Arcadie Claret

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Arcadie Claret
Titre de noblesse
Baronne d'Eppinghoven (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Enfants
Blason

Arcadie Claret (Bruxelles – Monheim ) est pendant plus de vingt ans la maîtresse du roi Léopold Ier de Belgique. Elle est titrée baronne von Eppinghoven en 1863[1].

L’amie de cœur[modifier | modifier le code]

Arcadie Claret est la fille du major Charles-Joseph Claret (1789-1867), trésorier de la Caisse des Pensions pour veuves et orphelins de l’Armée belge, qui termine sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel et de la Gantoise Henriette Neettezoone (1795-1881). Elle fait partie d'une fratrie de treize enfants, dont huit parviennent à l’âge adulte. La famille habite à Etterbeek une grande maison de maître, entourée d’un parc étendu. Leopold Ier apprend à connaître Arcadie en 1842 ou au plus tard en 1844. À la première de ces dates, elle a à peine seize ans quand le roi était déjà quinquagénaire. Elle devient rapidement sa maîtresse. Le roi l’installe dans une luxueuse maison patricienne, rue Royale (l’actuel no 312). Cette aventure amoureuse ne demeure pas secrète et la presse y fait copieusement écho, d’autant plus qu’Arcadie, sa mère et ses sœurs s’affichent avec une certaine arrogance dans les quartiers huppés de la ville. La critique devient tellement véhémente qu’Arcadie, qui vient en 1849 d’accoucher d’un premier enfant, s’installe à Wiesbaden contre le gré du roi. Après la mort de la reine en 1850, elle revient à Bruxelles et s’y fait plus discrète.

Aux seules fins de faire baisser la pression médiatique, Léopold a, dès 1845, fait épouser Arcadie par le maître des écuries royales, Ferdinand Meyer (Cobourg 1808 - Karlsruhe 1864). Meyer, déjà veuf avec trois enfants à charge, reconnaît les enfants du roi comme les siens. Georges-Frédéric, né à Liège en 1849, et Arthur von Eppinghoven, né à Laeken en 1852, sont inscrits sur les registres de l’état civil sous le patronyme Meyer.

Après son retour en Belgique, Arcadie quitte la demeure de la rue Royale, trop voyante, et avec Léopold comme bailleur de fonds, elle acquiert le château du Stuyvenberg, situé à deux pas du château de Laeken. Le roi s’y rend presque quotidiennement pour y vivre en famille avec elle et leurs enfants. Ceux-ci reçoivent une éducation princière, avec des précepteurs privés. Dans ses vieux jours, Arcadie sert le roi comme infirmière et le soigne.

Il était évident qu’après la mort du roi il n’y aurait plus de place pour elle, aussi à peine a-t-il clos les yeux qu’elle part précipitamment vers l’Allemagne. Le ministre Vandenpeereboom le note dans son journal à la date du  : « On cause aussi de Mme Meyer, maîtresse du Roi. Elle quittera Bruxelles dès que le Roi sera mort, ses paquets sont faits ».

Avec l’aide d’un homme de paille, le roi Léopold II acquiert le Stuyvenberg, qui plus tard devient une des propriétés de la Donation royale.

Amour intense[modifier | modifier le code]

Pendant les dernières quinze années de sa vie, Arcadie Claret est l’amour quasi unique du roi. Ils sont très proches, non seulement à Laeken, mais également au cours de nombreux déplacements et séjours à l’étranger.

Le roi est sans nul doute très amoureux. Les descendants ont conservé quelques billets doux, qu’il signait d’un 'L' orné d'un petit cœur avec des phrases du genre : « Arcadie, je t’aime et je t’adore ».

Les descendants possèdent également un agenda personnel d’Arcadie datant de 1851(?). Au jour le jour elle y rend compte de l’intensité de leur relation amoureuse. Les annotations de la jeune femme sont brèves mais sans équivoque: « J’ai vu trois fois mon ami, il a été si bon pour moi » ; « Très grande fête. Passion » ; « Grande fête, très voluptueux » ; « Le matin, sa visite m’a rendue heureuse, il était bien aimant » ; « Visite le matin, camélias, visite l’après-midi, bouquet délicieux. Doux serments » ; « Délicieux ! Amour passion », etc. Leopold a alors 64 ans et Arcadie 28.

Armes des von Eppinghoven

Les libéralités[modifier | modifier le code]

Léopold a préparé de longue date l’avenir tant matériel que social de sa famille non officielle. Il a dès 1851 vendu à Arcadie un domaine à Holzheim (Neuss). La résidence, entourée de 170 ha de terres, est à l’origine une ancienne ferme de l’abbaye cistercienne "Eppinghoven", ce qui donne son nom et titre à Arcadie et ses fils. À partir de 1862 Arcadie y construit un château important, où elle se retire avec son clan familial, après la mort du roi.

Le gouvernement belge refuse son agrément à un titre pour Arcadie et ses fils. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Alphonse Vandenpeereboom note dans son journal : « Nous nous y sommes énergiquement opposés ». Léopold Ier demande dès lors à son neveu, le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha, de titrer ses fils. Ainsi est fait en 1862 : Georges-Frédéric et Arthur obtiennent l’anoblissement héréditaire et deviennent barons von Eppinghoven, titre transmissible pour leurs descendants mâles. Leur mère reçoit les mêmes faveurs en 1863, sous le titre de baronne von Eppinghoven[1]. Afin de faciliter l’anoblissement, Arcadie et Meyer ont divorcé en 1861. Vandenpeereboom note ensuite que le roi était d’autant plus furieux du fait que le gouvernement a refusé de retirer un arrêté royal ancien qui interdisait l’intégration de nobles étrangers dans la noblesse belge, rendant ainsi impossible une telle manœuvre en faveur de la famille « morganatique ». Que le roi ne soit pas parvenu à ses fins au niveau belge, écrit Vandenpeereboom « n’a pas peu contribué à rendre notre gracieuse Majesté hostile et tracassière pour le Cabinet ».

Tout ce que Léopold a entrepris afin de mettre à l’abri du besoin son amie et ses enfants, ne dure pas. Le train de vie dispendieux d’Arcadie, les dettes de jeu du fils aîné amoindrissent rapidement le pactole. Ce qui en reste est fortement écorné par l’inflation galopante après la Première Guerre mondiale. Le second fils finit dans la gêne et doit faire appel à l’aide que lui accorde la Donation royale belge.

Arcadie Claret meurt le , 31 ans après son amant Léopold Ier.

Littérature[modifier | modifier le code]

  • E. MEUSER & F. HINRICHS, Geschichte der Monheimer Höfer, Monheim, 1959
  • Albert DUCHESNE, Charles-Joseph Claret, in: Biographie nationale de Belgique, t. XVIII, 1973, col. 81-85
  • Albert DUCHESNE, Edmond Claret de Viescourt, in: Biographie nationale de Belgique, t. XVIII, 1973, col. 85-87
  • Albert DUCHESNE, Chaussée de Wavre. Là où un couvent a remplacé la propriété du colonel Claret, in: Mémoire d'Ixelles, septembre-.
  • Rolf MÜLLER, Stadtgeschichte Langenfeld, Verlag Stadtarchiv Langenfeld, 1992, (ISBN 978-3-929365-01-6).
  • Alphonse VANDENPEEREBOOM (met M. BOTS, uitg), La Fin d'un règne, notes et souvenirs, Gand, Liberaal archief, 1994
  • Victor CAPRON, La Descendance naturelle de Leopold Ier, Bruxelles, 1995
  • Victor CAPRON, Le domaine du Stuyvenberg à Laeken, Brussel, 1995
  • Gustaaf JANSSENS & Jean STENGERS (dir.), Nouveaux regards sur Léopold Ier et Léopold II, Fonds d’Archives Goffinet, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 1997.
  • Genealogisches Handbuch des Adels. Freiherrlichen Häuser, t. XXI. C. A. Starke, 1999, p. 101–3.
  • Henriette CLAESSENS, Leven en liefdes van Leopold I, Lannoo, Tielt, 2002
  • Victor CAPRON, Sur les traces d'Arcadie Claret : le Grand Amour de Léopold Ier, Bruxelles, 2006
  • Michel DIDISHEIM, Tu devais disparaître. Le roman d'une enfant royale cachée, éd. Alphée, 2008.
  • Bram BOMBEECK, À bas le Sexe Cobourg ? Een mentaliteitshistorische en politieke benadering van de seksschandalen van het Belgisch koningshuis in de lange 19de eeuw, Université Gand, master histoire, 2009.

Arbre généalogique von Eppinghoven[modifier | modifier le code]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Léopold Ier
de Belgique
 
Arcadie Claret
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Georges-Frédéric von Eppinghoven
 
Anna Brust
 
 
 
 
 
Arthur von Eppinghoven
 
Anna Lydia Harris
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Henriette-Marianna von Eppinghoven
 
Heinrich-Georg von Eppinghoven
 
Anna Lintermann
 
Claude Eric Tebbitt
 
Arcadie von Eppinghoven
 
Louise-Marie von Eppinghoven
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Alarich von Eppinghoven
 
Anna Margarete Ziggert
 
Jürgen von Eppinghoven
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Armin von Eppinghoven
 
Peri Olga Schleining
 
Ralph von Eppinghoven
 
Elizabeth Fricker
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Alexander von Eppinghoven
 
 
 
Konrad von Eppinghoven
 
Derek von Eppinghoven


Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (de) Genealogisches Handbuch des Adels [« Genealogical Handbook of the Nobility »], vol. Band XXI, C. A. Starke, coll. « Freiherrlichen Häuser », , 101–3 p.