J’ai vu qu’un match de gala, c’est aussi les proches des acteurs qui arrivent, y participent. Avec Emilie Trimoreau, épouse de Marie-Christine Terroni, reconnue au hasard d’un coin de rue, venue une heure et demi avant, avec ses deux enfants, se baigner dans cette histoire qui lui appartient autrement.

Avoir l’humilité de répondre avec le sourire à une question de mon fils, brûlante, la sollicitant sur ses capes internationales, s’excusant ensuite, pour me dire, surpris, dans le creux de l’oreille, « elle est petite ! » Lui répondre, « c’est vrai, mais elle était super forte sur le couloir droit ! » pour finir par penser que ces joueuses de cette époque, ont tiré le maximum de ce qu’elles étaient. La rencontre d’une exigence avec le sport plus que celle d’un métier qui n’existait pas.

J’ai vu une organisation du Paris SG, pour acheter trois billets, proches de celui du monde des fonctionnaires. Un agent à droite, un autre à gauche. Des guichetiers installés depuis longtemps au guichet, royaux, et juste à attendre l’ordre l’ordre de 19h30, et pas 29 ou 28. 19h30 et pas plus, ni moins.

Une scène à la Tati. Ordonnée, décalée.

J’ai vu un public acquis au Paris SG. Qui se lève et chante aussi facilement qu’ils utilisent leur pass navigo pour prendre les tourniquets de la RATP. Naturellement. Venant au Parc pour vivre cette expérience. « Tu es allé au Parc, et tu as chanté ! ». Les yeux brillants de plaisirs à la mémoire de ce moment passé.

J’ai vu les combats des joueuses et leurs performances. Marie-Antoinette Katoto, habituellement finisseuse d’une action, et là, décidée à jouer la carte vainqueur de la buteuse. A la manière d’un Kylian M’Bappé, sentant le trou, l’espace, et déclenchant à une vitesse bien supérieure aux autres, ces intentions. Tir sur le poteau, tir trop enlevé, tête dans les filets.

Si le sport est inspiration, alors il faut amener les filles voir jouer Tabitha Chawinga. La meilleure joueuses de la saison 2024 et première buteuse du championnat.

J’ai vu, la tête baissée de Tabitha Chawinga, forte d’une couverture incroyable de sa balle, empêchant Julie Soyer à lui donner le moindre espoir de récupérer ce ballon. Pour dans l’instant, d’un coup de rein, se retourner et se lancer en direction des buts de Chiamaka Nnadozie, ne se sentant respirer, qu’en allant bride abattue, vers cette surface de réparation adverse ! Comme un poisson cherche l’eau, pour avoir son oxygène.

J’ai vu Jackie Groenen, s’enrouler autour de Gaetane Thiney. Comme un boa sur sa proie. L’expérimentée parisienne se libérant d’un bras ou d’une jambe, pour se voir attraper de l’épaule, de la tête, d’une jambe ou d’un pied de la néerlandaise. De quelque chose.

J’ai vu Martens, venue star au Paris Saint Germain, laissée à l’abandon dans un placard, vouloir jouer ce match comme on joue un match international. Ne pas se préoccuper du second but parisien sur lequel elle est appliquée à revenir comme impliquée ; pour relancer le jeu, s’activer et imposer sa confiance à une Sakina Karchaoui, qui se refusait de lui donner un ballon, après cette nouvelle mène du Paris FC (1-2, 56′ but de Corboz).

Il y a James Bond. En football féminin, il y a Sakina Karchaoui. Déguisée en arrière latérale gauche et que tu retrouves sur tous les flancs de l’attaque.

J’ai vu Sakina Karchoui, se glisser comme une anguille dans le jeu de la défense du Paris FC, sachant à l’avance que ses co-équipières lui donneront ce ballon de remise, pour qu’avec ces petits appuis, elle déstabilise l’adversaire et donne une diagonale en retrait.

Mon fils, répétant : « mais c’est qui ? c’est qui ? »

J’ai vu une Clara Mateo qui a laissé son intelligence au vestiaire et dans son poste d’Ingénieur chez Arkema. Montrant qu’on ne peut pas avoir les deux. Laissant son corps s’exprimer, lui donnant le bonheur d’un but contré sur Kiedrzynek (0-1, 36′) ; pour revenir tête baissée d’autres fois, sachant très bien, qu’elle avait laissé Sakina Karchaoui, bien trop décrochée dans son couloir. Ouvrant une première brèche, qui a donné l’opportunité d’un but, logiquement refusé par la VAR.

J’ai vu Korosec, la milieue défensif du Paris FC, ne pas réussir à se mettre dans les intentions d’une victoire, se déplaçant sans soulager sa défense dans les dix premières minutes de la rencontre. Obligeant la jeune Lou Bogaert à remiser, puis remiser derrière. Pour ensuite, sortir trois tacles défensifs de la meilleure facture et dans la foulée, finir par un tir du gauche cadré, tout juste après l’ouverture du Paris FC.

J’ai vu le superbe appel de Corboz, partir vingt mètres plus tôt, doublant sa vitesse pour offrir une solution inespérée à Dufour, de la servir dans la surface, coursée par Martens qui avait senti le danger, et permettre au Paris Fc de reprendre la tête de ce match (1-2).

Louna Ribadeira, une montagne d’envie. De forces, d’impacts. La jeune parisienne a joué du Hrubesh des très grands moments allemands. La force, non pas tranquille, mais puissante. Future qualifiée pour les Jeux Olympiques en judo, tournant autour de D’Almeida, joueuse dure au contact mais qui s’est nettement améliorée à vouloir toucher, du bout du pied, dans la course de l’attaquante, ce ballon, pour qu’il s’échappe des intentions adverses.

On a cherché longtemps le replay du double arrête de la gardienne parisienne. Au stade, l’écran se fige sur l’attente des joueuses. Mais rien de l’exploit si ce n’est le silence du Parc, voyant par deux fois, le but vainqueur. Refusé par la gardienne parisienne, incroyable, de talents. Meilleure joueuse de la rencontre.

J’ai vu la qualité des entrantes au Paris FC (Bourdieu, Fleury, Bussy, Le Mouël). Le risque pris par Sandrine Soubeyrand, de changer toute sa ligne d’attaque, et de voir Mathilde Bourdieu offrir la balle du (2-3) à une minute de la fin à la jeune Kessy qui aurait marquée, si Kiedrzynek, auteure de deux ratés, championne polonaise de son état, propriétaire du cœur du PSG, n’avait pas voulu relever la tête et faire sa performance, l’arrêtant pleine mains. Avec sécurité.

J’ai vu une équipe du Paris Saint Germain dominatrice. Plus forte, à l’image d’une Grace Geyoro, continuellement présente et d’une défense centrale, De Almeida et Gaetino, rarement inquiétées face à un Paris FC, qui a surtout évité de rêver, construisant son travail au fil du temps et des minutes, sollicitant Gaetane Thiney, utilisant ses opportunités et ne perdant la rencontre, que sur ce qui fait un détail : un arrêt dans la séance des tirs au but.

J’ai vu mon fils et sa femme heureux d’avoir découvert du football féminin de haut niveau et d’avoir partagé un super repas marocain avant.

Je pense que les joueuses du Paris FC se souviendront de cette rencontre. Elles n’ont pas été loin mais logiquement, elles ne pouvaient pas faire mieux. Elles ont tiré le maximum de ce qu’elles pouvaient produire. Le Paris Saint Germain a un groupe et la personnalité, franche et humaine, du jeune Prêcheur, en est la signature. Humainement, les filles font ce que le football ne leur donne pas.

Entre les deux clubs, c’est la différence entre la professionnalisation et le part-time. Au plus haut niveau, tu ne peux pas avoir les deux. Ou rarement et encore plus rarement, quand tu as seize joueuses sur un match.

C’est évident maintenant. Le champ tactique est flagrant. Les allemands de Dortmund nous ont montré que c’est dans ce domaine que se crée la différence et pas ailleurs.

Le Paris SG rencontrera l’Olympique Lyonnais, vainqueur (6-0) du Stade de Reims qui s’opposera au Paris FC.

source footofeminin

Demi-finale
Samedi 11 mai 2024 – 21h00 (Canal+ Foot)
PARIS SAINT-GERMAIN – PARIS FC : 2-2 (0-1) puis 5 tirs au but à 4
Paris (Parc des Princes) – 5 971 spectateurs
Temps dégagé (21°C) – Terrain excellent
Arbitres : Audrey Gerbel assistée de Camille Comba et Siham Boudina. 4e arbitre : Céline Jeannot
Arbitres VAR : Wilfried Bien assisté de Victoria Beyer

Buts
0-1 Clara MATÉO 36′ (Passe en retrait de Le Guilly pour Kiedrzynek qui effectue un contrôle trop long devant son but et Matéo tend son pied droit pour reprendre aux 5,5m)
1-1 Grace GEYORO 52′ s.p. (Faute de Soyer sur Karchaoui. Geyoro ouvre son pied droit sur le penalty et prend Nnadozie à contre-pied)
1-2 Daphné CORBOZ 56′ (Thiney remonte le ballon dans l’axe et sert Dufour sur le côté gauche qui temporise pour centrer sur Corboz qui s’emmène le ballon en entrant dans la surface puis du droit à 6 m bat Kiedrzynek au premier poteau)
2-2 Marie-Antoinette KATOTO 71′ (Baltimore côté droit à 20 m délivre un centre rentrant du gauche qui rebondit au 2e poteau où Ould Hocine ne peut intervenir et Katoto de la tête à 3 m pousse le ballon dans le but)

Avertissements : Jackie Groenen 74′ pour le PSG ; Louna Ribadeira 54′ pour le Paris FC

Tirs au but : Gréboval (0-1), Karchaoui (1-1), Bourdieu (arrêté), Katoto (2-1), Thiney (2-2), Baltimore (3-2), Le Mouël (3-3), Martens-van Leer (4-3), Sissoko (4-4), Geyoro (5-4)

PSG
1-Katarzyna Kiedrzynek ; 2-Thiniba Samoura (11-Lieke Martens-van Leer 46′), 19-Eva Gaetino, 5-Élisa De Almeida ; 28-Jade Le Guilly (33-Tara Elimbi-Gilbert 65′), 8-Grace Geyoro (cap.), 21-Sandy Baltimore, 14-Jackie Groenen (24-Korbin Albert 88′), 7-Sakina Karchaoui ; 9-Marie-Antoinette Katoto, 22-Tabitha Chawinga. Entr.: Jocelyn Prêcheur
Non utilisées : 16-Constance Picaud (G), 15-Clara Hunt, 18-Laurina Fazer, 20-Amalie Vangsgaard

Paris FC
16-Chiamaka Nnadozie ; 27-Julie Soyer, 2-Célina Ould Hocine (23-Teninsoun Sissoko 75′), 19-Théa Gréboval, 3-Lou Bogaert ; 4-Kaja Korosec, 8-Daphné Corboz (15-Margaux Le Mouël 75′) ; 10-Clara Matéo (22-Kessya Bussy 75′), 17-Gaëtane Thiney (cap.), 11-Julie Dufour (7-Louise Fleury 80′) ; 20-Louna Ribadeira (9-Mathilde Bourdieu 82′). Entr.: Sandrine Soubeyrand
Non utilisées : 1-Inès Marques (G), 18-Melween N’Dongala