Complément d’enquête sur Cyril Hanouna : loi du silence, dérapages, fortune… ce qu’il faut retenir

Le document de « Complément d’enquête » consacré à Cyril Hanouna était attendu. Depuis l’annonce de ce reportage sur l’un des animateurs les plus puissants du paysage audiovisuel français, mais aussi l’un des plus clivants, détracteurs et partisans de « Baba » étaient mobilisés pour applaudir ou fustiger l’émission présentée par Tristan Waleckx.

Et le travail réalisé par la journaliste Virginie Vilar leur a donné du grain à moudre. Durant un peu plus d’une heure, celle qui a indiqué avoir effectué à cette occasion « l’enquête la plus compliquée de toute ma carrière », a décortiqué la carrière, le système, les revenus, les protections ou encore les inimitiés de l’enfant des Lilas ayant obtenu un succès grand public sur le tard.

Si l’émission s’est ouverte sur des témoignages flatteurs de spectateurs venus assister à TPMP et conquis par la personnalité de Cyril Hanouna, le reste du reportage – à charge – a révélé un visage moins flatteur de l’animateur de 49 ans.

⦁ Climat de terreur : Selon l’émission, qui n’a pu obtenir un entretien directement avec Cyril Hanouna – à l’exception de quelques mots arrachés à la volée à la sortie de la maison de Radio France – « 32 collaborateurs directs » du présentateur de « Touche pas à mon poste » (TPMP) ont témoigné, généralement de manière anonyme.

Seule Valérie Benaïm, chroniqueuse et proche d’Hanouna, a accepté de répondre aux questions, face caméra. Si cette dernière a présenté un homme « capable de tout pour amuser ses amis », ayant construit « une émission qui lui ressemble » avec une « ambiance de famille », les autres chroniqueurs n’ont pas reçu le feu vert pour pouvoir communiquer avec le magazine d’investigation.

Quant aux collaborateurs, présents ou passés, ils n’ont pas eu de mots assez forts, évoquant même des « menaces physiques ». Florilège des déclarations : « Monstre », « capable d’une grande méchanceté et d’humilier », « ambiance de terreur », « il ne faut pas contrarier le prince », « personne ne peut imaginer ce que l’on vit », « gourou ».

Brièvement passée dans l’équipe des chroniqueurs, Jessie Claire, a évoqué quant à elle la peur quotidienne « d’être humiliée » en plateau, avant de comprendre qu’elle n’avait été recrutée que pour être « le nouveau bout de viande ».

« Interventions dictées »

⦁ Manipulations : « Complément d’enquête » s’est par ailleurs attardé sur le fonctionnement des émissions de Cyril Hanouna et notamment le traitement des sujets d’actualité, à commencer par la polémique sur la Brav-M (Brigade de répression de l’action violente motorisée).

Invités dans TPMP, quatre policiers prétendument membres de cette unité n’en faisaient en réalité pas tous partie et/ou n’avaient pas reçu l’autorisation de leur hiérarchie pour témoigner, même masqués. Les policiers se sont dits « trompés » et la production a évoqué un « malentendu » avant de rompre l’anonymat de quatre personnes en transmettant leur identité aux autorités.

Sur un sujet consacré à Nordahl Lelandais, Cyril Hanouna aurait insisté pour qu’« au moins deux » de ses chroniqueurs se prononcent en faveur du rétablissement de la peine de mort.

Quant au déroulement des émissions, il n’aurait rien de naturel et les interventions des chroniqueurs seraient scénarisées, comme le démontrent des SMS récupérés. Ceux-ci établissent des « interventions dictées » selon tel ou tel intervenant, souvent pour mettre en valeur Cyril Hanouna ou pour coller à sa propre narration des événements.

⦁ Dérapages : De diffusion de fausses informations à propos homophobes, TPMP est l’émission la plus sanctionnée du PAF. En dépit de nombreuses mises en garde, le programme phare de C8 a été sanctionné par l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) à hauteur de 7,5 millions € pour ses dérapages.

⦁ Menaces : L’humoriste Julien Cazarre ou l’ancien animateur de radio Michael Zazoun ont évoqué les menaces téléphoniques de Cyril Hanouna lorsqu’ils s’étaient opposés à lui. Des coups de téléphone à tout moment de la journée, parfois pour dénoncer leurs mœurs. Des insultes auxquels ils ont répondu par des dépôts de plaintes – classée sans suite pour Julien Cazarre -, lesquels ont permis de révéler que la propre mère de Cyril Hanouna était à l’origine de certains appels.

Des SMS haineux et violents à destination de l’animateur de TF1, Arthur, ont par ailleurs été révélés, faisant apparaître un langage des plus fleuris.

Un yacht Lamborghini

⦁ Galères puis succès : « Complément d’enquête » est revenu sur le passé de Cyril Hanouna, enfant de banlieue suivant des études de comptabilité sans conviction, tout en rêvant du petit écran.

Capable de tout pour réussir, quitte à multiplier les séquences de (très) mauvais goût sur les chaînes Comédie, France 2 ou M6, il se fait remarquer par Arnaud Lagardère alors qu’il travaille à Virgin Radio : « Il dégageait une envie. Il était passionné. Cela se voyait dans son regard ».

Devenu le protégé de l’une des familles les plus fortunées de France, il s’associe avec Yannick Bolloré, le fils d’un autre milliardaire. Leur société H2O, permettra à Cyril Hanouna de devenir l’un des animateurs les plus riches du PAF.

⦁ Fortune : Propriétaire d’une villa à Cannes, d’un yacht Lamborghini d’une édition limitée, la fortune de Cyril Hanouna est estimée à 85 millions d’euros. Au cours des années 2018-2019, les émissions qu’il produisait dégageaient 29 % de marge et auraient incité Vincent Bolloré, patron de C8, à lui signer un contrat de 285 millions sur 5 ans, pour produire plusieurs heures d’antenne par jour. La revente de sa société H2O lui aurait par ailleurs rapporté 70 millions d’euros.

Des sommes astronomiques qui rapporteraient en retour plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires à la chaîne, rien qu’en recettes publicitaires, une page de publicité de 30 secondes se négociant à 7 000 € au cours des programmes d’Hanouna