Nouvelle-Calédonie - "J'ai peur" : le témoignage d'un Sarthois à Nouméa qui décrit des "violences effroyables"
Une semaine après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, Yann Duna, un Sarthois vivant sur l'archipel depuis 15 ans, a été contraint pour sa sécurité de quitter son logement à Nouméa. Il décrit des "violences effroyables" et une "situation catastrophique".
Depuis une semaine, la Nouvelle-Calédonie est à feu et à sang. Sept jours d'émeutes, six morts, des centaines de blessés, et des dégâts matériels colossaux. "La situation est catastrophique. Tout est détruit", décrit Yann Dunas, un Sarthois originaire de La Ferté-Bernard installé sur l'archipel depuis 15 ans et localisé par nos confrères du Maine Libre. Contacté par France Bleu Maine, il se dit aujourd'hui "très fatigué". Arrivé en 2009 à Nouméa à l'âge de 24 ans, cet ancien pompier n'imaginait pas un tel scénario. "J'ai découvert ces tensions politiques lors de mes premières années de présence en Nouvelle-Calédonie, mais je n'aurais jamais pensé qu'on puisse arriver à un tel degré de violence et de haine. Tout le monde est surpris."
Frappé et contraint de quitter son logement
Frappé par un émeutier devant son logement au troisième jour du conflit, il est resté cloitré chez lui avant de se résoudre à s'en aller samedi 18 mai, "parce que ça devenait trop chaud. Je ne me sentais plus en sécurité et dès que j'ai pu, je suis allé me réfugier chez des amis". Mais les réserves alimentaires s'amenuisent. Les rayons des commerces sont vides. "Huit magasins sur dix ont été pillés et incendiés. La solidarité est très active, tout le monde s'aide quelles que soient les ethnies, mais on va avoir un gros problèmes au niveau de l'alimentation."
Pas d'accès aux soins
Le trentenaire redoute désormais une crise sanitaire. "Les gens en métropole doivent prendre conscience à quel point la situation est dramatique ici. Cela fait sept jours qu'on ne peut pas aller à l'hôpital. On a été obligé de créer un poste médical avancé en centre-ville pour faire accoucher les femmes. On a des gens qui sont en train de mourir parce qu'ils ne peuvent pas être dialysés. C'est une catastrophe."
Responsable maitre nageur depuis quatre ans dans un centre aquatique, Yann Dunas a vu aussi disparaitre son outil de travail. "La piscine a brulé. Les locaux, la caisse, les vestiaires, tout a brulé." Lui qui se sent Calédonien après avoir passé quasiment la moitié de sa vie sur l'archipel ne sait pas s'il y restera. Impossible actuellement de se projeter au-delà du jour d'après. "La priorité, explique-t-il, c'est notre sécurité corporelle. Je suis quelqu'un de résiliant, je m'entends très bien avec les populations locales, mais aujourd'hui j'ai peur."
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