Jérôme Cahuzac condamné à quatre ans de prison, dont deux ans ferme pour fraude fiscale

L’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac a été condamné ce mardi à une peine de quatre ans de prison, dont deux ans ferme et deux ans avec sursis par la Cour d’appel de Paris. Il a également été condamné à cinq années d’inéligibilité et à une amende de 300 000 euros.

Condamné en première instance à trois ans de prison pour fraude fiscale, Jérôme Cahuzac voit donc sa peine allégée par la Cour d’appel puisque les magistrats n’ont retenu que deux ans ferme. Au-dessous des trois ans de prison ferme, Jérôme Cahuzac pourrait voir sa peine aménagée et éviterait ainsi la prison. Jérôme Cahuzac « ne mérite pas la prison », a affirmé, à la sortie de l'audience, son avocat Eric Dupond-Moretti, qui va immédiatement demander un aménagement de sa peine.

À l'énoncé de la peine, Jérôme Cahuzac, 65 ans, est resté calme, concentré. 

La justice reproche à l’ancien ministre du Budget, fer de lance de François Hollande dans son dispositif de lutte contre l’évasion fiscale, d’avoir lui-même évadé plusieurs centaines de milliers d’euros. Via un premier compte en Suisse, puis un transfert des avoirs à Singapour par des sociétés immatriculées à Panama et aux Seychelles. Jérôme Cahuzac avait été, au terme de longs mois de mensonges, démis de sa fonction ministérielle, causant l’un des plus importants scandales du quinquennat de François Hollande. En 20 ans, il est soupçonné d’avoir, avec sa femme Patricia, dissimulé un patrimoine supérieur à 3,5 millions d’euros.

Le procès du « paria »

Maître Dupond-Moretti, l’avocat de Jérôme Cahuzac, s’est attaché pendant toute la durée du procès en appel à décrire un homme qui a tout sacrifié à la politique, aujourd’hui détruit d’avoir perdu l’aventure de sa vie. Vivant reclus, en Corse, constamment insulté, harcelé, Jérôme Cahuzac a été dépeint comme un « paria ». « Il suffit de marcher avec Jérôme Cahuzac pour s’en rendre compte, a asséné l’avocat. Même aujourd’hui, 5 ans après, c’est un harcèlement. On lui crache à la gueule dans la rue, au restaurant… »

Jérôme Cahuzac n’avait pas caché, pendant le procès en appel, qu’il avait « peur de la prison », quitte à essayer de se faire passer pour un « bouc émissaire », selon les termes de l’avocat général.

Un avocat général qui résuma l’héritage de Jérôme Cahuzac dans la vie politique et juridique française en des termes très durs : « comme ministre, vous pensiez incarner l’intérêt général et la loi. En définitive, vous serez une jurisprudence ».