Belle du Seigneur - Albert Cohen - Babelio
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EAN : 9782070404025
1109 pages
Gallimard (12/02/1998)
4.02/5   4368 notes
R�sum� :
1968.

"Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls pr�occup�s, go�taient l'un � l'autre, soigneux, profonds, perdus. B�ate d'�tre tenue et guid�e, elle ignorait le monde, �coutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, �l�gante, �mouvante, exceptionnelle, femme aim�e, parfois reculant la t�te pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regarda... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (359) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 4368 notes
J'avais 17 ans. Je plongeais dans "Belle du Seigneur" pav� pour lequel j'avais cass� ma rachitique tirelire d'�tudiante. Gallimard se refusait alors � publier une �dition de poche. Maudits soient certains choix �ditoriaux! La journ�e s'achevait dans les gris. Vers 17H, j'ouvrais LE roman. Lorsque je relevais la t�te, le jour baignait encore la pi�ce. La derni�re page �tait tourn�e, une nouvelle journ�e d�butait. Il �tait 8H ou 10H. Je ne me souviens pas tr�s bien.Mais je ne suis pas all�e � la fac. Je devais me nourrir et recommencer. J'ai donc recommenc� l'histoire fabuleuse d'Ariane et de Solal avec plus d'empressement que je n'en mis pour apaiser les gargouillements et autres borborygmes de mon estomac vindicatif.
Ceci est une anecdote vraie.
Depuis, les ann�es ont pass�. J'ai relu � deux ou trois autres reprises ce livre (qui reste � jamais mon livre, celui qu'aucun autre ne peut supplanter). Pas r�cemment. Mais mon admiration pour Albert Cohen et ma ferveur pour Belle du Seigneur sont suffisamment intactes pour que je me lance dans l'exercice d'une critique.

Je commence donc:
Belle du Seigneur est la trag�die de l'amour absolu. Une trag�die moderne qui n'a rien � envier � l'Antique. Une trag�die qui serpente dans des chemins buissonniers foisonnants, luxuriants, tour � tour lumineux et obscurs, insouciants ou ombrageux, charmeurs ou couleur de plomb. Belle du Seigneur c'est le drame de la lucidit� (lucidit� du h�ros, lucidit� du romancier qui ne cesse d'appara�tre au fil des pages), une m�chante lucidit� qui esp�re malgr� tout, qui se refuse � d�sesp�rer. Seule Ariane voit des lendemains radieux. Solal l'amoureux, acteur et observateur, assiste, impuissant, � la fin qu'il sait �crite d'avance. Il se d�m�ne dans le sublime et se gausse de l'id�al et de l'�lev�. Empli de compassion pour son amante si na�ve, il est dot� d'un double inattendu. La prosa�que Mariette monologue entre cuisine et m�nage, commente longuement dans des pages serr�es pleines de bon sens. Comme Solal son affection pour Ariane est totale, comme Solal, elle observe. Comme lui, elle pr�dit. Mais lui s'agite sur les hauteurs sociales, elle trime parmi les gens du peuple. Leurs points de vue convergent mais leurs actes divergent: Mariette a exclu le sublime de la vie de couple. Pour durer, l'amour doit accepter le quotidien. Si il avait fallu, Mariette, elle, serait all�e aux toilettes avec son homme. On ne peut rester sur les sommets: l'oxyg�ne manque.

Belle du Seigneur, c'est l'Europe de l'entre-deux-guerres. C'est la Soci�t� Des Nations � l'aube du nazisme, servile et veule, gangren�e d�j� par l'antis�mitisme et le go�t du pouvoir. C'est la l�chet�, les grimaces sociales. Ce sont les babouineries. Merci Monsieur Cohen pour ces pages! Jamais �crivain n'avait d�peint avec tant de verve et de truculence les petits et grands arrangements sociaux.

Belle du Seigneur, c'est aussi la bourgeoisie protestante et bien-pensante, mesquine jusque dans ses su�otements d�go�tants. Antoinette Deume, jamais je ne vous ai oubli�e. Encore aujourd'hui, je guette la moindre trace de petitesse dans mon existence afin de ne jamais, jamais vous ressembler. Il y a des lectures qui laissent une empreinte ind�l�bile.

Belle du Seigneur, c'est le vent �bouriffant des Valeureux, personnages l�gendaires et caricaturaux, fr�res de Usbek, Rica et Candide. C'est l'humanit� dans ce qu'elle a de folie et de sagesse. C'est l'humanit� qui pue des pieds en demeurant digne, celle qui ment et donne, vole et compatit, celle qui jamais ne rejoindra les rangs des adorateurs de bottes. C'est l'humanit� imparfaite et cocasse qui permet de souffler, de se r�jouir. Ce sont les l�gendes orientales qui s'opposent � l'esprit cart�sien. C'est la bouffonnerie qui fait un pied de nez aux babouineries.
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Une � �norme histoire �, tout en finesse et d�mesure, tout en cynisme et dr�lerie, tout en r�pulsion et passion destructrice. Une � �norme histoire � au lyrisme �chevel�, aux chuchotis ravageurs, aux v�rit�s qui font mal.
Un livre qui vous fait atteindre des sommets, qui vous prend aux tripes, au coeur, et ailleurs ; un livre qui vous fait monter les larmes aux yeux, �clater de rire, bondir de joie ; un livre qui va vous montrer avec un ent�tement moqueur les recoins sombres de nos sentiments et les dessous des cartes ; un livre qui vous fera bredouiller d'�motion tant l'�criture y est �tourdissante, f��rique, magique.
Il y a tant et tant de choses � dire sur ce livre kal�idoscope aux mille couleurs chatoyantes, aux sombres fulgurances�
Comme j'ai aim� Ariane et Solal ! Ariane, la � vive, la tournoyante, l'ensoleill�e, jolie comme un coquelicot au vent de l'�t� �. Ariane dans sa robe blanche, un peu d�esse, un peu fillette avec ses � moues de tendresse �. Et puis Solal avec son � visage impassible couronn� de t�n�bres d�sordonn�es �, ce � youpin n� en Gr�ce et naturalis� fran�ais �, ce Don Juan cruel qui joue avec le coeur et les sentiments des femmes.
Solal voulut conqu�rir sa Belle avec d'autres moyens que l'habituelle gestuelle du m�le dominateur, sans son � brio de gorille au Ritz, sa parade de coq de bruy�re, sa animale danse nuptiale �. L'�chec fut total ! L� est peut-�tre le p�ch� originel car, d�s lors, leur passion deviendra ordinaire, �chevel�e peut-�tre, flamboyante surement, mais ordinaire. Elle s'usera avec le temps, malgr� les artifices, malgr� leurs tentatives d�sesp�r�es et vaines, parfois sublimes, parfois path�tiques, pour sauver leur merveille du naufrage.
Arianne et Solal �voluent dans ce monde de l'entre-deux-guerres qui lui aussi gambade gaiement et avec insouciance vers le d�sastre. Grand ponte � la Soci�t� des Nations, Solal le voit d'ailleurs venir. Quel machin, comme dirait De Gaulle, que cette SDN ! Un repaire d'incapables, d'ambitieux � la petite semaine, de poltrons, et de profiteurs, plus int�ress�s par leur petite carri�re que par la recherche de la concorde entre les peuples. Quelle dr�le d'id�e eut Solal de cesser soudainement de s'�battre avec cette bande d'inaptes ? de jouer les princes vertueux ? Il se prendra leur antis�mitisme en pleine figure. Un antis�mitisme bien comme il faut, poli, de salon, raisonnable. En attendant l'autre qui pointe le bout de son nez.
Que d'images ! Que de rires, que de r�voltes, que de tristesse !
Le petit Deume et ses Deumeries, le mari d'Ariane, path�tique flemmard � l'ambition d�mesur�e, cocu errant. Et les cinq valeureux, iconoclastes, bouffons, dr�les, menteurs, avides, mais toujours fid�les au prince Solal. Mariette et ses monologues ravageurs si plein de bons sens. Les chuchotis et les d�lires d'Ariane. Les longs silences lucides de Solal. Les faux d�vots b�tes et m�chants. Les craquelins de l'inf�me Antoinette Deume.
Quelle aventure, mes amis ! Ce fut un long, grand et sublime voyage. Une lecture marathon grandiose et inoubliable.
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Ce livre est un tr�s gros morceau, au propre comme au figur�. Si vous d�testez les gros livres, alors abstenez-vous. Par contre si vous aimez les petites visions corrosives sur l'amour, la vie en soci�t�, les pr�jug�s, les gens de toutes classes et de toutes origines. Que dis-je, corrosives? Et si c'�tait simplement r�aliste et magistralement �crit, parfois avec un abandon total de ponctuation, comme le cours de la parole. Un livre qui parle en somme, un monument assur�ment.
L'histoire, en 2 mots et tr�s succinctement (car vous imaginez qu'on ne peut r�duire � quelques lignes plus de 1000 pages de prose et parce que d'autres l'on d�crite mieux que moi ailleurs), s'ouvre sur une conqu�te amoureuse, celle d'Ariane, une belle suissesse de bonne famille bien chr�tienne qui s'ennuie � mourir avec son �poux l�gitime, Adrien Deume sous fifre � la Soci�t� des Nations (SDN, anc�tre de l'ONU). le conqu�rant, c'est Solal (voir Solal & Mangeclous), un Juif grec, beau et t�n�breux, num�ro 2 de la SDN. La sc�ne de la conqu�te au chapitre XXXV est un monument difficilement �galable. Au cours du roman, on navigue dans les visions et monologues int�rieurs des personnages.
Mais l'oeuvre de Cohen ne traite pas, � mon sens, de l'action de tomber amoureux, de r�ussir une conqu�te difficile ou de l'extraordinaire extase partag�e que vivent les amants anim�s par ce sentiment mais bien plut�t de l'odieuse, de la d�cisive, de l'insurmontable question : Comment sauver l'amour de l'usure? Albert Cohen nous dresse un panorama de ce combat perdu d'avance, de comment un couple pour arriver � ne pas se lasser l'un de l'autre est oblig� de d�ployer toutes sortes d'artifices, qui pourtant n'atteignent jamais le r�sultat escompt�. Ainsi, l'auteur nous fait-il toucher du doigt l'�trange analogie entre amour et toute autre forme d'addiction, o� rien n'�galera jamais le premier shoot et o� l'on ne r�colte qu'une destruction de soi-m�me � vouloir pers�v�rer dans le traitement.
Ne ratez pas l'�criture au vitriol de l'homme tr�s exp�riment� qu'�tait l'auteur au moment o� il �crivait Belle du Seigneur. Les monologues foisonnants et d�jant�s d'Ariane valent aussi le d�tour et semblent jouir d'un lien de filiation directe avec ceux de "Mademoiselle Else" d'Arthur Schnitzler. Et puisque j'en suis aux influences juives autrichiennes, n'y aurait-il pas un soup�on du couple Stefan Zeig / Lotte Altmann dans la paire que forment Solal et Ariane ? Mais bien s�r, tout ceci n'est que mon avis, c'est-�-dire, pas grand chose.
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Que serait devenu l'amour de Tristan et Iseult s'ils s'�taient enfuis d�finitivement dans la for�t ? La passion, isol�e et lib�r�e de tout obstacle, peut-elle survivre � l'�preuve du temps ? C'est, entre autres, la question qu'explore Albert Cohen dans ce monument de la litt�rature du XXe si�cle qu'est Belle du Seigneur.

� Entre autres �, car ce roman qui se passe � Gen�ve dans les ann�es 30 ne se limite pas � analyser la passion flamboyante du brillant Solal pour la d�licate Ariane. Il pointe aussi les travers d'une �poque. Les navrantes journ�es de travail d'Adrien Deume, le fat et paresseux mari d'Ariane, alimentent une critique acerbe de la bureaucratie, en l'occurrence la Soci�t� des Nations (dont Solal est le Sous-Secr�taire G�n�ral), cens�e oeuvrer pour la paix apr�s la guerre de 1914-1918, mais qui n'arrive m�me pas � endiguer la mont�e de l'antis�mitisme en son sein. Avec les pr�jug�s et les bassesses des parents Deume, l'auteur raille les conventions �triqu�es de la petite la bourgeoisie. le r�cit vire m�me au burlesque quand ce sont "les Valeureux" - les truculents oncles et cousins de Solal, "Juifs du soleil et du beau langage" d�barqu�s de l'�le grecque de C�phalonie - qui font office de Candide pour ridiculiser les codes et l'hypocrisie de la haute soci�t�.

Pour en revenir � l'id�e de d�part, la relation entre Solal et Ariane sert de terrain d'exp�rience � Albert Cohen pour d�cortiquer chaque �tape de la passion amoureuse, depuis le premier moment de s�duction, jusqu'aux ravages finaux, comme jamais personne ne l'avait fait avant lui - sauf, peut-�tre, Laclos dans Les liaisons dangereuses ou Tolsto� dans Anna Kar�nine.
L'�pisode des � yeux frits �, o� Solal annonce � Ariane qu'il va r�ussir � la s�duire est un moment d'anthologie. Je relirais le livre cent fois rien que pour ce passage o� tout bascule, o� Ariane l�che prise et s'ouvre � cet amour interdit, quelles qu'en soient les cons�quences. Cette passion, l'auteur l'explore de l'int�rieur avec les remarquables monologues de la jeune femme, ces pens�es qui d�bordent comme un fleuve sans ponctuation. Une Ariane id�aliste qui s'acharne � se montrer sous son meilleur jour, � occulter la moindre trace de trivialit� du quotidien, � combler le silence de musique, pour faire durer l'�merveillement du d�but. En face, Solal regarde se consumer les sentiments qu'il a allum�s et s'y br�le volontairement, organisant leur fuite, puis dissimulant son �viction de la SDN, pour entretenir chez Ariane l'illusion du bonheur. Il boit cet amour fou jusqu'� la lie, tout en ayant conscience que leur entreprise est vou�e � l'�chec.

La conclusion est sans appel : pour exister, la passion doit se nourrir de l'obstacle, se griser du danger. Les amoureux livr�s � eux-m�mes, au ban de la soci�t�, finissent par �touffer dans leur bulle. C'est vrai, il n'y a pas d'amour heureux, mais combien de merveilleuses pages les grandes passions ont-elles inspir� ! Belle du Seigneur en fait un millier, et j'aurais voulu que cela ne s'arr�te jamais.
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J'ai mis 4 �toiles � Belle du Seigneur, parce que je trouve que c'est un 'grand' livre, avec du souffle, une originalit�, un style particulier, beaucoup de finesse dans la description de la soci�t� et ses faux-semblants, beaucoup de justesse aussi dans les personnages et leur �volution au cours de ce huis-clos amoureux...

Pourtant, ce livre m'a vraiment d�rang�e quand je l'ai lu, j'en ai gard� un souvenir agac� et j'ai retrouv� ces impressions mitig�es en le feuilletant pour �crire ma critique.
En fait, le sentiment amoureux est tellement exacerb� et lyrique qu'il en devient mi�vre et un peu �coeurant...
On sent que Solal et Ariane, magr� leur fragilit� et leur part d'ombre, sont deux individus solaires, brillants et attachants. Et c'est un vrai g�chis de les voir se d�truire � vouloir s'aimer trop absolument ! En lisant, j'avais envie de secouer Ariane et de lui dire 'Retournez � Gen�ve, que Solal trouve du boulot, toi aussi ou alors �cris ton fameux roman, voyez des gens, lisez des livres, faites des enfants, promenez-vous en montagne, acceptez le quotidien et la routine, ils peuvent �tre tr�s beaux aussi !'. Evidemment, si elle avait suivi mes conseils, la litt�rature aurait perdu un chef d'oeuvre. Mais Ariane et Solal auraient peut-�tre gagn� une longue vie d'amour d'ensemble, et plein de petits moments de bonheur.
Bref, la philosophie de Belle du Seigneur, cette recherche impossible d'absolu et de puret�, ne correspond pas du tout � ma fa�on de voir les choses. D'o� certainement mon agacement � la lecture.

Toutefois, je pense que c'est un livre � lire absolument, qui laisse une empreinte durable, peut toucher ou faire r�fl�chir � la vie.

A lire aussi pour tout ce qui passe autour d'Ariane et Solal.
Le monde minuscule d'Adrien d'abord : on se prend � sourire franchement lors des passages l�gers, mais, � d'autres moments, il devient presque touchant � force d'�tre si ben�t et '� c�t� de la plaque'...
Les monologues int�rieurs de la femme de m�nage d'Ariane, pleins de sens pratique et d'incompr�hension devant les lubies de sa patronne...
La caricature de tous les petits-bourgeois hypocrites et mesquins...
Le discours sur la s�duction/babouinerie que Solal fait � Ariane, justement pour la s�duire...
Le style, parfois ampoul�, parfois indigeste, mais qui, pour moi, s'adapte parfaitement � ce long roman et donne la preuve du talent d'Albert Cohen...
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critiques presse (3)
Lexpress
01 octobre 2018
Publi� au XXe si�cle, ce roman est XVIIe par son m�lange de farce et de sublime, dont le sublime est rendu d'autant plus saillant par la farce. Saltiel, Mangeclous, Adrien Deume et ses parents sont la base en chantilly d'o� s'�l�vent, fiole d'�ther et cachets dans leurs mains jointes, Solal et Ariane. C'est le plus beau g�teau de suicide de la litt�rature fran�aise.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
13 ao�t 2018
Grand roman d�une passion qui s�autod�truit entre le flamboyant Solal et Ariane, jeune femme de la grande bourgeoisie genevoise qu�il arrache � son m�diocre mari, Belle du Seigneur, d�Albert Cohen (1968), est aussi un tr�s grin�ant tableau du quotidien des diplomates, plut�t n�glig� par la litt�rature.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
27 juillet 2018
Si le conte est �mouvant, c'est surtout la verve du conteur qui �merveille. A mi-chemin entre Hom�re et le marchand de tapis oriental, il excelle � restituer le grouillement et les contradictions de la vie dans un discours dont il ne perd jamais le fil.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (525) Voir plus Ajouter une citation


Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver � aimer, et � aimer peu, et il leur faut des entretiens et des go�ts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d�un battement de paupi�res. Dites moi fou, mais croyez-moi. Un battement de ses paupi�res, et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer ti�de et sa transparence pr�s du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde �tait n�, et je sus que personne avant elle, ni Adrienne, ni Aude, ni Isolde, ni les autres de ma splendeur et jeunesse, toutes d�elle annonciatrices et servantes.

����

Volontaire bannie comme moi, et elle ne savait pas que derri�re les rideaux je la regardais. Alors, �coutez, elle s�est approch�e de la glace du petit salon, car elle a la manie des glaces comme moi, manie des tristes et des solitaires, et alors, seule et ne se sachant pas vue, elle s�est approch�e de la glace et elle a bais� ses l�vres sur la glace. � ma s�ur folle, aussit�t aim�e, aussit�t aim�e par ce baiser � elle-m�me donn�. � �lanc�e, � ses longs cils recourb�s dans la glace, et mon �me s�est accroch�e � ses longs cils recourb�s. Un battement de paupi�res, le temps d�un baiser sur une glace, et c��tait elle, elle � jamais. Dites-moi fou mais croyez-moi. Voil�, et lorsqu�elle est retourn�e dans la grande salle, je ne me suis pas approch� d�elle, je ne lui ai pas parl�, je n�ai pas voulu la traiter comme les autres.

���.



� elle dont je dis le nom sacr� dans mes marches solitaires et mes rondes autour de la maison o� elle dort, et je veille sur son sommeil, et elle ne le sait pas, et je dis son nom aux arbres confidents, et je leur dis, fou des longs cils recourb�s, que j�aime et j�aime celle que j�aime, et qui m�aimera, car je l�aime comme nul autre ne saura, et pourquoi ne m�aimerait-elle pas, celle qui d�amour peut aimer un crapaud, et elle m�aimera, m�aimera, m�aimera, la non-pareille m�aimera, et chaque soir j�attendr
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Partie 3

Niaise, cet plaisanterie, mais plus le plaisantant est important et plus on savoure, les rires n'�tant alors qu'approbation de la puissance.
� Babouineries et adoration de la force, le snobisme qui est d�sir de s'agr�ger au groupe des puissants. Et si le m�me prince de Galles oublie de boutonner le dernier bouton de son gilet ou si, parce qu'il pleut, il retrousse sur le bas de son pantalon, ou si, parce qu'il a un furoncle sous le bras, il donne des poign�es de main en levant haut le bras, vite les babouins ne boutonnent plus le dernier bouton, vite font retrousser le bas de leur pantalon, de serrent les mains en arrondissant le bras. Babouineries, l'int�r�t pour les idiotes amours des princesses. Et si une reine accouche, toutes les dames bien veulent savoir combien son vermisseau p�se de kilos et quel sera son titre. Incroyables babouin aussi, cet imb�cile soldat agonisant qui a demand� � voir sa reine avant de mourir.
� Babouinerie, la d�mangeaison f�minine de suivre la mode qui est imitation de la classe des puissants et d�sir d'en �tre. Babouinerie, le port de l'�p�e par des importants sociaux, rois, g�n�raux, diplomates et m�me acad�miciens, de l'�p�e qui est signe du pouvoir de tuer. Babouinerie supr�me, pour exprimer leur respect de Ce qui est le plus respectable et leur amour de Ce qui est le plus aimable, ils osent dire de Dieu qu'il est le tout-puissant, ce qui est abominable, et significative de leur odieuse adoration de la force qui est pouvoir de nuire et enfin de contre-pouvoir de tuer.
� Cette animale adoration, le vocabulaire m�me en apporte des preuves. Les mots li�s � la notion de forces sont toujours de respect. Un "grand" �crivain, une oeuvre "puissante", des sentiments "�lev�s", une "haute" inspiration. Toujours l'image du gaillard de haute taille, tueur virtuel. Par contre, les qualificatifs �voquant la faiblesse sont toujours de m�pris. Une "petite" nature, des sentiments "bas", une oeuvre "faible". Et pourquoi "noble" ou "chevaleresque" sont-ils termes de louange ? Respect h�rit� du moyen �ge. Seuls � d�tenir la puissance r�elle, celle des armes, les nobles et les chevaliers �taient les nuisibles et les tueurs, donc les respectables et les admirables. Pris en flagrant d�lit, les humains ! Pour exprimer leur admiration, ils n'ont rien trouv� de mieux que ces deux qualificatifs, �vocateurs de cette soci�t� f�odale o� la guerre, c'est-�-dire le meurtre, �tait le but est l'honneur supr�me de la vie d'un homme ! Dans les chansons de gestes, les nobles et les chevaliers sont sans arr�t occup�s � tuer, et ce ne sont que triples tra�nant hors des ventres, cr�nes �clat�s bavant leurs cervelles, cavaliers tranch�s en deux jusqu'au giron. Noble ! Chevaleresque ! Oui, pris en flagrant d�lit de babouinerie ! � la force physique et au pouvoir de tuer ils ont associ� l'id�e de beaut� morale.
� Tout ce qu'ils aiment et admirent est force. L'importance sociale est force. Le courage est force. L'argent est force. Le caract�re est force. Le renom est force. La beaut�, signe et gage de sant�, est force. La jeunesse est force. Mais la vieillesse, qui est faiblesse, ils la d�testent. Les primitifs assomment leurs vieillards. Les jeunes filles de bonne famille, en mal de mariage, pr�cisent dans leurs annonces qu'elles ont des esp�rances directes et prochaines, ce qui signifie que papa et maman vont bient�t claquer , Dieu merci. Et moi, mon horreur des vieilles qui viennent toujours s'asseoir pr�s de moi dans les trains. D�s qu'une de ses sorci�res barbues entre dans mon compartiment, �a ne rate jamais, c'est moi qu'elle choisit, et elle vient se coller contre moi qui la hais en silence, me tenant aussi loin que je peux du corps abominable si proche de la mort, et si je me l�ve je t�che de march� un peu sur ses cors, par erreur.
� Ce qu'ils appellent p�ch� originel n'est que la confuse honteuse conscience que nous avons de notre nature babouine et de ses affreux affects. De cette nature, un t�moignage entre 1000, le sourire qui est mimique animale, h�rit�e de nos anc�tres primates. Celui qui sourit signifie � l'hominien d'en face qu'il est pacifique, qu'il ne le mordra pas avec ses dents, et pour preuve il les lui montre, inoffensives. Montrer les dents et ne pas s'en servir pour attaquer est devenu un salut de paix, un signe de bont�, pour les descendants des brutes du quaternaire.
� oh assez. Pourquoi me donner tant de peine ? Je commence la s�duction. Tr�s facile. En plus des deux convenances, la physique et la sociale, il n'y faut que quelques man�ges. Question d'intelligence. � une heure du matin donc, vous amoureuse, et � une heure quarante, vous et moi gare pour d�part ivre mer soleil, et au dernier moment vous peut �tre abandonn�e quai gare, pour venger le vieux. Le vieux, vous vous rappelez ? sa l�vite, je la mets quelquefois la nuit, et je me d�guise en juif de mon coeur, avec barbe et attendrissantes boucles rituelles et toque de fourrure et pieds tra�nants les dos vo�t� et parapluie ing�nu, vieux juif de mill�naire noblesse, � amour de moi, porteur de la loi, Isra�l sauveur, et je vais dans les rues nocturnes, pour �tre moqu�, fier d'�tre moqu� par eux. Les man�ges, maintenant.
� Premier man�ge, avertir la bonne femme qu'on va la s�duire. D�j� fait. C'est un bon moyen pour l'emp�cher de partir. Elle reste par d�fi, pour assister � la d�confiture du pr�somptueux. Deuxi�me man�ge, d�molir le mari. D�j� fait. Troisi�me man�ge, la farce de po�sie. Faire le grand seigneur insolent, le romantique hors du social, avec somptueuse robe de chambre, chapelet de santal, monocle noir, appartement aux Ritz, et crises h�patiques soigneusement dissimul�es. Tout cela pour que l'idiote d�duise que je suis de l'esp�ce miraculeuse des amants, le contraire d'un mari � laxatifs, une promesse de vie sublime. Le pauvre mari, lui, ne peut pas �tre po�tique. Impossible de faire du th��tre 24 heures par jour. Vu tout le temps par elle, il est forc� d'�tre vrai, donc piteux. Tous les hommes sont piteux, y compris les s�ducteurs lorsqu'ils sont seuls et non en sc�ne devant une idiote �merveill�e. Tous piteux, et moi le premier !
� Rentr�e chez elle, elle comparera son mari au fournisseur de pouahsie, et elle le m�prisera. Tout lui sera motif de d�dain, et jusqu'au linge sale de son mari. Comme si un Don Juan ne donnait pas ses chemises � laver ! Mais l'idiote, ne le voyant qu'en situation de th��tre, toujours � son avantage est fra�chement lav� et pomponn�, se le figure h�ros ne salissant jamais ses chemises et n'allant jamais chez le dentiste. Or, il va chez le dentiste, tout comme un mari. Mais il ne l'avoue pas. Don Juan, un com�dien toujours sur sc�ne, toujours camoufl�, dissimulant ces mis�res physiques et faisant en cachette tout ce qu'un mari fait ing�nument. Mais comme il le fait en cachette et qu'elle a peu d'imagination, il lui est un demi-dieu. � les sales nostalgiques yeux de l'idiote bient�t adult�re, � sa bouche b�e devant les nobles discours de son prince charmant porteur de 10 m�tres d'intestins. � l'idiote �prise d'ailleurs, de magie, de mensonge. Tout du mari l'agace. La radio du mari et son inoffensive habitude d'�couter les informations trois fois par jour, pauvre chou, ses pantoufles, ces rhumatismes, ses sifflotements � la salle de bains, ses bruits lorsqu'il se brosse les dents, son innocente manie des petits noms tendres, dans le genre Chouquette, poulette ou tout simplement ch�rie � tout bout de champ, ce qui est d�pourvu de piment et la met hors d'elle. Il faut � madame du sublime � jet continu.
� Elle est donc rentr�e chez elle. Tout � l'heure, le s�ducteur l'entourait de guirlandes, l'appelait d�esse des for�ts et Diane revenue sur terre, et la voil� maintenant par le mari transform�e en poulette, ce qui la vexe. Tout � l'heure, suave et charm�e, elle �coutait le s�ducteur la gorger de sujets �lev�s, peinture, sculpture, litt�rature, culture, nature, et elle lui donnait d�licieusement la r�plique, bref deux cabots en repr�sentation, et voil� que maintenant le pauvre mari en toute innocence lui demande ce qu'elle pense de la fa�on d'agir des Boulissons qu'ils ont eus � d�ner il y a deux mois, et depuis, rien, silence, d�ner pas rendu. Et le plus fort de caf�, c'est que j'ai appris qu'ils ont invit� les Bourrassus ! Les Bourrassus, qu'ils ont connus gr�ce � nous, tu te rends compte ! Moi je suis d'avis de couper les ponts, qu'est-ce que tu en dis ? Et caetera, y compris le touchant tu sais chouchou �a a bien march� avec le boss, il me tutoie. Bref, pas de sublimit�s avec le mari, pas de pr�tentieux �changes de go�ts communs � propos de Kafka, et l'idiote se rend compte qu'elle g�che sa vie avec son ronfleur, qu'elle a une existence indigne d'elle. Car elle est vaniteuse, l'amphore.
� Le plus comique, c�est qu'elle en veut � son mari non seulement de ce qu'il n'est pas po�tique mais encore et surtout de ce qu'elle ne peut pas faire la po�tique devant lui. Sans qu'elle s'en doute, elle lui en veut d'�tre le t�moin de ses mis�res quotidiennes. Au r�veil, la mauvaise haleine, la tignasse de clownesse �bouriff�e et clocharde abrutie, et tout le reste, y compris peut-�tre l'huile de paraffine du soir ou les pruneaux. Dans le compagnonnage de la brosse dents et des pantoufles, elle se sent d�couronn�e et elle en tient responsable le malheureux qui n'en peut mais. Par contre, quelle marche triomphale � cinq heures de l'apr�s-midi lorsque, lessiv�e � fond avec mise en plis et sans pellicules, plus heureuse et non moins fi�re que la Victoire de Samothrace, elle va retrouver � larges Coul�es son noble coliqueur clandestin, et elle chante des chorals de Bach, glorieuse de faire bient�t la sublime toute belle avec son intestineur, et en cons�quence de se sentir princesse immacul�e avec cette mise en plis si r�ussie.
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Tu l'aimes et tu veux qu'elle t'aime, et tu ne peux tout de m�me pas aimer un chien parce qu'il vaut mieux qu'elle ! Eh bien alors s�duis, fais ton odieux travail de technique et perds ton �me. Force-toi � l'habilet�, � la m�chancet�. [...] Tu n'es pas encore enracin� et des m�chancet�s trop marqu�es la repousseraient. Il leur reste un peu de bon sens au d�but. Par cons�quent, du tact et de la mesure. Se borner � lui faire sentir que tu es capable d'�tre cruel. [...] Elle sera indign�e, mais son tr�fonds aimera. Lamentable de devoir d�plaire pour lui plaire. Ou encore un masque subitement impassible, des airs absents, une surdit� soudaine. Ne pas r�pondre par distraction feinte � une question qu'elle te pose la d�sar�onne mais ne lui d�pla�t pas. C'est une gifle immat�rielle, une �bauche de cruaut�, un petit plain-pied sexuel, une indiff�rence de m�le. De plus, ton inattention augmentera son d�sir de captiver ton attention, de t'int�resser, de te plaire, la remplira d'un sentiment confus de respect. Elle se dira, non, pas se dira, mais vaguement sentira, que tu es habitu� � ne pas �couter toutes ces femmes qui t'assaillent, et tu seras int�ressant.
[...] Qui est cruel est sexuellement dou�, capable de faire souffrir, mais aussi de donner certaines joies, pense le tr�fonds. Un seigneur quelque peu infernal les attire, un sourire dangereux les trouble. [...]

Donc, pendant le processus de s�duction, prudence et y aller doucement. Par contre, d�s qu'elle sera ferr�e, tu pourras y aller. Apr�s le premier acte, curieusement d�nomm� d'amour, il sera m�me bon, � condition qu'il ait �t� r�ussi et approuv� avec enthousiasme par la balbutiante pauvrette, il sera m�me bon que tu lui annonces qu'elle souffrira avec toi. Encore transpirante, et contre toi collante, elle te r�pondra alors que peu lui importe, que la souffrance avec toi ce sera encore du bonheur. [...]
Lorsqu'elle est entr�e en pleine passion, donc cruaut�s ouvertes. Mais dose-les. Sois cruel avec ma�trise. Le sel est excellent mais pas trop n'en faut. Par cons�quent, alternances de duret�s et de douceurs, sans oublier les obligatoires �bats. [...]

Ne renonce jamais aux cruaut�s qui vivifient la passion, et lui redonnent du lustre. Elle te les reprochera mais elle t'aimera. Si par malheur tu commettais la gaffe de ne plus �tre m�chant, elle ne t'en ferait pas grief, mais elle commencerait � t'aimer moins. Primo, parce que tu perdrais de ton charme. Secundo, parce qu'elle s'emb�terait avec toi, tout comme avec un mari. Tandis qu'avec un cher m�chant on ne b�ille jamais, on le surveille pour voir s'il y a une accalmie, on se fait belle pour trouver gr�ce, on le regarde avec des yeux implorants, on esp�re que demain il sera gentil.
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Partie 6

� Je la d�teste ! s'�cria-t-il en frappant du poing sur la table dont les verres s'entrechoqu�rent. Je la d�teste, car jamais elle n'avouera que c'est parce que ce quatri�me-l� est tout neuf et qu'il la change du troisi�me. Non, elles parlent toujours du nouvel amour comme d'un arr�t du destin, d'une in�luctabilit�, d'un myst�re adorable, avec grande consommation d'�me ! Donc, remuant son �me et son derri�re, elle file en �gypte avec le quatri�me qui la d�cevra le jour o� elle s'apercevra qu'il a des coliques, tout comme un mari !
� Et l'empis ! Il faut qu'il fasse de la force, lui aussi, le malheureux. L'empisette l'exige. Ah oui, je vous en ai d�j� parl�. Et la serine, donc ! La serine, pour qu'elle consente � avoir des �mois et � pondre les petits oeufs subs�quents, il faut que le pauvre type fasse de l'�nergie et du sport, et que je vocif�re plus que les autres serins, et que je fasse l'apache avec des roulis d'�paules et des javas de gangster et des ailes pendantes mena�antes ! Pauvre de moi ! Et si je m'avise d'�tre aimable, de rage elle me cr�ve les yeux ! �
Il s'arr�ta. Chapelet de santal tournoyant autour de l'index, il se vit sortant de l'�choppe du tatoueur marseillais, puis dans une chambre d'h�tel, �tendu � terre, � jamais flegmatique, les bras en croix sous la lampe qui resterait allum�e toute la nuit, les bras en croix et un trou au-dessus du mamelon et, tout autour, les points noirs de la poudre. Non, pas un trou puisque � bout portant. Les gaz de combustion, entr�s dans la plaie, provoqueraient un �clatement de la peau en forme de croix �toil�e. Il se tourna vers elle.
� Les mots abominables que je dis et que je regrette apr�s les avoir dits, pal�olithiques et babouines, si je les dis et ne peux m'emp�cher de les redire, c'est parce que j'enrage qu'elles ne soient pas comme elles m�ritent d'�tre, comme elles sont au fond de mon coeur. Elles sont des anges, et je le sais. Mais alors pourquoi la pal�olithique derri�re l'ange? �coutez mon secret. Parfois je me r�veille en sursaut dans la nuit, tout transpirant d'�pouvante. Comment est-ce possible, elles, les douces et tendres, elles, mon id�al et ma religion, elles, aimer les gorilles et leurs gorilleries? C'est la stup�faction de mes nuits que les femmes, merveilles de la cr�ation, toujours vierges et toujours m�res, venues d'un autre monde que les m�les, si sup�rieures aux m�les, que les femmes, annonce et proph�tie de la sainte humanit� de demain, humanit� enfin humaine, que les femmes, mes adorables aux yeux baiss�s, gr�ce et g�nie de tendresse et lueur de Dieu, c'est mon �pouvante qu'elles soient s�duites par la force qui est pouvoir de tuer, c'est mon scandale de les voir d�choir par leur adoration des forts, mon scandale des nuits, et je ne comprends pas, et jamais je n'accepterai ! Elles valent tellement mieux que ces odieux ca�ds qui les attirent, comprenez-vous ? Cette incroyable contradiction est mon tourment, que mes divines soient attir�es par ces m�chants velus ! Divines, oui ! Sont-ce les femmes qui ont invent� les massues, les fl�ches, les lances, les �p�es, les feux gr�geois, les bombardes, les canons, les bombes? Non, ce sont les forts, leurs virils bien-aim�s ! Et pourtant elles adorent Un de ma race, le proph�te aux yeux tristes qui �tait amour ! Alors ? Alors, je ne comprends pas.
Il prit son chapelet, l'inspecta comme pour le comprendre, le posa sur la table, murmura un souriant merci � personne, fredonna un chant de la P�que. Soudain, l'apercevant qui le regardait, il lui fit de la main un salut d'amiti�.
� Aude qui fut ma femme. Durant les derniers temps de notre mariage, parce que je m'�tais mis hors du social, parce que j'avais �t� le masque du r�ussisseur, parce que je n'�tais plus un mis�rable ministre, parce que, pauvre et absurdement barbu et saint, je ne jouais plus la farce de l'homme fort, lorsque je lui disais mon �pouvante de voir se fl�trir son amour, mon tourment de me voir trait� comme rien, moi, l'ancien seigneur de toute l'�me, � ses silences et son visage imperm�able, visage de pierre, � ce jour o� dans notre chambre de mis�re, j'avais voulu trouver gr�ce en faisant moi-m�me la vaisselle et que j'avais fait tomber une assiette et que je m'�tais excus�, pauvre idiot, � son horrible petit m�pris exc�d�, m�pris de femelle. J'�tais pauvre, donc faible, je n'�tais plus un important, je n'�tais plus un sale victorieux. Tenace d'espoir absurde, je lui disais mon d�chirement de n'�tre plus aim�, s�r que si elle comprenait elle me prendrait dans ses bras, et j'attendais des mots de bont�, j'attendais, la bouche entrouverte de malheur. J'esp�rais, je croyais en elle. Tu ne me dis rien, ch�rie? Je n'ai rien � dire, a r�pondu la femelle au pauvre, au vaincu. P�trifi�e, durcie parce que je l'appelais au secours, parce que j'avais besoin d'elle. Je n'ai rien � dire, r�p�tait la femelle avec un air cr�tin d'imp�ratrice lointaine, agac�e par le mendiant de tendresse. Et c'�tait la m�me qui m'adorait, les premiers temps, se voulait esclave lorsque j'�tais un luisant vainqueur.
Il alluma une cigarette, aspira une longue prise de fum�e pour lutter contre le sanglot, sourit, refit le salut d'amiti�.
� Cinqui�me man�ge, la cruaut�. Elles en veulent, il leur en faut. Dans le lit, d�s le r�veil, comme elles ont pu m'assommer avec mon beau sourire cruel ou mon cher sourire ironique, alors que je n'avais qu'une envie, beurrer de toute mon �me ses tartines et lui apporter son th� au lit. Envie refoul�e, bien s�r, car le plateau du petit d�jeuner aurait singuli�rement diminu� sa passion. Alors moi, pauvre, je retroussais mes babines, je montrais mes bouts d'os pour faire un sou� rire cruel et la contenter. Malheureux Solal, elles lui en ont fait voir ! L'autre nuit, apr�s une de ces gymnastiques auxquelles elles trouvent un �tonnant int�r�t, elle n'a pas manqu� de me roucouler une mignonnerie dans le genre mon m�chant ch�ri qui a �t� si insupportable avec moi hier. Avec reconnaissance, entendez-vous? Ainsi Elizabeth Vanstead m'a remerci� de lubies cruelles � contrecoeur invent�es, m'a remerci� tout en caressant mon �paule nue. Affreux !
Il s'arr�ta, haleta, les yeux fous, tigre emprisonn�, cependant qu'elle le consid�rait. Elizabeth Vanstead, la fille de Lord Vanstead, la plus �l�gante �tudiante d'Oxford, recherch�e de tous, si hautaine et si belle qu'elle n'avait jamais os� l'aborder. Elizabeth Vanstead toute nue avec cet homme !
� Non, trop de d�go�t, je ne peux plus. J'aime mieux s�duire un chien. Oui, je sais, je me r�p�te. Manie de ma race passionn�e, amoureuse de ses v�rit�s. Lisez les proph�tes, saints rab�cheurs. Un chien, pour le s�duire, je n'ai pas � me raser de pr�s ni � �tre beau, ni � faire le fort, je n'ai qu'� �tre bon. Il suffira que je tapote son petit cr�ne et que je lui dise qu'il est un bon chien, et moi aussi. Alors, il remuera sa queue et il m'aimera d'amour avec ses bons yeux, m'aimera m�me si je suis laid et vieux et pauvre, repouss� par tous, sans papiers d'identit� et sans cravate de commandeur, m'aimera m�me si je suis d�muni des trente-deux petits bouts d'os de gueule, m'aimera, � merveille, m�me si je suis tendre et faible d'amour. J'estime les chiens. D�s demain je s�duis un chien et je lui voue ma vie. Ou peut-�tre essayer d'�tre homosexuel ? Non, pas dr�le de baiser des l�vres moustachues. Voil� d'ailleurs qui juge les femmes, ces cr�atures incroyables qui aiment donner des baisers � des hommes, ce qui est horrible.
Il eut un regard traqu� car il venait d'apercevoir une mouche sur la tapisserie, une de ces atroces grosses bleues m�talliques qui l'effrayaient. Il s'approcha du mur avec pr�caution, constata que ce n'�tait qu'une tache. Rassur�, il sourit � cette femme, croisa les bras, esquissa un pas de danse, lui sourit encore, soudain inexprimablement heureux.
� Voulez-vous que je vous montre comme je sais bien jongler? Je peux jongler avec six objets diff�rents, ce qui est difficile � cause des in�galit�s de poids et de volume. Par exemple, une banane, une prune, une p�che, une orange, une pomme, un ananas. Voulez-vous que je sonne le ma�tre d'h�tel pour qu'il apporte des fruits? Non? Dommage.
Il alla � travers la pi�ce, svelte et les cheveux d�sordonn�s, l'air faussement distrait, soignant son charme, extravagant avec, sa brimbalante cravate de commandeur. Revenu vers elle, il lui offrit une cigarette qu'elle refusa, puis des fondants au chocolat qu'elle refusa aussi. Il eut un geste de r�signation et parla de nouveau.
� Moi aussi je me raconte des histoires dans le bain. Ce matin, je me suis racont� mon enterrement, c'�tait agr�able. A cet enterrement sont venus des chatons en rubans roses, deux �cureuils bras dessus bras dessous, un caniche noir avec un col de dentelle, des canetons en manchons, des brebis avec des chapeaux berg�re, des chevrettes en cr�pe georgette, des colombes bleu pastel, un petit �ne en larmes, une girafe en costume de bain 1880, un lionceau pattu qui croque un coeur de salade pour montrer qu'il a bon coeur, un boeuf musqu� qui r�pand une gaiet� franche et de bon aloi, un petit rhinoc�ros myope, tellement mignon avec ses lunettes en �caille et sa corne peinte en or, un b�b� hippopotame avec un tablier en toile cir�e pour ne pas se salir quand il mange, mais il ne finit jamais sa soupe. Il y a aussi sept petits chiens tr�s copains en habits du dimanche, fiers de leurs blouses marini�res et de leurs sifflets retenus par une tresse, ils boivent des sirops de framboise avec une paille, puis ils mettent une patte devant leur bouche pour b�iller parce qu'on s'emb�te � cet enterrement. Le plus petit chien en escarpins est habill� en petite fille mod�le avec un pantalon de dentelle qui d�passe, et il saute � la corde pour se faire admirer par sa maman qui cause honorablement avec une demoiselle sauterelle aux yeux froids pensant � l'eau d'un �tang. Cette sauterelle est tr�s religieuse, elle adore les couronnements des reines et leurs accouchements.
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Partie 5

Mais non, il fallait faire le volontaire et le dangereux, et tout le temps avoir du caract�re, et tout le temps virevolter, et me sentir ridicule, ridiculis� par leur admiration. Ce n'est pas de gaiet� de coeur que je dis ces choses. Cette tendresse, j'aurais tant aim� la recevoir des hommes, avoir un ami, l'embrasser lorsqu'il arrive, rester � causer avec lui tard dans la nuit et m�me jusqu'� l'aurore. Mais les hommes ne m'aiment pas, je les g�ne, ils se m�fient, je n'en suis pas, ils me sentent seul. Alors, cette tendresse, il m'a bien fallu la chercher l� o� on la donne. �
Debout devant la glace de la chemin�e, il �ta son monocle noir, examina la cicatrice de la paupi�re, se demanda s'il br�lerait ses trente mille dollars devant l'Amal�cite pour lui apprendre � vivre. Non, pr�f�rable de les br�ler tout seul, un de ces soirs, pour le plaisir, apr�s avoir couvert ses �paules de la longue soie rituelle, ennoblie de franges et barr�e de bleu, sa tente et sa patrie. Il virevolta, s'approcha de la fille des Gentils, belle aux longs cils recourb�s, qui le regardait, muette, tenant parole.
� Comme elles ont pu me faire souffrir depuis vingt ans avec leurs babouineries ! Babouineries, r�p�ta-t-il, envo�t� par le mot, soudain h�b�t� devant la cage d'un zoo. Regardez le babouin dans sa cage, regardez-le qui fait de la virilit� pour plaire � sa babouine, regardez-le qui se tape de grands coups sur la poitrine, qui fait des bruits de tam-tam et marche la t�te haute, en colonel parachutiste. (Il arpenta le salon, martela sa poitrine pour faire babouin. T�te haute, il �tait �l�gant et na�f, jeune et gai.) Ensuite, il secoue les barreaux de la cage et la babouine fondue et charm�e trouve que c'est un fort, un affirmatif, qu'il a du caract�re, qu'on peut compter sur lui. Et plus il secoue les barreaux et plus elle sent qu'il a une belle �me, qu'il est propre moralement, chevaleresque, loyal, un babouin d'honneur. Bref, l'intuition f�minine. Alors, la babouine �merveill�e s'approche en remuant le derri�re, elles tiennent toutes, m�me les vertueuses, � beaucoup le montrer, d'o� jupes �troites, et elle demande timidement au babouin, les yeux chastement baiss�s Aimez-vous Bach? Naturellement, il d�teste Bach, ce robot sans coeur et g�om�tre m�canique � d�veloppements, mais pour se faire bien voir et montrer qu'il a une belle �me et qu'il est d'un milieu babouin distingu�, le malheureux est bien oblig� de dire qu'il adore cet emb�teur et sa musique pour scieurs de long. Vous �tes choqu�e? Moi aussi. Alors, les yeux toujours baiss�s, la babouine dit d'une voix douce et p�n�tr�e Bath nous rapproche de Dieu, n'est-ce pas? Comme je suis heureuse que nous ayons les m�mes go�ts. �a commence toujours par les go�ts communs. Oui, Bach, Mozart, Dieu, elles commencent toujours par �a. �a fait conversation honn�te, alibi moral. Et quinze jours plus tard, trap�ze volant dans le lit.
� Donc la babouine continue sa conversation �lev�e avec son sympathique babouin, ravie de constater qu'en tout il pense comme elle, sculpture, peinture, litt�rature, nature, culture. J'aime beaucoup aussi les danses populaires, dit-elle ensuite en lui d�cochant une oeillade. Et qu'est-ce que c'est, danses populaires, et pourquoi les aiment-elles tant? (Il �tait si press� de dire et de convaincre que ses phrases s'entrechoquaient, incorrectes.) Danses populaires, c'est gaillards remuant fort et montrant ainsi qu'ils sont infatigables et sauront creuser dur et longtemps. Bien s�r, elles n'avoueront pas le motif de leur d�lectation, et une fois de plus elles recouvriront avec des mots distingu�s, et elles te raconteront que ce qui leur pla�t dans ces danses, c'est le folklore, les traditions, la patrie, les mar�chaux de France, la ch�re paysannerie, la joie de vivre, la vitalit�. Vitalit� dans l'oeil de leur soeur! On sait ce que signifie vitalit� en fin de compte, et Micha�l expliquerait cela mieux que moi.
�Mais voil� qu'un babouin plus long est introduit dans la cage et frappe plus gaillardement sa poitrine, un vrai tonnerre. Alors, l'admir� de tout � l'heure ne pipe mot car il est moins long et moins frappeur. Il abdique et en hommage au grand babouin il prend � quatre pattes la posture femelle en signe de vassalit�, ce qui d�go�te la babouine qui le hait aussit�t d'une haine mortelle. Tout � l'heure, votre mari pendant les silences, son continuel sourire s�duit, sa salive aspir�e avec distinction et humilit�. Ou, pendant que je parlais, son dos pli� en deux pour plus d'attention. Tout cela c'�tait aussi un hommage de f�minit� au pouvoir de nuire, dont la capacit� de meurtre est l'ultime racine, r�p�t� je une fois de plus. Idem, les sourires virginaux et attendris, quasiment amoureux, lorsque le roi pose la premi�re pierre ! Idem, les rires adorants qui saluent un mot d'esprit, pas dr�le du tout, d'un important ! Idem, le respect ignoble de l'attach� de cabinet buvardant avec d�licatesse et scrupule la signature de son ministre au bas du trait� de paix ! Oh, ce duo continuel parmi les humains, cet �coeurant refrain babouin. Je suis plus que toi. Je sais que je suis moins que vous. Je suis plus que toi. Je sais que je suis moins que vous. Je suis plus que toi. Je sais que je suis moins que vous. Et ainsi de suite, toujours, partout. Babouins, tous ! Oui, j'ai d�j� dit cela tout � l'heure, votre mari, les rires adorants, les attach�s de cabinet. Excusez-moi, tous ces petits babouins me rendent fou, j'en trouve � tous les coins, en posture d'amour !
�Et tout comme moi en ce moment, le grand babouin de la cage parle fort, avec des gestes de vitalit�, parle en ma�tre � la babouine qui le contemple avec des yeux �merveill�s. Il a du charme, dit-elle tout bas � une vieille copine babouine qui s'�vente, il a un sourire si doux, je sens qu'il doit �tre tr�s bon au fond. Et les araign�es! Connaissez-vous les moeurs des araign�es? Elles exigent que le mari prouve sa force en faisant des bonds ! Ainsi. (� pieds joints, il sauta par-dessus la table. Honteux et se sentant ridicule, il alluma une cigarette, en expira furieusement la fum�e.) Authentique, je peux vous montrer le livre. Et si le mari ne fait pas des bonds et ne tourbillonne pas tout le temps, rien � faire, l'�me de l'araignesse se d�tache de lui, et elle file aussit�t vers la mer avec un araignon tout neuf qui, n'�tant en amour que depuis quelques jours, cabriole et pirouette que c'est un plaisir. C'est un araignon n�gre ! Car sachez qu'elles adorent les n�gres, mais c'est un secret qu'elles se chuchotent entre elles, la nuit au clair de lune, loin de leur blanc. Et alors, devant la mer soyeuse et bruissante, le malheureux doit faire des bonds de cinq, six et m�me sept centim�tres, ce qui fait qu'elle l'adore !�
Il s'arr�ta, lui fit un bon sourire car il savourait ses araign�es, avait oubli� le troisi�me espace intercostal. De plaisir, il lan�a haut sa cravate de commandeur, la rattrapa au vol.
� Mais soudain, trag�die ! Un troisi�me araignon rapplique et fait encore plus de sautill�s que le n�gre! Alors, l'araignesse se dit que l'araignon de miracle, l'araignon de toute l'�me, est enfin arriv� ! Divorce! Troisi�me mariage ! D�part ivre vers une nouvelle mer avec le nouvel araignon ! Lune de miel � Venise o� l'idiote se gargarise � tire-larigot devant des pierres et des couleurs, se f�licitant d'�tre artiste et clignant des yeux pour mieux se p�n�trer de ce pan de jaune g�nial dans le coin du tableau et y voir mille merveilles cependant que passe aupr�s d'elle un pensionnat de g�nisses en transhumance esth�tique, et ce s�jour � Venise marche bien parce que po�sie, et po�sie parce que billets de banque beaucoup et appartement dans le palace le plus cher.
� Mais comme au bout de six semaines le pauvre troisi�me mari bondit beaucoup moins, qu'il est flapi et conjugal, qu'il en a un peu marre du physiologique et pense de nouveau au social et � reprendre son travail et � inviter les van Vries, et qu'il parle de son avancement et de ses rhumatismes, elle comprend soudain, avec beaucoup d'�l�vation, qu'elle s'est tromp�e. �a ne manque jamais, le coup de s'�tre tromp�e. Alors elle d�cide d'aller lui parler en grande noblesse et, pour faire solennel, elle se colle un haut turban dor� sur la t�te. Cher troisi�me araignon, lui dit l'araignesse en joignant ses petites pattes velues, soyons dignes l'un de l'autre et quittons-nous noblement, sans vaines r�criminations. Ne souillons pas d'une inutile injure le noble souvenir des bonheurs r�volus. Je te dois la v�rit�, et la v�rit�, cher, est que je ne t'aime plus. �a ne manque jamais non plus, le coup du je ne t'aime plus. Feindre serait bassesse, poursuit-elle. Que veux-tu, cher, je me suis tromp�e. De toute mon �me, j'avais cru que tu serais l'araignon �ternel. H�las ! Sache en effet qu'un quatri�me araignon est devenu important dans ma vie. Elles adorent dire important dans ma vie qui fait plus noble que coucher avec. Et elle continue, la mignonne, avec des sentiments de plus en plus �lev�s. Vois-tu, je l'aime de toute mon �me car il est l'araignon des araignons, une �me d'�lite et un caract�re moral de tout premier ordre. C'est Dieu qui l'a mis sur mon chemin. Ah, comme je souffre, car le coup que je te porte est sans doute mortel ! Mais que faire? Je ne puis vivre que dans la v�rit� et ne saurais mentir, ma bouche comme mon �me devant rester pures. Adieu donc, cher, et pense quelquefois � ta petite Antin�a. Ou encore, elle lui propose, en fin de discours, une derni�re coucherie comme preuve d'affection sinc�re et pour lui laisser un beau souvenir. Mais le plus souvent, en conclusion, c'est le Sois fort et demeurons amis.
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Pire lecture de ma vie : "Belle du seigneur" - J'ai besoin de vous en parler ! (Tiboudouboudou)
Voici mon avis ou plut�t ma critique sur "Belle du seigneur" d'Albert Cohen qui est pour moi un ouvrage dangereux, je peux officiellement dire que �a a �t� la pire lecture que j'ai jamais faite !
#booktube #livre
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Belle du Seigneur d'Albert Cohen

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