettait en vedette Farrah Fawcett dans le rôle de Barbara Hutton[30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ambassador's Residence: Winfield House - Embassy of The United States in London, U.K.
  2. Heymann 1987, p. 11
  3. Heymann 1987, p. 24
  4. Barbara Hutton; a candid biography, page 17
  5. Heymann 1987, p. 25
  6. Heymann 1987, p. 26
  7. a b et c Heymann 1987, p. 45
  8. Heymann 1987, p. 46
  9. This fabulous century, page 156
  10. Cary Grant: A Class Apart, Graham McCann, page 159
  11. Barbara Hutton; a candid biography, page 160
  12. « (en) Biographie de Barbara Hutton sur divasthesite.com »
  13. The very rich: a history of wealth, page 135
  14. Frommer's Portable Acapulco, Ixtapa & Zihuatanejo, page 156
  15. Barbara Hutton; a candid biography, page 214
  16. F.W. Woolworth and the American five and dime: a social history
  17. Co-starring famous women and alcohol, page 26
  18. The dilemmas of family wealth: insights on succession, cohesion, and legacy, page 150
  19. Million dollar baby: an intimate portrait of Barbara Hutton, Philip Van Rensselaer
  20. a et b F.W. Woolworth and the American five and dime: a social history, page 203
  21. Cartier, Hans Nadelhoffer, page 124
  22. Barbara Hutton; a candid biography, page 166
  23. F.W. Woolworth and the American five and dime: a social history, page 166
  24. Cartier, Hans Nadelhoffer, page 325
  25. « Paris-midi », sur Gallica, (consulté le )
  26. Heymann 1987, p. 213
  27. Heymann 1987, p. 214
  28. Heymann 1987, p. 216
  29. Barbara Hutton Socialite-Subject of Books
  30. « Biographie de Barbara Hutton sur IMDb »

Liens externes[modifier | modifier le code]