L’arena d’Ostrava a fait le plein pour le choc de ce premier tour. Hasard du classement de l’édition 2023, les deux plus gros poissons s’affrontent en effet d’entrée, leurs effectifs peuplés de stars NHL.
La cuvée 2024 offre des alignements dignes d’un All-Star Game NHL, avec une pluie de trophées Norris dans la défense suédoise – Hedman, Karlsson, et peut-être à l’avenir l’héritier Dahlin – et de multiples attaquants américains spectaculaires – Tkachuk, Gaudreau, Zegras en tête…
Ce n’est pas une surprise d’assister à un début de match très lent et prudent, devant un public tchèque amorphe, parcouru de touches de maillots jaunes par rangs entiers, ainsi que de maillots slovaques – de nombreux supporters avaient acheté un pack « journée » et sont donc restés après le match de leur pays contre l’Allemagne.
Peu à peu, les États-Unis prennent le contrôle du palet, avec quelques séquences de possession en zone adverse dénuées de tirs cadrés. Le premier tir suédois revient à Eriksson Ek du cercle gauche, bien bloqué par Alex Lyon, et lance une bonne phase de la Tre Kronor. Deux minutes plus tard, alors qu’une pénalité différée est appelée, Joel Eriksson Ek reçoit le palet en haut des cercles. Le buteur du Wild du Minnesota pivote et profite de l’écran d’un défenseur pour surprendre Alex Lyon en hauteur (1-0).
Kevin Hayes tente de relancer son équipe avec un tir de la droite, sans réussite. La Suède maîtrise de plus en plus son sujet, sans fausse note. La défense ne laisse rien passer, gênant l’entrée en zone dès la neutre et écartant les joueurs adverses facilement. La relance, supérieure, facilite la transition vers l’avant. La différence d’expérience est nette, et les occasions arrivent de plus en plus. Linus Johansson, puis André Burakovsky chauffent ainsi Lyon. Les Américains s’en sortent bien, le portier enchainant avec un tir de l’aile de Brodin.
1-0 à la pause, ce n’est pas vraiment une grande surprise tant la Suède a géré des relances de qualité face à un échec-avant bien trop timide.
Le deuxième tiers commence mieux pour les Bleus qui trouvent le poteau dès le retour sur la glace, lors d’un beau travail de la ligne Nelson. Un élan qui ne dure pas : on joue depuis moins de quatre minutes lorsque Lucas Raymond est totalement oublié entre les cercles. Il n’a plus qu’à fusiller Lyon (2-0).
https://x.com/IIHFHockey/status/1789013381237649421
Et il faut un retour de la crosse de Sanderson pour priver la Suède d’une occasion en or suite à une relance ratée de Luke Hughes plein axe… Lyon doit ensuite sortir la mitaine devant Victor Hedman. La ligne Eriksson Ek poursuit son travail de démolition et passe tout près du troisième but. Il n’y a qu’une équipe sur la glace, l’autre cherchant encore ses marques sur cette patinoire plus grande qu’en NHL.
Pas grand chose offensivement pour les hommes de John Hynes, qui testent enfin Gustafsson après huit minutes sur une reprise dans l’axe de Hughes, monté aux avant-postes. L’occasion de revenir dans la partie survient peu après lors d’un retenir de Linus Johansson. Caufield, en bonne position, manque le cadre. Le petit attaquant de Montréal multiplie les tirs, suivi de Boldy, pour la meilleure séquence américaine du match. Insuffisante cependant…
La séquence a eu le mérite de redonner confiance à l’équipe. Boldy, au fond, remonte le palet et Seth Jones pivote pour passer dans son dos à son ancien coéquipier à Columbus Werenski. L’arrière a le champ libre et décoche un tir puissant, croisé, pour la réduction du score (2-1).
https://x.com/SEllisHockey/status/1789016067890651608
Le momentum a changé de camp. Hedman patauge et laisse filer Farabee dans son dos. Le joueur des Flyers a la solution de passe fermée et choisit le tir : Gustavsson laisse un rebond, dégagé in-extremis. Sanderson cherche ensuite une remise dans le slot, et le palet est sorti de justesse. Les sorties de zone sont bien meilleures : Jones envoie Boldy à droite, qui trouve appui sur Gaudreau, lequel glisse pour Nelson plein axe. L’attaquant des Islanders ne parvient pas à reprendre correctement, mais la défense suédoise avait laissé un trou béant.
Pourtant, les Américains vont se faire punir sur une rare attaque adverse. Lyon est bien lent sur son déplacement latéral, face à un deux-contre-deux simple après un revirement de Gaudreau. Pontus Holmberg écarte vers Marcus Johansson et le tir le long du poteau va trop vite (3-1). La défense a bien trop reculé sur cette action, laissant facilement entrer en zone les Suédois ; une longue passe de Pettersson a en effet piégé les attaquants sur un changement de ligne, et le duo Hughes-Sanderson n’a pas bien lu la situation.
Une bonne nouvelle pour la Suède, qui compte à nouveau deux buts d’avance à la pause, alors que les États-Unis ont montré un peu plus de qualité dans ce tiers médian.
Les Bleus montrent leurs muscles à la reprise, et décrochent des occasions. L’échec-avant permet en effet des récupérations dans le coin. Jeff Petry, bien libéré, voit le cadre se dérober, peu après un lancer en angle ferme de Caufield. La meilleure chance vient du tout jeune Will Smith : l’universitaire, pas aligné au premier tiers et présent seulement quatre fois au deuxième, récupère derrière la cage et trouve Pinto dans le slot, pour un arrêt difficile de Gustafsson. Cela continue avec une occasion de Luke Kunin, la vitesse augmentant. C’est donc sans grande surprise que Brock Nelson finit par trouver la faille sur ce temps fort, servi dans l’enclave par Gaudreau (3-2).
https://x.com/usahockey/status/1789027214836584525
L’intensité a augmenté de manière spectaculaire. Cela patine plus, plus vite, et les contacts sont plus appuyés. Tim Heed se fait alors punir pour retenir… La pression monte lorsque le palet se déplace si vite. Tkachuk, ligne de fond, tente d’attaquer la cage et le disque est sorti. La Suède parvient à écarter le danger et revient au complet.
Le danger n’est pas totalement écarté. Servi dans l’axe, Tkachuk s’arrache et, au sol, parvient quand même à lancer au but. Il reste huit minutes et les esprits s’échauffent au milieu de la glace. Les États-Unis poussent, insistent à l’échec-avant mais peinent à dégager des solutions de tir. Il y a toujours un Suédois pour contrer ou dévier un tir. Il ne reste que trois minutes lorsque Tkachuk se retrouve encore au cœur d’une échauffourée devant le but. Sur la présence suivante, Eriksson Ek est sanctionné d’une charge contre la bande et laisse son camp à un de moins !
Lyon sort pour jouer à 6 contre 4. Caufield, entre les cercles, ne cadre pas. Puis, les Américains cafouillent au fond et sont renvoyés dans leur camp. Ils gèrent mal la situation et la Suède renforce son avance cage vide (4-2), puis encore cage vide par Eriksson Ek (5-2).
Un match typique de début de Mondial, avec deux équipes encore en rodage. La glace d’Ostrava est d’une taille hybride, entre la taille européenne et la taille américaine, et ce sont les Européens qui, à l’expérience, l’ont mieux appréhendée. Pas de quoi paniquer pour les États-Unis, qui ont montré de meilleures choses au fil des minutes et seront à coup sûr bien mieux dans leur jeu au fil des jours.
Désignés joueurs du match : Zach Werenski (États-Unis) et Joel Eriksson Ek (Suède)
Suède – États-Unis 5-2 (1-0, 2-1, 2-1)
Vendredi 10 mai 2024, 20h20. Ostrava Arena, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Martin Fraňo et Jan Hribik (TCH) assistés de Jiří Ondráček et Josef Špůr (TCH).
Pénalités : Suède 6’ (0’, 2’, 4’), États-Unis 0’ (0’, 0’, 0’)
Tirs : Suède 38 (12, 14, 12), États-Unis 30 (7, 12, 11)
Récapitulatif du score
1-0 à 08’20’’ : Eriksson Ek assisté de Heed et M. Johansson
2-0 à 23’45’’ : Raymond assisté de Hedman et Eriksson Ek
2-1 à 32’32’’ : Werenski assisté de Jones et Boldy
3-1 à 36’39’’ : M. Johansson assisté de Holmberg et Pettersson
3-2 à 43’43’’ : Nelson assisté de Gaudreau et Vlasic
4-2 à 59’01’’ : Hedman assisté de Holmberg et Kempe (cage vide)
5-2 à 59’54’’: Eriksson Ek assisté de Frödén (cage vide)
Suède
Attaquants :
Adrien Kempe (-1) – Joel Eriksson Ek (2’, +1) – Lucas Raymond (A, -1)
André Burakovsky (+2) – Pontus Holmberg (+3) – Marcus Johansson (+2)
Fabian Zetterlund – Isac Lundeström (+1) – Victor Olofsson
Jesper Frödén (+1) – Linus Johansson (2’) – Carl Grundström (+1)
Défenseurs :
Erik Karlsson (C, +1) – Victor Hedman (A, +3)
Jonas Brodin (-1) – Rasmus Dahlin (-1)
Marcus Pettersson (+3) – Tim Heed (2’, +1)
Gardien :
Filip Gustavsson
Remplaçants : Samuel Ersson (G), Lukas Bengtsson (D), Marcus Sörensen (A). Réservistes : Jesper Wallstedt (G), Max Friberg, Felix Unger Sörum (A).
États-Unis
Attaquants :
Matt Boldy – Brock Nelson – Johnny Gaudreau
Trevor Zegras (-3) – Brady Tkachuk (C, -3) – Cole Caufield (-2)
Ryan Leonard – Shane Pinto (-1) – Joel Farabee
Luke Kunin (-1) – Kevin Hayes (-1) – Michael Eyssimont (-1)
Will Smith
Défenseurs :
Seth Jones (A) – Zach Werenski (A, -1)
Luke Hughes (-3) – Jake Sanderson (-2)
Jeff Petry – Alex Vlasic (+1)
Michael Kesselring
Gardien :
Alex Lyon
Remplaçant : Trey Augustine (G). Réservistes : Alex Nedeljkovic (G), Matthew Kessel (D)