Louis Hachette

Louis Hachette naît le 5 mai 1800 à Rethel, dans les Ardennes. Sa famille, d'origine paysanne, s'établit à Paris. Sa mère est lingère au lycée Louis-le-Grand. Son fils peut donc s'y inscrire, à charge pour lui d'être un bon élève. C'est le cas. Il y côtoie Louis Quicherat et Émile Littré. En 1819, il est reçu troisième au concours d'entrée à l'École normale qui ne s'appellera supérieure qu'à l'occasion de son installation rue d'Ulm, en 1847. Là, il suit les cours de François Guizot, dont il partage les idées modérées. Sa carrière, dirigée vers l'enseignement, semble toute tracée quand, en 1822, le gouvernement ultra de Villèle supprime l'établissement, considéré comme un fief du libéralisme. Hachette commence alors des études de droit tout en devenant précepteur des deux enfants d'un grand notaire parisien.

En 1826, celui-ci le cautionne dans l'acquisition d'un brevet de libraire-éditeur. La toute modeste Librairie classique Hachette, qui s'installe dans le quartier des Écoles, se tourne vers la publication d'ouvrages d'instruction. Louis Hachette n'a pas oublié l'École normale et, d'ailleurs, nombre de ses anciens condisciples constituent autour de lui un premier noyau d'auteurs. La loi Guizot de 1833, qui généralise l'instruction publique primaire une école dans chaque commune, est une aubaine pour la jeune maison : 54 titres en 1833, 129 en 1843... Louis Hachette commence par remplir tous les compartiments de l'édition scolaire : manuels, dictionnaires, cahiers d'exercices et corrigés, guides du maître, etc. Alphabetet premier livre de lecture à l'usage des écoles primaires, qui paraît en 1833, est le premier manuel scolaire, vendu à plus de 500 000 exemplaires. Le premier manuel de lecture courante, Robinson dans son île, c'est encore Hachette. Ses relations lui permettent d'établir un monopole dans la commande des communes et des administrations. Mais l'entreprenant Hachette ne s'arrête pas là et crée notamment des collections : Bibliothèque des merveilles, Tour du monde, Bibliothèque rose. Qui dit collection dit directeur de collection. Le premier d'entre eux est Victor Duruy, futur ministre de l'Instruction publique.

Dès le Second Empire, Louis Hachette révolutionne le monde de l'édition

Lorsque commence le Second Empire, Louis Hachette est à la tête d'une vaste entreprise mais ce n'est là qu'un début. Ce capitaine d'industrie innove dans tous les domaines de l'édition, à commencer par la distribution. L'ouvrage placé d'office chez le libraire avec possibilité de retour si invendu, c'est lui. Le kiosque de gare, c'est lui encore. Il l'inaugure, en 1852, avec la Compagnie des chemins de fer du Nord. À vrai dire, il a copié l'idée chez les Britanniques. Du coup, l'éditeur ajoute à son catalogue les premiers guides de voyage et les éditions à bon marché, qui sont l'ancêtre du livre de poche. Le contrat d'auteur, la publicité et le service de presse, le livre illustré par Gustave Doré notamment, la standardisation du livre format, papier, c'est encore Hachette. Au demeurant, comme patron, il impose à ses employés de très dures conditions de travail. L'homme n'est pas non plus très ouvert à la littérature de son époque, ignorant Hugo ou Daudet et ne daignant pas répondre à une proposition de direction de collection de l'un de ses employés, un certain Émile Zola.

Lorsque Louis Hachette décède, en 1864 sa tombe est au cimetière du Montparnasse, son entreprise d'édition est devenue un empire. La maison Hachette, durablement installée au 77, boulevard Saint-Germain, ne va plus cesser de prospérer, au point d'être surnommée : « la Pieuvre verte ». Pourquoi verte ? Par référence à sa collection la plus prestigieuse, créée en 1924 : la Bibliothèque verte. Vinrent après la guerre les albums Walt Disney, Tarzan, etc., puis, au milieu des années 1950, les séries Le Club des cinq. Aujourd'hui, Hachette Livre est le premier groupe d'édition français et le premier distributeur.