Paris brule t il
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4 choses que vous ne saviez pas sur « Paris brûle-t-il ? » (et que le musée de la Libération révèle !)

Publié le 10 mai 2024

L’année 2024 marque le quatre-vingtième anniversaire de la Libération ! Pour l’occasion, le musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin consacre une exposition-dossier au célèbre long-métrage Paris brûle-t-il ?, réalisé par René Clément en 1966. L’occasion d’en apprendre plus sur la réalisation d’un film emblématique dans l’imaginaire français, et ce dans un lieu capital pour la Libération, le musée étant installé vingt mètres au-dessus du poste de commandement du Colonel Henri Rol-Tanguy, chef des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) d’Île-de-France… En avant-goût, découvrez ci-dessous quatre anecdotes sur l’histoire de Paris brûle-t-il ? !

Un best-seller que les producteurs se se sont arrachés

René Clément et Alain Delon sur le tournage du  lm Paris Brûle-t-il ?, 1965

© Victor Rodrigue, Boulogne-Billancourt, Collection Christophel

Écrit par deux journalistes nommés Larry Collins et Dominique Lapierre, Paris brûle-t-il ? est publié en 1964 par la maison d’édition Robert Laffont. Ce document résulte d’un travail démentiel, puisqu’il a nécessité trois années d’enquête et trois mille interviews de témoins de la Libération de Paris. Heureusement pour ses auteurs, le succès est à la hauteur de leur investissement : l’ouvrage se hisse rapidement au sommet des ventes… et attire l’attention des producteurs de cinéma. Darryl Zanuck, notamment ; l’Américain vient de produire Le Jour le plus long en 1962, une superproduction autour du débarquement. Mais il échoue à s’en emparer, et ce sera finalement son compatriote Paul Graetz qui remportera les droits du livre aux 20 millions de lecteurs.

De véritables images d’archives sont incluses dans le film

photo expo paris brule t-il

Paris Musées

Paul Graetz, célèbre pour avoir produit en 1947 Le Diable au corps et en 1954 Monsieur Ripois, confie à René Clément la réalisation du film – ils ont déjà travaillé ensemble, et surtout le Français est une valeur sûre du cinéma d’alors puisqu’il a déjà remporté deux Oscars du meilleur film en langue étrangère, pour Au-delà des grilles (1951) et Jeux interdits (1953). Au scénario, Gore Vidal et Francis Ford Coppola conçoivent un film fait pour plaire au plus grand nombre, avec des moments de suspense et des instants d’émotion. Et si le réalisateur déclare vouloir « faire du vrai plus vrai que le vrai, du vrai faux », il donne à son long-métrage un aspect véritablement documentaire, en reconstituant avec soin certaines scènes, et en allant jusqu’à inclure de véritables images d’archives filmées durant la Libération !

Le portrait du général von Choltitz est édulcoré

Un succès de librairies, un événement majeur, bien des témoins encore vivants seulement deux décennies après… René Clément manie de la dynamite ! Il en est bien conscient, et demande volontiers leur avis à d’anciens résistants. Il tâche de ne vexer personne : ni les Gaullistes, représentants du pouvoir, ni les communistes, dont l’influence sur le milieu du cinéma est alors considérable.

Le producteur Paul Graetz échange quant à lui avec les avocats de la Paramount et décide, comme on le lui conseille, de dresser un portrait très édulcoré du général von Choltitz, le soi-disant « sauveur de Paris » qui était, en réalité, un SS connu pour sa brutalité (depuis, les historiens ont montré qu’il a épargné Paris moins pour désobéir à Hitler qu’en raison de certaines circonstances…).

Le film est truffé de silences

Puisqu’on destine le film à un grand succès populaire, l’idée maîtresse du scénario est d’éviter toute controverse… Quitte à passer sous silence bien des faits plus ou moins problématiques. Ainsi, n’apparaissent ni la signature de la capitulation du général von Choltitz, ni le célèbre discours du 25 août 1944 du général De Gaulle (« Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! »). Ni, non plus, les femmes tondues à la Libération pour avoir fréquenté l’ennemi, ni les prisonniers allemands molestés par les Français, et ni même les camps de la mort, alors même que Paul Graetz insiste pour montrer la libération des juifs à Drancy. Mélange de petites anecdotes et d’Histoire avec un grand H, d’images d’archives et d’omissions, Paris brûle-t-il ? est donc moins un documentaire sur la Libération à prendre au pied de la lettre qu’un témoignage passionnant de l’imaginaire français quant à sa propre Histoire !