Élie Semoun : "On ne prend pas assez au sérieux les humoristes"

Élie Semoun : "On ne prend pas assez au sérieux les humoristes"

Elie Semoun - K-Wet Production
Elie Semoun - K-Wet Production
Elie Semoun - K-Wet Production
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Auteur, comédien, mais aussi cinéaste et chanteur, Élie Semoun fait partie de nos vies depuis plus de 30 ans. Alors qu’il est au théâtre de la Madeleine dans la pièce “Suite Royale”, il revient sur les différentes facettes de ses créations.

Avec

Près de neuf ans après sa dernière incursion au théâtre, Élie Semoun renoue en ce moment avec cet exercice, sur la scène du Théâtre de la Madeleine dans "Suite royale", une pièce de Judith Elmaleh et Hadrien Raccah, mise en scène par Bernard Murat, avec Julie De Bona pour partenaire. L’occasion de le recevoir pour essayer d’approcher les différentes facettes de ses pratiques artistiques. La première, grâce à laquelle il s’est révélé, n’est autre que le stand-up, en duo avec Dieudonné d’abord, puis seul, avec ses Petites Annonces et autres spectacles souvent coécrits avec Franck Dubosc et Muriel Robin. Egalement comédien, pour la télé ou le cinéma, il s’est aventuré dans un registre dramatique pour "Aux abois” de Philippe Collin, ou à l'inverse laissé libre cours à sa folie comique dans “Les Parasites” de Philippe de Chauveron, un cinéaste qui le dirige dans les deux premiers Ducobu, avant qu’il ne réalise lui-même les deux suivants. Jamais où ne l’attend, Élie Semoun s'offre également des échappées du côté de la chanson, ainsi que de l’écriture, avec la sortie de son premier roman, “Compter jusqu’à toi”, en 2022. Autant de sujets dont il nous parle, le temps d'un entretien au long cours.

La scène en partage

Avant les seuls en scène, ils étaient deux : Élie et Dieudonné. En 1990, les deux amis d’enfance forment un duo comique, que l'on découvre dès l’année suivante avec leur premier spectacle au Café de la Gare, qui connut un triomphe pendant 6 ans. Par la suite, le duo a rencontré un succès grandissant : Splendid, Palais des Glaces, Casino de Paris. Même si la vie et les idées les ont finalement séparé, ils ont beaucoup appris, ensemble :

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« Dieudonné était l'homme qui me faisait le plus rire au monde, on a eu beaucoup de succès. Je pense qu'on avait une formule qui reste encore moderne parce qu'on était le symbole de l'antiracisme par excellence. Et ce qu'on faisait, c'était nouveau. C'est franchement un gros gâchis quand j'y pense » Élie Semoun

La Grande Table idées
32 min

En solo à partir de 1997, Élie Semoun frappe un grand coup avec ses Petites Annonces, une série qu'il écrit, réalise et interprète aux côtés de son ami, l'acteur Franck Dubosc. Il a ensuite donné différents spectacles en solo, souvent mis en scène par Muriel Robin et Roger Louret, deux de ses complices qui comptent dans son parcours :

« Quand on fait du one man show, on a absolument besoin d’un pilier, parce que c'est une prise de risque gigantesque de se retrouver devant des milliers de gens. C'est horrible d'être l'unique chef d'orchestre de la soirée, on a besoin d'être rassuré, de se sentir aimé par son metteur en scène et d'avoir des bons conseils. Donc j'étais entouré de ma Muriel Robin, de mon Roger Louret, et comme ça, j'étais en sécurité » Élie Semoun

Plutôt rare au théâtre, Élie Semoun y revient pour "Suite royale", une pièce de Judith Elmaleh et Hadrien Raccah, mise en scène par Bernard Murat, avec Julie De Bona pour partenaire. Il nous explique la difficulté de l'exercice, si différent de ses one-man-shows :

« Ça a été difficile pour moi la pièce "Suite Royale", parce que j'ai perdu l'habitude de partager la scène. Donc j'ai eu très peur parce que je me suis demandé si Julie De Bona, ma partenaire, allait respecter mon rythme de jeu, si j'allais respecter le sien, et si on parviendrait à s'accorder tous les deux. Finalement, on a une parfaite harmonie. Elle n'essaye pas d'être drôle, mais elle l'est quand même. Il n'y a aucune concurrence entre nous » Élie Semoun

Maupassant pour modèle

« Dans ses nouvelles, Maupassant a décrit sa société à lui et l'être humain, de la même manière qu'on pourrait le faire dans un sketch. Quand je faisais les "Petites annonces" avec Franck Dubosc, les personnages étaient quasiment tous des loosers, des pauvres types qui sont seuls dans une misère sentimentale, financière ou artistique. Et ça, ça a été décrit à la perfection par Guy de Maupassant et ça reste encore vrai aujourd'hui » Élie Semoun

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L'intransigeance du rire

« Dès qu'on est sur scène, on joue notre vie. Il y a une sorte d'instinct animal qui naît parce que, l'humour, c'est chirurgical [...] Les rires sont une vraie récompense, parce que c'est un sacré boulot » Élie Semoun

Affaires culturelles
56 min

« On ne prend pas assez au sérieux les humoristes mais on devrait parce que c'est un vrai travail. Par exemple, pour "Suite Royal", la pièce que je joue avec Julie De Bona, on travaille chaque virgule. Et chaque soir, ça change. On va à la chasse au trésor pour chercher des rires, mais pas des rires idiots, des rires intelligents » Élie Semoun

Son actualité : "Suite royale", de Judith Elmaleh et Hadrien Raccah, mise en scène de Bernard Murat, avec Élie Semoun et Julie De Bona. À partir du 27 janvier 2023 au Théâtre de la Madeleine, Paris 8ème.

Sons diffusés pendant l'émission :

  • Lecture du début du “Grand Meaulnes”, d’Alain-Fournier, par Guillaume Gallienne dans "Ca peut pas faire de mal", sur France Inter le 10/11/2012
  • Le metteur en scène Roger Louret dans l'émission "A mots découverts", sur France Bleu, le 19/10/1998.
  • Muriel Robin dans "Affaires Culturelles" le 05/11/2021.
  • Henri Salvador au micro de Marc Voinchet, dans “Tout arrive”, sur France Culture, le 25/12/2003.
  • Le choix musical d'Élie Semoun : "You must believe in spring” de Bill Evans, sur l'album éponyme (1981) | Label : WARNER BROS

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