BARAGUEY D’HILLIERS, Achille, comte,(1795-1878), maréchal

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Fils de Louis Baraguey d'Hilliers (1764-1813), général de division, colonel général des dragons, comte de l'Empire, et de Marie-Ève Zittier, il naît à Paris le 6 septembre 1795. Originaire de Rouen la famille Baraguey, qui prit le nom de Baraguey d'Hilliers avec le grand-père du maréchal, appartenait à la bourgeoisie depuis quelques générations et était fort bien alliée. Tant dans les documents originaux que dans les sources imprimées, on rencontre, pour la première partie du nom, les formes Baraguay ou Baraguey, selon le cas. Nous avons retenu la seconde, car elle est celle qu'employaient le maréchal et son père, le général. La mère du maréchal, née à Mayence le 20 janvier 1774, était la fille de Joseph-Charles Zittier, fabricant de couteaux, bourgeois de Mayence, et d'Élisabeth Wolf. Elle avait épousé en premières noces, Pierre-Joseph Daniels, docteur en médecine, dont elle était divorcée.

Soldat au 9e régiment de dragons en 1806, le futur maréchal est, l'année suivante, élève du prytanée militaire, qu'il quitte avec le grade de sous-lieutenant le 3 septembre 1812. Placé au 2e régiment de chasseurs à cheval, il fait la campagne de Russie. Le 3 juin 1813, il reçoit l'investiture du titre de l'Empire en qualité d'héritier de son père, mort le 6 janvier, sous réserve de prêter serment à sa majorité. Promu lieutenant le 1er août, il est nommé aide de camp du maréchal Marmont, duc de Raguse, fait avec lui la campagne d'Allemagne et a le poignet gauche emporté par un boulet à Leipzig. Capitaine le 26 février 1814, Baraguey d'Hilliers reste aide de camp de Marmont, puis est placé au 6e régiment de chasseurs à cheval. Il démissionne le 8 juin 1815, est réintégré le 8 juillet au même régiment, et passe le 10 octobre au 2e régiment de grenadiers à cheval de la garde royale, où il demeure jusqu'en 1820. Des lettres patentes du 28 décembre 1816 lui confirment le titre de comte héréditaire.
 
Chef d'escadron breveté en 1818, il est, à partir du 11 octobre, employé en qualité de chef de bataillon à la légion du Cher, puis le mois suivant et jusqu'en 1825 au 9e régiment d'infanterie de ligne. De 1823 à 1825, il prend part à la campagne d'Espagne. Major au 2e régiment d'infanterie de la garde royale de 1825 à 1827, il est nommé lieutenant-colonel en 1826. De 1827 à 1830, il se trouve au 2e régiment d'infanterie de ligne et, de 1830 à 1833, au 1er régiment ‘infanterie l'gère, avec lequel il participe à la prise d'Alger, devenant colonel le 31 août 1830. Entre 1833 et 1836, il commande en second l'École militaire de Saint-Cyr et, maréchal de camp le 22 novembre 1836, est, de 1836 à 1841, à la tête de cette école. En 1841 et 1842, il est à la disposition du gouvernement général de l'Algérie. Le 19 juin 1843, il est nommé commandant de la province de Constantine et, le 6 août, promu lieutenant général. Disponible de 1844 à 1847, il inspecte, cette dernière année, un arrondissement d'infanterie. Le 4 mars 1848, il est mis à la tête de la 6e division militaire à Besançon, puis, le 10 avril, de la 2e division de l'armée des Alpes.
 
Quelques jours plus tard, il est élu député du Doubs à l'Assemblée constituante. L'un des chefs de la droite monarchiste, président du comité dit de la rue de Poitiers, il se rallie au Prince-Président dès la désignation de celui-ci. La Constitution de 1848 prévoit u poste de vice-président, ce dernier devant être choisi par l'assemblée sur une liste de trois noms établie par le président. Baraguey d'Hilliers est l'un des trois noms proposés par Louis-Napoléon : il n'obtient qu'une seule voix. Le 13 mai 1849, le Doubs l'élit député à l'Assemblée législative. Le 4 novembre, il reçoit le commandement en chef du corps expéditionnaire de la Méditerrannée mais, dès le 6, il est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la République auprès du pape. Le 9 janvier 1851, il commande les troupes de la 1re division militaire et démissionne de ce poste le 10 juillet. Il donne son adhésion au coup d'État du 2 décembre, entre au Sénat le 26 janvier 1852 et en devient l'un des vice-présidents, fonction qu'il occupera jusqu'en 1870.
 
En 1853, il est ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire près la Sublime Porte ottomane. L'année suivante, il commande, lors de la guerre de Crimée, le corps expéditionnaire de la Baltique, s'empare de la forteresse de Bamarsund dans l'île d'Aland le 16 août et le 28 est fait maréchal de France. En mars 1855, il est à la tête du 1er corps de l'armée du Nord à Boulogne, puis, d'octobre 1855 à 1856, commande l'armée du Nord. En 1858, il exerce le commandement supérieur des divisions de l'Ouest à Tours. En 1859, il a sous ses ordres le 1er corps de l'armée d'Italie, bat les Autrichiens à Melegnano et prend une part importante à la victoire de Solferino. En août de la même année, il reprend, à Tours, son commandement précédent, qu'il gardera jusqu'en 1863. Cette dernière année, il est placé à la tête des troupes réunies au camp de Châlons, mais, au mois d'août, il retrouve ses fonctions à Tours, que cette fois, il conserve jusqu'en 1870.
 
Lors de la guerre avec la Prusse, il reçoit, le 19 juillet, le commandement du 1er corps d'armée à Paris, devenu le  8e corps, mais cesse d'exercer celui-ci le 13 août. Du 30 septembre 1871 à mai 1872, il préside la commission d'enquête des capitulations. Il meurt à Amélie-les-Bains le 6 juin 1878. Germain Bapst rapporte de la sorte les circonstances de sa fin dans Le Maréchal Canrobert, souvenirs d'un siècle, transcription des nombreux entretiens qu'il eut avec Canrobert : « Il avait 83 ans, […] encore plein de verdeur, lorsqu'un matin il s'aperçut qu'il s'était, durant son sommeil, oublié comme un enfant au maillot. N'admettant pas qu'un maréchal de France pût ainsi tomber en enfance, il envoya, dans la journée, des cartes à ses collègues et aux veuves de ceux d'entre eux qui étaient morts, avec P. P. C., et se tua le soir. » Ses restes reposent aux Invalides.
 
Les seuls écrits qu'il ait laissés sont un discours, deux proclamations et Place de Toul. Notes sur le procès-verbal de la séance du conseil d'enquête du 27 octobre 1871. Le maréchal Baraguey d'Hilliers était demeuré célibataire. Une soeur de celui-ci, Clémentine Baraguey d'Hilliers (1800-1892) avait épousé en 1819 Charles-Marie Denys de Damrémont (1783-1837), lieutenant général, gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l'Afrique et commandant en chef de l'armée en place, comte héréditaire en décembre 1815, pair de France en 1835, blessé mortellement par un boulet, alors qu'il dirigeait le siège de Constantine. Née du premier mariage de sa mère, sa demi-soeur, Élisabeth-Augustine Daniels (1790-1868), s'était alliée à Maximilien-Sébastien Foys (1775-1825), général de division, baron puis comte de l'Empire, député de l'Aisne (1819-1825), l'un des orateurs les plus populaires du parti libéral sous la Restauration, dont les obsèques faillirent déclencher une révolution. Il subsiste une descendance en ligne féminine de la soeur et, en lignes féminine et masculine, de la demi-soeur.

Joseph VALYNSEELE
 
B. : G. Baps, Le Maréchal Canrobert, souvenirs d'un siècle, T. III, ch. IX, 1904. – J. VALYNSEELE, Les Maréchaux de Napoléon III, leur famille et leur descendance, 1980.

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