François-Xavier Bellamy stagne dans les sondages d’intentions de vote autour du score de sa propre liste en 2019 : 8,5 %. Rien n’y fait. Ni ses déplacements et ceux de ses colistiers, ni les débats où il joue la carte de la double opposition sérieuse, en France à Emmanuel Macron, au sein de l’Union européenne à Ursula von der Leyen, la présidente sortante de la Commission pourtant issue de son groupe politique au Parlement européen. « La droite qui bosse », « la France qui bosse », déclinent ainsi ses clips de campagne.

Afin de relancer celle-ci, François-Xavier Bellamy a présenté mardi 14 mai son projet. Le défi : trouver des marqueurs programmatiques afin de desserrer la tenaille constituée, d’un côté, par le centre macroniste, de l’autre, par les extrêmes droites lepéniste et zemmourienne. L’étrange débat prévu le 23 mai entre Gabriel Attal, le premier ministre, et Jordan Bardella, tête de liste et président du Rassemblement national, accentue encore sa difficulté à élargir son électorat.

Statu quo institutionnel

La nature de la construction européenne a longtemps été un facteur de division, entre le fédéralisme des démocrates-chrétiens et le souverainisme des gaullistes. L’Union européenne est actuellement dans un entre-deux qui convient à la droite française, depuis que les néogaullistes ont accepté une dose de supranationalisme. Bref, ni retour en arrière ni bond en avant, ni élargissement ni approfondissement. C’est une première ligne d’attaque de François-Xavier Bellamy : l’opposition à tout « impôt européen » et à toute extension des domaines où les décisions se prennent au Conseil à la majorité qualifiée, et non à l’unanimité.

Le 22 novembre 2023, le Parlement européen a voté une résolution tendant à réviser les traités dans ce sens. Valérie Hayer (Renaissance) et Raphaël Glucksmann (Place publique-PS) ont voté pour. François-Xavier Bellamy a voté contre. Il n’est pas le seul : Jordan Bardella a aussi voté contre. Mais le statu quo institutionnel de LR s’oppose tout autant à la révision des traités voulue par le RN, dans un sens inverse. L’extrême droite souhaite en effet en conserver les coopérations intergouvernementales et en retirer tous les éléments supranationaux, à l’exception notable de la monnaie unique.

Ni Pacte asile et immigration ni Pacte vert

Les programmes de François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella convergent en revanche sur un sujet phare pour la droite et l’extrême droite : l’immigration. Les deux têtes de liste défendent le même programme qu’en 2019 : une « double frontière ». La libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen est considérée comme un des grands « acquis » communautaires. Autrement dit, un principe en théorie non négociable. En dernier recours, en cas de menace grave, un État peut néanmoins rétablir les contrôles à ses frontières nationales. François-Xavier Bellamy souhaite élargir cette possibilité au-delà de situations exceptionnelles.

Nouvelle divergence avec le centre et convergence avec l’extrême droite : le 10 avril 2024, il a voté contre l’ensemble du Pacte asile et immigration. Un de ses volets lui convenait : le filtrage des migrants aux frontières de l’Union européenne. Même s’il entend aller plus loin, notamment en renforçant Frontex et en conditionnant toute aide au développement ou délivrance de visas au retour des immigrés illégaux. Mais François-Xavier Bellamy s’est opposé à un autre volet, érigé en deuxième ligne d’attaque contre les macronistes : le choix pour les États entre accueillir des migrants ou verser une « solidarité » financière. À l’échelle de l’UE, cette mesure avait été adoptée à la majorité qualifiée malgré l’opposition de deux gouvernements, ceux de Hongrie et de Pologne.

Enfin, le programme des Républicains devrait contenir une troisième ligne d’attaque contre Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen : le Pacte vert. François-Xavier Bellamy qualifie celui-ci de « projet de décroissance alimentaire » et l’oppose à son ambition de réindustrialisation et de relocalisation des productions, avec la proposition d’un « moratoire » sur les normes européennes. Le 27 février 2024, il a donc voté contre le règlement sur la restauration de la nature, approuvé par la macroniste Valérie Hayer et l’ensemble des têtes de liste de gauche. Comme souvent au Parlement européen, les majorités se font et se défont selon les thématiques et non selon des clivages préétablis.

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Plus de défense, moins de fonctionnaires

« L’Europe doit se réarmer », affirme le programme LR, à l’aune de la guerre en Ukraine. La droite propose que chaque État membre consacre au moins 3 % de son PIB par an à l’Otan, mais aussi une formation de deux mois afin de « préparer les jeunes Européens à la défense de leur pays ».

LR entend réduire de 25 % les effectifs de la fonction publique européenne. « Il y a toujours moins de normes quand il y a moins de fonctionnaires. »

« La France doit retrouver un rôle moteur, être capable d’impulser les changements dont l’UE a besoin plutôt que d’accepter la dérive technocratique actuelle », affirme le programme de la liste de François-Xavier Bellamy, qui considère que « l’Europe n’est pas et ne peut pas être la solution à tous nos problèmes ».

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