Vous avez raison monsieur Guetta (du moins de mon point de vue), l'Europe est probablement notre seul avenir (voir L'Express du 20 septembre) et, surtout, la seule alternative à une hégémonie américaine à l'heure actuelle et, par la suite, à un monde bipolaire Amérique-Asie. Ma génération - celle des 25-35 ans - et les suivantes ne peuvent plus se contenter de rester en France, de ne parler que le français et de ne pas avoir de notion de ce qui se passe ailleurs. Séjourner quelques mois ou quelques années à l'étranger permet de se rendre compte de ce qu'il y a à changer chez nous, mais aussi et surtout de casser le mythe de l'herbe plus verte du champ d'à côté. Sans parler de mieux comprendre comment nos voisins fonctionnent et pourquoi leurs réactions ne sont pas les nôtres... Je veux pouvoir espérer que nous saurons un jour fonctionner ensemble. Une Constitution peut être révisée... A tout le moins, celle-ci nous permettra de nous doter d'instances, imparfaites certes, mais existantes. Il est facile de dénigrer et il est vrai que nous ne sommes pas vraiment informés dans le détail sur cette Constitution, mais je n'ai pas entendu les partisans du non offrir une alternative qui puisse tenir la route. Allons de l'avant et battons-nous, pour l'améliorer dans le futur, non pas pour la piétiner. (...) J. Coatmellec, courriel.

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Dans sa chronique, Bernard Guetta dénonce la prise de position de Laurent Fabius et affirme que la «crise» qu'entraînerait le rejet de la Constitution européenne ne serait en rien «salutaire». M. Guetta, qui considère que le moment n'est pas venu pour cela, parie quant à lui sur la possibilité d'une «crise féconde», car, avec l'adoption de la Constitution, «les citoyens de l'Union pourraient envoyer à Strasbourg une majorité politique à même d'imposer son choix pour la présidence et la composition de la Commission - d'opposer, autrement dit, la volonté majoritaire de l'électorat européen à d'éventuels veto d'un ou de plusieurs gouvernements». Sur le papier, tout cela est très joli, mais quelle sera la marge de manoeuvre de ladite commission quand la Constitution aura gravé dans le marbre les politiques mêmes de l'Union? Cette marge sera minime, chacun le sait, et la perspective d'un changement profond, illusoire. Si l'on veut réorienter l'Europe, c'est maintenant ou jamais! Dans dix ans, il faudrait une grave crise, bien improbable; aujourd'hui, il suffit d'un sursaut. Car toutes les conditions pour remettre l'Europe sur les rails sont réunies: d'une part, la nécessité de modifier le traité de Nice est largement partagée; d'autre part, s'il était ratifié, le projet de Constitution n'entrerait pas en vigueur avant 2009; il reste donc plus de quatre ans pour en refaire un autre, sachant qu'il a fallu un an pour aboutir au premier. Où est donc le chaos dont parlent certains responsables politiques? Pas de vide juridique. Avec du volontarisme politique, pas même de retard dans l'adoption d'un nouveau traité. Plutôt que de défendre le oui par fatalisme, pourquoi nos responsables politiques ne se remettraient-ils pas au travail pour construire enfin l'Europe qu'ils nous promettent depuis des années? P. Franck, Lyon, courriel.


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