Sanseverino

© Philippe Delacroix
Passeport artiste
09/10/1961
Paris (France)
Pays:  France
Langue:  Français
Qualité:  Auteur / Chanteur / Compositeur
Genre musical:  Chanson

Comédien puis musicien, puis comédien, puis… Stéphane Sanseverino est aujourd’hui musicien en solo. L'artiste poursuit la route de son swing manouche, nous tirant au passage le portrait. À l’image d’un Bénabar, ses textes se construisent autour d’un regard décalé sur ses proches contemporains. Avec humour et second degré, toutes les vérités sont bonnes à dire. Même les plus graves.

Biographie: 

Ses origines italiennes, c’est à ses grands-parents que Stéphane Sanseverino, né en 1961, les doit. Napolitains, ils sont arrivés en France dans les années 1950. Son père, plombier, choisit de travailler dans l’industrie du papier pour voyager, en famille. De trois à seize ans, le petit Stéphane affiche déjà un compteur de grand voyageur. La Bulgarie, la Nouvelle-Zélande, la Yougoslavie, le Mexique…

À l’âge de 20 ans, il veut être comédien. En fait, il voudrait tout apprendre d’un coup, mais entre la guitare, les planches et le banjo, il commence par le théâtre. Après sa formation auprès du comédien Serge Martin, il entre au DAL Théâtre pour trois ans. Là, il y travaille la Comédia dell’Arte et le clown. Et enfin la guitare et le banjo.  

C’est la scène qui lui offre ses premières prestations ou plutôt, il se les offre avec la création de sa propre compagnie Les Frères Tamouille. Il s'agit en quelque sorte de numéros de cirque où le pastiche de "Supercopter" côtoie celle de "L’homme qui valait 100.000 balles" (séries américaines : ndlr). Spectaculaires, les comédiens emploient beaucoup de matériel. Stéphane travaille quatre ans avec cette troupe, jouant le plus souvent dans la rue ou les festivals, notamment à Aurillac ou Chalon-sur-Saône.

La musique après la comédie

Pendant ce temps-là, dans la seconde moitié des années 1980, le mouvement rock alternatif prend de l’ampleur. Des groupes comme Pigalle ou les Nonnes Troppo ouvrent la porte à quantité de groupes séduits par un mariage d’éthique punk et de chansons sorties du pavé parisien.

Stéphane gratouille négligemment sa guitare en écoutant alternativement Django Reinhardt, Jimi Hendrix, les Satellites, les Béruriers Noirs, la musique de l’Est, AC/DC, la musique pakistanaise, la country bluegrass, la java et le musette… Difficile d’y faire un choix, mais en fin de compte, c’est un peu tout ça. Multi-instrumentiste, il entre dans son premier groupe, Dans l’Intérêt des Familles, en tant que guitariste, puis rejoint Les Maris Jaloux, trio où il joue de la basse.

En fait, il commence à monter des groupes quand il s’aperçoit qu’au théâtre, six mois de répétition sont nécessaires pour ne jouer que trois fois, alors qu’en musique, une répétition suffit pour jouer six mois. Après Doc Denat, groupe de rock, c’est avec la création de RMC (pour "Renverse-moi Chéri"), qu’il sort ses premières compositions dont "Rock n’Roll Dérision". Parallèlement à sa carrière naissante de musicien, et sa formation de comédien en poche, il s’intéresse de plus en plus au cinéma. Pour son premier court-métrage, Patrick Bagot lui fait tenir le rôle principal de "HP 69". Il a 30 ans. Il tournera ensuite dans un autre court "Les Aventures de Francis 15".

Parmi tous les autres projets sur lesquels il travaille et se perd quelques fois, il s’attarde en route sur la musique des pays de l’Est (Roumanie, Bulgarie) et découvre qu’il aime le swing des années 1950. Sabine Pierron aussi. Ils font tous deux partie d’un atelier regroupant des amateurs de musique roumaine. Le projet qu’ils se décident à lancer est un mélange d’influences tziganes et de culture personnelle, c’est-à-dire les vieilles chansons françaises des années 20 aux années 1950.

En 1992, la création des Voleurs de Poules est officielle. Ce nom est adopté en référence aux Gitans : "ceux qui, selon Stéphane, s’excluent eux-mêmes et que les sédentaires excluent". Lui, dit "Le Nerveux", est à la guitare, au banjo et au chant. Elle, au violon et au chant. Lui écrit textes et musiques.

À l’origine envisagé comme acoustique, le projet soulève un certain enthousiasme dès les premiers concerts dans les bars. Poussé par le public, le duo s’étoffe. Il est ainsi rejoint par Marc Salvetti, à la basse et Nicolas Ferrenbach à la batterie. Celui-ci sera remplacé en janvier 1995 par Manu Ruquier.

Les Voleurs de Poules sont partout

Avec la formation complète, Les Voleurs de Poules donnent leurs premiers concerts au cinéma le Berry-Zèbre à Belleville à Paris. Par la suite, ils rencontrent les gens du bar À la Liberté mais également les représentants de l’association "Life/ Live in the Bar" qui organise et défend les concerts dans les bars.

Avec 500 concerts en 5 ans, ils écument les salles de France et ses bistrots, ces lieux d’observation privilégiée : concerts "Ecole et Nature" en septembre 1992 à Paris, le Festival "Jeunes Agents EDF" en août 1993 à Soulac, le Carnaval de Cergy-Pontoise en mars 1994, une tournée en Bretagne en août 1994 et juillet 1995 et l’Olympia en janvier 1995 en première partie de Yann et les Abeilles. On retrouve également des morceaux des Voleurs de Poules sur les compilations "Life in the Bar- Le Recueil" (Quartier Est/ Musidisc) et sur "Radio Nova- Le Son de Paris" (Mélodie).

Leur premier album autoproduit "Tu sens les poivrons" sort en juillet 1995. En même temps que leur passage aux FrancoFolies de La Rochelle, du 12 au 17 juillet. Mais le succès encore confidentiel, oblige Stéphane à cumuler parallèlement les petits boulots. Il est entre autres roadie pour Michel Fugain. Pendant 10 ans, il regarde en même temps qu’il travaille. Des années à étudier le spectacle.

La carrière solo

À la force des tournées-marathon, le groupe se fait une belle réputation. Mais conscient des limites de ces lieux mal insonorisés, Stéphane reconnaît que l’évolution de la formation, plus électrique, n’est pas toujours compatible avec un son franchement mauvais. S’ils veulent progresser, il leur faut gagner un autre public.

Et quant à la direction à suivre, les avis divergent. La vie de groupe lui apparaît alors trop pesante. L’intérêt croissant des médias et la promesse d’une reconnaissance ne suffisent pas à supporter les compromis. Les décisions communes, une majorité à affronter, bref le besoin d’être seul, de ne plus s’abstenir pour les autres. Rideau en 1999.

Il commence alors dans son coin l’écriture de son album solo. Afin d’arrondir ses fins de mois, il participe au casting et décroche un rôle dans le spectacle d'Achille Tonic, connu depuis sous le nom de Shirley et Dino.

Son album "Le Tango des Gens" sort finalement le 25 septembre 2001. Récompensé par le 54e prix de l’Académie Charles-Cros en 2001, "Le Tango des Gens" devient Disque d’or. Bien évidemment ponctué par une promotion marathon, il partage l’affiche avec Tété sur les 50 dates d’une tournée débutée en mars 2001. Elle se termine à la fin de l’année après quelques incursions sur le territoire suisse. 2002 est ponctuée de 80 concerts, dont certains passages remarqués au Festival des Vieilles Charrues, lors de Solidays ou encore au Nice Jazz Festival.

Le 14 décembre 2002, la tournée se termine en beauté avec une "Nuit Sanseverino" au Trianon à Paris. Héros d'une soirée qui lui est consacrée, Sanseverino reçoit quelques amis en scène : Bernard Lavilliers, Tété ou La Grande Sophie.

Victoire

Toutes ces années sur scène sont officiellement récompensées en 2003 par une Victoire du groupe ou artiste "révélation scène" de l'année.

Sans céder à la pression, Sanseverino prend son temps avant de livrer en février 2004 un album tout aussi personnel et attachant que le premier, "les Sénégalaises". Tout est là, le ton caustique et les guitares manouches. Dans un très beau décor de lampes et de tapis orientaux, Stéphane Sanseverino et son groupe enflamment la scène du Printemps de Bourges dès le mois d'avril, avant le début d’une longue tournée pour celui qui est devenu, pour beaucoup, Mr Swing.

On le retrouve aussi sur la scène de l'Olympia, à Paris, le 28 juin. À cette occasion, il rend hommage aux intermittents du spectacle qui occupent le toit du Medef (organisation patronale française) pour que leurs revendications concernant leur statut soient entendues. Sanseverino s'est déjà exprimé sur ce sujet et apporte régulièrement son soutien à cette cause.

En 2005, on trouve dans les bacs des disquaires un enregistrement public, "Live au Théâtre Sébastopol". Cette même année, la Fnac met en vente un cd 3 titres "On aime, on aide", au profit de la prévention de l'illettrisme sur lequel Sanseverino propose deux titres inédits.

2006 : "Exactement"

En 2006, il revient sur scène en trio et se produit du 22 au 24 juin et du 28 juin au 2 juillet à la Maroquinerie à Paris. Sanseverino signe aussi la musique d'un film d'animation français "U" de Grégoire Solotareff et Serge Elissalde qui sort dès le mois d'octobre. Le musicien prête aussi sa voix à l'un des personnages, le félin Kulka.

En novembre, Sanseverino publie son troisième album, "Exactement". Cette fois, il s'accompagne d'un big band, sans pour autant délaisser les guitares. L'artiste réussit un subtil mélange du swing et des cuivres, son flot de paroles caractéristique est porté par les instruments. Toujours aussi prompt à jouer avec la langue française ("Démolissons les mots"), un peu blagueur ("Comment séduire une femme mariée"), Sanseverino ne s'interdit pas quelques embardées du côté des sujets plus sérieux ("Les ouvriers").

C'est donc accompagné d'une vingtaine de musiciens qu'il se produit sur scène lors d'une tournée française qui débute en décembre 2006.

Sanseverino occupe l’Olympia les 15 et 16 janvier 2007.

En juin 2008, il est en concert aux Bouffes du Nord, à Paris, seulement accompagné de deux accordéonistes avec lesquels il revisite le répertoire de ses trois albums. Un double album live est capté à l’occasion, qui sort en novembre sous le titre "Live aux Bouffes du Nord". Il est composé entre autres, de sept inédits dont quatre reprises de François Béranger, Johnny Cash, Yves Montand et Les Wampas, et d’une vidéo.

2009 : "Les faux talbins"

Il faut attendre le 2 novembre 2009 pour entendre de nouvelles chansons de Sanseverino réunies sous le nom "Les faux talbins" (les "faux billets" en argot). Tout l’album est empreint de cette forme de langage particulier utilisée par les malfaiteurs, hommage aux films de truands des années 50 qu’affectionne Sanseverino. Les textes parlent de l’exclusion sous toutes ses formes, celle de l’interné psychiatrique, de la prostituée ou des prisonniers.

Côté musique, Sanseverino a travaillé pour la première fois sans réalisateur, privilégiant les prises live lors de l’enregistrement en studio. Pas de trace de swing sur "Les faux talbins" mais une couleur country affirmée, avec des notes de rock’n’roll, de bluegrass et de chanson et une reprise de "la Salsa du démon" du Grand orchestre du Splendid.

La tournée de ce nouvel album démarre en novembre 2009 et passe du 3 au 6 février 2010 au Bataclan, à Paris.

Le 1er novembre 2010, le musicien fête ses 10 ans de carrière solo sur la scène de l'Olympia à Paris. Cet anniversaire est aussi pour lui l'occasion de publier son premier best of, "Les embouteillages", qui regroupe une vingtaine de titres.

En 2012, on le retrouve aux côtés du groupe La Caravane Passe dans le titre "T'as la touche manouche".

Le 30 juin 2012, il se produit à la Maroquinerie à Paris.

2013 : "Honky Tonk"

Accro à la scène, Sanseverino continue de sillonner les salles de spectacle tout au long de l'année, que ce soit accompagné d'un groupe ou en formation plus réduite. C'est finalement en mars 2013 qu'on le retrouve avec un nouvel album, "Honky Tonk", en référence à ce style musical issu de la musique country. Car Sanseverino s'est décidément affranchi du swing manouche pour consacrer entièrement ce nouvel album au bluegrass. Le banjo et la mandoline côtoient joyeusement la guitare et le violon et font souffler l'air des grandes plaines américaines sur des rythmes enlevés.

La tournée "Bluegrass" débute en septembre.

En 2014, la maison de disques de Sanseverino lui propose de réaliser un disque de reprises. C'est ainsi que le chanteur choisit et enregistre une bonne douzaine de chansons issues du répertoire français des années 1930 aux années 1960. L'album "Le Petit bal perdu" sort en septembre et rassemble des classiques comme "Johnny tu n'es pas un ange" (Édith Piaf), "Route Nationale 7" (Charles Trenet), "La Java des bombes atomiques" (Boris Vian), "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" (Georges Brassens), "La fille de Londres" (Germaine Montero) et d'autres encore. Avec l'enthousiasme qui caractérise Sanseverino, ce répertoire réarrangé par ses soins, et légèrement bousculé, reprend vie.

2015 : "Papillon"

Éclectisme : c’est ce qui résume assez bien l’ensemble des créations du boulimique Sanseverino qui se lance dans un projet de bande dessinée à écouter. Il met de la musique sur une histoire qu’il connaît bien pour avoir dévoré maintes fois le best-seller d'Henri Charrière, dit "Papillon" un ancien bagnard.

À chaque chapitre, une chanson dans un style country, appuyée par la présence du banjo. Les dessins sont signés Sylvain Dorange. Une histoire qu’il défend sur les scènes françaises et notamment à Jazz à Vienne en juillet 2016. L’occasion de prouver encore une fois que c’est bien devant un public qu’il donne le meilleur de lui-même.

2017 : "Montreuil-Memphis"

Nouvel album pour le chanteur, poète, multi-instrumentiste sous forme d’invitation au voyage. Avec 15 chansons toutes très entraînantes, il explore les sonorités du blues (harmonica, cuivres et fanfare bluegrass) tout en déployant son art de dresser des portraits. Jeux de mots, calembours ("je suis plus village que people") et agilité verbale. Une centaine de concerts dans toute la France, étalés sur un an (dont un passage au Bataclan à Paris le 27 novembre) complètent la sortie.

Le moins que l’on puisse dire de "Stef Sanséverino" comme l’appellent ses amis, c’est qu’il est un homme libre. Tel était aussi François Béranger, chanteur contestataire des années 70 à qui il rend hommage dans l’album intitulé "The Beber Project Vol.1". S’il reprend des chansons de François Béranger depuis longtemps ("Le Tango de l’ennui", en 2001), on lui demande en 2017, pour un festival à Clamecy de revisiter son œuvre. Parce qu’il parle des plus démunis ou d’autres réalités inacceptables avec une langue crue, mais beaucoup de tendresse, Sanseverino y plonge avec conviction et part sur les routes avec sa guitare.  

Avec le quartet Tangomotán, Sanseverino explore le tango dans un album resté confidentiel, qui sort en septembre 2019. De l’audace encore et toujours pour Stéphane Sanseverino qui devient, en 2020, le sujet d’un film documentaire, "Planète Sanseverino", un projet né d’une rencontre avec Mathilde Mignon et Philippe Crnogorac lors d’un atelier avec des jeunes Gitans incarcérés. Et l’on découvre ainsi l’artiste dans sa vie et dans l’intimité de sa création, en plein concert de la dernière de "Papillon", mais aussi pendant l’enregistrement de "Montreuil-Memphis" et dans un opéra.

2021 : "Les deux doigts dans la prise”

Sur ce 13e album écrit au rythme d’un texte par jour pendant le confinement, Sanseverino explore le thème de l’engagement citoyen. Pas de militantisme, mais un énervement sous-jacent dans les douze titres qui flirtent aussi bien avec la musique country qu’avec le funk... "Je n’en veux pas" dénonce le compteur Linky et le nucléaire en France, "Au Medef", "on pratique ensemble le polo", "Liquéfié" parle d’amour, alors que "Moi, moi, moi" se moque des artistes narcissiques.

Sanseverino aime faire la musique qui lui plaît, sans concept, sans contrainte. Et cela donne 44 minutes d’énergie pure. Le public ne s’y trompe pas. Heureux comme l’artiste de retrouver les salles de concert, il ne reste pas assis longtemps ! Une reprise complète l’album : "Qui c’est celui-là" de Pierre Vassiliu, qui traite de la différence. Il livre aussi une nouvelle version de son premier succès, "Les Embouteillages".

Au mois d’octobre, il rend hommage à celui qui les a tous reçus : Georges Brassens. Mais comment faire pour toucher au répertoire du Sétois sans le dénaturer, et surtout, sans déclencher l’ire des "ayatollahs de la chanson française", ironise Sanseverino ? Ce sera donc, à la sauce louisianaise autour du thème des femmes et des amis qu’il l’accommodera ! Le tout lors d’un spectacle unique à Montpellier dans le cadre des Internationales de la guitare.

"Ce qui m’intéresse le plus sur terre, c’est d’aller faire des concerts", ne cesse-t-il de confier depuis des années. On le retrouve donc ici, et là, sur les scènes de France fin 2021, et les deux années suivantes.

Avril 2023

Discographie
LES DEUX DOIGTS DANS LA PRISE
Album - 2021 - Verycords
SANSEVERINO & TANGOMOTAN
Album - 2019 - Little Big Music
BEBER PROJECT VOLUME 1
Album - 2019 - L'autre Distribution
MONTREUIL/MEMPHIS
Album - 2017 - Columbia
PAPILLON
PAPILLON
Album - 2014 - Columbia
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