Chiara Mastroianni et Fabrice Luchini sont les invités de Léa Salamé. Ils seront à l'affiche du film "Marcello Mio" réalisé par Christophe Honoré, en compétition officielle au 77ème Festival de Cannes, et en salles mardi prochain.
- Chiara Mastroianni Actrice
- Fabrice Luchini Comédien et acteur
Elle dit qu’il lui fait penser à un chien. « Il y a chez lui une telle vitalité, une espèce de gaieté, comme peuvent avoir souvent les êtres parfois profonds et parfois dépressifs. Il passe par des moments de pure exaltation et de mélancolie. Et une qualité, la loyauté, sans en avoir l’air. ». Et lui, dit d’elle qu’elle serait « un chien et un concept de Spinoza : un fond dépressif et une joie absolument hallucinante parce que pour en être là où elle est, avec le point de départ de sa vie, c'est qu'il y a une vitalité supérieure. »
Marcello Mio
Marcello Mio est l’histoire d'une femme qui s'appelle Chiara, une actrice qui est la fille de deux acteurs très connus, Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, et qui, à un moment de sa vie, où elle est perdue et ne va pas bien, décide qu'au lieu de continuer de vivre sa propre vie, décide de vivre celle de son père. Alors elle commence par s'habiller comme lui, par parler comme lui. Elle demande aux autres de l'appeler Marcello.
Tout le monde autour d'elle est sidéré, gêné, pense qu'elle est devenue complètement folle, que ce soit la réalisatrice avec qui elle doit tourner un film, Nicole Garcia, qui joue son propre rôle, que ce soit sa mère, Catherine Deneuve, que ce soit son ex-mari Benjamin Biolay, que ce soit son premier amour, Melvil Poupaud. Tout le monde la regarde de manière bizarre, sauf une personne : Fabrice Luchini, dans son propre rôle, qui, lui, l'encourage parce que son rêve, c'est de connaître Marcello Mastroianni.
Le film est une réflexion sur ce qu'est la famille, sur la place qu’on y tient, sur l'héritage, et sur le cinéma aussi
Quand Christophe Honoré est venu voir Chiara Mastroianni, elle s’est dit que : « L'idée était étonnante de sa part. Mais cela s'inscrivait dans la suite d'un travail au théâtre où on échange nos familles, et en quelque sorte, nos fantômes… On a une grande affection pour les fantômes. Je me suis dit qu’on avait la chance d’avoir établi un lien de confiance et je l’ai suivi. » Mais cela n’a pas été aussi si facile de convaincre Benjamin Biolay, Melvil Poupaud. Catherine Deneuve aurait dit « qu’il n'y avait rien de plus ennuyeux que de jouer soi-même. »
Un film sur le pardon
Fabrice Luchini évoque à la projection le propos du film : « Qui aurait le courage de sortir de la projection de son film en disant : « C’est une daube, c’est le pire film que je n’ai jamais vu ? » Mais là quand j’en sors, je me dis : « Putain, mais qu'est ce qui s'est passé ? » Et je pense à une merveilleuse phrase du "Voyage au bout de la nuit" où Céline, au moment où il était fréquentable et plutôt homme de gauche, il va alors en Amérique au cinéma et il dit la définition la plus sublime du cinéma. Et le film d'Honoré est à la hauteur de cette définition : « Alors les rêves montent dans la nuit pour aller s'embraser au mirage de la lumière qui bouge. On plonge en plein dans le pardon tiède. On aurait du mal à se laisser aller pour penser que le monde, peut-être, venait enfin de se convertir à l'indulgence. Et on y était soi presque déjà. » Dans l'horreur de l'agressivité qui règne aujourd'hui dans la monstruosité binaire qui nous envahit, nous sommes en face d'un film qui n'a rien à voir avec Deneuve, avec Mastroianni, mais qui nous met en contact avec un moment miraculeux, rare, unique, d'être réconcilié. »
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