D’Isabelle Adjani à Roschdy Zem, depuis les débuts du cinéma parlant et l’époque où les acteurs se limitaient à un pseudonyme (Andrex…) dans l’ère post-#MeToo (l’acteur Depardieu est loué, même si pour l’homme, “nettement moins fréquentable”, “le désenchantement est total”), on couvre donc un siècle de cinéma « francophone », en quelque 300 portraits peints en trois pages maximum. On y retrouve des légendes (Arletty, Gabin, Bourvil), des monstres sacrés (Delon, Depardieu), des stars (Bardot, Deneuve, Cotillard) ou encore des deuxième et troisième rôles célèbres (Noël Roquevert, Pierre Larquey).
Les oubliés, les invisibles
Il y a aussi des oubliés, sauf par la mémoire cinéphile comme Harry Baur, acteur juif décédé à l’âge de 63 ans, en 1943, dans des circonstances encore inconnues (“on craint qu’il ne s’agisse pas d’une mort naturelle”) ou Florelle, issue du music-hall, dont on comprend entre les lignes que l’épuration sonna le glas de la carrière, après la guerre. Habib Benglia aussi, »Noir en service » d’un cinéma français sans visage noir ni ségrégués comme aux Etats-Unis mais longtemps avec une diversité discriminatoire. Hafsia Herzi, Reda Kateb, Omar Sy, entre autres, sont là pour rappeler que cette époque est révolue.
Éclectique
La sélection est éclectique. Christian Clavier côtoie Maurice Chevalier et Aurore Clément. Miracle alphabétique : Bacri, Baer, Balasko, Balibar se succèdent dans une belle séquence. Nous approfondirons, par curiosité, les textes sur ses interprètes préférés ou, à l’inverse, sur des interprètes méconnus ou oubliés. La majorité ravive des souvenirs, extrait telle ou telle scène de la mémoire, même par omission.
Et puis, comme le rappellent les auteurs, «tout le monde n’a pas la chance d’être belge”. “Virginie Efira, oui ! ils s’enthousiasment. Ainsi qu’Emilie Dequenne, Cécile de France, François Damiens, Benoît Poelvoorde et Yolande Moreau. Une absence notable dans l’anthologie, à nos yeux : Bouli Lanners, ex-César 2023 et largement oublié de ces derniers aime… Et si le plus grand acteur français de sa génération était originaire de Moresnet ?
⇒ À nos amours | Gilles Jacob, Marie Colmant et Gérard Lefort | Calmann-Lévy, 700 pp., 25,90 €, numérique 18 €
