Arnaud Montebourg : "je n'ai plus de parti, je suis une sorte d'orphelin errant"

Arnaud Montebourg : "je n'ai plus de parti, je suis une sorte d'orphelin errant"

Arnaud Montebourg, invité de Sens Politique ©AFP - Anne-Claire Bazin
Arnaud Montebourg, invité de Sens Politique ©AFP - Anne-Claire Bazin
Arnaud Montebourg, invité de Sens Politique ©AFP - Anne-Claire Bazin
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De son adhésion au Parti Socialiste, en 1985, à la création de plusieurs entreprises, l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande ne se tient jamais bien loin de la politique…

Avec
  • Arnaud Montebourg Entrepreneur, ancien Ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique

Arnaud Montebourg, c'est trois tentatives pour devenir Président de la République, deux pour la Primaire du Parti Socialiste, en 2012 et en 2017. Candidat à l'élection Présidentielle de 2022, il a proposé une "Remontada" mais après 3 mois, il a décidé de se retirer de la course : "je n'avais pas d'argent. La politique, c'est une affaire de gros sous." (...) il faut avoir un parti politique établi depuis quinze ans pour pouvoir avoir un candidat à la présidentielle qui puisse se financer. Si on n'a pas de parti politique, il faut être proche de l'argent. Il faut qu'il y ait des gens qui vous financent parce que vous défendez leurs intérêts, ce qui n'est pas mon cas. C'était le cas d'Emmanuel Macron. Pourquoi vous avez toujours les mêmes partis, les mêmes candidats? Parce que le système fonctionne sur les élections législatives. Si vous avez beaucoup de députés, vous pouvez avoir un candidat à la présidentielle".

Entrepreneur, il est loin de la politique maintenant ...

Depuis plusieurs années, Arnaud Montebourg a œuvré dans le monde des entreprises (il a investi dans le miel, les amandes, les sorbets, les éoliennes domestiques). Son dernier projet, les transports : faire rouler des voitures électriques sur des rails : "lorsque j'ai quitté le gouvernement", explique l'ancien ministre de l'économie, "j'ai décidé de ne plus vivre de la politique, c'est-à-dire finalement de trouver un terrain nouveau pour moi dans ma vie qui est celui de l'entrepreneuriat. Trouver les moyens de transformer de façon peut être plus modeste, mais beaucoup plus concrète et donc plus efficace que dans l'action publique, transformer un certain nombre de choses et c'est ce dans quoi je me suis engagé. Est ce que ça exclut pour moi de penser le monde, d'y réfléchir, d'y prendre des positions? Certainement pas. Je reste un citoyen très engagé, mais un citoyen ordinaire."

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Pas question pour lui de retourner en politique : "je pense que j'ai fait mon temps. J'ai atteint 60 ans et par ailleurs, je n'ai pas d'électeurs comme cela a été démontré à plusieurs reprises". D'ailleurs il n'appartient plus à aucun parti : "je ne me reconnais pas dans l'offre politique actuelle. Le gouvernement de Monsieur Macron est trop libéral et trop conservateur. La Nupes est trop radicale et j'allais dire incapable de responsabilité. Quant au Front National, c'est l'opposé de mes convictions depuis toujours.(...) j'en suis là, à me demander pour qui je vote".

L'abandon des classes populaires

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Le champion de la souveraineté

A un moment où la mondialisation battait son plein, il a prôné la démondialisation : "cette aspiration à la souveraineté que moi j'appelle souverainisme, (c'est la Constitution du 4 octobre 1958 par le peuple, pour le peuple, le gouvernement), cette vision là qui est en train maintenant de s'imposer (il y a un ministère de la souveraineté numérique, de la souveraineté agricole, alimentaire, de la souveraineté industrielle), il a fallu dix ans pour l'imposer. Ce jour en 2012, il y a 10 ans, où j'étais à la tête du ministère du Redressement productif, premier ministère souverainiste, j'ai porté une marinière pour montrer aux Français que celle ci, qui était tricotée en Bretagne devait devenir l'emblème du made in France. Quand vous regardez l'évolution des choses, je trouve qu'on est très en retard encore. (...) Puis je suis totalement opposé à ces accords de libre échange. Que l'Europe continue comme disait Hubert Védrine. L'Europe, c'est l'idiote du village mondial, c'est à dire finalement la plus grande naïve. La Chine et les Etats-Unis d'Amérique sont ultra protectionnistes. (...) La conséquence est qu'on détruit notre agriculture, notre industrie et nous sommes maintenant une colonie numérique des États-Unis d'Amérique. C'est à dire qu'en fait, on est asservi sur le plan numérique par les GAFA, mais dans des proportions qu'on a jamais connues dans aucun secteur économique."

La politique énergétique de la France

Lorsqu'il était ministre de l'économie, Arnaud Montebourg s'est affronté à François Hollande. Il était opposé à la fermeture des réacteurs mais il état bien isolé dans son choix. Et aujourd'hui Emmanuel Macron veut relancer la filière : "je vous rappelle que dans le décret qu'il (Emmanuel Macron) a signé ainsi que son Premier ministre, Monsieur Castex, je crois qu'il était inscrit la fermeture de quatorze réacteurs dans le programme pluriannuel d'énergie. Donc vous croyez qu'on va rénover les réacteurs pendant ce temps là? Conséquence, on les laisse terminer leur vie. Donc vous voyez qu'il y a là un prix qui se paye fort en raison de ces choix là. A l'époque, au gouvernement, j'ai pris la parole. J'étais dans un gouvernement avec des écologistes. J'ai dit que la filière nucléaire était une filière d'avenir et vous remarquerez que c'est le cas. Il y a 50 constructions de réacteurs nucléaires dans le monde. La Chine en construit dix par an et nous allons effectivement en construire quatorze".

L'immigration maîtrisée

En novembre 2021, il propose de lutter contre l'immigration illégale en "tapant au portefeuille", en empêchant les immigrés d'envoyer de l'argent dans leur pays d'origine pour obliger ces Etats à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière en France. Une déclaration qui a fait beaucoup de bruit à l'époque. Dans quelques semaines, le débat sur l'immigration arrivera au Parlement. Selon Arnaud Montebourg, "c'est une hypocrisie de parler d'immigration zéro" : "je ne sais pas d'où c'est venu. On a besoin d'une immigration maîtrisée, choisie, économique, avec des mécanismes d'intégration en contrepartie. Apprendre le français, respecter les lois." (....) "L'histoire de la France, c'est d'abord celle là. C'est l'intégration de vagues de population qui nous étaient étrangères et qui sont devenues françaises".

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