La veille de l’annonce du confinement, François Thalaud ferme à clé la porte de son appartement montmartrois. Il referme aussi la porte sur trente ans de vie parisienne, de production audiovisuelle. La fin d’un chapitre de sa vie. Direction Esteil. 60 habitants. François n’a pas jeté une fléchette au hasard sur une carte de France. Il n’est pas né à Esteil, mais c’est ici qu’il a été conçu. Et où il est revenu pendant trente ans.
Léon Blum, papy et l'histoire de France
Il en devient d’ailleurs maire en 2020. Mais c’est une autre histoire. C’est d’ailleurs le problème avec François Thalaud : tirez un fil et vous ramenez toute la mercerie. Alors faisons simple. Arrivé à Esteil, le quinquagénaire trouve « le temps de s’asseoir » et de terminer ce livre commencé il y a près de dix ans. Dix ans, c’est bien le temps qu’il faut quand on s’attaque à de tels sujets. François Thalaud croise deux existences. Celle de Léon Blum de 1936 à 1946. Déjà de quoi charger quelques étagères de bibliothèque. Et puis, plus lourd encore, celle de son grand-père. Un secret de famille. Celui de la mort de sa grand-mère. « L’assassinat de ma grand-mère, le 1er janvier 1943, a priori par mon grand-père. » Il est des histoires de famille plus légères.
Une grand-mère assassinée
Pour l’auteur, tout part d’un livre trouvé par hasard sur une table des laissés-pour-compte (ces livres reçus dans les rédactions qu’aucun journaliste ne veut) sur le procès de Riom. « Un procès qui fait écho au crime de Riom. » Alors François plonge. Dans l’histoire de France « parce qu’on ne déconne pas avec Léon Blum » et dans son histoire personnelle. Celle de cet homme, son grand-père, meurtrier, puis interné à Sainte-Marie. « J’ai consulté son dossier, suffisamment riche pour reconstruire son histoire. Il a été blanchi contre un engagement au STO en Allemagne. » Un roman de la grande et de la petite histoire.
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Les féminicides et la violence sourde de la guerre sont dans pratiquement tous les journaux tous les jours. Recontextualiser permet de voir que l’histoire balbutie.
Deux livres en gestation
Un roman total, comme le football du même nom. Une écriture dont on ne doit pas ressortir indemne. François Thalaud parle facilement, comme ceux qui ont le verbe léger et la pensée profonde. Mais à cette question, il faut quelques secondes de silence. « Je sors grandi et libéré. C’est une catharsis. C’est un lavement intérieur. Un apaisement. »
Et deux autres livres sont en cours d’écriture. Sur quels sujets ? Vous vous en doutez, nous ne pourrons pas le dire ici en une phrase.
A lire : Destins croisés, de François Thalaud, éd. L'Harmattan
Simon Antony
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