Strega - Johanne Lykke Holm - Babelio
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EAN : 9782253244325
256 pages
Le Livre de Poche (15/05/2024)
3.27/5   66 notes
R�sum� :
Strega est un village dans la montagne que borde un lac noir. Neuf femmes de dix-neuf ans empruntent le t�l�ph�rique qui rejoint l�H�tel Olympic. Filles de m�res travailleuses et de p�res invisibles, elles ont �t� envoy�es l� par leurs parents pour apprendre � devenir des femmes au foyer, en se formant au service de clients qui ne viennent jamais. Le temps s��tire, une sororit� r�sistante s�installe comme un r�ve dans le luxe des salles vides. Liqueurs et cigarettes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,27

sur 66 notes
��� Rentr�e litt�raire 2022 # 36 ���

��Je me contemplai dans le miroir. J'y reconnus une femme jeune, mais d�chue. Je me penchai pour presser ma bouche contre le miroir. La bu�e se diffusa sur le verre comme de la vapeur dans une pi�ce o� quelqu'un avait dormi aussi profond�ment qu'un mort. Derri�re moi, la pi�ce se refl�tait. Sur le lit se trouvaient des �pingles � cheveux, des somnif�res et des culottes de coton. Sur le drap, il y avait des taches de lait et de sang. Je pensai�: si quelqu'un prenait une photo de ce lit, toute personne sens�e se dirait qu'il s'agir de la reconstitution du meurtre d'une petite fille o� d'un enl�vement particuli�rement brutal. Je savais que la vie d'une femme pouvait se transformer � tout moment en sc�ne de crime. Je n'avais pas encore compris que je vivais d�j� dans cette sc�ne de crime, que la sc�ne de crime n'�tait pas le lit mais mon corps, que le crime avait d�j� eu lieu.��

Ce sont les premi�res phrases de cet �trange roman aux allures de conte inqui�tant. La narratrice Rafaela s'appr�te � quitter sa famille pour venir travailler dans un immense h�tel isol� du Nord de l'Italie, aux allures de sanatorium d'un film d'horreur ou du moins d'une �poque r�volue. Sous la houlette de trois aust�res matrones, elle apprend avec huit autres jeunes filles de dix-neuf ans � cuisiner, nettoyer, repasser, plier sans qu'aucun client ne vienne occuper les nombreuses chambres disponibles.

��Je les appelais chambres fant�mes, pas parce qu'elles �taient hant�es, mais parce que ces chambres, qui ne recevaient jamais la visite de personnes, se mettaient tout simplement � attirer le mal. Ces chambres portaient toutes une odeur d�sagr�able qui ne semblait pas avoir de source. Elles sentaient la viande crue et la moisissure rouge, comme si elles �taient d�truites de l'int�rieur, comme si elles aspiraient l'eau putride d'un endroit cach� sous la b�tisse.��

Strega ( ��sorci�re en italien ) est un roman atmosph�rique qui distille un poison � action lente et un malaise insaisissable, hypnotisant le lecteur dans une r�verie gothique matin�e de r�f�rences cin�matographiques ( Virgin suicides, Suspiria, Melancholia entre autres ). L'�criture incantatoire de Johanne Lykke Holm est de grande qualit�, faisant na�tre des images horriblement belles, souvent surr�elles. Elle cr�e des paysages int�rieurs puissants qui mobilisent tous les sens ( surtout le sixi�me ) d'un lecteur troubl� et vacillant, toujours � l'aff�t des perceptions et sensations ainsi convoqu�s.

L'exp�rience litt�raire est incontestablement forte mais je n'y ai pas adh�r�. Surtout je n'ai pas tout compris. Parfois, cela ne me d�range pas de me laisser porter par un r�cit sibyllin, cette fois, oui. Derri�re le conte � l'esth�tique empreinte d'une po�sie t�n�breuse, se cache un manifeste f�ministe. Rafaela et ses compagnes doivent lutter contre un destin pr�d�termin� par un patriarcat diffus. Elles h�ritent d'une soci�t� o� on leur dicte ce qu'elles sont cens�es attendre du monde, devant se soumettre � une violence masculine qu'elles devront endurer sans moufter. La sororit� sera leur �chappatoire. le probl�me de cette lecture est le symbolisme omnipr�sent derri�re des phrases souvent alambiqu�es, sursatur�es de m�taphores. Cette intense surexplication de tout a achev� de m'�puiser, rendant les 50 derni�res pages ( d'un r�cit plut�t court ) fastidieuses.
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Strega est un roman envo�tant par son atmosph�re �trange, m�lange subtil de r�alit� et de r�ves qui brouillent nos perceptions. Les m�taphores sont tr�s belles et la narration � l'imparfait et au pass� simple intensifie le plaisir de lecture par la richesse de la langue.

L'H�tel Olympic dresse ses murs dans un autre monde, gothique et sombre comme s'il n'existait pas vraiment. Les jeunes filles pensionnaires � l'inverse du b�timent lugubre qui les accueille aiment la vie. Elles sont cens�es apprendre les bonnes mani�res et les t�ches m�nag�res dans cet h�tel qui est un personnage � part enti�re.
� les jours passaient, aucun client ne venait �, cette phrase sonne comme un mantra obs�dant et inqui�tant.
J'ai �t� totalement subjugu�e par le talent de faire entrer l'onirisme dans la violence sous-jacente, mena�ante pour ces jeunes filles comme dans les romans de l'autrice japonaise Yoko Ogawa.
Strega de l'autrice su�doise Johanne Lykke Holm traduite par Catherine Renaud est incontestablement une r�ussite nordique dans cet univers l�.

Je remercie Babelio et les �ditions "La Peuplade" pour la d�couverte de ce roman.
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Rendez-vous manqu�.

Lire, c'est aussi apprendre peu � peu � mieux d�finir ce que l'on n'aime pas. Un peu comme une sorte de perp�tuelle et infinie �ducation, qui se nourrirait - aussi - dans le temps de nos d�ceptions.

Et c'est ce qui m'est � nouveau arriv� avec Strega de Johanne Lykke Holm, traduite par Catherine Renaud, que je referme avec le sentiment d'avoir travers� ce livre en spectateur-usurpateur.

Spectateur de l'histoire de ces neuf jeunes femmes, Bambi, Gaia, Alexa, Alba, Paula, Cassie, Lorca, Barbara et Rafa, venues dans cet h�tel Olympic de Strega, au coeur des montagnes, apprendre le m�tier d'employ�e d'h�tellerie dans un �tablissement sans clients, o� l'on fait et d�fait sans but ni sens � longueur de journ�es.

Usurpateur, car un peu emb�t� d'�tre entr� dans ce livre d'atmosph�re et d'ambiance, un brin surann�, assez contemplatif et souvent po�tique, sans jamais m'�tre laiss� emport� par celle-ci alors que c'est sur cette atmosph�re que repose le livre.

Il ne se passe pas grand-chose dans Strega car l'essentiel n'est pas dans l'action mais dans la fa�on dont cette exp�rience hotelli�re et cette ambiance fantasmagorique vont transformer ces jeunes filles, au premier rang desquelles Rafa et Alba.

C'est pour moi trop sugg�r�, �vanescent et peut-�tre subtil pour m'y int�grer.

Et sans lui enlever aucune de ses ind�niables qualit�s de style notamment, ce livre aura tr�s utilement compl�t� ma connaissance de ce que je dois �viter.
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Atmosph�re �trange, glauque, dans ce premier roman �tonnant.

Une jeune femme r�pond � une invitation d'aller travailler dans un h�tel dans la montagne. Avec un nom comme Strega, on imagine l'Italie, mais aucune r�f�rence � des lieux ou des temps r�els.

Elles sont tout un groupe de jeunes femmes � converger vers cet h�tel o� on doit leur apprendre le m�tier de femme au foyer. Elles travaillent du matin au soir, mais il ne semble pas y avoir de clients. Elles servent et desservent les tables, font et refont des lits dans lesquels personne n'a dormi, c'est tout � fait bizarre.

Des amiti�s se nouent et, apr�s une f�te o� l'h�tel re�oit finalement de vrais clients, une des filles disparait, un myst�re qui s'ajoute�

�trange� On bascule parfois les pens�es ou dans le r�ve. On n'est pas tr�s loin du fantastique, tout en �tant dans le quotidien des op�rations de l'h�tel et des amiti�s entre les filles.

Un roman pour sortir le lecteur de sa zone de confort.
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"Streda �tait une veilleuse qui �clairait la chose la plus laide du monde. Streda �tait une femme assassin�e, et ses effets personnels. Sa valise, ses cheveux, ses bo�tes de r�glisse et de chocolat."

Un h�tel, des odeurs, la mer, un ballon, le soleil, des photos, un savon bleu, un rouge � l�vres, du papier, des r�p�titions, un escalier, une pierre de lune, une rue, le bar laitier, une gare, des montagnes, une horloge, un village... Faire ce qu'on lui a demand� de faire, avoir les mains qui tremblent, s'avancer dans l'obscurit�, �tre r�unies au centre de la pi�ce, respirer profond�ment, des r�gles � respecter, �tre des travailleuses saisonni�res... Un dortoir, un uniforme, un registre, se raconter, des jeunes femmes, se pr�parer � une certaine vie, de la monotonie, de l'apprentissage, de la tristesse, de la lecture, un prieur�, se trouver, le contr�le, la punition, des nonnes, des r�ves, des rires, des chambres fant�mes, un dur labeur, une pi�ce de th��tre, un doux silence, des instructions, une lumi�re intense, un cercueil...

Je vous remercie vraiment lecteurs.com (pour les amoureux et les amoureuses des livres) et les �ditions de la peuplade (des livres phares depuis 2006) pour ce roman � l'atmosph�re �trange, irr�elle, pesante et secr�te.

Le style de l'auteure est intime et intense, entre lumi�res et ombres.

"Une personne jeune et seule en route sur le chemin de la vie."

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Une �coli�re morte sort des profondeurs. Ses cheveux flottent autour de sa t�te d'une belle fa�on. Et apr�s elle, il en arrive plusieurs autres. Une apr�s l'autre, elles ont remont� � la surface, toutes les filles disparues du monde, des centaines, des milliers. Certaines en voile de nonne, d'autres en uniforme. Elles tendent les mains vers le ciel ---
--
Fille assassin�e dans les montagnes parmi d'autres filles.
Fille assassin�e sur la plage, du sable dans les mains.
Fille assassin�e pr�s de l'usine, de la fum�e chimique, au coucher du soleil.
Fille assassin�e sous ses propres draps.
Fille assassin�e, pas encore identifi�e.
Fille assassin�e, �glantine � la bouche.
Fille assassin�e sur le chemin du retour chez elle.
Fille assassin�e, un tatouage sur son oeil gauche.
Fille assassin�e, jamais enterr�e.
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Plus tard, j'appris que Strega �tait un cabinet d'horreurs, o� tout s'�tait fig� dans une forme d�sagr�able. J'appris que Strega �tait des for�ts profondes dans une lumi�re rouge. Strega �tait des filles qui se tressaient les cheveux les unes les autres d'une fa�on particuli�re.
Nous la sort�mes du bassin et all�mes au
jardin des simples, car c'�tait notre temple. C'�tait l� que nous portions nos victimes. C'�tait l� que nous c�l�brions nos rituels. Nous avions plant� du basilic et de la verveine, des plantes sacr�es. Nous �loignions les nuisibles avec de la menthe.
Quand je pense que nous aurions pu passer une vie enti�re sans nous rencontrer, un poids me traverse, quelque chose � la fois de terrible et d'excitant. Imagine-toi, quelle triste vie. On aurait aussi bien pu na�tre pierre. Une pierre volcanique qui se referme sur elle-m�me comme dans la mort.
J�avais toujours pens� que je ferais un beau cadavre.

(La Peuplade, p.181)
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Video de Johanne Lykke Holm (1) Voir plusAjouter une vid�o
Vid�o de Johanne Lykke Holm
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