Alain Guiraudie : "Écrire n'est pas le fruit d'une réflexion mais le début d'une réflexion"

Alain Guiraudie : "Écrire n'est pas le fruit d'une réflexion mais le début d'une réflexion"

Le réalisateur Alain Guiraudie est photographié le 25 juillet 2016 à Paris, France. ©Getty - Crédits : Laurent KOFFEL/Gamma-Rapho
Le réalisateur Alain Guiraudie est photographié le 25 juillet 2016 à Paris, France. ©Getty - Crédits : Laurent KOFFEL/Gamma-Rapho
Le réalisateur Alain Guiraudie est photographié le 25 juillet 2016 à Paris, France. ©Getty - Crédits : Laurent KOFFEL/Gamma-Rapho
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À l’occasion de son prochain roman " Rabalaïre" aux éditions POL, le cinéaste et écrivain, Alain Guiraudie revient au micro d’Arnaud Laporte sur son processus de création au cinéma et son goût pour l'écriture.

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Le réalisateur, scénariste et écrivain, Alain Guiraudie, est né en juillet 1964 dans l’Aveyron à Villefranche-de-Rouergue en Occitanie dans une famille d’agriculteurs. C'est à l'occasion de la sortie de son roman "Rabalaïre" aux éditions POL qu'il revient au micro d'Arnaud Laporte. Alain Guiraudie avait déjà publié en 2014 son premier roman "Ici commence la nuit".

Alain Guiraudie commence à écrire à l'âge de 20 ans avec l'envie de raconter des histoires mais n'a pas les moyens financiers de faire des films. L'écriture romanesque lui confère un espace de liberté totale. Son film " Pas de repos pour les braves" sorti en 2003, devait initialement s'appeler "Rabalaïre". Le désir de cinéma  chez Alain Guiraudie a commencé par la télévision dès son plus jeune âge, cela a été pour le cinéaste une ouverture sur le monde.

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Les luttes sociales et politiques dans ses œuvres 

Dans "Rabalaïre" se posent de nombreuses questions notamment celle du militantisme. Les questions politiques et sociales préoccupent très tôt Alain Guiraudie et sont au centre de son œuvre cinématographique. A l’adolescence, le cinéaste, proche du parti communiste de France dans les années 80, vend sur le marché de Villefranche-de-Rouergue, le quotidien communiste « l’Humanité Dimanche ».  Lors du mouvement de 1995, il participe activement aux manifestations, mais prenant conscience du bilan de cette lutte, il s'oriente vers le cinéma en 1997 avec « La Force des choses ».

Mon travail de cinéaste commence lorsque en tant que militant, je me heurte à des impasses. Le roman se nourrit de frustrations politiques et c'est ce qui me fait écrire un roman. C'est là que je prends mon élan.

Si le cinéma ouvre de nouvelles perspectives,  il ne peut pas changer le monde ; car, selon Alain Guiraudie, ce n’est  pas vraiment le lieu pour faire de la politique. Ce dernier décide alors de militer. Toutefois, les thèmes du travail et de la classe ouvrière sont bien présents dans ses films : il invente de nouvelles formes de solidarité liées  au désir, à la sexualité et à l’amour, dans l’intention de retrouver de la chaleur humaine. S'il considère le travail comme une aliénation, il permet également de créer un lien social, l’homme en a besoin pour s’affirmer dans le monde.  « Du soleil pour les gueux » est son film le plus politique dans la mesure où il mène un questionnement à l’échelle locale mais aussi mondiale. En outre, Alain Guiraudie interroge les luttes sociales à travers ses tourments et ses rêves d’enfant : l’imaginaire avec les contes, la mythologie, l’utopie, rythment son œuvre. 

La sensualité et sexualité

Une certaine sensualité est perceptible dans les films d’Alain Guiraudie et cela passe par la sexualité. Il souhaite se confronter à son homosexualité, notamment dans « L’inconnu du lac » dont il sera récompensé de la Queer Palm à Cannes. Le cinéaste présente des scènes explicites où les sentiments des personnages sont empreints de passion et d'amour. Par un regard poétique, il transforme la trivialité en sensualité. L’utopie d’Alain Guiraudie évoque la libération sexuelle, mais il traite aussi le sujet en s’interrogeant sur la sexualité comme mode de consommation, comme rapport au corps, posant la question des relations entre hommes, mais également entre hommes et femmes. Il tente ainsi de mettre en exergue cette quête du plaisir à assouvir, en lien avec le capitalisme et notre société ; il souligne, par ailleurs, que l’homosexualité dans le milieu ouvrier et en province existe. 

Cela a été important pour moi de lier sexualité et politique. Quand on est homosexuel cela aide forcément à lier les deux.  Il est question dans mes films de sexualiser et d'érotiser tout un pan de la population, je parle des ouvriers et des paysans qui sont en dehors de ce champs là et ne semblent, à priori, pas concernés, ni par l'homosexualité et la sensualité.

Le RenDez-Vous

Ses actualités : 

  • Le roman "Rabalaïre" aux éditions POL  sorti en août 2021.
  • "Viens je t'emmène", prochain film en salle en 2022.

Sons diffusés pendant l'émission :

  • Extrait du film "Du soleil pour les gueux" (2001) d'Alain Guiraudie.
  • Extrait de Jeanne Moreau sur "Querelle" (1982) de Rainer Werner Fassbinder. Archive INA du 7 sept. 1982
  • "Red Eyes and Tears" de " Black Rebel Motorcycle Club" (2001), Label : Virgin Records.
  • Extrait de "Jean Renoir parle de son art, 1969"

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