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Décryptage

Gérald Darmanin évoque déjà son départ du ministère de l'Intérieur

Moins d'une semaine après la nomination du gouvernement de Gabriel Attal, Gérald Darmanin estime qu'après les Jeux Olympiques « un cycle au ministère de l'Intérieur sera atteint ».

A peine confirmé dans le gouvernement de Gabriel Attal, Gérald Darmanin évoque déjà l'après.
A peine confirmé dans le gouvernement de Gabriel Attal, Gérald Darmanin évoque déjà l'après. (Geoffroy Van der Hasselt/POOL/AFP)

Par Grégoire Poussielgue

Publié le 15 janv. 2024 à 18:58Mis à jour le 15 janv. 2024 à 19:06

Depuis sa nomination à Matignon il y a une semaine et l' annonce de son gouvernement dans la foulée , Gabriel Attal n'a de cesse d'afficher un ton offensif. Il veut un exécutif dans « l'action », des « résultats » et des ministres « engagés à 200 % ».

Mais il est un membre de son équipe resserrée qui se projette déjà dans l'étape d'après, anticipant même son départ du gouvernement et le prochain remaniement : Gérald Darmanin. « [Ma] mission est de réussir les Jeux Olympiques. Après, un cycle au ministère de l'Intérieur sera atteint », a lâché au « Figaro » le locataire de la place Beauvau. Ce lundi, il est allé en Seine-Saint-Denis pour un nouveau déplacement consacré à la sécurité des JO.

Un ministère usant

Après les Jeux Olympiques - du 26 juillet au 11 août - et les Jeux Paralympiques - du 28 août au 8 septembre - le ministre de l'Intérieur envisage clairement son départ du gouvernement. Il aura alors passé plus de quatre ans place Beauvau, un ministère usant - soit le plus long bail depuis Raymond Marcellin entre 1968 et 1974 (sous les présidences de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou - et sept ans et demi comme ministre des gouvernements d'Emmanuel Macron, où il avait commencé aux Comptes publics entre 2017 et 2020.

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A Beauvau, Gérald Darmanin a mené plusieurs projets de loi importants comme la loi contre le séparatisme (en 2021), une loi de programmation pour son ministère votée fin 2022 et la loi immigration , votée dans la douleur en décembre dernier et à l'origine des remous politiques du début de l'année.

Ses anciens camarades de LR et le Rassemblement national (RN) ne manquent jamais l'occasion de pointer un mauvais bilan en matière de lutte contre l'insécurité et sur l'immigration et critiquent un ministre qui ferait essentiellement de la communication.

« Rester maître de son destin »

Ce n'est pas la première fois qu'il évoque cette échéance, mais le faire à peine une semaine après l'annonce du nouveau gouvernement n'est pas anodin. Gérald Darmanin, qui visait Matignon en juillet dernier, affiche son indépendance et met en avant son calendrier personnel, au risque de brouiller le message que Gabriel Attal tente de construire pour son nouveau gouvernement.

« On pourrait comprendre que Gérald Darmanin n'ait pas apprécié la nomination de Gabriel Attal à Matignon. Donc il est normal qu'il affirme vouloir rester maître de son destin, qu'il ne veut pas mettre entre les mains d'un Premier ministre dont il pourrait contester la légitimité », analyse la politologue Chloé Morin.

Gérald Darmanin n'en est pas à son coup d'essai. Déjà, sous Elisabeth Borne, il s'affirmait. Après avoir fait sa rentrée politique personnelle dans son fief de Tourcoing en août dernier, il a lancé en novembre les « Rencontres de Beauvau » , pour échanger avec les élus locaux. Pour l'instant, il n'y a eu qu'une réunion, mais son cabinet en promet de prochaines.

Un « électrochoc fait pour gagner les européennes »

Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur évoque tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : le premier gouvernement Attal est un « électrochoc fait pour gagner les élections européennes » avec une capacité à se projeter au-delà limitée. « Ce gouvernement sera jugé sur les élections européennes du 9 juin », confirme un cadre de la majorité.

Pour l'instant, la majorité est loin d'une victoire. Selon un sondage Elabe paru dans « La Tribune Dimanche », la liste Renaissance-Modem-Horizons est à plus de 10 points derrière celle du RN menée par Jordan Bardella. Lors de ses voeux à la presse ce lundi, ce dernier a rappelé la nécessaire mobilisation de l'électorat RN pour ces élections, dont il veut faire le « rendez-vous avec la Nation » de l'année 2024.

De son côté, Renaissance doit trouver un accord avec ses partenaires pour trouver une nouvelle tête de liste après la nomination de Stéphane Séjourné au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Mais entre la loi immigration qui a fracturé la majorité, un nouveau gouvernement qui fait la part belle à la droite et la nomination surprise de Rachida Dati à la Culture sans oublier la polémique autour de la nouvelle ministre de l'Education, Amélie Oudéa-Castéra, la campagne ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

Grégoire Poussielgue

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