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Test Blu-ray / Les Boys de la compagnie C, réalisé par Sidney J. Furie

LES BOYS DE LA COMPAGNIE C (The Boys in Company C) réalisé par Sidney J. Furie, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 12 avril 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stan Shaw, Andrew Stevens, James Canning, Michael Lembeck, Craig Wasson, Scott Hylands, James Whitmore Jr., Noble Willingham, R. Lee Ermey…

Scénario : Rick Natkin & Sidney J. Furie

Photographie : Godfrey A. Godar

Musique : Jaime Mendoza-Nava

Durée : 2h01

Année de sortie : 1978

LE FILM

1967. Cinq jeunes Marines, engagés volontaires, intègrent un camp militaire où ils seront formés, avant d’être envoyés au Vietnam. Ils découvrent alors l’horreur de la guerre et une plongée en enfer à laquelle personne ne les avait préparés…

Quand on parle de la guerre du Vietnam au cinéma, on pense immédiatement à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Platoon d’Oliver Stone, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, Rambo de Ted Kotcheff, Good Morning, Vietnam de Barry Levinson, Outrages de Brian De Palma et Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais avant cela, le cinéma hollywoodien s’était déjà intéressé à ce conflit, comme média de propagande à l’instar des Bérets verts The Green Berets, co-réalisé en 1968 par Ray Kellogg et John Wayne. Dix ans plus tard, Sidney J. Furie coécrit avec son complice Rick Natkin et réalise Les Boys de la compagnie C The Boys un Company C, film qui n’est sans doute pas passé à la postérité, mais qui demeure néanmoins important rétrospectivement, puisqu’il s’avère être la matrice de l’oeuvre susmentionnée de Stanley Kubrick. En effet, impossible de ne pas penser à Full Metal Jacket, pourtant sorti dix ans plus tard, surtout durant l’entraînement de la future unité de Marines (durant lequel apparaît le même R. Lee Ermey, légendaire sergent-instructeur Hartman, ici quasiment dans le même rôle), destinée à être envoyée au Vietnam où chaque membre servira essentiellement de chair à canon. Mais Sidney J. Furie ne s’intéresse pas seulement à la formation de ces soldats spéciaux, d’ailleurs, contrairement à Full Metal Jacket où cet acte dure quasiment la moitié du métrage celui-ci ne représente qu’un quart dans Les Boys de la compagnie C, le cinéaste désire montrer comment cela se passait réellement sur le terrain. Certes, comparer la virtuosité quasi-chirurgicale et symétrique de Stanley Kubrick au style plus passe-partout de Sidney J. Furie serait inutile. Toutefois, il serait fort dommage de ne pas réévaluer Les Boys de la compagnie C, qui au-delà de son côté précurseur, reste un formidable divertissement mené sans aucun temps mort.

En août 1967, un groupe de jeunes hommes arrivent pour une formation de recrue au Marine Corps Recruit Depot de San Diego. La formation est humiliante et brutale, conçue pour les amener à penser et à agir comme une équipe unifiée. Le sergent Loyce et le sergent d’état-major Aquilla ont recours à une suite d’entraînements extrêmes, de force brute et de leur propre expérience de combat pour enseigner aux recrues. Les compétences en leadership du dénommé Washington, afro-américain, s’épanouissent et il est promu guide de peloton. Après la formation des recrues, les cinq sont ensuite affectés à la même unité Marine FMF et expédiés au Vietnam. Alors que leur navire de transport accoste, un bombardement de l’artillerie ennemie commence. Pour ces personnages, le Vietnam est un chaos ahurissant d’incompétence bureaucratique, d’officiers insensibles préoccupés uniquement par le décompte mensuel des cadavres et de menace constante de mort. Le premier échange de tirs des Marines a lieu alors qu’ils transportent des « fournitures vitales » vers un avant-poste de l’armée. Ces fournitures se révèlent être des caisses de cigarettes, d’alcool et de meubles envoyées à un général pour son anniversaire, et deux hommes meurent dans les combats.

Pas vraiment de têtes connues dans Les Boys de la compagnie C, mais beaucoup de prétendants à la rubrique « Sa tronche me dit vaguement quelque chose, mais je ne sais pas comment il s’appelle ». C’est le cas de Stan Shaw (Rocky, Snake Eyes, L’Île aux pirates, Les Nuits de Harlem, Daylight), Scott Hylands (Tremblement de terre), James Whitmore Jr. (qui écumera toutes les séries dans les années 1980), Andrew Stevens (Le Justicier de minuit, Furie) et Craig Wasson (Le Toboggan de la mort, Georgia, Body Double, Les Griffes du cauchemar), ce dernier étant également à l’affiche la même année du MerdierGo Tell the Spartans de Ted Post. Ce manque de stars importe peu, car l’empathie s’en trouve renforcée pour les personnages, intelligemment présentés un par un en ouverture, lors de leur arrivée au camp d’entraînement, avant que les festivités commencent. Si certaines mauvaises langues ne rateront pas l’occasion d’évoquer son inénarrable Superman 4, L’Aigle de fer 1, 2 et 4 (pour le 3 il avait piscine), Sidney J. Furie est loin d’être un manchot, comme il avait déjà pu le prouver avec L’Homme de la Sierra (1966), Ipcress : Danger immédiat (1965) et comme il le prouvera encore une fois après avec le formidable L’Emprise The Entity (1982). Les Boys de la compagnie C fait assurément partie du haut du panier de son imposante (en nombre) filmographie et s’avère donc un chaînon manquant entre Full Metal Jacket et M*A*S*H de Robert Altman, qui propose une plongée non pas documentaire, mais très documentée sur le terrain, où des milliers de jeunes débarquaient sans vraiment comprendre ou même savoir pourquoi on les avait envoyés là-bas, avec peu d’espoir de revenir vivant de cette contrée lointaine où se jouaient des enjeux qui les dépassaient et ne les concernaient probablement.

Si le dernier acte, celui centré sur l’unité des Marines qui affronte une équipe locale de football est un peu plus légère et donc moins marquante, Les Boys de la compagnie C enchaîne tout de même les morceaux de bravoure et rend compte de l’enfer dans lequel étaient jetés les soldats. Ambitieuse production Raymond Chow (Big Boss, La Fureur de vaincre, bref tous les films avec Bruce Lee et bien d’autres), The Boys in Company C a donc été malheureusement éclipsé par les monuments cités en début de chronique et mérite assurément d’être réhabilité.

LE BLU-RAY

Quelques années après son édition HD du Merdier (en octobre 2017), Rimini Éditions se penche à nouveau sur la guerre du Vietnam en proposant un combo double DVD + Blu-ray des Boys de la compagnie C. Trois disques donc, glissés dans un boîtier Blu-ray classique, le tout reposant dans un fourreau cartonné au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.

Tout d’abord, nous trouvons un court-métrage intitulé Cockney, réalisé par Léonard Klein en 2019 (11’). On ne sait pas où ni comment Rimini a pu/su mettre la main sur ce film, toujours est-il qu’il s’inscrit logiquement dans cette édition, puisque l’action se situe en 1969, durant la guerre du Vietnam et tourne autour du pétage de plomb d’un reporter-photographe, paumé depuis bien trop longtemps sur le terrain (9 mois dans la jungle) où il est d’ailleurs accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi. D’après nos recherches, il s’agirait de la « maquette » d’un épisode d’un projet de mini-série intitulée The Forgotten Chronicles. Un film choc, étonnant, surprenant et surtout prometteur.

Pour le compte de Rimini Éditions, nos amis de Bubbelcom sont allés à la rencontre une fois de plus de Jean-Baptiste Thoret (26’). Évidemment, il est ici question de remise dans le contexte du film qui nous intéresse, dans le cinéma hollywoodien de la fin des années 1970, dont allaient émerger une salve de films centrés sur la guerre du Vietnam. Le critique, journaliste et historien du cinéma évoque les œuvres les plus célèbres sur ce sujet, tout en expliquant que leur renommée a quelque peu éclipsé Les Boys de la compagnie C. Les rapports entre la guerre du Vietnam et le cinéma américain (qui évoquait finalement souvent le retour des vétérans, mais en oubliant de montrer ce qui se passait sur le terrain), les partis pris et les intentions de Sidney J. Furie, les personnages, les réalisateurs ayant traité de ce thème (dont Oliver Stone, le seul de sa catégorie à avoir été sur le front) sont entre autres les points abordés au cours de cette intervention comme d’habitude aussi érudite que passionnante.

On retrouve Jean-Baptiste Thoret, accompagné cette fois par Samuel Blumenfeld (41’). Si le premier est vraisemblablement plus critique que le second sur le film de Sidney J. Furie, les deux experts se complètent parfaitement au cours de ce module, là aussi réalisé par l’équipe de Bubbelcom. En dehors d’une prise de son moyenne (surtout en ce qui concerne Samuel Blumenfeld) et d’un montage maladroit avec des fondus enchaînés qui ne servent à rien, le cinéphile en quête d’informations et d’analyses sur Les Boys de la compagnie C ne manqueront pas de visionner et surtout d’écouter ce que les deux compères ont à dire sur ce film. Ils reviennent ainsi tour à tour, ou en même temps (ce qui peut parfois poser problème) sur la carrière et la filmographie du réalisateur (Thoret va jusqu’à dire que « Les Boys de la compagnie C est l’archétype de la neutralité du style du metteur en scène […] l’arrivée à Hollywood de Furie va l’anesthésier […] sa carrière est globalement un désastre »), sur les rapports entre le cinéma américain et la guerre du Vietnam, les parallèles et les différences (« Kubrick a trouvé ici le brouillon qu’il avait envie de travailler » dit encore une fois Thoret) avec Full Metal Jacket (qui sort dix ans plus tard) et même avec The Story of G.I. Joe Les forçats de la gloire (1945) de William A. Wellman, ainsi que sur les intentions de Furie (« montrer que les jeunes soldats ne comprennent pas cette guerre où ils n’ont rien à y faire »).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en Haute Définition, Les Boys de la compagnie C fait son apparition en galette bleue chez Rimini Éditions. Ce Blu-ray est au format 1080p. Le master est de fort bonne facture. L’image est stable et bien nettoyée (des scories subsistent), les couleurs sont vives. Le cadre large est habilement exploité avec une profondeur de champ fort appréciable, un piqué aiguisé à souhait, des contrastes soignés. Hormis quelques plans flous et un grain parfois trop lissé, ce Blu-ray saura contenter les cinéphiles.

L’éditeur propose les versions anglaise et française. Cette dernière bénéficie d’un doublage réussi, le report des voix est un peu trop élevé (ou au contraire étouffé sur certaines scènes) et le rendu moins aéré que son homologue. Sur les deux pistes, les effets annexes sont ardents, surtout sur les séquences d’affrontements avec les rafales. Dynamiques et vives, les deux options acoustiques ne déçoivent pas.

Crédits images : © Rimini Éditions / Good Time Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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