La question du jour. Redoutez-vous un effondrement des troupes ukrainiennes face aux Russes ?
À lire
  • Vous devez vous connecter pour afficher vos articles sauvegardés

La question du jour. Redoutez-vous un effondrement des troupes ukrainiennes face aux Russes ?

Le nouvel assaut russe en Ukraine pourrait être la première vague d’une offensive plus large, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Écouter cet article

06:33
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky. | PHOTO AFP
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky. | PHOTO AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé vendredi, dans un entretien exclusif à l’AFP, que le nouvel assaut russe contre la région de Kharkiv, pourrait être la première vague d’une offensive plus large touchant l’Est et le Nord.

Malgré le  risque  de percées russes face à une armée ukrainienne affaiblie par des pertes et le manque d’armement, l’Ukraine va continuer de se battre, a-t-il assuré, dans son premier entretien avec un média étranger depuis le début de l’offensive russe contre la région de Kharkiv (nord-est).

Il a aussi estimé que la Russie n’avait pas les forces pour lancer une offensive terrestre contre Kiev, la capitale.

Si les troupes russes ont fait des avancées dans la région de Kharkiv après avoir franchi par surprise la frontière à l’aube du 10 mai, la situation dans ce secteur est aujourd’hui meilleure pour l’Ukraine, a assuré le chef de l’État.

Vêtu d’un T-shirt et d’un pantalon traditionnel de style militaire contrastant avec l’intérieur pompeux de l’administration présidentielle, M. Zelensky, regard vif et petite barbe, ne semble avoir rien perdu de sa combativité après plus de deux ans d’invasion et alors que Moscou engrange ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

S’agissant de pourparlers, avant la conférence sur l’Ukraine prévue mi-juin en Suisse, le président Zelensky a appelé l’Occident à ne pas seulement vouloir mettre fin à la guerre avec la Russie, mais à chercher une  paix juste  pour son pays.

 Nous voulons que la guerre se termine par une paix juste pour nous , a-t-il dit,  et l’Occident veut juste que la guerre s’arrête, aussi vite que possible .

En outre, le déploiement de nouvelles livraisons d’armes occidentales pourrait prendre encore des mois durant lesquels il y a un risque de  percées  russes dans certains secteurs, a déclaré M. Zelensky.

Mais  personne ne va abandonner (le combat en Ukraine). Je suis sûr que, quelles que soient les difficultés rencontrées et les percées réalisées, il n’y aura toujours pas de percée globale , a soutenu le chef de l’État.

 Leurs plans sont clairs pour nous, ils sont clairs pour le commandement militaire. Je pense donc que nous allons nous débrouiller d’une manière ou d’une autre , a-t-il dit.

Avec l’offensive de Kharkiv, les troupes russes  ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça, c’est leur première vague. Mais la situation est sous contrôle après cette première vague , a assuré M. Zelensky.

 Ils sont à 5-10 km maximum de la frontière, on les a stoppés […] je ne dirai pas que c’est un grand succès (russe), mais on doit être sobre et admettre que ce sont eux, pas nous, qui s’enfoncent dans notre territoire. C’est leur avantage , a-t-il constaté.

L’Ukraine a besoin de 120 à 130 avions F16

Selon lui, la situation n’est pas encore  stabilisée .  Néanmoins, la situation est sous contrôle, et meilleure que le premier jour  de l’offensive grâce aux renforts déployés, a-t-il dit.

La Russie veut attaquer la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front, a estimé le président. Il a toutefois assuré que la bataille pour la cité, s’il y avait, serait rude pour l’armée russe.

 Ils le veulent, ils veulent attaquer, mais ils comprennent que c’est très difficile , a-t-il dit,  ils comprennent qu’on a des forces et qu’elles combattront longtemps .

 S’ils sentent une faiblesse dans cette direction, ils pousseront , a mis en garde M. Zelensky, mais si les troupes ukrainiennes arrivent à arrêter celles de la Russie, elle renoncera.  Ils ne vont pas mourir par millions, selon moi, pour avoir Kharkiv .

Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l’intention de l’attaquer  pour l’instant . Selon lui, l’assaut russe vise à créer une zone tampon censée empêcher les frappes ukrainiennes en territoire frontalier russe.

Il s’agit désormais pour l’Ukraine et ses alliés occidentaux de faire preuve de résilience, a insisté pour sa part le président Zelensky réclamant donc deux systèmes antiaériens Patriot pour défendre le ciel de la région et les soldats ukrainiens qui la protègent.

Au total, l’Ukraine n’a qu’un quart des systèmes de défense antiaérienne dont elle a besoin et nécessite au total 120 à 130 avions de combat F16 pour mettre fin à la domination de la Russie dans les airs, a déclaré le chef de l’État.

Après les importants retards de livraisons d’aide militaire américaine et européenne, M. Zelensky a estimé que l’Occident avait  peur  aussi bien d’une défaite russe que d’une défaite ukrainienne.

 Nous nous trouvons dans une situation absurde où l’Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et (en même temps) il ne veut pas que l’Ukraine la perde , a-t-il dit.

Il a aussi fustigé ses alliés qui lui interdisent d’utiliser les armes occidentales pour frapper le territoire russe, de crainte que ça ne pousse le Kremlin à une escalade.

 Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c’est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes (d’armements) situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n’en avons pas le droit , a-t-il dénoncé.

Remplir les réserves

Le président Zelensky a en outre reconnu que son armée manquait d’hommes et que cela affectait le moral des troupes, alors qu’une nouvelle loi sur la mobilisation est entrée en vigueur samedi pour regarnir les rangs des forces ukrainiennes.

 On doit remplir les réserves […] Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars (qui sont sur le front) puissent avoir des rotations normales. C’est comme ça que le moral s’améliorera , a-t-il dit.

Le chef de l’État a aussi indiqué avoir rejeté l’idée de  trêve  pendant la durée des Jeux olympiques de Paris en été que souhaitait le président français Emmanuel Macron.

 J’ai dit : Emmanuel, nous n’y croyons pas. Imaginons une seconde qu’il y ait un cessez-le-feu. D’abord, on ne fait pas confiance à Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, […] dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire , a raconté M. Zelensky, rejetant une  trêve qui ferait le jeu de l’ennemi .

Enfin, il a souhaité voir la Chine et des pays du Sud  impliqués  dans la conférence sur la paix en Ukraine, que la Suisse organise à la mi-juin.

 Des acteurs mondiaux  comme la Chine  ont une influence sur la Russie. Et plus nous aurons de pays de ce type de notre côté, du côté de la fin de la guerre, je dirais, plus la Russie devra compter avec cela , a relevé le président ukrainien.

logo App Storelogo Google Play

L’appli, l’info en temps réel !

Suivez l'actualité qui vous intéresse en ajoutant vos villes et thématiques favorites.

Ailleurs sur le Web Contenus Sponsorisés
fermer