Rare Champagne : de Marie-Antoinette à Van Cleef, l'histoire d'un joyau à fines bulles
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Rare Champagne : de Marie-Antoinette à Van Cleef, l’histoire d’un joyau à fines bulles

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Presque cinquante ans que Rare Champagne a officiellement vu le jour à Reims. Une longue histoire ponctuée de seulement quatorze millésimes, tous édités en série limitée… Zoom sur un très grand breuvage, né en hommage à la reine Marie-Antoinette et approuvé par Ryan Gosling.

Avez-vous déjà vu une bouteille de champagne ornée d’une couronne ? Maintenant oui. C’est à la maison de joaillerie Arthus-Bertrand (laquelle fournit notamment la médaille de la Légion d’honneur et autres décorations) que l’on doit la tiare dentelée recouvrant les flacons de Rare Champagne. Un joyau conçu à partir de laiton et d’une pointe d’or, « en hommage à la reine Marie-Antoinette, à Reims – la ville qui a couronné presque tous les rois de France – et à l’allégorie de la vigne triomphante », résume Maud Rabin, directrice de la maison. Et de poursuivre, à propos de la bouteille en elle-même : « c’est un flacon unique appelé la Pinte Majeure, le même que ceux qui contenaient les champagnes destinés à l’aristocratie et qui étaient soufflés à la bouche par les maîtres-verriers ».


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Petite-fille d’un négociant en vin, l’intéressée entame une carrière dans le monde de la mode en prenant la tête du département marketing et communication d’une maison de prêt-à-porter et de bijoux avant de revenir, en 2008, à ses premières amours : les spiritueux. Au sein du groupe Rémy Cointreau d’abord, puis EPI ensuite qui la missionne en 2018 de faire de Rare champagne, une marque à part entière. Sa meilleure arme pour y parvenir ? L’orfèvrerie. « Notre histoire est jalonnée de joailliers », explique Maud Rabin. Parmi eux, Arthus-Bertrand donc, mais aussi la maison Van Cleef & Arpels qui a imaginé le flacon en or, diamants et lapis-lazuli, édités en seulement trois exemplaires et contenant le tout premier millésime de la maison, en 1976.

Maud Rabin, à droite.
Maud Rabin, à droite. Marco Strullu

Rare Champagne : l’art au service de l’elixir

Plus récemment, c’est avec le domaine de l’art que la marque Rare Champagne s’est acoquinée. Elle a notamment fait appel au plasticien William Amor, spécialisé dans la confection d’œuvres florales sur-mesure à partir de déchets du quotidien. À l’occasion de la révélation du Millésime Rosé 2012, l’homme a imaginé une parure de fleurs – faites de bouteilles en plastique, filets de pêche et tartre issu des cuves de champagne – destinée à habiller le flacon à la manière d’une nuque. Cinq ans plus tôt, lors du lancement du Millésime Rosé 2008, la Paper Artist Camille Ortoli a eu, quant à elle, à décorer le jardin du Pavillon de la Reine, seulement avec l’aide de chutes de coiffes récupérées chez le fournisseur de la marque… Bluffant. Toujours dans cette logique de durabilité, toutes les bouteilles de dégustation Rare sont upcyclées par l’Atelier Marsault, à Hautvillers, qui en fait des vases, des planches et des bougies parfumées.

Autre expression du goût pour l’art cultivé par la maison : « RISE », une sculpture scintillante symbolisant le lancement du millésime 2013, commandée à l’artiste designer Arnaud Lapierre, connu pour ses créations miroitantes. D’abord installée dans le jardin en huit clos de l’hôtel Alfred Sommier à Paris, l’œuvre a ensuite rejoint le parvis de l’hôtel de ville de Reims. La directrice se souvient : « on tenait vraiment à ce qu’elle évoque le soleil, en hommage à la teinte dorée du champagne bien sûr, mais aussi et surtout à Versailles ».

La maison de champagne a collaboré avec Arnaud Lapierre, artiste qui a réalisé un disque solaire en référence à au millésime 2013 de Rare Champagne.
La maison de champagne a collaboré avec Arnaud Lapierre, artiste qui a réalisé un disque solaire en référence à au millésime 2013 de Rare Champagne. Antony Dorfmann

De Marie-Antoinette à Ryan Gosling

Parce que c’est là que tout commence. À Versailles, où Florens-Louis Heidsieck présentait en 1785 sous la marque Piper-Heidsieck, sa première cuvée de prestige à Marie-Antoinette. « Je souhaitais une cuvée digne d’une reine », écrivait-il alors. Deux siècles plus tard, naît officiellement la cuvée « Rare » dont le tout premier millésime (1976) est révélé au monde à l’occasion d’une célébration en grande pompe – 54 plats, 1 700 invités 10 000 roses, rien que ça – organisée dans l’Orangerie, au château de Versailles. « À l’époque, la maison Rare était encore considérée comme la cuvée haut de gamme du champagne Piper-Heidsieck. Depuis 2018, elle est une marque à part entière », explique Maud Rabin.

Marque adoubée par l’acteur Ryan Gosling qui se délectait en janvier de la toute dernière cuvée de la maison, Rosé 2014, à l’occasion de la soirée du Festival International du Film de Santa Barbara. « J’aurais dû boire plus de champagne ! », a-t-il lancé en recevant un prix récompensant l’ensemble de sa carrière, faute d’avoir préparé un discours. D’après Maud Rabin, il y a très fort à parier que les notes tropicales des cuvées Rare, évoquant tantôt le kiwi, tantôt l’ananas, auraient aussi plu à Marie-Antoinette. « Pour elle, les fruits exotiques étaient le nec plus ultra. On en voyait jusque sur ses papiers peints ! », confie la directrice de la maison, parfaitement au fait des goûts de la reine.

Quatorze millésimes en presque cinquante ans

Du flaconnage exceptionnel à l’histoire multi-centenaire en passant par les collaborations artistiques, Rare Champagne s’attache à cultiver sa différence. Soucieuse de bien porter son nom, la marque jusqu’au-boutiste ne sélectionne que des années singulières et atypiques, ce quitte à ne proposer que quatorze millésimes en presque cinquante ans. Ainsi, le millésime 2013 est-il né d’une météo capricieuse ayant repoussé les vendanges au mois d’octobre, le millésime 1985 est issu d’une gelée noire et le millésime 1976 est le fruit d’une année de grande sécheresse.

Depuis 2022, le travail d’assemblage revient à Emilien Boutillat, chef de caves pour Piper-Heidsieck puis pour Rare, nommé l’an dernier Sparkling Winemaker of the Year par l’International Wine Challenge. Le trentenaire casse les codes de sa profession en créant des assemblages privilégiant le chardonnay (60 à 70%) de la montagne de Reims – plutôt connue pour ses pinots noirs – tout en respectant les exigences de la certification B Corp, laquelle évalue l’impact social en environnemental des marques. Une approche responsable de la viticulture qui intervient à chaque étape : du taillage au liage de la vigne en passant par la récolte une fois le raisin à maturité. Fait assez Rare pour être souligné…

Une bouteille ornée par William Armor.
Une bouteille ornée par William Armor. Marco Strullu

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.


Site internet de Rare Champagne


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