Le temps retrouvé - Anthony Delon et Alyson
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Le temps retrouvé - Anthony Delon et Alyson

Samedi 1er août, sur le ponton de Harbour Island, près d'Eleuthera.
Samedi 1er août, sur le ponton de Harbour Island, près d'Eleuthera. © Sébastien Micke
Mimi Marchand

Il n'y a pas d‘azur plus pur que les yeux du père et de la fille enfin réunis. Une identité totale. Née d'une brève histoire - Antony avait 22 ans- Alyson a grandi sans lui. Installée à Los Angeles après un détour par Londres, elle ne pouvait pas ne pas être remarquée par une agence de mannequins ! Depuis ses 21 ans, elle accumule les couvertures de magazine mais le succès ne pouvait la combler, elle voulait son père. Pourtant, dix ans après un test de paternité concluant, Alyson porte l'affaire devant les tribunaux. Anthony développe un autre argument, celui de la tendresse. Depuis, ce sont deux cœurs qui battent en harmonie. Anthony, très complice, apprécie : "Alyson est une fille sensible, nature et franche."

«La petite a besoin de toi…» Il aura suffi de ces mots prononcés par un ami pour que les reproches soient oubliés. On ne refait pas Anthony Delon . «Je me suis dit que c'était mon devoir d'homme d'être là. Plus je vieillis et plus je me sens contraint de faire ce qui me semble juste», résume Anthony, 50 ans, en une maxime personnelle qui rend bien compte d'une ­sérénité chèrement conquise. «Avec le temps, ajoute-t-il, l'idée selon laquelle il n'y aurait que deux catégories de gens se confirme ­– ceux qui démissionnent et ceux qui répondent présent.» Le comédien aura connu son lot d'épreuves. Mais, aujourd'hui, c'est un homme et un père apaisé qui regarde avec fierté le chemin parcouru. «J'ai des défauts mais je ne suis ni menteur ni pervers.»

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A voir: Il était une fois Anthony Delon

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Ces vacances, savourées ensemble, père et filles, sous les tropiques, ont des airs de renaissance. Au début, ce n'était pas gagné. Alyson a les yeux de son père, sa beauté ensorcelante. Mais elle a beau avoir grandi en région parisienne, pas très loin de chez lui, ils n'ont jamais partagé le même univers. Pire encore, le lien fragile qui les reliait a, à peine noué, été brisé. Ce passé qui pourrait ne pas passer, ils ont décidé de le regarder en face et sans mensonge. Dans son livre paru en 2008, «Le premier maillon», le comédien ­posait déjà les mots crus sur une histoire vraie. Il reconnaissait avoir eu une fille naturelle, née trois semaines avant son vingt-deuxième anniversaire. A un âge qui n'est pas vraiment celui de la maturité. Il précisait qu'elle n'avait pas été désirée.

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Le rêve d’Anthony Delon: réunir tout son clan autour d’Alain pour les 80 ans du Samouraï

Refusant de rendre l'enfant responsable des erreurs des adultes, il confiait lui avoir spontanément donné rendez-vous à sa majorité, promettant de se soumettre, si elle le souhaitait, à un test de paternité. En était-il vraiment besoin ? Alyson avait grandi sans trahir ses promesses. Les yeux clairs sous les épais sourcils sombres, la rondeur de la lèvre inférieure, les pommettes hautes révélaient une signature impossible à cacher. Les tests ont confirmé ce qui sautait aux yeux de tous : ils avaient bien les mêmes gènes. Un lien biologique qui, selon lui, n'était pas suffisant pour construire une vraie relation. Manquaient le temps et la confiance, celle qu'Anthony accusait sa fille d'avoir trahie.

Connaît-on jamais ses enfants ? Alors ceux qu’on découvre sur le tard, pour de brefs rendez-vous, peuvent nous réserver bien des surprises. Quelques jours avant ses 21 ans, Alyson, contre toute attente, a assigné Anthony en justice. « Elle m’a demandé une prise de sang, une somme d’argent et le nom de Delon », confie-t-il alors à Paris Match avec amertume. Il a le sentiment pénible qu’on veut l’obliger à institutionnaliser un lien qui commence à peine, qu’on veut le ranger dans un tiroir administratif quand il a juste besoin, pour se fortifer, se construire peu à peu, de liberté. Pour Anthony, c’est un choc. « Trahison », dans son vocabulaire, est le mot inacceptable, celui qui justife toutes les ruptures. Il est touché moralement : « Je me suis senti humilié par ce procès, j’en ai longtemps gardé une sorte de rancoeur. » Et il pense ne jamais pouvoir être un père pour cette fille qu’on lui impose, cette fille qu’il n’avait pas voulue, qu’il n’avait pas reconnue. A-t-il compris que cette rage à être une Delon cachait un besoin d’aimer et d’être aimée qui pouvait lui rappeler quelque chose, à lui mieux qu’à personne ?

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Quarante-cinq ans après « La piscine », il y a toujours quelque chose d’Alain dans les yeux d’Anthony et d’Alyson.
Quarante-cinq ans après « La piscine », il y a toujours quelque chose d’Alain dans les yeux d’Anthony et d’Alyson. © Sébastien Micke

Anthony, l’écorché vif, a fini par accepter. Il y a un an, il lançait même un appel à Alyson, expliquant qu’il était enfn prêt à l’accueillir. « Ma porte est ouverte », assurait-il dans un grand entretien avec Paris Match. Message reçu. Il avait fait un pas, elle en a fait un deuxième. Ils venaient de loin, l’un vers l’autre. Et que Noël à Paris a été joli ! Ce n’était pas une illusion de fête de famille, un moment obligé de réjouissance. Cette fois, c’était une vraie histoire qui commençait sous les yeux d’Anthony. Au-delà d’une fille qui retrouvait un père, une famille se constituait. Alyson Le Borges, l’enfant solitaire, découvrait d’un coup ses deux jeunes soeurs, Loup et Liv, aujourd’hui 19 ans et 14 ans. « Je n’oublierai jamais cette soirée, tous les quatre, les trois filles et moi. J’ai fait la cuisine, ouvert une bonne bouteille de vin rouge, et je les ai regardées vivre. J’étais heureux et fer. » Depuis son divorce, en 2012, avec Sophie, partie vivre à Los Angeles où elle a ouvert un restaurant, Anthony a la garde de leurs deux filles et assume pleinement leur éducation : « J’ai toujours pris mon rôle de père très à coeur. Il est vrai que, maintenant, je suis obligé de m’adapter à une réalité tout autre. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est très bien pour elles comme pour moi et, au final, cela m’a fait grandir. Et c’est magnifique. »

A Noël, une fille retrouvait un père, une famille se constituait. Alyson découvrait d’un coup ses deux soeurs

C’est sans doute mûri par cette expérience, conforté dans sa foi en son « devoir », qu’il a pu affronter cette fille de 28 ans qui débarquait dans sa vie, quand bien même sa trajectoire se dessine à des milliers de kilomètres, à Los Angeles, elle aussi. Alyson y prend des cours de comédie avec l’ambition avouée d’être actrice, comme ce père et ce grand-père dont elle a revendiqué le nom. Débutante mais déterminée, elle court les castings et sera bientôt à l’écran, une autre manière de nourrir la filiation…

Pour les vacances, les Bahamas semblaient le point de rencontre idéal. Un décor de rêve pour apprendre à s’aimer, naturellement. Avec la complicité de l’ami d’enfance qui les accueille, l’homme d’affaires Arpad Busson, Anthony découvre la saveur de ces gestes quotidiens dont il ne savait même pas qu’ils lui manquaient. Une partie de baby-foot, des cabrioles sur la plage, les vannes de ses filles… Et Alyson découvre ce père dont elle portait le reflet en elle, en même temps que la petite soeur Liv qui partage le séjour paradisiaque alors que Loup avait prévu de s’éclater avec ses copines sur la Côte d’Azur… Quant à Anthony, il est en paix. « On ne rattrape pas le temps perdu mais il nous reste un bon bout de chemin à faire. On va en profiter. Au moins, Alyson aura un père. Pas une illusion… » Voilà donc Anthony avec trois filles, et Alain, avec trois petites-flles. La dynastie s’est augmentée d’un nouveau A comme Alyson, après Anthony, Anouchka, Alain-Fabien…

Et Anthony d’imaginer ce rassemblement de regards hallucinants, la réunion du clan qui pourrait avoir lieu le 8 novembre, et faire le plus grandiose des anniversaires pour marquer les 80 ans d’Alain. Plus fort encore que le 2 octobre 2014, quand Anthony a fêté ses 50 ans avec un de ces repas de famille dont il avait toujours rêvé : sa mère, Nathalie, son père, Alain, sa soeur, Anouchka, l’amoureux de celle-ci, Julien, et ses filles, Liv et Loup, tous à la même table du Mandarin oriental. « La vie de famille m’a manqué. Enfant, j’en ai souffert. Je veux créer ce cocon si rassurant. C’est une question d’équilibre. Pour mes enfants, mais aussi pour moi. » Avec des racines plus solides, on est libre de penser à l’avenir. « Jouer, c’est vraiment ce que j’aime le plus », dit Anthony qui sera sur scène, au théâtre, dès la rentrée, avant d’assurer la promo d’une comédie qui sortira en décembre au cinéma, « Des amours, désamour ». Pour plus d’actualité, mieux vaudrait désormais inverser les termes… Lui qui, happé par les diffcultés, a si souvent négligé sa carrière, imagine le scénario idéal de sa vie, avec, à la fin, l’esprit de famille qui triomphera. Pour seul scénariste, il réclame le temps. « L’avenir le prouvera. »

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